[RPG] Pénurie de sang [PV Gabriel][Terminé]

20h35, hôtel particulier des Keensburg.

« QUOI ?! »

Le cri résonna dans l’air frais de la nuit tombante et ébranla les fondations de l’ôtel. Dans un des nombreux salons du bâtiment se tenait Erika et, à face à elle, ses deux camarades vampires : Amanda et Catherine. La lady semblait furieuse et elle fusillait du regard les deux autres, qui baissaient piteusement la tête.

- Dites moi que c’est une blague ? Vous avez été prises d’une « subite fringale », et vous avez vidées toutes nos bouteilles de sang ? Nous avons déjà été chasser deux fois cette semaine ! Vous savez bien qu’on ne peut pas se permettre plus, à cause des soupçons que de trop nombreuses disparitions engendreraient ! Vous me décevez beaucoup…

Elle croisa les bras et fronça ses délicats sourcils. Catherine jeta un coup d’œil furieux à Amanda. De toute évidence, c’était l’Italienne qui avait vidées toutes les bouteilles, mais elle avait dû forcer Catherine à la soutenir… Erika soupira : tans pis, elles allaient devoir chasser, si elles ne voulaient pas mourir de soif… Heureusement qu’elles n’étaient que trois et non huit. Nourrir seulement trois vampires étaient plus simple qu’une grande communauté, telle l’ancienne famille de Keensburg. Erika se demanda, pour la 120342 fois, où ils avaient bien pu partir… Même revoir Mary, responsable de son départ et de sa haine l’aurait rendue heureuse : au moins, elle aurait pu lui donner des nouvelles fraîches. Amanda s’approcha légèrement :

- Erika, j’ai eut une idée. L’hôpital de cette ville est de grande taille. Ils ont sûrement une grande quantités de poches de sang, pour faire face aux grands accidents. Catherine et moi nous pouvons aller là-bah et en dérober quelques unes, pour tenir quelques jours sans mordre…enfin, sans capturer personne.
Catherine soupira légèrement, apparemment guère enchantée par l’idée d’Amanda d’être impliquée dans un vol.

- Je suis étonnée que tu refuses une partie de chasse, Amanda. Peut être commences tu à comprendre qu’il est dangereux de trop chasser au même endroit !
Erika ne semblait pas vraiment croire à ce qu’elle venait de dire. Elle se leva du confortable fauteuil dans lequel elle s’était installée et elle s’approcha d’un élégant vase remplit de roses bleues. Distraitement, elle commença à jouer avec les fleurs, ne craignant guère de se piquer avec les épines. Les deux autres s’avancèrent, attendant la réponse de la lady. Celle-ci soupira et tourna ses yeux bleus vers Amanda et Catherine.

- Très bien, dépêchons nous d’y aller. J’imagine que l’hôpital reste ouvert tard le soir, mais plus vite ce sera fait et plus vite je pourrai savourer un bon petit 0+…

20h56, Hôpital Despas.

Les trois vampires venaient d’arriver à l’entrée du grand hôpital, qui aurait put être impressionnant pour d’autres vampires plus jeunes n’ayant rien vu de ce monde… Aussitôt, Catherine et Amanda étaient parties fouiner dans les réserves, à la recherche de poches d’hémoglobines. Erika était restée quelques minutes dehors, hésitante, puis elle était entrée dans le grand hall blanc. La pièce était remplie d’une vingtaine de personnes qui attendaient. Elle alla s’asseoir à l’écart, ne souhaitant guère se mêler à la populace. Cependant, son style vestimentaire de risquait pas de passer inaperçu, surtout que ses chaussures couinaient sur le sol plastifié. A peine était elle installée qu’un homme se leva et s’approcha. Il devait avoir la quarantaine et de sérieux problèmes d’alcool, vu l’odeur qu’il dégageait. Sans gêne il s’assit à côté d’Erika et commença la discussion… Elle se força à ne pas répondre une réplique cinglant et à rester calme. Surtout, ne pas le mordre…

- Alors ma ‘tite mam’zelle ? Qu’est-ce qu’on fait toute seule comme ça, hein ? On s’est perdue p’t’être ? Et vous les avez achetés où, vos habits ? ‘sont bizarres, hein...

