[RPG] Discrétion Zéro [libre]

231. C’était le nombre de pavé formant la petite place. Il ne lui avait fallu qu’un coup d’œil pour le savoir... Le genre de petit exploit qui n’intéressait personne à part lui. Seth était assis sur un banc et il regardait avec grand intérêt les humains passer. Il les trouvait tellement étonnant ! Rien qu’un homme avec un téléphone portable à la main était une source de distraction et d’amusement pour une vingtaine de minutes. Toutes ces expressions ! Comment diable les humains faisaient ils ? Seth avait mit des jours pour apprendre à sourire et depuis, il ne faisait plus que ça, sourire bêtement. Froncer les sourcils était fatigant, et il y arrivait difficilement...

17352. C’était le nombre d’oiseaux présent en ville en ce moment... En poussant son ouïe au maximum, il parvenait à entendre chacun d’entre eux. Et leur bruit était d’avantage plaisant à entendre que le bruit que faisaient les humains, avec leurs voitures, leurs camions et autres... Seth se leva et s’étira, faisant vrombir ses articulations bioniques. Allez ! Il avait encore un entretiens d’embauche, aujourd’hui. Doué comme il était avec l’électronique et l’informatique, il s’était fabriqué un faux CV avec de faux diplômes. Seth ne voyait pas en quoi c’était mal d’utiliser ses talents pour se mettre un peu en valeur !

- Hey ! Pouvez pas faire attention ?

Dans sa précipitation, Seth avait bousculé un jeune humain qui le regardait à présent de travers. Il semblait énervé. En tout cas, c’était ce que ses détecteurs sensoriels lui expliquaient : sourcils froncés, bouche plissée, chaleur corporelle en hausse de 5 %... Seth recula de quelques pas en souriant bêtement. Son œil droit s’affolait et lui envoyait plusieurs propositions à la fois.
Solutions envisagées :
-> S’excuser (95% de réussite)
-> Fuir (50 % de réussite)
-> Répliquer (25 % de réussite)
Seth choisit la première option et s’excusa poliment. Ses capteurs lui indiquèrent que la chaleur corporelle de l’autre était à présent en baisse et l’homme passa son chemin en grommelant. L’androïde lâcha un soupir de soulagement. Il ne voulait surtout pas se faire remarquer... Non, non, surtout pas... Il s’avança de quelques pas en regardant le ciel et...

... et il percuta de plein fouet une personne portant toutes ses courses dans ses bras. Discrétion 0, lui indiquèrent ironiquement ses capteurs.

Seth n’avait même pas eut le temps de se retourner que celui qu’il avait bousculé avait déjà rattrapé tous ses sacs. Rapide, dis donc ! Son œil bionique lui indiqua aussitôt que l’inconnu n’était pas humain : « fonctions vitales en dessous de la moyenne, température corporelle faible ». Seth observa l’homme avec une grande curiosité. Il n’aurait su dire s’il était beau ou laid, vu qu’il ne connaissait en rien les critères des humanoïdes... Mais vu comment les passantes le regardait, il devait avoir quelque chose d’inhabituel. Peut être ses vêtements, que Seth n’avait encore jamais vu... Il sourit à l’inconnu.

- Non, non, c’est moi qui suis désolé. Je ne regarde jamais où je vais...

Ça paraissait crédible, de la part d’un borgne. Il regarda tous les sacs que portait l’homme et il eut aussitôt envie de regarder ce qu’il y avait dedans... Pendant quelques fractions de secondes, des centaines de possibilités lui traversèrent la tête. Pièces détachées, cafetières, livres, ordinateur, maquettes... Seth pencha légèrement la tête sur le côté, une posture que semblait prendre les humains lorsqu’ils étaient curieux.

- Vous voulez que je vous aide à porter tout ça ?

L’androïde n’avait rien d’autre à faire pour le moment que regarder les passants. Malgré les nombreux sacs, l’homme ne semblait pas gêné par leur poids. Encore un truc bizarre... Les capteurs de Seth continuaient à lui envoyer des informations bizarres sur l’inconnu. L’estimation de son âge, par exemple, remontait à plusieurs siècles... Peut être que Seth était « cassé » ? Il chassa cette idée. Il arrivait à réfléchir, à prendre des décisions, à marcher, il ne semblait pas cassé... Il jeta un nouveau coup d’œil à l’inconnu. Il avait bien envie de lui demander s’il était réellement âgé de 500 ans... Et pourquoi sa température corporelle était aussi basse... Et plein d’autres informations qui ne cessaient de défiler devant son œil bionique.

- Ah, je m’appelle Seth Baffels ! Enchanté !

« Anthropologue ». Son dictionnaire interne s’enclencha automatiquement et lui détailla la signification du mot. Seth jeta un regard « méfiant » vers les paquets qu’il portait à présent. Après ce qu’il venait de lire sur le métier d’anthropologue, son œil lui affirmait qu’il y avait 90 % de chance que les paquets contiennent des ossements humains... Un rapide sourire passa sur son visage : il avait l’impression de transporter des pièces détachées d’humains. Mais en plus sinistre... ha ha... Il promit à Gabriel de faire attention aux paquets et il verrouilla ses doigts autours des sacs. Il serait à présent impossible de le faire lâcher prise à moins qu’il ne désactive sa fonction...

~ Dites-moi, Seth, quel âge avez-vous ? Où habitez-vous ? Et puis ... Que faites-vous ici ? C'est une ruelle mal fréquentée. ~

Seth faillit s’arrêter sous ce flot de questions – auxquelles il n’avait d’ailleurs aucunes réponses à offrir. En plus, à ce moment là, une jeune femme blonde fit son apparition. Un humain basique aurait probablement sursauté et lâché les paquets, mais Seth continuait de les tenir. Il détailla de son unique œil vert la jeune femme, plutôt curieux. Elle aussi semblait incroyablement âgée ! Diantre, n’y avait-il que des multi-centenaires dans cette ville ? Il sentit une vague présence dans les rouages lui servant de cerveau.

-Je me nomme Saki Fumisawa. Ravie de faire votre connaissance.

-Euh, Seth Baffels, enchanté...

Il répondit ensuite à Gabriel qu’il ignorait son âge, même s’il avait physiquement dans les 17 ans, et qu’il n’avait pour le moment aucun logements. Quand à sa présence ici, il ne le savait pas trop non plus. Il se promenait simplement dans cette ville inconnue. Il avait la désagréable impression d’être un simple touriste perdu dans une immense ville... Il regarda de nouveau les deux autres. Il était sur qu’ils se connaissaient – 95 % de chance d’après ses instruments de mesure. Et ils avaient encore d’autres choses en commun – 80 % de chance. Il fronça légèrement les sourcils tandis qu’ils continuaient à marcher – vers une destination toujours inconnue du borgne, d’ailleurs.

- Et vous, vous avez quel âge ? Et on les emmène où, ces ossements ?

Il posait la question aux deux, pour l’âge. Il voulait vérifier si les calculs de ses capteurs étaient exacts ou bien qu’il était bon pour la casse – ce serait fâcheux, il n’avait encore trouvé personne ici qui soit capable de le réparer.