[RPG] Petite balade [PV Saki] [Ecourté]

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A vrai dire, Ciena ne savait pas exactement ce qu'elle faisait ici. Fraichement âgée de vingt ans, Ciena était à présent presque totalement libre de circuler où elle voulait, quand elle voulait : ses parents ne lui imposaient plus de règles strictes comme revenir avant huit heures du soir... A présent presque aussi libre comme l'air, Ciena avait prit l'habitude de marcher après les cours interminables de commerce. C'est vrai... Qu'est ce qui l'intéressait dans la théorie d'Engels ou de Marx ? Absolument rien, mais elle était bien obligée d'y assister. Du moins, jusqu'au jour où elle déciderait d'en parler à ses parents, de dire "non". Mais le courage lui manquait. Et... Elle savait bien que s'était pour son bien qu'ils lui imposaient un tel chemin... Pour son bien.
Quoi qu'il en soit, Ciena avait décidé de fausser compagnie à ses amies et s'était mise à traverser la ville de part en part, marchant à l'opposé de chez ses parents, en effet, elle préférait retarder le moment où elle rentrerait chez elle. Le moment où elle reverrait cette maison, certes très jolie, mignonne, accueillante, mais aussi la maison qu'elle avait vu pendant vingt ans... Elle n'en pouvait tout simplement plus ! Que faire ? Se promener revenir tard dans la soirée, ne serait-ce que pour ne plus voir la maison comme elle la voit en plein jour.
* Mais pourquoi est ce que je pense à ma maison ?! *
Se disait-elle tout en marchant. Et ce fut à ce moment la qu'elle se rendit compte qu'elle pensait depuis un bon moment car elle se trouvait dans un endroit qui lui était totalement inconnu. Sa mère lui avait interdis de se promener en dehors de la ville, mais maintenant... On racontait, ou plutôt elle avait entendu dire, que des personnes quelque peu "bizarres" habitaient en dehors des villes, voir même dedans, sans qu'on ne le sache. Des personnes bizarres ? De quel genre ? Comment était-ils ?
Malheureusement Ciena était très curieuse.
Habillée normalement, cette fois ci, elle rajusta rapidement son sac de cours et se mit à avancer le long de la rue principale du village.
Mais aussi très observatrice, aussi se mit elle à regarder autour d'elle : où était-elle encore tombée ? Visiblement elle était dans ce fameux petit village en dehors de la ville. Petit village... Oui en effet, Ciena était entourée de grandes et anciennes bâtisses autant à gauche qu'à droite. En face d'elle se trouvait une fontaine, assez ancienne et apparemment inutilisée depuis un bon moment. Elle remarqua rapidement qu'il n'y avait que très peu de vieilles bâtisses et que le village était entouré d'hectares de terrains : des fermes ?
Elle remarqua au bout d'un moment qu'il commençait à faire froid et que le soleil allait se coucher et déjà depuis quelques minutes, l'ambiance auparavant plutôt accueillante bien que solitaire paraissait bien moins chaleureuse. Ciena, qui avait marché jusqu'au bout du village pour voir ce qu'il y avait derrière, se retourna pour rentrer lorsque...

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Saki marchait tranquillement. A la base, elle
voulait partir en promenade pour se vider un peu la tête. Aujourd'hui
elle avait eu un patient particulièrement désagréable et ça l'embêtait
de penser à ça. Elle se mit à courir. C'est vrai quoi ! Ce n'est pas
parce qu'on a un cors au pied qu'on doit hurler comme un fou pendant
toute une journée non ? Elle mit ses mains dans ses poches. Décidément,
parfois elle trouvait les humains très très capricieux et antipathique.
Elle était peut-être misanthrope parfois, mais alors celui là l'avait
battue à plate couture. Elle frissonna en repensant à la vue du pied en
question. Elle se mit à courir pour penser à autre chose. Ce soir elle
allait rentrer. Donner à manger à son chat serait sa première priorité.
On aurait pas dit comme ça mais il était un mangeur invertéré et
avalait des quantités incroyables de nourritures. Elle se demandait
encore comment elle avait fait pour trouver un chat de cet acabit. Si
monsieur n'avait pas toute la nourriture qu'il voulait il miaulait,
feulait, crachait. Soit elle le nourrissait, soit elle le fichai dehors
-ce qui arrivait la plupart du temps- et qui ne plaisait absolument pas
à monsieur le capricieux. Elle pensa aussi à son propre diner. Elle se
cuisinerait quoi ce soir ? hum...Peut être un tajine poulet...Non. Elle
en avait déjà mangé la semaine passée. Mais bien sur ! Un couscous
poulet serait au programme. Une bonne sauce et le tour serait joué.
Elle se calerait ensuite tranquillement devant la tété et se
ralentirait les neurones en regardant les séries télé américaines.
Malheureusement pour elle, alors qu'elle courrait, comme elle
réfléchissait en même temps, elle ne vit pas cet imbécile de cailloux
qui dépassait de la chaussée. Sa chute fut courte et elle s'étala de
tout son long sur l'asphalte glacé, la tête sur le bitume. Elle releva
la tête un peu blasée et dégoûtée par la vie et pensa quelques secondes
qu'elle n'avait absolument pas envie de se relever. Elle remarqua alors
qu'une fille se tenait devant elle et que ses chaussures étaient juste
en face de ses pupilles argentées.