Erika avait envie de répondre « c’est votre odeur à vous qui est bizarre ! ». Mais pourquoi donc ce sinistre individu avait il décidé de la harceler ainsi de questions débiles ? Elle aurait voulue lui dire qu’elle était une Lady et qu’il n’avait pas à l’approcher comme s’ils avaient gardés les cochons ensembles – quoi que soit dit en passant, il y avait peu de chances pour qu’Erika garde des cochons tout court. Mais cet homme savait il seulement ce qu’était une lady, une noble ? Plus personne aujourd’hui ne connaissait les noms de Mingraves ou de Keensburg. Ah ! Décidemment, elle détestait l’époque moderne, si bruyante et si inculte.

Elle allait répliquer a l’ivrogne quand une odeur à la fois familière et inconnue vint lui chatouiller les narines. Elle releva aussitôt la tête et vit qu’elle avait raison : un vampire venait de rentrer dans le hall de l’hôpital. Stupéfaite, elle constata qu’il était aussi habillé à la mode victorienne. Mais elle se doutait qu’il était bien plus âgé que cela, qu’il provenait d’une époque bien plus ancienne... Lorsqu’elle croisa son regard gris, le vampire inconnu sembla pendant un instant regarder dans le vide, comme si son esprit était ailleurs et qu’il rêvait. C’est ce moment là que choisi l’ivrogne pour reprendre son agaçant monologue :

- Hey ! Vous m’écoutez mam’zelle ? J’vous cause moi ! Y viennent d’où vos habits ?
- Je les ais pris sur un cadavre. Vous voulez que je prenne les vôtres aussi ?

Bien sûr, Erika n’était pas sérieuse. Etre macabre avec ce genre de personnes, c’était le meilleur moyen pour qu’ils vous laissent tranquilles. Avec un léger sourire moqueur, elle se leva et s’éloigna prestement de l’ivrogne surpris. La grande pendule du hall indiquait 21h03, cela faisait donc 5 minutes que Catherine et Amanda étaient parties chercher des poches de sang. Les humains ne remarqueraient probablement pas les deux vampires, mais est-ce que l’inconnu aux longues canines en ferait autant ? C’était peu probable, selon elle...

Distraitement, elle remarqua que la plupart des femmes avaient le regard braqué sur lui. Un regard brûlant et probablement dérangeant... Soudain, les deux portes menant au reste de l’hôpital s’ouvrirent et, enfin, Catherine et Amanda apparurent. Leurs sacs étaient bombés, signe qu’ils étaient pleins de poches de sang.... La belle italienne, Amanda, arborait un sourire ravie et satisfait. Comme Erika s’y attendait, elle glissa son regard noir et langoureux vers le vampire inconnu, et vu son regard, elle l’avait sûrement classé dans la catégorie « futur proie possible ».

- Voilà, Erika, chuchota Catherine. On aura de quoi tenir quelques jours....
- A moins qu’Amanda ne refasse pas une beuverie, coupa Erika en fronçant légèrement les sourcils.

Pendant ce temps, Amanda n’avait cessé d’observer le quatrième « buveur de sang ». Elle renifla légèrement l’air en fermant brièvement les yeux : oui, il avait une odeur de... cadavre. Et de mécicaments... Un vampire médecin ? Etrange... Amanda décida de passer à l’attaque et elle s’approcha, un sourire enjôleur aux lèvres, tous ses atouts séducteurs mis en avant. Mais avant qu’elle n’ait eut le temps de lui parler, Erika la prit par le bras pour la retenir. D’un signe de tête, elle salua le « médecin-vampire » puis elle chuchota à Amanda – quoi que ça ne servait à rien de chuchoter, il entendait sûrement tout ce qu’elle disait :

- On a pas le temps pour ça Amanda, alors calme tes ardeurs. On rentre tout de suite !

L’Italienne se retourna vers Erika et voulut protester mais le regard de cette dernière l’en empêcha, tant il était autoritaire. Elle lança un dernier sourire séducteur au vampire, du genre « on se reverra », puis elle suivit Erika. Catherine était déjà proche de la sortie, examinant de ses yeux bleus-gris le reste de la salle. Amanda voulut trottiner pour aller plus vite et ne pas l’agacer... Mais elle se prit les pieds dans un tabouret – pour une vampire, elle était extrêmement maladroite... Si elle ne tomba pas, son sac fut malmené et...

