[RPG] Première ponction [PV Ulquiorra et Léandre] [Terminé]

" Lai ... Laissez-moi tranquille ... "

" Fais gaffe poulette, tu vas te salir ! "

" Ça serait dommage d'abîmer tes vêtements de fortune ! "

" J'ai ... J'ai rien fait ... "

Combien de fois me suis-je retrouvé dans cet état ? Plusieurs, je ne compte plus. Quand je viens au lycée (une fois tous les deux mois en gros), je me fais harceler par les têtes brûlées de ma classe. Quelle idée de venir au lycée aussi ? Pour suivre les cours. Je ne vais pas sécher éternellement non plus. A chaque récréation, ils me coincent dans un coin de l'établissement, à l'abri des surveillants et des autres lycéens. Et c'est toujours le même cirque qui recommence. Timide comme je suis, je me recroqueville dans le coin de mur, les jambes contre mon thorax. Les lascars s'approchent de moi et me tirent les cheveux, me prennent par les poignets (dont un est fracturé à cause de Mme Syphillis), puis ils m'écartèlent contre le mur. Impossible de crier, j'ai trop mal à la gorge. Je ne peux qu'articuler quelques mots, des petites phrases. Ils ne me prennent pas en pitié. Quand comprendront-ils que je ne suis pas leur jouet ? Quand cesseront-ils de me prendre pour une fille ? Certes, j'ai de longs cheveux, un contour du visage assez féminin, mais je suis avant tout un homme. Je n'ai pas de poitrine, et tout le monde croit que je l'aplatis avec des bandes que je serre fort autour de ma cage thoracique. Qu'ils regardent un peu plus bas, et ils verront que je suis un garçon.

Ils arrêtent de me tirer les cheveux. Un des lycéens barbares s'avance avec un couteau suisse. Il le pose sur ma joue, tout souriant.

" Tu devrais venir plus souvent au lycée, tu sais ... "

" On s'ennuie vraiment sans toi, Alex. "

" Laisse-moi te griffonner un petit truc tout mignon sur ta joue ... Allez ... "

" Lai ... Laissez-moi ! ... "

Je m'égosille du mieux que je peux, le lycéen armé n'arrive pas à me couper la joue, ma tête est en perpétuel mouvement. Ses acolytes me retiennent le visage, libérant mon poignet fracturé. Mes jambes tremblent, prêtes à me lâcher par terre. Dans un élan de détresse, je plaque ma main libre sur le visage gras du type, et je crie un bon coup:

" LAISSEZ-MOI !!! "

Mes yeux se ferment, une lumière jaillit de la paume de ma main. Le lycéen armé se met à crier de douleur, lâchant son couteau suisse. Ses amis me lâchent, stupéfaits. Moi, je laisse cette lumière aspirer toute l'énergie vitale de mon ennemi. J'ai un pouvoir. Enfin. Je peux me défendre maintenant. J'ouvre un œil, ma prunelle ocre fixant avec surprise le visage ébloui du lycéen. Ma main pompe toute l'énergie de cet homme. Je dois m'arrêter. Je ... Je ne peux pas le tuer de cette manière ?! Les autres adolescents prennent la fuite en sanglots, les yeux écarquillés. Ma main se détache du visage pâle de mon assaillant. Il s'affale sur le sol, complètement desséché. Moi, je me laisse glisser sur le mur, la main encore tendue devant moi. Des larmes rouges coulent le long de mes joues, mes ailes se déploient au ralenti, mes longs cheveux blonds s'étalent sur le sol. Ma lèvre tremble, je murmure:

" Ça ne ... C'est pas moi ... Je ... Je le jure ... J'ai ... Edward ... "

Je fixe ma main fracturée. Je regarde ma paume. Rien. Il n'y a rien du tout. Les larmes de sang s'échappent de mes yeux, s'éparpillant sur mon menton tremblant. Quelques gouttes tombent par terre, d'autres s'écrasent sur mes vêtements. Mes ailes brillent intensément, leurs reflets d'or et d'argent resplendissant de clarté. Mes paupières se ferment, je glisse sur le côté. Je m'affale sur le sol humide, une brise frôlant mon visage couvert de sang par mes larmes. Esprit endormi, corps en transe, je ne peux que pleurer du sang.

Invité

C'est un aprés-midi bien calme. Le ciel n'est bleu que par endroit, le reste est couvert de nuages gris. La ville est calme, en haut des building l'air souffle doucement, balayant des cheveux noirs.
En dessous de ses pieds, se trouve la grande banlieue de St-Roch. Ah oui, pardon, ce sont les pieds d'Ulquiorra qui est lui même posé dans les airs, n'ayant pas besoin d'un appui comme le toit d'un immeuble.
Mains dans les poches, il observe les voitures déambuler dans les rues, s'arrêtant des fois au feu rouge et repartant de plus belle. Son regard vert perçant balaya le périmètre. Absolument rien d'intéressant. L'ennui perpétuel, aucune occupation à longueur de journée. Surtout celle là.

