[RPG] Il pleut, il pleut, bergère... [PV Chunyan]

Il pleuvait.
« Tac, tac, tac ».
Ce bruit était répété des milliers de fois en quelques secondes. L’ouïe surdéveloppée d’Erika distinguait chacune des gouttes qui s’écrasaient lamentablement sur la ville d’Hitori. Celle-ci était assise sur un sofa, face à la fenêtre ouverte. Elle se moquait royalement des gouttes de pluie froide qui s’abattaient sur la table basse posée juste en dessous de la fenêtre. Le bruit de la pluie l’avait toujours fascinée, et elle observait d’un air absent les gouttes grises former des petites flaques sur le meuble en bois. Un coup de vent ouvrit la fenêtre un peu plus, et Erika leva les yeux. De lourds nuages sombres survolaient la ville, paresseusement, comme d’immenses vaisseaux d’un autre temps. C’étaient eux qui déchargeaient des trombes d’eau sur la cité endormie, et ils empêchaient la lune d’éclairer de sa lumière pâle les hauts buildings. C’était à peine si de temps en temps, le satellite parvenait à faire passer un faible rayon, entre deux nuages. Elle se leva dans un bruissement de vêtements, et elle ferma la fenêtre, faisant en partie taire le bruit de la pluie.

Elle ne jeta qu’un bref coup d’œil à la table inondée, et elle sortit de sa chambre. Malgré l’obscurité, elle n’avait nul besoin de torche ou de lampe : comme tous les vampires, elle voyait aussi bien la nuit que le jour. A cette heure-ci, Amanda était toujours dehors, surement en train de chercher un humain capable de combler ses attentes. Catherine, elle, devait se trouver dans sa chambre, à faire on ne sait quoi. Ecrire, lire, ou broder peut être. Erika observa un instant son reflet dans un miroir au cadre doré richement décoré. Ses yeux bleus lui renvoyèrent un regard impénétrable et glacial. Elle haussa les épaules puis descendit les escaliers qui menaient au hall spacieux de son hôtel particulier. Les deux grandes fenêtres de la pièce étaient recouvertes d’épais rideaux de velours gris, et il y faisait encore plus sombre que dans sa chambre. Elle s’apprêtait à ouvrir la porte pour sortir lorsqu’une voix claire retentit :

- Vous sortez à cette heure ? Le soleil se lève bientôt...

Erika se retourna, son visage affichant une légère surprise. Amanda se tenait en haut de l’escalier, vêtue d’une élégante mais courte robe de satin rouge. Ses cheveux noirs étaient mouillés et se collaient à son visage, sa nuque, et son dos dénudé. Apparemment, elle avait dû rentrer par une fenêtre... « tellement plus drôle ». La jeune femme avait les lèvres rendues rouges par le sang qu’elle venait de boire, qui avait coulé jusque dans son cou, laissant derrière lui une inquiétante traînée rouge sombre. Amanda avait posé ses yeux noirs au regard séducteur sur Erika. Elle avait surtout l’air curieuse de savoir pourquoi la jeune lady désirait sortir à une heure aussi proche de l’aube, et ce n’était surement pas pour chasser... Un léger sourire flottait sur ses lèvres sanguinolentes, dévoilant ses longues canines rougies par le sang. Elle descendit quelques marches de façon élégante, comme le lui avait prit Erika quelques décennies plus tôt.

- J’ai envie de sortir, c’est tout. Je suis assez âgée pour savoir quand le soleil se lève, Amanda…

L’Italienne se stoppa dans l’escalier, un pied élégamment chaussé encore en l’air, prêt à se poser sur la marche suivante. Finalement, il se ravisa et retourna rejoindre son camarade pied droit sur la marche supérieure… Le sourire qui flottait sur le visage ovale d’Amanda se fit plus présent et ses yeux noirs fixèrent avec encore plus d’insistance Erika. Elle savait que ça ne servait à rien de la contredire, la jeune lady n’en ferait de toute façon qu’à sa tête… Comme d’habitude. Elle lâcha un bref soupir et ramena une mèche noire derrière son oreille. Erika, toujours près de la lourde porte, continuait de la fixer elle aussi, d’un air légèrement bravache qui semblait dire « ose seulement me donner un ordre… ». Amanda ne pouvait pas oublier que la lady était sa maîtresse, sa mère en quelque sorte, et qu’elle lui devait une obéissance absolue. De toute façon, elle n’avait pas le choix : Erika savait exactement quoi dire et quoi faire si jamais l’Italienne se « révoltait »… D’un geste vif, elle ouvrit la porte et disparut dans l’obscurité pluvieuse de la nuit.