Une poche de sang glissa lentement de son sac pour aller s’écraser lamentablement sur le sol, comme au ralentit. Même le bruit flasque qui en résultat paraissait moqueur. Les trois vampires se figèrent instantanément, tandis que les autres personnes dans le hall les observaient d’un air curieux. Amanda, avec un petit sourire, remit dans son sac la poche de sang, l’air de rien... Elle offrit un large sourire innocent au reste de la salle, comme si la situation était tout à fait normal, et elle ignora superbement le regard furieux que lui lançait Erika.

Les trois vampires, après avoir remis la poche de sang dans le sac, se tournèrent vers les patients encore amassés dans le hall et leur offrirent un magnifique sourire d’excuse. Ou plutôt, Amanda la brune et Catherine la blonde essayèrent de sourire, pendant qu’Erika sortait vivement de l’hôpital, excédée et fatiguée. Elle n’aurait jamais du accepter cette proposition loufoque d’Amanda… Chasser aurait été plus simple. Comme ça, elle n’aurait pas été obligée de venir ici, dans cet hôpital, et elle n’aurait pas eut à subir l’humiliation que lui avait fournit l’ivrogne en s’affalant presque sur elle. Et devant tous ces gens en plus ! Diantre… Rien que d’y repenser, elle grimaçait. Pendant qu’elle maudissait Amanda et les gens comme cet ignoble homme puant l’alcool, les deux autres vampires sortirent à leur tour. Leur charme naturel de vampires leur avait permit de s’échapper et de ne pas avoir à justifier la présence de poches de sang dans leurs sacs noirs… Erika se retourna vers elle et compta rapidement tout ce qu’elles avaient pu ramener. Un sourire satisfait s’épanouit sur son visage blanc :

- Parfait ! Avec ça, nous pourrons finir la semaine sans être inquiétée. Bien sûr, Amanda, tu seras gentille de ne pas tout boire en une seule soirée...

Erika lança un regard d’avertissement à l’Italienne, qui détourna prudemment le regard. Amanda avait toujours eut très soif, plus qu’un vampire nouveau né n’aurait dû. Elle n’avait qu’une petite soixantaine d’année, ce qui était relativement jeune pour un vampire mais qui aurait dû suffire pour lui apprendre à se contrôler. Et pourtant… Pourtant, elle buvait toujours comme quatre et ne semblait jamais pleinement satisfaite. Erika soupira en refermant prudemment le sac de Catherine. Elle échangea un regard avec la blonde française : toutes deux semblaient affligée par l’appétit gargantuesque de l’Italienne et ne savaient plus quoi faire pour le calmer… L’ancienne lady rajuste rapidement sa robe, et regarda derrière elle, vers la place. Elle était déserte, ce qui pouvait sembler normale à cette heure. Seuls les cafés illuminaient d’un éclat doré la fontaine, placée au centre de la place. La lune, qui semblait flotter dans la nuit, éclairait d’une lumière pâle et bleutée le reste de l’endroit. Un rapide sourire passa sur le visage d’Erika, mais il s’évanouit bien vite : le vampire inconnu de l’hôpital venait brusquement d’apparaître à côté d’elles.

- Vous n'êtes pas très discrètes. De plus, vos beautés vampiriques en font chavirer quelqu'uns. Tenez, par exemple. L'ivrogne de tout à l'heure ... Je dois avouer qu'il sent mauvais. Mais vous trois réunies l'avez fait tomber par terre ...


A peine avait il parlé et révélé sa présence qu’Amanda et Catherine se mirent entre lui et Erika. C’est ce qu’elles faisaient toujours en présence d’un autre vampire inconnu – elles ne l’avaient pas fait dans le hall, à cause de ses misérables humains. Et à voir le visage sérieux d’Amanda, il ne faisait aucun doute qu’elle avait à présent classé l’individu dans la catégorie « ennemi potentiel, peut être dangereux ». Erika se pencha légèrement sur le côté pour observer d’un air scrutateur l’inconnu. Elle lâcha un soupir : aucun doute là-dessus, il était décidemment plus puissant qu’elle. Mais bon, en supposant qu’il s’agisse d’un vampire doué d’un minimum d’intelligence, il comprendrait pourquoi elles avaient été obligées de voler des poches de sang dans l’hôpital. Au pire, eh bien… Erika préférait ne même pas y penser, et elle tâcha de faire preuve d’optimisme – pour une fois. L’ancienne lady fit quelques pas en avant, se mettant au même niveau que ses camarades, qui la regardèrent étonnée.

- Arrêtez, Catherine, Amanda… ça ne sert à rien de se montrer agressives.

