[RPG] A comme Alouette, Arbre, Arme, et Albert [libre]

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« A comme Alouette, Arbre, Arme, et Albert ! B comme bélier, bêtise, bombe et Bernard ! »

Keith chantonnait, assis sur le toit de l’immeuble, les jambes balançant dans le vide en rythme avec sa chansonnette. Il était encore tôt, le soleil commençait à pointer ses rayons à travers les nuages matinaux. Le jeune homme avait la tête penchée très en avant avec un mépris total pour le vide. Son chapeau restait sur ses cheveux sombres malgré la gravité. Ses yeux rouges regardaient les passants et il se demandait...

« Qui va goûter en premier de mes petites bombes à eau... ? C comme cochon, câlin, courtisane et Cécile ! »

Dans un sac à côté de lui attendaient de petits ballons, tous remplis d’eau et de confettis, et Keith avait sur chacun d’eux dessiné un crâne souriant, un œil bandé et l’autre orbite en forme de canne. Il s’allongea en sifflotant sa chanson idiote, sans quitter des yeux les deux trois passants marchant innocemment dans la rue, sans se douter du danger qui les guettait... Keith croisa les bras et posa son menton dessus, le regard toujours rivé sur le trottoir en bas. Il cherchait la victime idéale. Dans une de ses mains, il serrait sa fameuse canne ornée d’un crâne miniature au même faciès ridicule que ses ballons.

« D comme dinde, drôle, dynamite et Didier ! »

Il jeta un coup d’œil à ses ballons et d’un claquement de doigt, il ordonna à l’un d’entre eux de rouler jusqu’à lui, de la même manière qu’il ordonnait à son chapeau de ne pas bouger de sa tête. Délicatement, il prit le ballon dans sa main gantée, et le lâcha dans le vide... Il contrôla sa trajectoire et le fit éclater sur le chapeau couvert de plumes, faux fruits et oiseau empaillé d’une respectable vieille dame. Le cri perçant monta jusqu’à lui, mais ne parvint pas à couvrir sa brusque hilarité. Dix minutes plus tard, Keith reprenait son observation des passants, un très grand sourire sur le visage et ses yeux encore larmoyants de rire.

« E comme éléphant, enfant, éternuement et Eugénie ! Tatatsam, tatatsim, qui sera le prochain ? Tatatsaaam, je t’ai trouvé...»

Il fit de nouveau rouler un ballon jusqu’à lui... Qu’il lâcha comme le précédant et qu’il contrôla pour parfaitement éclabousser sa cible, qui se mit à pester furieusement tandis que le coupable se marrait à n’en plus finir. Arroser les passants à l’aide de ballons remplis d’eau était un grand classique, mais quelle efficacité, tout de même ! Il prépara un troisième ballon et joua avec en attendant sa prochaine victime. Le trottoir en bas commençait à être mouillé, alertant parfois les passants qui faisaient un petit détour en jetant un regard méfiant vers le haut, mais aucun d’eux ne voyait son chapeau dépasser du toit.

« F comme Fouine, ficelle, frime et Félicie ! »

Drôle de journée. Journée ensoleillée, c'est pour ça. Seryel est tellement habitué à voir le monde en gris, que lorsqu'il lui arrive de lever le nez et voir combien le ciel est beau, il en résulte toujours un sentiment d'étrangeté en lui. L'ange était tellement persuadé que la souffrance et la morosité était un devoir qui lui avait été imposé à la naissance, alors il en résultait toujours un plaisir coupable à être heureux. Un plaisir qui l'incitait malgrès lui à continuer. Alors oui, aujourd'hui était une drôle de journée où Seryel se prenait à être content. Rarissime, je vous l'acorde, mais tellement grisant!

Drôle de journée. Journée de non anniversaire, journée pour jouer, journée pour dessiner. Mais avant tout, journée pour voler, déployer ses ailes blanches et cramoisies, esquisser un air soulagé en voyant que ses cheveux, blancs striés de rouge sous sa forme angélique, sont pour ce coup ci de la même taille qu'à l'accoutumée. Il ne ressemblera pas à un épouvaintail aujourd'hui. Miracle. Joie!
Drôle de journée.