Il n'y avait pas eut de chasse cette nuit, impossible de tomber sur une proie qui l'aurait rassasié. Il n'avait que poursuit des âmes de très basse catégorie pour finalement abandonner.
Alors il était là à s'ennuyer à mort. Parce que franchement, observer des voitures pendant des heures, il n'y a rien de plus monotone.
Pas loin de sa position se trouvait les grands bâtiments du Lycée Saint-Exupéry, les voix des lycéenns lui parvenait mais peut avait une aura puissante. Et puis avec une telle foule de personne au même endroit, il était impossible de détecter une forte puissance, enfin, c'est ce qu'il pensait.
Tout à coup, un énorme taux d'aura fut dégagé suivit de l'apparition d'une âme malfaisante de basse catégorie. Quelque peu intéressé par ce nouveau mouvement, Ulquiorra se dirigea directement dans cette direction et finit par ouvrir le rideau qui s'épare le monde des vivants à celui des morts, s'engouffrant dedans.
C'est pour lui comme un moyen de transport. Une fois passé dans le monde des morts, il peut directement rouvrir une porte qui le ménera là où il veut, ce qu'il fit.

Le rideau se rouvrit dans un coin reculé du lycée. Le "Démon" sortit et trouva face à lui deux corps et une âme libre. Celle-ci fût presque directement transformée en une petite bille noire et luisante, action vraiment inhabituelle car s'était l'acte de Ulquiorra. La perle se retrouva entre ses doigts et il la lança dans sa bouche, l'avalant tout de suite après.
L'expression de son visage depuis son arrivée n'avait pas changée et ne changerait pas.
Il se décida enfin à s'intéresser au corps de l'Ange qui se trouvait face à lui. Lui retirer son âme pour le dévorer ne serait pas une mauvaise idée du tout mais s'attaquer à quelqu'un sans qu'il soit conscient ne change rien à l'ennui.

Après quelques minutes à fixer ce corps sans activité (quelques minutes pour Ulquiorra n'est absolument rien), l'Ange rouvrit doucement les yeux. Ce qu'il dut apercevoir après avoir repris ses esprits, ne dut pas vraiment lui faire du bien.
Un homme vêtu de longs vêtement blanc, les mains dans les poches, avec un demi casque en os sur la tête, le regardait de haut avec son air sinistre. Ses premières paroles furent claires :

~Enfuies-toi...~

Je suis resté inconscient quelques minutes. Mes prunelles ocres se sont ouvertes, ont scruté le sol, et elles tombent sur des chaussures blanches. Serait-ce un enseignant qui m'a retrouvé ? Je suis dans le pétrin, mes ailes sont déployées et un Humain voyant ma particularité pourrait avertir la police, ou tomber dans les pommes, ou le répéter à tout le monde, ou encore prendre ses jambes à son cou. Mais comme presque tout City est au courant pour ma facette angélique avec le scandale de mes cinq ans, qu'une autre personne le sache ne change pas grand chose.

Je me redresse, un peu dans les vapes, frottant ma joue avec ma main valide. Je suis à genoux, mes ailes tremblantes de clarté. Je ramène ma frange derrière une oreille et lève la tête pour voir la personne aux chaussures blanches. Un homme. Il se tient là, devant moi, les yeux vert de jade et des larmes faites sûrement par du maquillage coulant le long de ses joues. Ses cheveux sont d'un noir de jais, ses vêtements sont longs et blancs. Il a les mains dans les poches, l'air décontracté. Je me lève, mes jambes un peu tremblantes, et j'aperçois ce casque fissuré en forme de crâne. Je commence à m'affoler. Qui est-il ? Que me veut-il ? Je secoue ma tête. J'entends sa voix. M'enfuir. Il me fait peur.

Je reste planté devant lui, hésitant à m'enfuir ou non. Mes yeux se posent sur ceux de cet homme en blanc. C'est terrifiant. Comment peut-on être aussi méprisable du regard ? Je ne comprendrais jamais les gens méchants. Pourquoi vouent-ils une haine sans précédent ? Pourquoi sont-ils obligés de tuer pour satisfaire leurs envies ? Pourquoi se venger est-il nécessaire pour se sentir soulagé ? Je serre les dents, tant de questions restent sans réponse. Je me recule de cet homme froid, je prends mes distances. Et je cours.

Je traverse la cour de récréation, percutant quelques élèves qui me crient dessus ensuite. Un surveillant m'attrape par la manche, je le regarde avec de gros yeux en lui suppliant de me laisser partir. Rien à faire, il me balance à l'intérieur du lycée. Le portail n'était qu'à quelques mètres de moi. Le proviseur pointe le bout de son nez, martelant le sol goudronneux avec ses pas, forçant sur ses talons. Je me redresse, serrant mon poignet cassé dans ma main. Je me relève vivement, prenant à nouveau la fuite. Et cette fois-ci, personne ne m'a empêché de m'évader du lycée.

Je traverse sans réfléchir, bloquant quelques voitures à l'arrêt soudainement. Je tourne les hanches par mégarde, m'affalant au milieu de la route. Un camion se tient tout juste devant moi, prêt à m'écraser. le chauffeur écarquille les yeux et appuie à fond sur le frein. Trop tard, il allait trop vite. Les roues vont écraser mon corps frêle.