Cette phrase signifiait, pour les deux autres femmes, qu’Erika jugeait l’inconnu comme étant plus fort qu’elles. C’était surement le cas : vu l’aura qui se dégageait de lui, il devait bien être de la 12^ème génération. Sachant qu’Erika faisait parti de la 13^ème, et qu’à chaque génération un vampire perdait un peu de sa puissance , elle était inévitablement plus faible que lui. Ce qui, intérieurement la faisait enrager. Se sentir inférieur et impuisant, il n'y avait rien de plus désagrable pour elle... Extérieurement, elle affichait un paisible « sourire de négociation ». Autant se montrer "sympathique" envers ce vampire. Elle ne perdait rien en souriant simplement, alors que si elle se montrait agressive, cela pouvait avoir de néfastes conséquences...

- Que voulez vous donc ? Si c’est simplement pour nous narguer, autant vous en abstenir, nous avons assez honte comme cela.

Elle pencha légèrement la tête sur le côté, souriant tranquillement. Même si 104 ans, c’était jeune pour un vampire, cela suffisait amplement pour apprendre les rudiments du métier de comédien. Evidemment, cela signifiait aussi qu’on devenait doué pour deviner quand le gens mentaient ou cachaient leur jeu…

Décidément, ce vampire avait un drôle de regard gris. Un peu comme s’il voyait quelque chose dont les autres n’avaient pas connaissance, quelque chose que lui seul pouvait contempler… S’agissait il là d’un pouvoir suspect ? Certains « êtres de la nuit » possédaient parfois des dons bien étranges… Erika haussa légèrement un sourcil. Elle se méfiait toujours de ses congénères : certains vampires ne savaient pas se tenir en public, notamment les membres de la secte de Sabbat. Ils pensaient que n’ayant plus rien d’humains, ils se devaient de laisser libre cours à la Bête qui était en eux. Ce qui signifiait des meurtres en pagailles et des monstres sanguinaires se baladant partout en ville… Erika trouvait ça tout simplement cela abjecte et répugnant… Mais vu l’allure assez élégante de cet étrange inconnu, il ne devait pas faire parti de cette immonde secte.

~ Oh non, rassurez-vous ... Je ne cherchais que la curiosité. Vos sacs sont remplies de poches de sang ... Dois-je comprendre que vous avez horreur de la chasse ? Je trouve ça barbare pour ma part, mais en même temps terriblement distrayant ... ~

Juste après avoir dit cela, il s’approcha en souriant. Erika ne put s’empêcher de penser qu’il aurait dû se présenter. Et il était hors de question qu’elle le fasse en premier : trop fière et trop orgueilleuse pour cela ! De nouveau, le regard du vampire se fit lointain. Et Erika n’appréciait absolument pas l’étrange lueur qui se reflétait dans ses yeux. C’était comme si il s’amusait à leurs dépends.. Elle commença à froncer les sourcils.

- Nous n’avons pas le choix, c’est tout. Je… Je ne bois que de ce sang là.

Elle le défia du regard d’oser se moquer d’elle ou d’émettre la moindre contradiction ou opposition. C’était comme cela, un point c’est tout. Erika n’avait jamais choisi d’être comme ça et de ne pas boire du sang humain directement sur sa victime. Faire parti d’un clan impliquait certaines… contraintes. C’était une des raisons pour laquelle Erika avait quitté les ventrues. Mais tout ceci n’avait rien à faire ici ce soir-là. Ses yeux bleus se fixèrent sur cet étrange vampire. Encore une fois, il avait ce drôle de regard… Diantre, elle avait bien envie de lui botter les fesses en lui criant d’arrêter de les regarder de cette façon ! Mais elle prit son mal en patience.

~ Je ne vous arrêterais point. Je ne suis pas là pour dicter votre vie de prédatrice sanguinaire. Je n'aime pas jouer au maître méchant, avec la règle en fer. Ne tendez pas vos doigts. Vous risquez de vous faire mal avec moi. J'aime le jeu. Alors n'essayez rien avec moi. Rien du tout ... ~

Erika haussa de nouveau les sourcils – à force de les lever, elle finirait par avoir des rides… Elle avait plutôt l’impression que son étrange interlocuteur mourrait d’envie de s’amuser avec elles, et que c’était précisément dans ce but qu’il venait de sortir cette étrange réplique. Elle ne put s’empêcher de rire, s’attirant les regards perplexes d’Amanda et de Catherine. Depuis le début de la conversation, elles fixaient le vampire avec intensité, le défiant du regard d’approcher d’un seul pas de plus. Dès qu’il faisait mine de réduire la distance qui les séparait, elles –même se rapprochaient, dans le but évidant de protéger leur Maîtresse et Dame. Amanda alla même jusqu’à montrer les dents, malgré l’air répprobateur que lui lança aussitôt Erika. Elle aussi était curieuse de ceux de sa race. Elle aussi voulait rencontrer du monde un peu…

- C’est étrange. J’ai plutôt l’impression que vous avez envie qu’on tende les doigts.