Drôle de journée pour s'autoriser à rêver. Journée pour arrêter de haïr tout le monde. Juste une journée. Journée pour se laisser porter par les vents joueurs et frissoner de bonheur en se faisant griser par l'altitude et la sensation de liberté totale.
L'air était presque pur, presque dénué de pollution! Si c'était pas fantastique ça! Il n'y avait même pas de nuages. On y voyait très bien au sol. Pour la peine, il faisait du rase toits, s'amusait à slalommer entre les poteaux et les fils électriques, ou encore à terrifer les oiseaux en surgissatn soudainement alors qu'ils ne l'avaient pas entendu venir. Car oui, Seryel était assez fier de sa discrétion, qu'il entretenait religieusement, tâchant avec zèle à être le moins bruyant qu'il pouvait, et y arrivant assez bien.
La journée était belle, l'air pur, Seryel content. Un miracle s'était produit. Et le jeune immortel en contemplait un autre. Un chapeau qui dit merde à Newton. Et des ballons qui bougeaient sur ordre. Intrigué, il s'approcha sans bruit, et en saisi un pour mieux le voir, sans poser les pieds sur le sol. Lorsqu'une armée de jurons monta s'éleva à la suite de l'éclattement de l'un d'eux, Seryel compris à quoi ils servaient, révélation qui lui arracha un sourire amusé.
Sans bruit et sans marcher, il s'approcha derière le bombomane, tous en faisant soigneusement attention à ce que son ombre ne le trahisse pas, et en lacha une sur lui, qui éclata sur sa nuque avac un "sloooosh" très satisfaisant.
Le temps qu'il se retourne, Seryel chantonna doucement sur le même air que lui:

G comme Grenouille Garcon, Gateau et Gag... Le suivant c'est toi!

L'arroseur arrosé vous connaissez?

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Keith continuait de chantonner l’air de sa chanson favorite, sans entendre ni voir le danger qui se profilait derrière lui. D’un geste, il ordonna au ballon suivant de se présenter devant lui. Son index titilla le latex de sa « bombe », menaçant de la faire exploser entre ses doigts... Il allait continuer sa chanson (« G comme Gorille, gargouille, garce et Grégoire ! » lorsqu’un léger picotement à la nuque l’interrompit. La seconde d’après, il se retrouvait trempé par l’un de ses propres ballons... Surpris, il enleva son chapeau et secoua la tête comme un chien, avant de regarder qui pouvait être le coupable.

- G comme Grenouille Garcon, Gateau et Gag... Le suivant c'est toi!

Oh ! Un Ange ! Le seul qu’il avait jamais vu était celui qui distribuait les copies d’examens, le jour où il avait faillit mourir. Autant dire que ça remontait à loin... Le garçon envisagea pendant une seconde de faire savoir à ce plaisantin ailé qu’il n’avait pas le droit de modifier sa chanson, qu’il avait composée avec Désolane au tout début de leur relation. Mais à la place ce fut un sourire qui apparut sur son visage, à la place de reproches. Keith se redressa et passa une main dans ses cheveux mouillés.

- Tiens donc, un Ange qui fait fonction d’arrosoir ! Je n’avais encore jamais vu ça...

Il observa l’intru pendant plusieurs minutes silencieuses, se fichant royalement de ce que pouvait penser l’autre d’être observé ainsi. Il remit son chapeau sur ses cheveux encore humides, tout en conservant son petit sourire mutin. Pour le moment, l’Ange lui plaisait assez : il venait de faire une blague presque digne des siennes, il ne pouvait être que quelqu’un de bien. Pendant qu’ils s’observaient, Keith ordonna à un autre ballon s’écraser sur le bitume, arrosant au passage un homme d’apparence grincheuse. Dommage, il n'avait pas réussi à tremper son journal...