Bien loin de cette action tragique et ignorant complètement le danger, les vivent leurs vies. Si on leur avait demandé quelque chose sur les anges, les démons ou les fées ils auraient dit que ce n'est que de la pure fiction...Des trucs pour effrayer les gamins quoi...
D'ailleurs même ce type là, à la démarche bizarre, ils auraient juste dit que c'était un original...Un type un peu fou pour porter une poupée à l'épaule de cette façon. Bref les tarés ca existe mais pas les créatures mythiques...Le type bizarre pencha sa tête sur le côté et murmure quelque chose à la poupée.

- On leur dit ? Naaaan...t'as raison c'est bien plus drôle comme ça

Les gens le regarde, oui un vrai taré ce type, avec son sourire narquois accroché aux lèvres, on dirait qu'il se moque un peu d'eux. Il se balade dans la rue, comme n'importe lequel de ces gens normaux, excepté qu'avec son accoutrement d'une autre époque, il ne passe pas vraiment inaperçu. Une jeune lycéenne est appuyée contre un mur. Est-ce qu'elle sèche ? Bien entendu ! Léandre la remarque, elle est plutôt mignonne...Il s'arrête et elle lui lance un reard du style : "c'est qui ce gus ? Qu'est ce qu'il me veut". Elle fait mine de regarder ailleurs, mal à l'aise. Il s'approche doucement avec un air interrogateur.

-Oh mademoiselle, vous avez quelque chose là...

Il passe sa main aux gants blancs dans les cheveux de la jeune fille, qui trop surprise n'a pas encore réagit. Là elle doit sans doute être en train de prier pour qu'il ne lui arrive rien et qu'elle ne soit aps tombée sur un pervers psychopathe obsessionnel. En retirant sa main, il fait apparaître un jolie rose rouge, qu'il tend à la jeune fille avec un grand sourire.

-Voilà mademoiselle, bon après-midi !

Elle prend la fleur,à moitié rassurée mais encore circonspecte. Elle regarde la fleur comme s'il s'agissait d'une farce ou d'un cadeau empoisonné. Elle ne trouve rien à répondre, encore interloquée et le jeune homme passe son chemin. Il sort un papier de sa poche. Il s'agit d'une petite liste de course ( et oui ! C'était à son tour cette corvée ). Il poursuit son chemin en posant son regard interrogateur sur toutes les façades.

- Bon, bon, bon...Où est-ce que je peux trouver de la lessive....?

La question reste en suspend. Bon ca commence bien. La jeune homme a toujours un mal fou à se repérer en ville. Soudain il gros bruit. Un son affreux de klaxon poids lourd et un cri. Il tourne la tête, curieux de savoir ce qui se passe. Sur la route se tient une jeune personne, de là impossible de savoir s'il s'agit d'une fille ou d'un garçon. Juste devant un camion s'apprête à l'écraser. Quoiqu'il en soit il ou elle se tient, les yeux fermés comme préparé au choc. Tout le monde regarde le monstre de métal sur le point de réduite cette jeune personne en chaire à patée et personne ne réagit. * Ca c'est bien les citadins...*, pense-t-il amèrement. Sans prendre vraiment le temps de réfléchir à la situation ( qui à vrai dire était vraiment urgente ), il s'élance au beau milieu de la route. Sans prêter attention au voiture qui manque de lui foncer dessus, il se précipite sur " la demoiselle en détresse" à toute vitesse. Il serre les dents, il n'arrivera pas assez vite. Tant pis. Par réflexe il tend les bras. De ses manches sort une longue corde composée de foulards colorés noués les uns aux autres ( tour de magie basique) à l'exception que ceux-ci fendent l'air aussi vite que des balles, s'enroulent autour de la personne en danger et le tire violemment vers le jeune magicien.

Le rescapé, encore rétracté est littéralement propulsé contre le corps de Léandre qui ne tient pas le choc et s'étale sur le sol, l'inconnu fermement serré dans se bras. Une fois tous les deux sur le sol, la corde se déroule et tombe, de nouveau inanimée. Le jeune homme se redresse à moitié et pose sa main sur la tête du rescapé ( car vu sous cet angle, il s'aperçoit qu'il s'agit d'un très beau jeune homme, sans doute un lycéen ). Il tremble encore... tout le traffic s'arrête et la foule observatrice s'avance pour constater les dégâts. Face à tous ces badauds, le jeune homme soupire et laisse échapper quelques toussotements.

- T'as eu du bol....

Aussitôt Léandre retrouve son sourire malicieux et sa répartie. D'un ton plus enjoué que moralisateur, il ajoute à l'égard du jeune homme :

- Et alors ? Tes parents t'ont pas dis de ja-mais traverser sans regarder ?

Invité

Le jeune ange mit du temps avant de réagir mais quand il comprit enfin que prendre la fuite était la seule solution, il prit les jambes à son cou et traversa la cour en bousculant les autres lycéens.
Ulquiorra prit le temps de faire disparaitre le corps inerte de la victime de l'Ange et disparut pour atterrir sur le toit du grand bâtiment principal du lycée. D'ici, il pouvait observer le jeune lycéen se diriger à toute vitesse en dehors de l'établissement.