- Elle aurait au moins put prendre un parapluie, marmonna Amanda.

Erika fit quelques pas sous la pluie, levant son visage vers le ciel comme une enfant. Après tout, physiquement, elle n’avait que 16 ans. Un léger sourire passa sur son visage, et elle s’avança dans la place Hoche. Tous les magasins étaient fermés et même les cafés n’éclairaient plus la fontaine à cette heure si tardive. La pluie semblait s’être légèrement atténuée, mais elle continuait de former des flaques de la taille d’une piscine voire d’un petit lac. Erika avait vu à Londres des petits enfants sales sauter à pieds joints dedans, juste pour le plaisir de se salir… Quelque chose que la jeune lady ne comprendrait surement jamais. Elle haussa une épaule et fit quelques pas de plus avant de se figer. Oui, elle était sure d’avoir entendu quelqu’un marcher...

Les bruits de pas se rapprochaient doucement de la jeune lady. Enfin, jeune était peut être un adjectif mal choisi… Quoi que, Erika était une vampire assez jeune. Trop jeune pour être considérée comme importante par les anciens et trop vieille pour que les plus jeunes l’écoute… l’âge ingrat, en quelque sorte. Elle se retourna légèrement pour observer la personne qui approchait. Erika haussa légèrement les sourcils en découvrant que la personne à l’origine des légers bruits de pas était une jeune adolescente, de taille modeste et… albinos. La vampire avait rencontrées quelques personnes semblables au cours de ses voyages dans le monde. Comme tous ses individus, l’adolescente avait la peau pâle, des yeux rouges et des cheveux aussi blancs que ceux d’un vieillard. Quelle comparaison élégante, songea Erika en souriant faiblement. Elle commençait déjà à détourner son attention vers autre chose – en l’occurrence la fontaine – lorsque l’albinos s’approcha d’elle et la couvrit à l’aide de son parapluie. La lady anglaise haussa d’abord un délicat sourcil noir avant d’être secouée d’un léger rire cristallin. Son rire retomba aussi vite qu’il s’était manifesté, et elle adressa un bref regard bleu à la jeune albinos.

- Je ne tombe jamais malade. Mais merci…

Erika avait remerciée la jeune albinos pour la forme. En fait, elle trouvait cela tout à fait normal… La plupart des humains qu’elle rencontrait était subjugués par sa beauté fatale d’Etre Damné et maudit. Ils ne pouvaient s’empêcher de s’approcher, de lui parler, et éventuellement de la protéger des éléments dérangeants comme la pluie. Un léger sourire se mit à flotter sur ses lèvres. Au moment même où elle avait entendue quelqu’un arriver, Erika s’était remise à faire semblant de respirer. Un Vampire n’a bien sur aucunement besoin d’oxygène, mais les humains ont toujours tendance à paniquer quand ils voient quelqu’un dont la poitrine ne se soulève pas délicatement au rythme des respirations. De même, un vampire pouvait faire rougir sa peau, mais cela demandait de puiser dans ses réserves de sang… Ce qui signifiait devoir se nourrir plus souvent. Ainsi, dès qu’Erika s’était remise à respirer, elle avait put à nouveau sentir l’air autours d’elle. C’est ainsi qu’elle remarqua l’odeur légèrement différente de l’albinos… Une odeur de forêt et de plantes. A nouveau, ses sourcils s’arquèrent sous la surprise et un léger sourire réapparus sur son visage. Elle ne put s’empêcher de murmurer :

- Une élémentaliste, hein ?

Erika commença à arranger ses cheveux, ses perles et ses vêtements. Les lourds nuages noirs commençaient enfin à stopper leurs bombardements inutiles, et se déplaçaient paresseusement vers une autre cible potentielle. La vampire regarda un moment le spectacle aérien de ces étranges et imposantes masses d’eau. Puis elle baissa son visage blanc pour regarder un moment l’autre albinos. Elles auraient put faire un concours « quelle est celle qui a le visage le plus blanc ? ». Mais ce n’était pas vraiment le genre de questions que ce posaient Erika. En fait, en ce moment même, elle se demandait plutôt ce qu’une jeune fille comme celle-ci faisait dehors, sous la pluie. D’habitude, les adolescentes passaient leur temps à roupiller jusqu’à une heure avancée de la journée – de vraies vampires ! En général, Erika se sentait bien trop noble pour commencer elle-même la conversation. Mais bien souvent sa curiosité était la plus forte… Elle avait beau se sentir supérieur aux humains, elle était bien obligée de vivre à côté d’eux, ainsi que l’ordonnait la Mascarade.