- Bonjours, dit elle, belle journée non ?

La
jeune fille avait les cheveux bleus. Saki pensa que ce n'était pas très
commun cette couleur. Elle se dit qu'il serait bien de se relever
plutôt que rester couchée sur le sol toute la journée. Elle se releva
doucement et s'épousseta rapidement tout en regardant si elle n'avait
pas de trou dans ses vêtements. Elle regarda autour d'elle et remarqua
que quelques personnes la regardait bizarrement. Elle leur sourit genre
"j'ai un truc sur le visage ?" et ils tournèrent brusquement la tête
évitant son regard. Elle regarda de nouveau la jeune fille. Sûrement
une fille qui avait la vingtaine sortant d'études compliquées et en
train de faire une fac de je-ne-sais-qu'elle études. Saki se demanda
quelques minutes si elle devrait engager la discution ou s'enfuir en
courant histoire de ne pas finir sur un débat sur les positions
marxistes de la jeune fille. Apparemment elle se rendait chez ses
parents et ça ne l'enchantait pas plus que ça. La petite vampire rigola
en repensant à ses propres parents. Elle les avaient toujours évités
jusqu'à ce qu'elle les perde. On ne comprenait l'importance des choses
que quand on les perdaient. Elle n'était pas très sympa mais n'ayant
pas non plus envie de l'être, elle décida que son cynisme serait de
mise aujourd'hui. Soudain, le soleil lui arriva dans les yeux en
disparaissant progressivement derrière une colline. C'était l'heure de
rentrer mais en même temps, il serait intéressant de discuter avec
cette jeune fille perdue.

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Ciena s'était retournée pour retourner chez elle bien qu'elle ne le voulait pas vraiment, s'était retrouvée nez à nez avec une jeune femme, visiblement plus jeune qu'elle... Enfin nez à nez était parler vite : elle s'était écroulée par terre à ses pieds donc elle avait son nez face aux pieds de l'étudiante. Finalement il se pourrait bien que la jeune étudiante de commerce ne rentrerait pas tout de suite chez elle ? Bien qu'il faisait nuit et que le village paraissait beaucoup moins accueillant qu'auparavant, elle ne serait pas contre quelques petits instants de papotage avec quelqu'un. N'importe qui pourvu qu'elle ne rentre pas chez elle. Ne pas pouvoir rentrer chez soi... Depuis quand une personne, tout à fait banale, menant une vie banale, quotidienne et par définition ennuyeuse ne voudrait pas rentrer elle ? Justement parce qu'elle s'ennuyait et s'était le cas de Ciena.
La jeune femme fraichement âgée de vingt ans baissa la tête en haussant un sourcil tout en écoutant ce que la personne à terre disait. En réalité, elle avait plutôt dit quelque chose pour feindre son malaise d'être tombée et sûrement salie. En effet, bon nombre des personnes qui étaient encore dans le village et donc dans la rue principale - la seule rue en réalité - avait regardé la magistrale et vertigineuse chute de l'inconnue. Une belle journée ? La jeune femme s'était relevée avant que Ciena ai pu l'aider aussi cette dernière se mit-elle à regarder le ciel : ce n'était plus une journée mais une soirée et certes belle qui s'annonçait : Le ciel auparavant bleu sans aucun nuage était à présent strié de couleurs se reflétant sur les nuages comme des vagues. Des vagues de couleurs, des dégradés de couleurs que le meilleurs peintre au monde n'aurait pu reproduire sur une simple toile. L'émotion que ressentait quelqu'un à voir un couché de soleil parfait ne pouvait être reproduit sur une simple toile vierge tendue par des clous. Les meilleurs peintres, les meilleurs impressionnistes réputés pour jouer avec les couleurs, avec les lumières n'auraient pu reproduire ce chef d'œuvre naturel. Ciena regardait le ciel d'une manière rêveuse : ce orange qui se noyait dans le violet des ombres des nuages. . . Peut-être qu'elle passerait elle-même une belle soirée ? L'étudiante revint à la réalité et regarda un moment la jeune femme qui se dressait devant elle.
Bien qu'elle avait été hypnotisée par la beauté du ciel, Ciena était à présent subjuguée par celle de la personne qui était en face d'elle. Si l'étudiante n'avait pas été terre à terre elle en aurait mit ses mains à coupées que l'inconnue sortait tout droit d'un compte de fées : observatrice, Ciena regardait en premier les yeux qui étaient d'un argent étincelant, presque hypnotiques. Puis ses cheveux, blonds voir "blonds platines" et sa peau... Elle était d'une pâleur affolante. Si l'inconnue avait été également d'une minceur maladive, Ciena aurait pu croire qu'elle était vraiment malade...

- Une belle soirée s'annonce en effet... Magnifique même...