Il traversa le portail à toutes jambes et fila droit sur la route. C'est là que ça devint intéressant. Il tomba en plein milieu de la route alors qu'un camion se dirigeait à toute vitesse vers lui. Personne pour le sauver dans les horizons. Les humains sont beaucoup trop lâches et préfère voir mourir quelqu'un que de mettre leur propre vie en danger.
Alors que le "plan" improvisé allait marcher, il y eut un inconvénient. Un homme se rua dans la direction du lycéen qui s'était déjà préparé pour l'impact. Le camion arrivait beaucoup trop vite et ses pneus glissaient sur le bitume, l'homme qui s'était porté volontaire pour sauver cette pauvre victime lui tendit d'un coup la main et de sa manche sortit des foulards les uns attachés aux autres. Leur trajectoire fut plutôt étrange pour des mouchoirs et Ulquiorra se concentra un peu plus sur ce sauvetage du haut de son toit.

Le camion lui ne continua pas sa route, il finit son parcours dans l'un des murs des bâtiments alentours. Il n'y eut peut-être aucune victime pour les piétons mais le conducteur ne dut pas s'en sortir indemne. Mais le "Démon" n'y portait aucune attention, il atterrit sur le toit de la remorque du camion et observa les deux jeunes hommes avec un oeil morne.
Tuage (meurtre s'vous préférez) d'une proie sans se salir les mains, raté sur ce coup. Tant pis, ça n'en rendra que la suite plus intéressante.
Il ne bougea pas de son perchoir, fixant les deux garçons de haut. Les mains toujours dans les poches. Peu devaient le voir...

Mon espérance de vie semble faible. Mince comme un cheveu de fer. Il faut toujours que ma si courte vie soit en danger. De mort. Et cette fois-ci encore, quelqu'un a dû me sauver la vie. Quand est-ce que je ne serais plus un fardeau aux yeux de tous ? J'ai un pouvoir maintenant, mais il me fait trop peur ! Je n'ai pas pu tuer le lycéen de tout-à-l'heure, j'ai horreur de la violence.

- T'as eu du bol ...

Hein ? Que s'est-il passé ? Je suis tellement apeuré par le poids lourd qui s'est écrasé contre le mur que je ne peux faire aucun geste. Mes mains contre moi, mes yeux fermés, je serre les dents quand un vif picotement s'emparent de mes jambes. Je n'ai pas suivi ce qu'il s'est passé. Je peux juste dire que quelque chose m'a fermement empoigné par la taille, j'ai presque failli m'étouffer à ce moment-là. J'ai été violemment tiré sur le côté, et j'ai percuté quelqu'un je crois. Je dois savoir. J'entrouvre mes prunelles ocres. Je les lève pour fixer cet homme blond qui me frotte la tête comme une mère rassurant son enfant. Qui est-ce ? Serait-ce lui qui m'aurait sauvé ? Mes jambes me font atrocement souffrir. Je baisse la tête pour voir ce que c'est. Un léger filet de sang s'échappe de mes mollets. J'ai été touché par le camion. Mais c'est mieux que d'avoir donné involontairement sa vie. Je descends une main vers mon pantalon déchiré et maculé de sang. Du liquide rougeâtre se disperse sur mes doigts tremblants.

- Et alors ? Tes parents t'ont pas dis de ja-mais traverser sans regarder ?

Je reporte mon attention sur cet homme blond. Il doit être plus vieux que moi. Deux-trois ans d'écart je dirais. Il arbore un sourire malicieux, rempli d'ironie et d'humour. Dois-je prendre sa remarque du bon ou du mauvais côté ? De toute façon, je suis trop naïf pour répliquer. Mais je peux me défendre avec mon pouvoir.

Je lève ma tête pour apercevoir le poids lourd. De la fumée s'échappe des moteurs. Une traînée de sang coule sur la portière du conducteur. Oh non, est-il mort ?! Par ma faute encore ?! Ça fait trop de morts en une journée ! Je n'ai jamais tué ! Ce jour est maudit ! Je m'extirpe brutalement de mon 'sauveur', m'affalant sur le sol à cause de mes jambes fauchées.

" Il faut ... Il faut le sauver ! Je ne peux pas le tuer de cette manière !! "

En proie à un véritable désastre, je demeure impuissant face à cette scène lamentable, mais horrible à mes yeux. Je ne peux pas avancer davantage, je suis étendu de tout mon long sur la route goudronneuse, mes jambes en sang. Les pointes de mes longs cheveux d'or prennent la couleur du sang, je rampe vers le camion pour tenter d'extirper le conducteur du volant. Mais dès que j'arrive à la portière ensanglantée, je remarque l'homme en blanc de tout à l'heure. Mes yeux s'écarquillent. Il va me tuer. Je n'ai plus la même mobilité. J'essaie de me mettre à genoux, mais je retombe comme un moins que rien. Je serre les poings, mes yeux baignant de larmes. Je suis impassible. Je ne peux rien faire pour empêcher un autre dilemme. Je mets mes cheveux en arrière d'un coup de la tête, puis je rampe à nouveau pour sauver le conducteur mort à mon plus grand regret. Faible, mes ailes se déploient lentement, comme une musique au ralenti, et s'étalent de part et d'autre de mon corps frêle.