Un sourire moqueur apparut de nouveau sur es lèvres.

- Et si vous vous présentiez ?

~ Approchez vos doigts, ça va faire mal ... ~

Erika sourit doucement. Amanda, la voyant se détendre légèrement, décida d’arrêter de montrer sauvagement les crocs. La situation ne semblait plus aussi « dangereuse » qu’avant, le vampire n’ayant pas décidé de confisquer les poches de sang qu’elles transportaient. Ayant adopté une position légèrement penchée en avant pour plus de vitesse en cas d’attaque, elle se redressa et commença à sourire à son tour, discrètement. Catherine, elle, restait toujours méfiante, observant l’étranger de son regard gris légèrement bleuté. Non, décidemment, elle ne se sentait pas tranquille face à lui. Elle n’appréciait pas du tout la façon dont il regardait Erika… Cette dernière pencha très légèrement la tête sur le côté lorsqu’enfin, le vampire étranger déclina son identité.

~ Gabriel Kürine Sophiev, anthropologue mais également médecin légiste. Né un 2 Mai ........ 1598. Nous pouvons dire que je suis 'mort' le 23 Janvier 1610. En effet, j'ai été mordu à cette date-là. Mais dites-moi, charmante Lady, et si vous décliniez votre identité également ? ~

Ah, un vampire russe… Elle se demanda ce qu’il fabriquait en Angleterre. Un sourire mutin passa sur le visage de la « petite » lady : pendant un moment, elle envisagea de ne pas dire son nom ou bien d’en donner un faux, juste pour s’amuser un peu. Elle aimait bien se moquer des gens… Mais bon, c’était un vampire qu’elle avait en face d’elle, et vu qu’il n’avait apparemment pas mentit, elle lui devait bien la vérité. Il lui fallut quelques secondes pour se rappeler de sa date de naissance avec exactitude – ça faisait tellement longtemps qu’elle n’y avait pas pensé…

- Erika Mingreaves Keensburg. Je ne travaille plus, mais avant j’étais dans les finances ( que cela semblait déplacé dans la bouche d’une personne ayant l’air d’avoir 16 ans). Je suis née le 25 mai 1854, mordue pendant l’hiver 1870. Je faisais partie du Clan des Ventrues, que j’ai quitté voilà 102 ans.

Normalement, si ce vampire était bien cultivé, il avait dû entendre parler de ce clan qui jouait un assez grand rôle en Angleterre. Les vampires ventrues étaient des rois de la finance et du commerce et c’était comme ça qu’Erika avait amassé une partie de sa fortune. Le reste venait de ce que le Baron lui avait passé, dans sa grande générosité… Elle était légèrement étonnée de voir un vampire anthropologue, vu que les êtres de la nuit évitaient généralement ce genre de métier. Enfin, sauf les nécrophiles… Mais elle doutait qu’il en fut un. Les nécrophiles étaient en général très laids et même un peu fou… Normal, à force de boire du sang avarié.

- Vous exercez un drôle de métier… Passer son temps auprès de cadavres, ça ne doit pas être bien réjouissant. Surtout si l’un d’eux se relève…

Elle imaginait que cela devait arriver de temps en temps. Un vampire salement amoché pouvait fort bien passer pour mort… A moins que justement, il exerça ce métier pour s’occuper des vampires vraiment mort. Leur métabolisme aurait alerté n’importe quel médecin « normal », mais s’il était lui-même un mort-vivant, il pouvait ainsi éviter que les humains ne découvrent leur existence. Elle secoua la tête, préférant penser à autre chose qu’à des macchabés. Ça allait lui couper l’appétit. Déjà qu’elle n’avait pas grand faim…

- Bien, j’imagine que vous avez autre chose à faire que de discuter avec une jeune vampire un peu voleuse !

Un nouveau sourire fit rapidement son apparition, tandis que Catherine et Amanda reculait légèrement, prêtes à partir.