En effet, malgré l'abondance des nuages colorés par le couché du soleil, aucun orage semblait être prévu pour la soirée. Après un rapide coup d'œil, Ciena conclu que la personne en face d'elle était plus jeune qu'elle mais que quelque chose dans ses yeux, dans son regard la mettait en doute. Une sorte de maturité, d'ancienneté, comme si elle avait vu plus que ce qu'elle aurait du voir avec son âge. Elle lui donnait tout juste la majorité, mais était-ce seulement vrai ? Puis, elle se sentit observée aussi se tourna-t-elle et remarqua que bon nombre des personnes autour d'eux les regardait puis se détournèrent et partirent. Ciena se retourna vers l'inconnue.

- Vous ne vous êtes pas fait-mal en tombant ? Ca va aller ?

Finit-elle par demander avec une pointe d'inquiétude dans sa voie.

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La meilleure chose qui lui était arrivée à Saki jusque là, c'était le fait qu'elle ai réussit à atterrir dans ce charmant petit village. La pire chose, c'était ce qui venait de lui arriver, en résumé sa chute prématurée au pieds d'une inconnue qui devait être plus âgée qu'elle. Saki réfléchit quelques instants en se demandant si se relever était la chose la plus prudente à faire ou qu'il fallait mieux rester allongée sur le bitume pendant toute la soirée. Les pensées de la jeune femme lui traversèrent soudain l'esprit. Saki était parfois sujette à ce genre de réactions. Même si elle ne voulait pas lire, son esprit lisait quand même. Elle détestait cela et remerciait quelques part la fait qu'elle puisse choisir - dans la majorité des cas - les pensées qu'elle voulait lire. Les supputations qu'elle venait donc de capter étaient assez claires : cette fille ne voulait pas rejoindre son chez soi. Saki la comprenait parfaitement. On ne peut pas aimer rentrer dans un endroit qu'on n'aime pas. Elle capta le désir de Ciena de parler avec elle. Comme elle n'avait rien à faire, pourquoi ne pas faire un brun de causette avec cette jeune fille qui en apparence était plus vieille qu'elle ?
Elle se releva rapidement - peut être même un peu trop - et releva le visage vers l'inconnue. Ces traits se révélèrent et les personnes qui étaient présentes se retournèrent vers elles. Saki avait l'habitude, mais elle pensa que sa nouvelle compagne de soirée était peut être mal à l'aise avec tous ces gens autours d'elles. Elle remarqua ensuite que celle ci la toisait. Elle étouffa un rire en captant les pensées de Ciena. Elle faisait décidément un drôle d'effet aux gens qu'elle croisait et ça l'amusait toujours autant. Elle décida de faire un grand sourire à cette jeune fille, ce qui lui paraissait le meilleur moyen de la remercier pour avoir envie de discuter avec une personne comme elle.

- Une belle soirée s'annonce en effet... Magnifique même...

Saki cligna des yeux un peu étonnée. Cette façon de parler lui rappelait quelqu'un mais elle n'arrivait pas à se rappeler de qui il s'agissait. Elle se tritura les méninges plusieurs minutes mais ne réussit toujours pas à mettre un mot sur ce qu'elle venait de ressentir. Elle haussa discrètement les épaules puis analysa la phrase de la jeune femme. En effet, c'était une magnifique nuit qui se préparait en perspective. Les étoiles entamaient déjà leur danse nocturne dans le ciel et l'étoile de ce ballet féerique était déjà très haute dans le ciel.

- Vous ne vous êtes pas fait-mal en tombant ? ça va aller ?

La vampire retint de nouveau un éclat de rire. C'était bien une réponse humaine de s'enquérir des autres. Cependant, la fille qui se tenait en face d'elle avait l'air inquiètes, et ça avait éveillé la curiosité de Saki. Les gens lui demandait en général si elle allait bien pour la forme alors qu'au fond, qu'elle aille bien ou mal ne faisait pas vraiment partit des choses qui importaient à ces gens. Là, celle qui se tenait devant elle était inquiètes. Saki se pinça pour voir si elle ne rêvait pas. Non. Elle sourit une nouvelle fois à son interlocutrice.

- Je ne me suis pas blessée merci. Vous pouvez me tutoyer vous savez. Je suis plus jeune que vous...

Une lueur d'amusement s'alluma dans les yeux de Saki. Plus jeune. Évidemment elle ne pouvait pas dire à cette femme qu'elle était plus vieille qu'elle d'au moins deux siècles car ça l'aurait à coup sur fait déguerpir malgré la plus grande volonté du monde. Quel apparence trompeuse tout de même, cet amas de peau et de beauté ainsi que de cheveux. Tout cela tiré à l'extrême pour lui prodiguer une jeunesse éternelle et cette immortalité stérile qu'elle n'avait pas voulue.