- La suite c’est H comme hirondelle, harmonie, hormone et Héloïse. Tu veux t’asseoir ? T’es trop voyant, ceux d’en bas vont te repérer tout de suite...

Keith se rassit sur le toit et jeta un coup d’œil vers le trottoir. Celui-ci était dorénavant bien trempé. Peut être allait il devoir changer de « point de largage »... Les gens scrutaient le ciel avec insistance, espérant voir le responsable. S’ils voyaient l’Ange, les nouveaux passants allaient tout de suite comprendre que quelqu'un jetait des ballons, et ce serait fini... Remarque, il ne lui restait que 2 ballons. A l'aide de sa canne, Keith poussa l'un d'entre eux devant lui et il jeta un coup d'oeil amusé à l'Ange, se demandant s'il l'empêcherait d'agrandir son tableau de chasse des "passants mouillés avec succès".

La réaction de son arroseur fut... Charmante... Amusante... Plaisante... Il avait du mal à mettre un nom dessus. C'était tellement inhabituel pour lui... Compliqué, c'était un mot qui lui venait souvent, mais qu'il avait rennoncé à utiliser depuis longtemps. C'était le monde qui était compliqué, c'était les relations aux autres qui l'étaient. Dans sa naïveté de nouveau-né, il avait, il y a pas si longtemps de ça encore, cru que vivre par rapport aux autres serait simple. Il avait cru, espéré que haïr tout le monde serait simple. Mais voilà, il s'était avéré qu'à la fin, Seryel s'en était retrouvé incapable. Il n'avait pas les épaules assez larges, le coeur assez gros, ou trop gros justement pour porter cette haine qu'il désirait ressentir pour les autres. Haïr est simple. C'est aimer qui est dur. Il avait voulu haïr Alexiel, et ça n'avait suffit qu'à les rapprocher, il aurait pu détester Edward, mais ca aussi ca avait capoté. Et pourtant... il aurait pu se montrer ingrat, égoïste et vouloir son frère pour lui tout seul, mais voilà... Le bonheur de son frère passait avant le sien, et Alexiel ne se sentait bien que dans un monde plein de cet amour qui le dépassait complètement, alors il aimait Edward. Pas comme on aime une personne pour en faire son, ou sa compagne, ni comme il aimait son frère d'âme et de coeur, non. Comme un beau frère, un ami, un...confident. Ca devait être ça le therme. Comme un confident. Il ne le connaissait pas le moins du monde, et pourtant, en quelques sortes, il lui avait confié son coeur, son âme... Alors oui, l'attachement qu'il ressentait pour le vampire pouvait se définir le mieux par une relation de confident à confident. Enfin, ça, c'est sa créatrice qui vous le dit, car Seryel, lui, ne s'est jamais confié à qui que se soit. C'est mieux, beaucoup mieux de tout garder en soi. Ca fait plus mal.

Mais nous nous éloignons un peu du sujet. Et pourtant, il vallait la peine d'être énnoncé. Seryel venait de faire la première blague de son existence. Ben oui. Pour fair eune blague, il faut bien que quelqu'un y participe, soit le dindon de la farce, ou le complice de l'acte. Seulement, que ca soit dindon ou complice, Seryel n'avait jamais trop eu l'occasion de faire ça. En général, il tuait plus les gens qu'il croisait, ou du moins il les fuyait pour ne pas avoir à les tuer, et ce jusqu'à une date très récente. C'était sa première blague, et la sensation d'ensemble n'était pas désagréable.
Au point où on en était, on allait pas s'arrêter en si bon chemin. Le jeune ange pencha la tête sur le côté, et avec un sourire simple et un peu torve, dit doucement:
　
-Il faut croire que je ne suis pas un ange comme les autres...
　
Il en était même le contraire à ses yeux. Un rebut, un déchet, un produit dérivé de matière autrefois angélique. La liste était longue, et pas très rose, il fallait bien l'avouer. Et son apparence n'aidait en rien à le faire remonter dans sa propre estime. Rien que ce blanc dans ses cheveux... Il avait l'air et l'impression d'être malade, d'être une copie délavée et pâle... sauf les ailes, unique touche de couleur dans l'ensemble. Ce rouge... Cette couleur carmine qui se mêlait à la pureté du blanc de ses plumes, comme pour en souligner son côté perdu. Ses ailes à ses yeux étaient bien la couleur du pêché. Le pêché qui l'avait engendré, celui qui l'avait discocié de sa moitié perdue, celui de son existence. Celui de l'impureté de sa vie.