" Il ... Il ne peut pas mourir comme ça ... J'ai rien fait ... Je suis innocent ! "

Les badauds de la rues commencent à s'attrouper sur les trottoir, curieux furetant pour obtenir des informations des témoins. C'est dingue ce que ca peut causer comme désordre, par ailleurs, la circulation est complètement bloquée. Léandre jette un coup d'oeil à la masse de cheveux, au frêle être humain qu'il vient de sauver. On dirait un jeune homme mais il a encore des airs enfantins. Un gamin quoi...Mais un gamin mignon quand même. Il lève les yeux sur l'ensemble de la scène. C'est le chaos complet. Personne n'a san s doute remarquer sa prestation, de toute façon il a une superbe excuse en toute circonstance donc...Il observe à moitié intéressé la carcasse métallique du camion, crashé dans un mur. C'est plutôt impressionnant tout cette tôle froissée, ce moteur fumant et ce verre brisé. Le monstre de métal semble tout ratatiné comme ça. Il trouve ca plutôt drôle, malheureusement vu l'état du véhicule, le chauffeur n'a pas du en réchapper.Que voulez vous ? Je ne peux pas sauver tout le monde* songe-t-il.

Le jeune lycéen semble enfin prendre conscience. Il a l'air complètement désorienté. A l'instant il s'arrache des bras de son sauveur pour retomber. Même s'il a échapper à la mort, il ne s'en est pas sorti complètement indemne. Une plaie assez longue court sur son mollet, laissant échapper un filet de sang. Le jeune homme aux yeux dorés rampe pitoyablement jusqu'au camion, dans un acte à la fois héroïque et complètement inutile vu la situation. De son côté, Léandre époussète son manteau, se relève prestement et commence à ramballer ses foulards, dans un souci de minutie, d'un calme olympien au milieu de cette agitation. Le jeune homme n'a pas abandonné son but, il continue de ramper au milieu des débris, sa jambe blessée. Léandre l'interpelle, un sourire moqueur accroché au lèvres :

- Dis moi....tu comptes aller loin comme ça ?

Malgré son ton moqueur il est assez impressionné par la force mentale de ce petit bout d'homme. Il ya une sorte de détermination et d'héroïsme dans cette tentative de sauvetage pitoyable. C'est le seul à tenter quelque chose pour ce pauvre chauffeur parmi les rares qui s'inquiètent de son sort. Il y a sans doute quelque chose à exploiter là dessus. N'empêche que là il se dirige droit vers les débris de verre brisé. Le magicien avance à grande enjambée et poursuit, tout en finissant de ranger les foulards dans sa manche.

" Il faut ... Il faut le sauver ! Je ne peux pas le tuer de cette manière !! "

Ses lèvres s'étirent en un léger sourire. Quelle naîveté, quelle candeur ! Dommage qu'il doive le ramener à la réalité. En levant les yeux au ciel, Léandre s'exprime en un soupir complètement indifférent :

- La seule chose que tu arriveras à faire, c'est t'abîmer un peu plus. Mais bon tu fais ce que tu veux...

C'est comme s'il parlait à un mur.Il murmure à sa petite poupée :

-Il est pas prêt de renoncer on dirait...

N'empêche ca serait du gachis qu'il meure maintenant. Il aurait fait tout ça pour rien...Alors qu'il était encore à hésiter sur le comportement à adopter, le jeune garçon fait quelque chose d'incroyable, quelque chose qui ressemble à une tentative désespérée. Le magicien écarquille les yeux et abandonne un moment ses expressions surfaites. *Des...des ailes...?*.
Il s'élance sur l'espèce d'inconscient qui révèle à tous sa vraie nature. *Il est stupide ou suicidaire ce gosse ?. Il vient de débarquer en ville et qu'est ce qu'il rencontre : un ange. Qui se révèle ouvertement. A moins qu'il ne soient tous au courant ? En quelques geste rapide il passe ses bras sous ceux du jeune garçon pour pouvoir le relever et par la même occassion, dissimuler ses appendices dorsaux. Comme il est assez proche il lui murmure à l'oreille :

- Qu'est ce que t'essaies de faire là ? Tu trouves que c'est malin ? Planque "ça" tout de suite....
De toute façon tu ne peux plus rien pour lui.

Ses lèvres, juste à côté de l'oreille du jeune homme articulent ces mots terribles :

- Il est déjà mort...

Le jeune magicien, trop concentré sur l'angelot, n'a pas aperçu une seule seconde l'homme en blanc mençant. Pourtant si proche...

Invité

Alors là, c'est la meilleure, l'ange, complètement blessé, tente de se relever mais s'écroule de tout son long suite à ses blessures aux jambes. Pourtant il n'abandonne pas et commence à ramper vers le camion.
Ulquiorra venait tout juste de le rencontrer mais il pensait déjà cerner le caractère de ce jeune garçon. Son esprit était encore pur, il était naïf, un peu trop sur les bords d'ailleurs. Mais il avait apparemment le don de se retrouver dans ce genre de situation et d'être toujours blessé.
Il le laissa donc tenter de sauver ce pauvre humain dans le camion mais c'était inutile, il était mort sur le coup lorsque son véhicule était venu frapper le mur. Son âme devait déjà se balader quelque part...