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Ciena était toujours aussi étonnée en voyant l'inconnue devant elle, toujours aussi fascinée. Comment pouvait-elle être aussi... belle ? Et encore, belle, était un mot bien doux, bien petit par rapport à la beauté infernale qui se dressait devant-elle. A quoi est ce que l'étudiante ressemblait à côté d'elle ? Elle semblait si... si... transparente ! Sa beauté ne rivalisait pas face à elle ! Elle n'était qu'une marguerite parmi les roses ! Etant une fille, penser ainsi qu'une autre fille était magnifique, une beauté infernale, une fée sortie d'un compte pouvait paraître bizarre, comment pouvait-elle passer à côté de ça ?! Une personne quelle qu'elle soit ne passe pas inaperçue. Elle imaginait cette inconnue passer dans les rues et les hommes, en couples ou non, s'arrêter sur son passage, se retourner et la regarder marcher. Elle l'imaginait attirer l'attention partout où elle allait, dans chaque soirée à chaque moment. Et elle ? L'étudiante secoua vivement la tête, elle ne devait pas penser à ça, elle ne devait pas se mettre à être jalouse d'une personne parce qu'elle était belle. Etre jalouse d'une beauté... on aura tout vu ! En même temps, Ciena n'avait rien vu. Elle n'était jamais partie, elle n'avait jamais rien vu d'extraordinaire, elle n'était jamais sortie de City; et après on s'étonnait qu'elle veuille voir autre chose que cette ville de béton !

La jeune femme écouta l'inconnue. Elle lui demandait de la tutoyer ? Oui, il était vrai qu'il serait plus commode de tutoyer une personne, mais jeune ou pas, Ciena préférait vouvoyer ne serait-ce que par politesse. Aussi, maintenant qu'elle le lui avait demandé, elle le ferait à une seule et unique condition :

- Je veux bien, si tu me tutoie aussi. Ce n'est pas parce que je suis plus âgée que j'ai un quelconque pouvoir ou avantage sur toi.

Ciena sourit puis se mit à regarder autour d'elle : il n'y avait plus grand monde, voir personne. L'étudiante se mit à marcher et remarqua que l'inconnue se mit à marcher à côté d'elle, peut être que finalement elle n'allait pas rentrer chez elle, peut être que finalement elle allait pouvoir parler un peu avec cette demoiselle sortie tout droit de l'irréel ? Peut être qu'elle allait pouvoir éviter de retourner dans son quotidien ennuyeux et quelque peu déprimant ?? D'un autre côté, elle se demandait comment réagiraient ses parents. Sa mère serait sûrement morte de peur d'ici une heure ou deux mais grâce à la nouvelle technologie elle pouvait la joindre via son portable. Son père s'en moquerait. En même temps, ce n'était pas son père et ils n'avaient jamais véritablement été proches alors qu'il aille au diable. Que cette personne, qui ne l'avait pas reconnue, que sa famille plus que détestable aille pourrir en enfer et qu'ils la laissent tous en paix.
Au bout d'un moment la jeune femme qui se conduisait plutôt comme une adolescente en pleine crise se rendit compte qu'elle ne connaissait pas le nom de la beauté fatale qui se tenait à côté d'elle. Peut être avait-elle oublié de le lui demander tant elle avait été hypnotisée par sa beauté.

- Au fait... heu... j'ai oublié de vous... de te demander comment tu t'appelais. ^^ Je m'appelle Ciena.

Fit-elle avant de tourner vers elle un grand sourire aux lèvres, une main tendue vers l'inconnue.

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Saki sentit la tristesse s'emparer d'elle pour une raison inconnue. Une grand sentiment de peine venait de lui attraper le cœur et elle ne comprenait pas pourquoi. L'image de Charles s'imposa à son esprit. Bien sur. Ce village lui rappelait tellement celui où ils étaient allés tout les deux. Elle ferma les yeux quelques minutes se rappelant leurs longues promenades main dans la main. Leurs deux cœurs battants à l'unisson. Elle l'avait aimé. Lui aussi l'avait aimé. Mais il était mort et après deux cent ans, son souvenir lui faisait toujours aussi mal. Elle se souvint de leurs baises tendres et doux. Elle se souvint de ses caresses. Elle se souvint de son visage et de ses cheveux noirs. De ses yeux verts et qui pétillaient à chaque instant d'une malice unique. De son air ténébreux et pourtant qui recelait une personne incroyablement charmante et délicate. Elle avait apprit à le connaitre, à l'aimer et lorsqu'il était partit, elle avait encore plus souffert qu'à la mort de son père. Elle se rappela ensuite de ses yeux. Si beaux, si vrais. Elle était bien dans ce petit monde factice et loin de tout qu'ils s'étaient crées tous les deux. Elle aimait cette ambiance de paix et de sérénité. Maintenant ce temps était révolu et les hommes la regardait comme une antilope regardée par des lions. Elle était pour une de la viande de choix. Elle était seulement un objet pour eux. Un objet qui savait cuisiner, laver, parler et faire la vaisselle. Saki était tout à faire contre ce genre de pensées et elle était complètement énervée contre ce genre de type.