- Et que fait une adolescente dehors par un tel temps ?

Erika aurait put se sentir concernée par ce qu’elle disait, mais à vrai dire, elle ne se voyait plus comme une adolescente. Même cette période là était loin si l’on prenait en compte les mesures vampiresques…

Erika avait de nouveau levé la tête et elle observait d’un air tranquille le tissu vert du parapluie, tendu au dessus de sa tête. La pluie, qui avait fortement diminuée, le martelait toujours de quelques grosses gouttes d’eau retardataires. Elle baissa la tête lorsque Chunyan recula brusquement, faisant tomber le fameux parapluie dans une flaque toute proche. La jeune albinos avait presque l’air effrayée et elle regardait la vampire avec de grands yeux tout en démentant fortement ce qu’Erika venait de dire. Un lent sourire s’étira sur les lèvres froides de la lady, qui détourna le regard. Elle n’avait pas l’air de croire une seconde le mensonge de l’albinos. Lentement, cette dernière reprit son parapluie ainsi qu’une attitude à peu près normale. Erika lui lança un vague regard lorsqu’elle toucha sa main, comme si elle se demandait comment l’inconnue osait la toucher. Puis elle fut de nouveau secouée d’un léger rire lorsque l’albinos demanda, apparemment triomphante et sûre d’elle, si elle était une vampire.

- Vampire ? Ces choses qui, soi-disant, boivent du sang humain ? Il faut arrêter de lire tous ses livres de science fiction ou de fantastiques… Ces êtres là n’existent pas.

Elle continua de rire un moment. De toute évidence, cette jeune adolescente avait déjà eut à faire avec des vampires. Erika s’étonna de la voir toujours en vie… Un vampire faisant parti de la Camarilla ou du Sabbat ne l’aurait jamais laissée en vie. Les premiers parce que leur loi était qu’aucun humain ne devait connaître leur existence, les seconds parce qu’ils l’auraient bues. Erika haussa légèrement les épaules : bah, de toute façon, ça ne la concernait pas. Il suffisait que les vampires qu’elle ait rencontré soient autonomes, détachés de ces deux sectes. Apparemment, il y avait de plus en plus de clans indépendants. Erika lâcha un léger soupir, tout en repensant à l’époque où elle-même faisait partie du glorieux clan des Ventrues. Les Maîtres de la Camarilla, experts financiers et magouilleurs politiques… Elle haussa une épaule : elle ne faisait plus parti de ce clan depuis plus d’un siècle. Elle n’y avait effectué qu’un passage éclair, il était bien peu probable que quelqu’un se rappel d’elle là-bah. Dieu, ce que c’était frustrant…

- Insomniaque ? il existe des médicaments, pour cela…

D’ailleurs, Erika aurait bien aimé qu’ils marchent sur elle. Elle dormait rarement pendant la journée – car oui, un vampire peu dormir. Et non, Erika n’utilisait pas de cercueil, c’est affreusement démodé et inconfortable… La vampire sentit la jeune albinos se raidir. Amusée, elle devina que l’inconnue devait se sentir en insécurité. Son sixième sens devait lui hurler de s’enfuir, de ne pas rester auprès d’un tel prédateur… Mais comme beaucoup d’humains, elle en était incapable. L’aura que dégageait un vampire était tellement envoûtante, séductrice et séduisante… Erika eut un léger sourire, légèrement moqueur et en même temps inquiétant. Pourtant, Chunyan n’avait rien à craindre. La vampire qui était tranquillement à côté d’elle n’avait tout simplement jamais mordu personne, même pour se nourrir. Elle en était incapable… Il était impossible pour elle de plonger ses longs crocs de vampire dans le cou de quelqu’un. Comme sa nature diabolique avait été percée à jour, Erika se décida à faire tomber son masque. Elle se tourna vers l’albinos, un sourire « rassurant » aux lèvres.

- Tu n’as pas à t’inquiéter. Premièrement, je me suis nourrie il n’y a pas longtemps et ensuite, je ne mord jamais personne…

Son sourire s’élargit, l’espace de quelques secondes, avant de disparaître. Tout comme la pluie, qui venait de faire tomber sa dernier goutte juste au pied des deux adolescentes. Erika fit quelques pas, abandonnant la protection du parapluie vert de la jeune albinos. Au bout de quelques mètres, elle se retourna et écarta les bras d’un air réjouit :

- N’est-ce pas terriblement grisant d’être seules dehors à une heure aussi merveilleusement ténébreuse ?