L'homme blond qui l'avait sauvé se tenait toujours au même endroit et avait juste entreprit de ramasser ses foulards. Ses gestes avaient l'air si intrus parmi la foule et le chaos de cet accident... Il commença tout de même à s'activer quand Alexiel laissa ses ailes sortirent. Ah oui, c'est vrai que cet homme ne savait pas que c'était un ange, normal qu'il soit étonné.
Alors qu'il tentait de cacher les ailes lumineuses de l'Ange et en même de temps d'essayer de le faire renoncer à sauver quelqu'un de déjà mort, Ulquiorra prit la parole, confirmant ce que venait de dire Léandre :

~C'est effectivement inutile... Il est mort sur le coup. A quoi cela t'aurait-il avancé de le sauver ?... Tu as déjà tué quelqu'un, un deuxième ne changera rien...~

Enfonçant le couteau dans la plaie, l'homme vêtu de blanc se trouna entièrement vers eux mais resta sur le toit du camion. C'est peut être une forme de fierté mais il préfère regarder les gens de haut.

[Gomen, je fais court...]

Pourquoi s'entêtent-ils à vouloir me faire renoncer ? D'abord cet en homme en blanc avec le casque bizarre me toise de haut, comme fier de sa posture et de sa grandeur. Ses paroles sont blessantes, et il en va de même pour mon sauveur qui, même surpris de voir mes ailes, tentent de les cacher. Ce n'est pas nécessaire, tout le monde est au courant pour ma facette angélique. Je m'égosille du mieux que je peux pour m'échapper des bras du magicien, mais c'est inutile. Avec des jambes fauchées, je n'irai pas bien loin. Je n'arrive pas à m'extirper de l'étreinte du blond. Sa bouche collée contre mon oreille me susurre les atrocités que je refuse d'admettre. Je serre les poings avec le peu de force qu'il me reste, et je baisse la tête, mes yeux baignés de larmes. Je ne pourrai échapper à cette fatalité. Il est bel et bien mort, pourquoi je m'obstine à croire qu'il y a encore un espoir ?

Je fais disparaître mes ailes pour éviter de gâcher le peu de forces qu'il me reste. Je reste debout, porté par le jeune magicien, en sanglots. Je savais que je n'aurais pas dû venir au lycée aujourd'hui. Je n'y vais presque jamais ! Mais il a fallu que j'y aille et ça a mal tourné. Le proviseur est sorti de l'établissement scolaire, énervé de tout ce chahut. Il regarde les piétons un à un, les dévisageant de sa moustache. Ses petits yeux noirs s'arrêtent sur le magicien. Il retroussent ses lèvres et me foudroie du regard. Je baisse machinalement la tête, tout tremblant, puis il me hurle à la figure:

" Alexiel Edgeworth !! Revenez ici !! Vous n'avez rien à faire en dehors du lycée !! "

" Je ... Je ne peux pas ... Y aller ... "

" Alexiel ! Revenez ! "

" J'ai ... Je les ai .... Tués ... "

C'est bien dans des moments comme cela qu'Edward vient à ma rescousse et me blottit dans ses bras. Mais il n'est pas là. Et il ne viendra pas. Je me retourne, me mettant face au magicien, puis je m'accroche à sa veste farfelue, me cachant du directeur qui tape du pied, impatient. Je pose ma tête contre son torse, encore faible et dépourvu de mobilité avec mes jambes blessées.

" Je ... Je ne peux pas y aller ... Je suis un ... Un tueur ... ! "

" Alexiel ! J'arrive, bon sang ! "

Le principal s'avance au milieu de la scène de désastre, visiblement pas intéressé ni même choqué par l'accident du camion. Tout ce qu'il l'importe, c'est moi. Comment peut-on rester indifférent face à ce qu'il vient de se passer ? Je fourre mon visage dans la veste du magicien, mes jambes m'abandonnant dans un vif picotement. Je tombe donc à genoux devant mon sauveur, déboussolé, et je recule prestement, mon dos se collant contre la portière ensanglantée. La main sans vie du chauffeur frôle le sommet de mon crâne, je frissonne et me penche sur le côté pour éviter qu'elle me touche. Le directeur arrive à la hauteur de magicien, me sommant de le rejoindre. Je pose une main sur ma jambe la plus blessée, les dents serrées.

" Je ... Je ne veux pas ... J'ai ... J'ai rien fait ! "

C'est effectivement inutile... Il est mort sur le coup. A quoi cela t'aurait-il avancé de le sauver ?... Tu as déjà tué quelqu'un, un deuxième ne changera rien...~

Léandre lève les yeux. Sur le toit du camion se dresse un homme, habillé en blanc des pieds à la tête…Et d’ailleurs quel visage ! Il a de quoi faire froid dans le dos avec cette absence d’expression pour le moins inquiétante, tout comme son casque. Il n’avait pas remarquer sa présence et son apparition soudaine fait quelque peu sensation. C’est une entrée théâtrale. Mais que vient-il de dire ? Ce garçon aurait déjà tué quelqu’un ? Il baisse les yeux sur le lycéen. Lui là ? Il ne ferait pas de mal à une mouche c’est une plaisanterie ??? Soit on peut toujours se tromper. Il demande au jeune’homme, dissimulant sa curiosité :

-Hmm…c’est un ami à toi ?

Il ne répond pas. Il tente vainement de se défaire de mon étreinte mais sans grand succès, il finit par baisser la tête et renoncer, secoués par des sanglots. *Désolé, mais c’est comme ça*. Léandre reste figé, en attendant que ses sanglots se terminent. Il n’a pas tout compris à la situation mais les larmes du jeune homme, si joliment désespéré le plonge dans un mutisme. *On ne devrait jamais faire pleurer un enfant…* Il se fige et laisse ses cheveux retomber devant ses yeux, il se contente de soutenir le pauvre lycéen, en proie à sa détresse.