- Je veux bien, si tu me
tutoie aussi. Ce n'est pas parce que je suis plus âgée que j'ai un
quelconque pouvoir ou avantage sur toi

La jeune fille la sortie de ses songes. La tristesse disparue comme elle était venue et le cœur auparavant si pur de Saki se retrouva de nouveau souillé. Tutoyer cette fille lui paraissait tout à fait convenu et elle souria faussement afin de cacher ses sentiments. Elle avait au fond d'elle un coffre. Ce coffre contenait son cœur et elle avait jeté la clé depuis si longtemps qu'elle avait oublié pourquoi ce coffre était là. Même elle n'en avait plus conscience. Elle s'était simplement inventée une autre personnalité - immédiatement effacée lorsqu'elle avait rencontré Léandre car sa vrai personnalité était ressortie - qui la faisait paraitre sympathique aux yeux des autres. En vérité elle contenait beaucoup de choses, de points de vue, de tristesse, d'amour, d'amitié, de joie, de douleur, de souffrance, qu'elle ne devait absolument pas faire sortir de boite. Cette fille avait sur elle une étrange influence cependant car Saki venait de penser qu'elle regrettait d'avoir faussement sourit. C'était bien la première fois que quelques chose comme ça lui arrivait. Elle répondit cependant.

- Pas de problème. Je comptai te tutoyer de toute façon...

Saki capta soudain les pensées de l'inconnue. Elle ne voulait pas rentrer chez elle. Tant mieux, Saki non plus et elle avait besoin de se changer les idées en parlant. Elle capta aussi un sentiment de rejet par rapport à la maison de la jeune fille. Apparemment celle-ci ressentait un sentiment étrange sur sa maison et ses parents. Elle ne souhaitait absolument pas y retourner. Saki ne chercha pas la raison. Cependant, elle pensa que les enfants ne se rendaient pas compte à quel point ils avaient de la chance d'avoir des parents parfois. Néanmoins, la chose qu'elle entendit sur le père de l'inconnue lui déplut fortement et elle trouva que c'était un beau salaud. Elle ne mâchait pas ses mots avec les gens comme lui. A son époque, son oncle aussi avait eu une enfant illégitime qu'il n'avait pas reconnu. Saki se souvenait bien de Rose. Malheureusement, la jeune fille, rongée par le chagrin, s'était suicidée. Saki trouvait ça un peu extrême comme réaction mais à l'époque, on ne faisait pas de cadeaux.

Saki remarqua aussi que la jeune fille était hypnotisée par sa beauté. Elle ne savait pas qu'elle faisait cet effet là aussi aux femmes. En même temps, la plupart des femmes qu'elle avait rencontré étaient jalouses d'elle et elle leur rendait bien. Comme pouvait on jalouser une personne comme elle qui n'avait jamais fait de mal à personne me direz vous ? C'était bien simple. Dans son milieu de travail, Saki pouvait parfois être exécrable et de plus, elle était médecin en chef du service de chirurgie. Elle regarda de nouveau celle qui se tenait à côté d'elle. Elle la trouvait jolie elle aussi.

- Au fait... heu... j'ai oublié de vous... de te demander comment tu t'appelais. ^^ Je m'appelle Ciena.

Ah ! Apparemment elle avait encore du mal pour le tutoiement. Saki étouffa un petit rire et sourit à l'inconnue d'un vrai sourire sincère cette fois. Cette Ciena lui plaisait bien et elle sentait qu'elle s'entendrait bien avec elle. Cependant, au lieu de serrer la main qu'elle lui tendait, elle se pencha vers l'inconnue et lui fit la bise (à la française). Saki aimait beaucoup surprendre les gens car en général, les gens se saluaient ou tendait la main pour saluer quelqu'un. Elle se recula après son salut "french" et sourit de nouveau à Ciena. Elle s'inclina ensuite à la façon d'une noble de haut rang - ce qu'elle était tout de même malgré les apparences. Elle se releva et prononça d'une voix claire.

- Je me nomme Marie de La Valière...

Pourquoi avait elle utilisée ce nom ? Elle s'était juré de ne plus le prononcer et voilà qu'elle le donnait à cette inconnue. En même temps, elle s'appelait vraiment comme ça. Son véritable prénom était Marie. Elle soupira. Elle ne pouvait définitivement pas se séparer de son patronyme et de son prénom. Ces deux choses lui étaient trop précieuses. Elle décida de garder cette identité. Après tout, elle pouvait très bien s'appeler Marie le temps d'une journée. Ce serait plaisant. D'être la Marie d'autrefois et d'oublier un peu la Saki d'aujourd'hui. De pouvoir s'amuser comme n'importe qu'elle adolescente de son âge. Elle fit de nouveau un grand sourire à Ciena.

- mais tu peux m'appeler simplement Marie...