Erika s’amusa à marcher sur le bord du trottoir, là où la pierre était plus claire. Doucement, elle étendit les bras pour garder son équilibre. Mais vu son pied léger et agile, cela ne semblait pas nécessaire… Elle suivait Chunyan tout en marchant sur la pointe des pieds, son allure se rapprochant plus de la danse que de la marche. Un sourire un peu enfantin flottait sur son visage pâle. Un rayon de la lune la rendait encore plus blanche que d’habitude… Elle et l’albinos devaient ressembler à des fantômes, seules et pâles dans la nuit. Quoi que…Erika s’arrêta. Le jour n’allait pas tarder à se lever… Elle sortit de sa poche une antique montre dorée, brillante et élégamment ciselée. Erika la tenait du Baron, quand il n’était pas encore tombé sous le charme de cette idiote Ecossaise… Comme il était encore tard – ou tôt – elle rangea sa montre avec un petit sourire et reprit sa légère danse au côté de la jeune inconnue. Elle aimait bien l’étrange jeune fille : elle n’était pas en train de l’assommer avec une vingtaine de questions, ou en train de hurler parce que la personne à côté d’elle était un vampire… Oui, Erika en était sûre, elle avait déjà dû rencontrer des êtres de la nuit avant elle. Elle se stoppa à nouveau dans sa marche. Finalement, ne tenant plus, l’inconnue avait posée « la » question… La vampire soupira légèrement.

- Soit j’utilise des seringues géantes qu’on appel des siphons, soit j’emprunte des poches de sang à l’hôpital. Le sang me nourrit moins que si je mordais directement quelqu’un, mais je suis dans l’incapacité de faire cela, pour plusieurs raisons.

Erika s’amusa à sourire de manière mystérieuse et presque inquiétante. D’un petit bond, elle descendit du trottoir et se rapprocha de l’inconnue albinos. Avec un geste digne des plus grands prestigitateur, elle sortit de sa poche un objet aux allures inquiétantes. Il était noir et de forme allongée, et ressemblait à une seringue mais en beaucoup plus grand. Erika le manipula un moment, montrant d’un air ravie son fonctionnement à l’albinos. En même temps, elle observait discrètement ses réactions avec un sourire amusé. Elle adorait faire peur aux humains… Avec un petit rire, tout aussi cristallin que ses précédents éclats de rire, elle fit disparaître l’étrange objet dans sa poche. L’air amusée, elle reprit son numéro de funambule sur le trottoir. En même temps elle leva la tête vers la lune. Décidément, elle aimait regarder l’astre rond et brillant… Elle redescendit son regard vers l’inconnue lorsqu’elle lui demanda son prénom. Un sourire mystérieux réapparut. De nouveau, elle descendit du trottoir.

- Mmh… Je te le dirais si tu me donnes le tiens avant !

Un éclair amusé passa dans son regard bleu tandis qu’elle observait l’albinos. Elle recula de quelques pas, observant rapidement autour d’elles. Elles avaient finis par arriver dans la rue des magasins, qui étaient bien sûr tous fermés. Cependant elle pouvait voir qu’au loin, un bar était resté ouvert. Mais ce n’était pas le genre d’endroit qu’elle fréquentait : il n’y avait que des ivrognes là-dedans, des humains tellement imbibés d’alcool qu’il suffisait de les toucher pour sentir la bière toute la journée – ou toute la nuit. Une légère grimace passa sur le visage si blanc d’Erika. Elle doutait que l’inconnue puisse voir comme elle la vitrine éclairée de ma brasserie : sa vue était bien plus perçante que la sienne. Mais là n’était pas la question… En effet, cette charmante albinos venait de lui demander son âge. Erika haussa les sourcils : pendant un moment, elle fut incapable de s’en rappeler. Elle dû recalculé son âge à partir de sa date de naissance, ce qu’elle trouvait prodigieusement idiot… Elle aurait au moins pu se rappeler de son âge.

- Si je ne me trompe pas, j’ai 154 ans exactement. Autant dire que je suis plutôt jeune, pour un vampire… Celui qui m’a crée, le Baron, a dû atteindre ses milles ans récemment.

Erika haussa doucement les épaules.