Alexiel Edgeworth !! Revenez ici !! Vous n'avez rien à faire en dehors du lycée !! "

Léandre lève les yeux vers ce nouveau personnage.Le jeune çarçon se défend mollement face à ce petit dictateur à moustache et aux yeux enfoncés. Forte tête, le lycéen refuse d’obéir. Quant à Léandre, il se contente de sourire, quelqu’un peu amusé par cette intervention et ce petit personnage tout en colère. Les gens énervés sont tellement drôles ! Le jeune garçon aux yeux dorés persiste, se retourne et s’accroche à la veste du jeune magicien, dans un geste désespéré. * pauvre gosse…c’est pas son jour*
Dans un geste protecteur et pour lui permettre de rester debout, le jeune homme passe ses bras autour de l’ange. Il pose sa tête sur son torse, en quête de réconfort ou de protection. Que vouliez qu’il fasse hum ? Ce gosse était si mignon…Le genre à réveiller la fibre protectrice en vous. Le principal s’avance à pas décidé au milieu de ce chantier pour récupérer son élève chéri qui entre temps s’était affalé sur le sol et avait reculé contre la portière, dans un état de terreur proche de la crise cardiaque. Le directeur continue ses sommations, le jeune lycéen semble s’en foutre complètement, le magicien ne peut s’empêcher d’esquisser un sourire insolent. Léandre murmure de nouveau pour lui-même ( ou pour sa chère poupée )

-Intéressant…on dirait qu’il attire les ennuis…

Avec un large sourire (pas vraiment de circonstance rappelons –le ), le jeune magicien pose sa main gantée sur l’épaule du directeur et l’interpelle de sa voix douce et légèrement cynique.

-Voyons monsieur…ne voyez vous pas qu’il est blessé ? Et complètement désorienté en plus. Il aurait d’avantage sa place à l’hopital, vous ne trouvez pas ?

- Alexiel ! Reviens ici tout de suite !!

Vous…heu… Mêlez vous de vos affaires ! Dit-il en bredouillant, un peu déconcerté par l’accoutrement du jeune homme.

Léandre soupira et rejeta sa mèche de cheveux en blond en l’air de manière désinvolte. Le pauvre Alexiel tremblait et refusait catégoriquement. Un éclair de malice passa dans les yeux bleus de Léandre et un sourire narquois se dessina sur ses lèvres. Hum hum…mauvais signe….

-Je vois, puisque vous refusez de m’écouter…

Il attrapa sa chère poupée de chiffon et tourna le dos à cet homme si grossier, qui à présent tentait de ramener le pauvre gosse en lui attrapant le bras. Le jeune magicien baisse légèrement la tête, laissant ses cheveux blonds recouvrir ses prunelles azurées. Il approche la poupée de chiffon de ses lèvres et murmure quelques mots dans un souffle, sa main ayant pris une position étrange, les doigts légèrement crochus au dessus de la poupée en tissu. Il souleva quelques doigts à la manière d’un marionettiste.

- Lache le.....

Le directeur s’exécuta, pris au dépourvu par cette soudaine intervention indépendante de son corps.Léandre se retourna vers le prénommé Alexiel, un sourire innocent accroché au lèvres

Invité

Il commence à y avoir du mouvement. Apparemment, aucun humain dans cette foule n'a assez de pouvoir spirituel pour pouvoir le voir. Seuls... Ces deux jeunes gens. Le grand homme blond venait de lever les yeux vers lui. Ulquiorra avait cru qu'il ne le voyait pas mais en fait il n'avait pas fait attention à lui. Drôle de personnage...

On sent bien qu'il va y avoir encore plus de mouvement, l'alarme des pompiers et des ambulances résonne au loin dans la ville. Ulquiorra ne quitte pas des yeux le petit couple en bas du camion. Une troisième personne, encore plus ennuyeuse, débarque et commence à crier sur sa proie. Franchement, il a pas de bol ce gamin. Il se fait martyriser par des élèves de son lycée, il en tue un par inadvertance et voilà qu'un homme pas net débarque en lui demandant de fuir pour son propre plaisir. En fuyant, il se retrouve sur la route, prêt à se faire écraser par un camion. Il se fait tout de même sauver par un homme mais ce retrouve avec le directeur de l'établissement sur le dos... Vraiment pas son jour.
Une réflexion qui fit fermer les yeux du "démon", changeant légèrement son expression mais pas plus que ça.

Quand Ulquiorra rouvrit les yeux, c'est à dire plusieurs minutes après l'intervention du dirlo étant donné que le temps ne s'écoule pas de la même manière pour lui que pour les humains, l'Ange s'était retrouvé le dos contre la carosserie fatiguée du camion et le directeur lui ordonnait de revenir dans l'établissement. Il réfléchisait pas celui-là ou quoi ? Il devrait pourtant bien voir que ce pauvre gamin ne pouvait plus marcher. L'homme blond tente de l'arrêter en lui précisant que l'hôpital serait mieux pour lui mais rien à faire. L'homme grassouillet est trop têtu.
C'est la suite des événements qui fut intéressante.