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D’une certaine manière, Ciena se maudissait d’être aussi observatrice… Parfois, c’était profitable de pouvoir analyser les personnes aussi rapidement qu’elle, savoir s’ils étaient des personnes fréquentables ou des ordures. Savoir si elle pouvait faire confiance ou s’il fallait mieux partir, partir en courant, loin, très loin. C’est vrai, de cette manière l’étudiante autrefois adolescente avait toujours pu se sortir de certaines situations qui étaient pour elle délicates à l’époque : savoir comment réagir face à un professeur, savoir éviter les coups foireux avec des personnes, savoir qui ment ou non, qui est triste même s’il ne le montre pas… Mais, l’embêtant est qu’elle analyse tout le temps. Pourquoi ?! Pourquoi pouvait-elle faire une telle chose ? Cela lui apportait néanmoins des problèmes bien qu’elle pensait que cela lui procurait le contraire. L’inverse. Savoir si quelqu’un ne va pas bien entraîne chez Ciena une vague de pitié. Une pitié n’est pas quelque chose de péjoratif mais seulement une vague de compassion qui imprègne une personne face à une autre et qui est en proie à des difficultés. Cette vague de compassion amène la personne compatissante à soutenir la personne en proie à des difficultés, or un soutien n’est pas quelque chose de péjoratif… Mais, ce soutien peut emmené à des promesses, des promesses qu’on ne peux détruire et donc qui peuvent amener à des situations délicates dont Ciena connaissait un rayon. Voilà pourquoi la jeune femme était à présent assez méfiante vis à vis des autres personnes et surtout de son petit « don » comme certains le qualifiaient. Un Don qui lui apportait des difficultés… Ce n’était plus un don mais une malédiction !

Quoi qu’il en soit, Ciena ne pu s’empêcher de remarquer intérieurement que le regard de son interlocutrice changeait à certains moment et passait d’une expression ravie à une triste puis de nouveau ravie après qu’elle lui ai dit qu’elle la tutoierait mais d’une certaine manière ce sourire paraissait… comment dire… faux. Et voilà que l’esprit analytique de l’étudiante refaisait surface ! Elle voyait bien que cette personne, malgré sa beauté aveuglante, malgré un sourire ravageur à en faire tomber tous les hommes, malgré l’attention qui se portait uniquement à elle et non aux alentours, uniquement à ce qu’elle faisait et que tout paraissait insignifiant, elle voyait bien que son sourire était faux. Qu’il n’était pas sincère. Pourquoi pouvait-elle voire ça ?! Elle voulait rester inconsciente ! Elle voulait être inconsciente de ce qui se passait autour d’elle et ne plus à devoir être responsable. Elle en avait assez de son quotidien réglé à la minute qu’avait programmé sa conscience. Elle voulait vivre bon-sang !

Soudain Ciena éclata de rire pour une raison inconnue. Certes, connue pour Marie chose que l’étudiante ignorait. La jeune femme continuait de rire, et rire, pendant plusieurs minutes pour les pensée stupides qu’elle avait. S’énerver parce qu’elle avait un quotidien ennuyeux, qu’elle voulait vivre et qu’elle ne voulait plus être consciente. S’énerver pour être consciente… Elle ne pensait qu’autre chose plus stupide pouvait être possible.
Finalement Ciena se calma au bout d’un certain temps où elle pu se remettre à respirer correctement et entendre ce que disait son interlocutrice qui devait probablement la prendre pour une folle. Elle pu enfin connaître son nom : Marie de La Valière. De la Valière ? Ce n’était pas un nom noble ? Il fallait avouer que Ciena ne connaissait pas grand chose des noms, des histoires et autres, mais elle avait l’impression que son nom avait tout sauf une connotation anglaise mais plutôt française… Et encore, un nom français de noble, d’une grande famille ou au moins d’une ancienne. Ciena haussa un sourcil interrogateur mais préféra ne pas jouer sa curieuse tant sa conscience l’énervait déjà assez comme ça.
En revanche, elle pu remarquer, encore une fois, que son interlocutrice, cette Marie, semblait hésiter à ce qu’elle venait de dire. Etait-ce bien son nom ? Pourquoi semblait-elle hésiter ? Quelque chose la tracassait tant Ciena pouvait le voir, mais quoi ?
Quoi qu’il en soit, cette hésitation n’était pas aussi forte que l’étonnement dont l’étudiante faisait preuve après que Marie l’ai prise dans ses bras. Autant Ciena faisait preuve d’énormément de tact et débordait d’amour pour certaines personnes, autant elle avait du mal à avoir du contact direct avec des personnes. Non qu’elle n’avait jamais tenu quelqu’un dans ses bras et qu’elle le répugnait mais elle avait du mal à être dans les bras de quelqu’un. Une sorte de timidité que son ancien ami n’avait pu supporter au bout d’un moment. Une timidité qu’elle aimerait faire passer au plus vite également.

Finalement, Marie lui sourit honnêtement, un sourire que l’étudiante s’empressa de retourner.

- Dis moi, Marie, tu es en faculté ?

Finit par demander Ciena. En effet, fraîchement sortie du lycée et en ayant encore quelques contacts, elle aurait du si son interlocutrice y était. De plus, elle doutait que Marie soit à la fac, sans quoi elle l’aurait su au moment même où elle y aurait posé le premier pied. Malgré son manque de connaissance dans son entourage amicale, l’étudiante en commerce savait qui étaient les personnes populaires ce qui n’aurait pas été le cas pour Marie. Donc, si elle n’était ni au lycée ni à la faculté, qui était-elle ? Que faisait-elle ?