En parlant d'elles... Seryel y jeta un rapide coup d'oeil. Bien qu'ébouriffées par le vent de son vol, elles avaient l'air plus propres, plus nettes que d'habitude. Apparement, son apparence allait de paire avec son état d'esprit. Quand il allait mieux, ça se voyait... Mais quoi qu'il en soit, le blanc et le rouge, c'était pas très discret. Pas du tout même.

C'est pour ça qu'il s'assit en tailleur à côté du zombie, laissant doucement disparaître ses ailes, reprenant sa forme humaine. La transformation pouvait peut être parraître spectaculaire aux yeux des non habitués, mais lui, elle lui parraissait à présent anodine. C'est pour cela qu'il ne prêta aucune attention à ses ailes qui disparaissaient, semant par ci par là une ou deux poignées de plumes ni à ses cheveux où le blanc cédait le pas à l'ébène, et où le rouge se faisait plus sombre, moins vif, moins tranchant. Ca ne dura pas plus de trente secondes. Et une fois ce délai passé, Seryel avait l'air aussi humain que le zombie. Peut être toujours aussi sombre, mais ça, c'était son expression habituelle, sa race ou son état n'avait rien à voir là dedans.
　
Calmement, il regarda l'un des ballons s'écraser gracieusement par terre, et arroser de façon totalement partielle l'une de ses "victimes"

-Ah, raté celui là...

Il avait employé pour ce commentaire le ton neutre de l'observateur fasciné et curieux. On l'a déjà dit, Seryel est complètement étranger au rire, aux blagues, et aux émotions positives en général. C'était donc nouveau pour lui, et même fascinant. Le fait que les objets bougent tout seuls ne le choquait pas outre mesure en revanche...

Invité

Keith était trop absorbé par le spectacle que lui offraient les humains en contre bas, sur le trottoir trempé par ses ballons, pour remarquer la transformation de l’Ange derrière lui. Il ne vit le changement que lorsqu’il releva la tête, au moment où Seryel prenait place à côté de lui sur le toit. Keith pencha légèrement la tête sur le côté, ses sourcils jouant aux accents circonflexes. Puis un sourire, à la fois amusé et intrigué, apparut. Du bout du doigt, il pointa le dernier ballon qui se dandinait sur le bord du toit, comme s’il cherchait une échappatoire à son terrible destin, finir 36 étages plus bas et éclater en mille morceaux.... Tout ça pour satisfaire les besoins comiques d’un clown déplorable.

- Notre Ange spécial veut il tenter sa chance ? Tu as l’air doué (clin d’œil). En plus, c’est gratuit les jours feriés ! Mais... Il y a une condition.

Le visage de Keith se modifia jusqu’à afficher un petit air mutin et amusé. D’un geste digne d’un grand prestigitateur sur le point d’accomplir son plus grand tour, il enleva son chapeau, faisant tinter joyeusement les décorations et boucles métalliques qui s’y trouvaient. Son sourire s’élargit, lui donnant un petit air de fou échappé d’asile, et il tendit son couvre chef posé en équilibre sur la paume de sa main vers l’Ange. Keith l’ajouta sous son nez, comme il le ferait avec une énorme friandise. Il s’exclama d’une voix de présentateur télé :

- Il faut porter le Grand Chapeau Farceur !