Le magicien par on ne sait quel sort, réussi à faire bouger le corps de l'homme contre son gré. Ulquiorra avait bien remarqué que ce soudain mouvement venait du magicien. Et c'est pour voir les choses de plus près qu'il descendit du toit du véhicule crashé, se posant juste à côté d'Alexiel. C'est pas pour autant qu'il fera quelque chose pour l'aider.

Le principal se dépêche de me rejoindre, me prenant ensuite par le bras, comme un chasseur capturant sa proie à mains nues. Mais quand comprendra-t-il que je peux plus marcher ? Mes jambes sont en compote, je ne ressens qu'un petit picotement. Je saigne abondamment, et j'ai l'impression de ne plus avoir de pieds. Lorsque le magicien tourne le dos au directeur qui me tire vers le lycée, me traînant sur la route -je passe mes yeux sur la traînée de sang qui s'échappe après mon passage-, il crochette ses doigts et je m'extirpe à temps de l'étreinte serrée du proviseur. Je passe mes mains en arrière, tentant de reculer du mieux que je peux -mes jambes fauchées ne m'aident pas-. L'homme moustachu, pris au dépourvu, s'éloigne du jeune blond qui le menace avec sa poupée, et je ne fais pas attention au garçon habillé en blanc qui descend de son perchoir pour mieux regarder la scène. Il est là, à côté de moi, tout près. Je tourne subitement ma tête vers l'homme aux larmes vertes, puis j'essaie de m'éloigner de lui un maximum, ayant toujours une peur bleue par rapport à tout à l'heure. Les sirènes des ambulances et des pompiers retentissent dans la rue. Les étudiants du lycée se sont agglutinés au portail, et les piétons ont stoppé leurs activités pour suivre le dénouement. Je pose délicatement une main sur ma jambe ensanglantée et meurtrie, ma paume devient rouge de sang. Je fronce les sourcils, le picotement est plus fort.

* J'ai mal ... *

Mon attention se reporte brusquement sur le proviseur qui a tourné les talons avec dédain, tapant violemment le sol avec ses chaussures. Resserrant sa cravate, dégageant une des rares mèches de cheveux qu'il a sur le crâne, il balance à Léandre avant de passer le portail de l'établissement scolaire:

" Et bien soit ! Emmenez-le donc à l'hôpital ! Non mais je vous jure, les gosses tels qu'Alexiel ne sont d'aucune utilité ici ... "

Je baisse doucement les yeux, coupable des injures du proviseur qui referme le portail derrière lui en hurlant aux élèves de retourner en cours. Les piétons, eux, reprennent leur marche. Le camion ne fume plus, le sang du conducteur mort a séché sur la porte avec le soleil de plomb. Je vois arriver les ambulances, leurs sirènes rouges larmoyant de sons.

" Pas ... Pas l'hôpital ... J'ai peur ... "

Evidemment le directeur n'a rien compris de la supercherie. Comme tout le monde ici. Au nombre sans cesse croissant des badauds de la rue vient s'ajouter un nombre respectable d'élèves curieux, comprimés contre la grille de l'école pour ne pas rater une miette du spectacle. Le directeur grassouillet commence à en avoir marre. Il toise une dernière fois le pauvre garçon, dont l'état semble s'aggraver de minute en minute. Il regarde de nouveau Léandre qui lui adresse un sourire innocent, qui dans ce cas se révèle presque assassin. Le directeur moustachu finit par prendre une décision et quitte le lieu du crime, avec des gestes de bras excédés, tout en bredouillant quelque chose dans sa barbe.

* Léandre : 1, abrutis notoires : 0 *

Voilà qui prouve une fois de plus que l'intimidation paie. Il se tourne alors vers Alexiel et remarque que l'homme bizarre et descendu de son perchoir. Léandre prend quelques secondes pour le détailler, ses orbites presque vides, ce crâne qui lui couvre la moitié de la tête et les larmes vertes. Léandre balaye la scène du regard. Personne n'a vraiment remarqué la présence de l'homme en blanc.

*un fantôme ?*

Peu importe. Le jeune magicien est trop arrogant pour être impressionné par le sentiment de danger qui émane de cet homme. Il hausse les épaules d'un geste désinvolte. Son attention est attirée par autre chose, les sirènes hurlantes de l'ambulance qui se rapprochent de plus en plus. Les mains dans les poches, il sifflote, l'air aussi insouciant que s'il s'apprêtait à aller à la chasse aux papillons. Les observateurs les plus pressés reprennent le chemin, dédaignant le lieu de la tragédie.

" Pas ... Pas l'hôpital ... J'ai peur ... "

-Hum ?

Le jeune homme baisse les yeux vers Alexiel. Il a l'air terrorrisé. Léandre relève les yeux vers le type bizarre qui semble avoir décidé d'être passif. Il s'approche d'Alexiel, s'accroupit à ses côtés et lui dit avec un sourire convaincant :

- Ne t'en fais pas, ils sont là pour te soigner. Tu n'as aucune raison d'avoir peur.

Même si ce jeune garçon est un peu pleurnichard, on peut lui accorder ça. Heureusement que ce genre de trucs n'arrivent pas tous les jours. Presque à l'instant, une ambulance déboule au milieu de la rue, parée à toute éventualité.