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saki regarda tout autour d'elle. Elle avait une furieuse envie de courir mais elle ne voulait pas lâcher sa nouvelle copine maintenant. elle voyait bien que la jeune fille n'allait pas très bien et la laisser maintenant ne serait pas vraiment une bonne chose. Elle regarda le paysage. Le soleil venait de se faire avaler par l'horizon et la nuit avait fait son entrée. Les étoiles pétillaient déjà dans le ciel et Saki se demanda comment les gens pouvaient passer leur nuit à boire et à danser dans un endroit confiné comme les boites de nuit alors que la nuit était si belle. Elle tourna son visage vers la jeune fille. Son esprit était vraiment agréable à regarder. tout était rempli de formules compliquées, de mesures physique, de sciences économique, de douleur, de joie, d'amitié, de haine. C'était une véritable palette de sentiments qui s'étalait devant la jeune fille. Elle souria. Elle remarqua aussi que cette incroyable fille avait percé son masque. Apparemment, elle avait une bonne capacité d'empathie. C'était assez exceptionnel de rencontrer un don pareil dans une parfaite inconnue. Saki était vraiment un aimant à personne ayant des dons particuliers. D'abord Léandre, ensuite Alexiel et maintenant Ciena ? C'était vraiment la cerise sur le gâteau. Elle cependant étonnant par le fait que la jeune fille n'aima pas sa condition. Elle ne comprit pas car pour elle l'empathie était quelques chose d'assez agréable.

Elle vit la jeune fille rire. Elle soupira en entendant les pensées de Ciena. elle ne savait pas combien Saki aurait aimé avoir un quotidien comme le sien. Rythmé par une petite vie normale. Avoir un mère qui l'attende pour diner. Un père aimant. Peut-être même des frères et sœurs qui l'attendait pour pouvoir rire et parler avec elle. un chien ou un chat qui viendrait se lover sur ses genoux ou encore aboyer comme un fou dans sa chambre parce qu'il veut aller jouer. Un lycée où elle pourrait se rendre normalement avec ses amis qui auraient le même age qu'elle et le même statut et qu'elle ne serait pas obligée de regarder comme si elle s'excusait en permanence d'être plus jeune et pourtant plus haut placée. Elle se fit violence en pensant à l'amour que ses parents auraient pour elle. A celui de ses grand parents. de son premier petit ami qu'elle rencontrerait à une boum banale du lycée et de son mari qu'elle rencontrerait par hasard dans la rue parce qu'il lui est rentré dedans et à fait tomber ses livres. Ses enfants lors de leur naissance. La joie d'être une mère qui lui était refusé. elle pensa en cet instant à Alexiel car c'était peut-être le seul enfant qu'elle aimait comme son fils malgré son caractère détestable d'enfant gâté.

Elle remarqua la gêne de la jeune fille lorsqu'elle l'avait prise dans ses bras. Elle sourit de nouveau. C'était amusant de voir à quel point elle pouvait troubler les gens juste par un léger contact. Elle se rappelant amusée des "contacts" qu'elle avait avec d'autres personnes et qui étaient plus poussés que celui ci. Elle contempla le visage de l'adolescente qui se tenait devant elle. Il était assez intéressant et à la commissure des lèvres de cette enfant, elle vit le sentiment d'un ex qui n'avait pas supporté cette timidité. elle secoua la tête. Les hommes étaient parfois d'une stupidité vraiment affligeante. Si Charles avait là...Charles...Elle perdit son sourire en se rappelant le doux visage de son ancien amant. Il était mort trop tôt et elle aurait aimé vivre cette existence de vampire si il avait été à ses côtés. Il était celui qu'elle avait aimé et elle avait réussi à l'oublier après cent ans de vie. Elel s'était reconstruite mais portait encore un peu le deuil de cet amour passionné et fusionnel.

- Dis moi, Marie, tu es en faculté ?

Cette question la fit quelques peu rire. elle se demanda la réaction qu'aurait son interlocutrice lorsqu'elle apprendrait qu'elle n'était plus en faculté depuis longtemps. Elle ouvrit la bouche et la referma presque aussitôt comme une muette. elle réfléchit quelques instants. elle savait très bien mentir et ne rien laisser paraître, pourtant elle n'avait pas très envie de mentir aujourd'hui. elle était un peu fatiguée de tout ce qu'elle vivait en ce moment et elle sentait que la goutte qui ferait déborder le vase était prête à arriver.

- Pas vraiment... En fait je suis médecin - chirurgien en chef à l'hôpital de la ville...

Elle sourit. Elle crut même éclater de rire mais ce n'était pas le moment de rire de la jeune fille. Elle détourna doucement la tête, son regard dérivant vers une enseigne d'un vieux magasin. Un restaurant de ramens tiens donc. Elle adorait ce plat et en mangeait tout les jours au Japon. elle pensa que de retour à city il faudrait absolument qu'elle aille en manger.

- Et toi ? Que fais tu ?

Elle avait lancé cette phrase à tout hasard et afin de continuer la conversation. Elle était de plus intéressée par cette fille. Elle voulait savoir ce qu'il en retournait.