Keith regarda le chapeau avec dans l’œil un drôle d’éclat, et l’objet se mit à se dandiner sur sa main, comme animé d’une volonté propre, alors que c’était notre clown farceur qui lui en donnait l’ordre, un sourire amusé clairement affiché. Puis le chapeau se ramassa sur lui-même et sauta sur la tête de Seryel en effectuant un magnifique looping. Keith pencha la tête sur le côté et, à la manière des grands artistes, forma un cadre avec ses doigts pour admirer la tête de l’Ange ainsi coiffée. Il leva le pouce en signe d’approbation et fit un clin d’œil. Pour la forme, il ordonna à son chapeau de rester bien ancré sur sa tête... Il continuait de se dandiner, comme s’il dansait au son d’une musique imaginaire. Keith reprit sa rengaine habituelle :

- Au fait, comment tu t’appelles, cher Mad Hatter ? Moi c’est Keith. Ça s’écrit pas comme Kiss, malheureusement... Je suis le spécialiste des farces et blagues pas drôles.

Il fit une petite référence accompagnée d’un éclat de rire. Pendant un moment, son regard s’égara sur les immeubles de l’autre côté de la rue. Il se demanda pourquoi il avait bêtement décidé de quitter son métier pour venir s’installer ici, à City... Peut être pour rencontrer d’autres gens comme lui, des gens bizarres qui n’avaient pas leur place dans les autres villes. Et puis, il fallait bien se le dire clairement, il était fatigué. Il avait envie de se reposer, sans pour autant renoncer à ses activités de farceur incorrigible... Il reprit son sourire, et observa avec attention la réaction de ce cher ‘Ange spécial’. C’était la première fois qu’il parlait vraiment à un Ange... ça ne devait pas être bien différend d’un Démon, si... ?

[voilà! Navrée du temps de réponse ^^"]

Seryel suivit du regard ce fin doigt tendu. Ainsi il contempla le ballon qui faisait mumuse à danser la gigue sur le rebord du toit, insensible à ce que Newton a dit et répété, écoutant plutôt les paroles d'un bon fils à son papa qui pourtant ne lui étaient pas destinées : Lève toi et marche. A la longue, il avait fini par deviner que c'était ce clown tout droit dorti d'un cirque de l'ancien temps, et pourquoi pas d'une autre dimension, qui le faisait se mouvoir.
Et bien évidement, il répondit à sa déclaration avec un air très sérieux, quoiqu'un peu curieux.

-On est un jour férié?

Ben oui, même si il ne suivait pas très assidûment le temps qui avancait doucement sur le calendrier, il n'avait pas eu l'impression que c'en était un aujourd'hui. De toutes façons, lui s'en fichait, et pas qu'un peu. Pour lui, c'était tous les jours, ou au contraire, jamais. On souffrait tous les jours, et toutes les nuits le sommeil le fuyait. C'était une petite routine. Une petite routine solitaire et douloureuse, mais une routine qui s'était installée tout de même. Un jour, un grand homme s'était exclamé Dieu, que la vie est quotidienne! et il n'avait pas tord. L'être humain avait un peu besoin de cette monotonie, de ce quotidien. Ca lui donnait l'impression de maîtriser un peu cette anguille fuyante qu'on appelait le temps. Lui ne la maîtrisait pas, il la subissait, cette chienne de vie qui un jour l'a emporté loin de son corps et de son âme. Il n'avait même pas le droit de mourir, et comme pour se moquer encore un peu plus de lui, une habile et mauvaise plaisanterie digne de celle de ce cher ami qui faisait des ballons en latex se gondoler l'avait rendu immortel. Et l'imortalité, c'est long, surtout vers la fin. Il ne pouvait pas souffrir indéfiniment. Il devait donc trouver un moyen de s'arracher le coeur pour être insensible, ou bien trouver autre chose.

Comme redoutant un mauvais coup, il avait fixé le chapeau qui bougait peut être un peu trop pour un simple chapeau, puis avait levé les yeux lorsqu'il s'était posé sur sa tête. Et là, il était resté à le fixer par en dessous avec une expression interdite, voire dubitative, pendant dix bonnes secondes, et on sait tous à quel point ça peut être long, dix secondes.
Ces dix secondes passées, il avait enfin baissé ses yeux pour fixer le zombie avec une expression neutre, quoiqu'un peu pimentée d'interrogation de ci de là.