- Et sinon, qu’est-ce que tu fais dans cette ville ? Tu m’as l’air nouvelle. Enfin, tu as une odeur différente des humains… Même pour une élémentaliste. Tu as l'odeur de quelqu'un qui vient de loin...Et si je ne me trompe pas, tu as fréquenté d'autres vampires... J'avoue que tout cela attise ma curiosité !

Les deux filles arrivèrent à une rue bordée d’innombrables bancs à la peinture écaillée. Erika les observa un moment avant de se rapprocher. D’un petit bond léger, elle grimpa sur le premier d’entre eux et put y faire quelques pas avant d’être obligée de redescendre. Elle suivait une « route » parallèle à celle de Chunyan et comme pour tout à l’heure, elle fut leva ses bras pour avoir plus d’équilibre. Et, comme la fois d’avant, cela semblait tout simplement inutile vu sa grâce innée de vampire… Elle entendit vaguement que Chunyan posait un autre question. Elle lui jeta un bref regard, les sourcils légèrement arqués. Apparemment, elle et les vampires que l’albinos avait connue n’étaient pas de la même « famille ». Cela se voyait à son visage et Erika pouvait lire en elle comme dans un livre ouvert. La majorité des vampires avaient aussi cette… « qualité ». A sa question et à son air, l’albinos sous entendait que quelqu’un ayant été mordu mourrait nécessairement. Erika descendit du banc qu’elle venait de gravir pour se rapprocher de la jeune fille. A son sourire, on pouvait deviner qu’elle aimait en savoir plus que les autres. Oui, Erika aimait montrer aux gens qu’elle était plus intelligente et donc supérieure…

- Tu sais, un vampire qui sait s’y prendre ne laisse pas de traces derrière lui. Nous savons être très discrets, à la limite de l’hypnotisme… Et beaucoup d’humain apprécie de se faire mordre. C’est très… plaisant. Ni les morsures ni les siphons ne tue. Ce qui tue, c’est de boire tout le sang…

Un léger sourire vint flotter sur le visage d’Erika. Il avait un petit air inquiétant, voire même sadique. On sentait là tout le danger que les vampires représentaient pour la faible race humaine… On sentait, encore une fois, tout le plaisir que l’adolescente ressentait à détenir autant de pouvoir dans ses petites mains blanches. Elle se dirigea à nouveau vers les bancs tout proche et regrimpa sur celui qu’elle venait d’abandonner. Tout en étendant ses bras pâles, elle tourna légèrement la tête vers Chunyan :

- Mais bon, je peux bien te l’avouer, en générale nous ne laissons pas nos victimes vivantes. C’est trop dur de résister à tout ce bon sang… Et je pratique la mise en bouteille. Pour faire quelques réserves… Tu comprends, trop de disparitions, ça éveillerait les soupçons.

Elles marchèrent encore quelques minutes dans un silence pesant. Erika entendait seulement les bruits de pas, léger, de l’inconnue. Au loin, elle constata que la ville commençait à se réveiller. Il était encore tôt, mais certaines personnes commençaient déjà à ouvrir leurs volets. Elles croisèrent même le chemin de quelques rares personnes, qui allaient peut être vers leurs lieux de travail. Erika les observait d’un air légèrement inquiet. Elle ne pouvait s’empêcher de les dévisager, à la manière de quelqu’un qui ne sort pas beaucoup et qui n’a pas souvent l’occasion de croiser du monde. D’ailleurs elle s’était montrée incroyablement bavarde envers Chunyan. Elle n’aurait peut être pas du… Elle sursauta très légèrement en entendant cette dernière parler et lui dire son prénom. Elle haussa légèrement les sourcils, elle ne s’était pas attendue à entendre un prénom à consonances japonaises. Mais ça lui allait plutôt bien. Erika descendit du dernier banc de la rue et se rapprocha donc de Chunyan, les mains sagement croisées derrière son dos. Avec une petite moue, elle consentit enfin à révéler son nom.

- Moi c’est Erika Mingreaves Keensburg. Appel moi simplement Erika..