Invité

Comme Marie s’en doutait, Ciena était bien étonnée d’entendre qu’elle était médecin et même chirurgienne en chef à l’hôpital de la ville. Elle n’en croyait pas ses oreilles… Comment cela était-il possible ? Elle se doutait bien que certaines personnes paraissaient souvent plus jeunes que leur véritable âge, mais pas à ce point la ! Fraîchement sortie de ses vingt ans, l’étudiante savait et connaissait beaucoup de mondes qui avait un physique plus jeunes qu’eux, et bizarrement Marie n’était pas comme ça, elle ne faisait pas partie de ces personnes qui paraissaient plus jeune. Elle sentait qu’il y avait quelque chose clochait. Car, en plus d’être bizarrement douée pour observer les personnes et son entourage, Ciena pouvait plus ou moins sentir quand quelqu’un mentait ou que quelque chose clochait.
Quelque chose n’était pas normal dans le fait qu’elle ait l’air plus jeune qu’elle, donc au moins 18 ans et qu’elle soit médecin alors qu’elle même était encore étudiante et avait dépassé la vingtaine. Elle savait que les études en médecine étaient très longues, d’autant plus qu’elles l’étaient lorsqu’on se spécialisait, alors que faisait-elle, elle, à peine probablement majeure, à être à présent médecin en chef ? Pour atteindre un tel niveau, elle sortirait des écoles dans quelques années, et non maintenant !Ce n’était pas normal, et il fallait avouer que Ciena ne pouvait laisser passer une telle chose, ou du moins ne pouvait tenir sa langue dans sa poche, comme à son habitude.

- Médecin ? Ca doit être intéressant. Mais… Pardonnes moi si je suis indiscrète, mais quel âge as-tu ?

Il n’en était pas à douter, elle n’aurait pas l’âge qu’elle lui dirait, ou sinon, elle lui donnerait le vrai mais Ciena lui posera une tonne de questions la concernant. C’est à ce moment la que l’étudiante se rendit compte qu’elle était peut être allée trop loin, ce peut être du au fait qu’elle avait perdu son sourire, qui revint par la suite à la charge. Mais, d’une certaine manière, il paraissait moins réel et vrai mais pas pour autant un sourire forcé. On aurait pu dire que c’était un sourire nostalgique comme si la jeune femme face à elle repensait à quelque chose de douloureux. Pourquoi paraissait-elle si triste ? Comment un événement triste pouvait détruire une personne telle qu’elle ? Comment quelque chose ou quelqu’un avait pu oser fissurer son si beau visage de porcelaine ? Un tel visage se devait d’être heureux et toujours présent d’un sourire, et quoi qu’il en soit, Ciena ne supportait pas de voir quelqu’un triste. Allez savoir, certaines personnes disaient qu’elle était prise d’un excès de pitié, ou qu’elle était trop sentimentale et compatissante, chose qui lui ferait un jour défaut. D’une certaine manière, et surtout bizarrement, l’étudiante préférait entendre qu’elle était trop sentimentale et compatissante qu’avoir un excès de pitié pour les personnes, bien qu’elle pensait que la pitié n’était pas péjorative.
Quoi qu’il en soit elle l’écouta lui retourner la question. Elle… Que faisait-elle… ? Que pouvait-elle dire ? Le plus simple serait de résumer la situation sans aller trop loin et surtout dire que ce qu’elle faisait ne lui plaisait pas. Bon nombre de ses camarades lui posaient sans cesse les innombrables questions futiles et inutiles qui commençaient généralement par « Pourquoi ? ». Pourquoi ? Parce que… Parce qu’elle ne voulait pas décevoir sa famille suffisamment embarrassée par sa présence, elle se devait de faire ce que ses parents croyaient juste pour une personne comme elle.

- Moi ? Je suis étudiante en commerce.

Réponse claire, nette et précise, sans bavure ni excès. Elle n’allait pas trop loin et elle espérait ne rien afficher sur son visage mâte. A quoi bon déballer sa vie et ses choix qui n’étaient finalement probablement pas les bons ? Cela n’était pas spécifiquement intéressant. Mais cela ne l’empêchait pas de continuer la conversation et surtout de déballer deux trois petites choses, et avec un peu de chance, avec ironie sur ces grands inventeurs de notre société...

- Keynes et Bismarck sont devenus de grands amis. S’il on considère que des morts peuvent encore être des amis, des amis qui « obligent » qu’on apprenne leurs théories autant mathématiques qu’économiques et sociologiques. Ces études de commerce ne sont pas uniquement mathématiques… On peux dire que c’est une suite du lycée, on continue l’économie mais on analyse au lieux d’apprendre bêtement.

Bêtement… Oui. On dit que c’est intéressant… Mais jusqu’où va l’intérêt lorsqu’on doit apprendre des choses futiles ? On ne le sait que lorsqu’on y est beigne et qu’on l’utilise. Ciena se mit à rire et se dit que les études de Marie avaient du être bien plus complexe que les siennes, et qu’elle devrait arrêter de se dire que ses études ne la mèneront nulle part, et qu’elles lui étaient inutiles.
Le ciel était à présent parsemé d’étoiles. Elle ne pourrait pas apprendre la théorie de Beveridge ce soir, comme c’était triste, elle n’en dormirait pas de la nuit.