-Mad Hatter?

Tout le monde connaissait Alice au Pays des Merveilles, et Seryel également, pour les cauchemars que ça avait refilé à Alexiel pendant leur enfance comune. Il en faisait des rêves également, mais Seryel n'avait récupéré que ces premiers.
Il haussa les épaules.

-Ca me va...Je m'appelle Seryel...

Il s'appelait comment celui qui était toujours fourré avec le Chapelier toqué déjà? March Hare? Râââââh, saleté de mémoire parcellaire...
Finalement, il ancra son regard dans le sien, et avec tous le sérieux du monde, il demanda:

-A quoi ça sert de faire une blague si elle n'est pas drôle?

Invité

[c'est pas grave ^^]

Keith haussa les sourcils, étonné, surpris... Dommage, cet ange ne semblait pas tout à fait comprendre le principe, pourtant pas très subtil, de la blague... Mais Keith ne se départit pas de son sourire, bien décidé à lui apprendre. Comme sa vie devait être triste et morne, s’il était dépourvu de sens de l’humour ! Surtout que l’humour apportait souvent de l’optimisme... Il permettait de mieux supporter les mauvaises aventures qu’il pouvait vous arriver. Une petite blague apportait toujours une petite touche de rose dans la vie si grise habituellement... Keith ne savait pas très bien pourquoi il passait son temps à faire des blagues et des farces – souvent pas drôles qui plus est – mais il savait qu’il ne pourrait pas s’en passer. C’était un peu son métier, faire rire les gens. Même s’ils ne riaient pas souvent à ses farces...

- Non, bien sur que non... C’était une blague. En fait, c’était censé être drôle, mais mes blagues ne sont pas toujours du meilleur goût !

Il essaya de rire mais le résultat fut quelque peu pitoyable et il s’étouffa à moitié. Cet Ange, qui paraissait si triste voire déprimé, le déprimait lui-même totalement. Comment pouvait-on être aussi imperméable à l’humour ? Le visage de l’Ange affichait toujours le même air, il avait toujours ce même visage de marbre qui ne laissait transparaître qu’un peu de curiosité et d’interrogation de temps en temps. A croire que ses muscles faciaux étaient bloqués... Alors que le visage humain pouvait transmettre tant d’émotions, de paroles, avec un sourire ou un froncement de sourcils ! C’était vraiment du gâchis. Keith lâcha un léger soupir. Il se remit bien vite à sourire. La déprime avait toujours peu durée chez lui, allez savoir pourquoi.

- Oui, Mad Hatter... Chapelier fou, quoi. Ça va bien avec le chapeau, non ?

Il eut un sourire triomphant, apparemment fier de sa petite trouvaille. En vérité, c’était son propre surnom à lui, donné par une vieille connaissance morte depuis bien longtemps. « Seryel » ? Voyons, quel surnom débile pouvait-il inventer... Il s’assit en tailleur au bord du toit, et se gratta le menton, signe d’une intense réflexion. Puis il claqua des doigts, comme s’il avait trouvé la réponse à un problème fort complexe qui le taraudait depuis longtemps... Il eut de nouveau ce sourire amusé et inquiétant, qui signifiait qu’il avait une idée derrière la tête. Il fallait en général se méfier de lui dans ces moments là...

- Enchanté, mon p’tit Yelounet !

Pourquoi il faisait des blagues pas drôles ? Son sourire s’élargit.

- Moi je les trouve drôle, les autres non. Je me fiche de ce qu’ils pensent, à vrai dire... Je suis heureux tant que je peux rire. Le rire, c’est précieux, il ne faut pas l’oublier...

Il pencha la tête sur le côté. Il aimait bien regarder les gens comme ça.... mais ainsi ,son sourire paraissait tordu. Ça lui donnait un petit air mutin...

- J’essaie de faire rire les autres, mais nous n’avons pas le même humour je crois.