Une cage en ruines [Riku]

Seryel s'avançait d'un pas rapide et maussade. Il ne savait pas trop où il se rendait, mais il y allait, et c'était le plus important. Après, quelle importance de savoir où ou comment, puisqu'il avançait. Il ne stagnait pas. Un pied devant l'autre, le regard sur l'horizon, et surtout on n'oublie pas de ne pas regarder derrière ou à côté de soi pour ne pas se décourager. Le brun se disait que de cette manière, à force d'avancer, il finirait bien par arriver à l'endroit où il se trouvait. Lui, celui qu'il devait retrouver. Celui qui lui avait redonné goût à la vie en lui faisait goûter le parfum de la haine. Il devait le retrouver, il devait le traquer, il devait le tuer. Pourquoi, il ne savait pas? Pourquoi, il ne voulait pas le savoir. Il lui avait donné des ailes quand les siennes s'étaient brisées, il lui avait donné une raison d'avancer. Il n'avait besoin de rien d'autre. Seryel avait comprit que si il réfléchissait trop, alors il n'arriverait plus à rien. Alors il ne réfléchissait pas, il se contentait de faire.

Arrivé au centre de la "pièce", il leva les yeux vers le ciel. La lumière du soleil perçait et tombait en ligne droite, comme un puits de lumière qui tentait désespérément d'irriguer ce lieu que les ténèbres envahissaient petit à petit. n'étais-ce pas une allégorie de tout ce monde qui était présentée dans ce lieu que la destruction avait construit sans même le vouloir? Un lieu où lentement, tout pars en morceaux, en miettes, en poussière. Un lieu qui se vide peu à peu de sa raison d'être, de son âme, de sa substance, et qui ensuite ne devient qu'une carcasse vide autrefois habitée. Les yeux rivés sur le ciel, il observait les nuages qui avançaient paresseusement. D'ici, le ciel semblait si inaccessible. Peut être encore plus qu'en hauteur, à l'air libre. Ici, l'air était comme les cœurs. Enfermé par ces barreaux rouillés qui tombaient en poussière. Enfermé par l'absence de cibles. Mais lui en avait trouvé une. Une seule. Et même si il n'en voyait que le dos, il continuait à lui courir après afin que jamais il ne devienne comme ces murs qui lentement se désagrégeaient.

Au bout d'un moment passé dans une contemplation totalement et silencieuse, il finit par décider de se mouvoir. Doucement, souplement, il s'assit et sortit de son sac un bloc note et des crayons. Assis, le nez levé vers le haut, il entreprit alors de dessiner calmement le ciel qu'on apercevait au travers de l'enchevêtrement d'arcades qui ici semblaient pareilles à des serres repliées sur l'azur dans l'espoir vain et inutile de le retenir.