Un nom bien anglais. Sauf peut être le « Erika »… Au fond, elle ne s’était jamais vraiment posé la question. Ça ne l’intéressait pas plus que ça de savoir si son prénom était bien anglais où s’il venait d’ailleurs. Elles croisèrent à nouveau un piéton, qui regardait le sol d’un air déprimé. Il faisait encore sombre, fort heureusement pour notre amie vampire. Elle tourna sensiblement la tête vers Chunyan lorsque celle-ci lui révéla une partie d’un passé apparemment douloureux. Ou en tout cas, le souvenir de certaines personnes l’étaient… Erika ne préféra pas insister. Si elle insistait, l’albinos risquait de poser des questions à son tour et la vampire n’avait absolument aucune envie de devoir parler de son passé à elle. C’était son problème à elle et elle n’avait pas à en parler à une inconnue… Elle y repensa un moment, puis elle secoua la tête et se força à écouter ce que racontait Chunyan sur les vampires inconnues. Ils avaient de drôles de noms… « Xaphane » et « Staâââl ». Elle ne put s’empêcher de sourire en entendant des prénoms aussi étranges. Sûrement inventés, car elle ne les avait jamais entendue avant et Dieu savait si sa vie avait été longue. Certes, moins que la dénommée Yûka, qui ne devait guère être appréciée vue la grimace de Chunyan.

- Etrange mélange que ce Staal… Qu’est-ce qu’un Fils du Feu ?

En entendant la remarque de Chunyan, Erika fronça très légèrement les sourcils et ressortir sa vieille montre. Effectivement… le soleil n’allait pas tarder à se lever. Amanda devait se faire du soucis, derrière ses faux semblants de femme indépendante. Le soleil commençait à rosir les nuages gris et les buildings sinistres. De nouveau Erika soupira, tout en rangeant sa précieuse montre. Finalement, elle avait été assez distraite… Aurait elle le temps de rentrer chez elle avant de se faire brûler par le soleil ? Elle fronça les sourcils, furieuse envers elle-même. Quelle idiote ! Ah, Amanda allait bien se moquer d’elle ! Enervée, elle oublia pendant un moment de répondre à Chunyan. Lorsqu’elle s’en rappela, elle se tourna vivement vers elle :

- Oui, je vais devoir rentrer, mais aurai-je seulement le temps d’atteindre mon hôtel ?

Erika risqua un coup d'oeil vers les nuages qui recouvraient la ville encore endormie. Quelques faibles rayons commençaient à s'en échapper, éclairant faiblement les toits des buildings... Et elle restait là, plantée au milieu de la route, hypnotisée par le spectacle du soleil se levant... Cela faisait tellement longtemps qu'elle n'avait pas asssité à ce spectacle... Certes, parfois, elle tentait parfois d'apercevoir le soleil derrière les vitres teintées de son hôtel, mais Amanda ou Catherine finissait toujours par le savoir et le lui interdire fermement. Oui, les deux vampires osaient interdire quelque chose à la Lady... Cette dernière sortit de sa poche une paire de lunettes de soleil et de longs gants noirs qu'elle enfila aussitôt. Elle avait une allure un peu étrange, quelque peu inquiétante... Les gens la regardaient d'un air bizarre, se demandant surement pourquoi elle mettait des verres teintés alors qu'il était si tôt. Elle prit Chunyan par le bras : maintenant qu'elle avait des gants, sa peau glacée n'interloquerait pas la jeune albinos. Erika prit le chemin de son hôtel, marchant d'un pas rapide et dynamique. Déjà, elle avait terriblement chaud...

- Intéressant, ce clan des Fils du Feu... La technique du tatouage est impressionnante.

Erika se retourna en marchant. Marcher sans regarder où elle allait n'était plus un problème pour elle depuis longtemps... Comme si les Vampires pouvaient avoir des problèmes d'équilibres. Même à travers ses lunettes noires, le soleil naissant lui faisait mal aux yeux. Elle fronça les sourcils, lâcha un grognement que jamais quelqu'un n'aurait pensé entendre venir d'une jeune lady à l'air aussi distingué. Cette fois-ci elle ne perdit pas son temps à jouer les équilibristes sur les bancs ou les bords des trottoirs. A la place, elle se contentait d'éviter les moindres plaques d'égoûts qu'elles rencontraient... Qui avait dit qu'en 100 années d'existence, on devenait plus mature ? En tout cas, ce n'était pas le cas de la "jeune" Erika... Il lui fallait toujours quelque chose pour s'amuser et se divertir. On s'ennuie tellement vite quand on a déjà vécut tant d'année, quand on a l'impression d'avoir fait le tour plutôt deux fois qu'une... Erika se sentait tellement blasée, elle qui pensait avoir tout vu. Les deux filles arrivèrent bientôt dans la place Hoche, non loin de l'hôtel de la vampirette. Grâce aux bâtiments, la place était plongée dans l'ombre. Erika lâcha Chunyan et s'approcha de la fontaine. Elle grimpa sur l'espèce de banc qui entourait la sculpture, à 10 centimètres de l'eau froide.

- Toi, tu loges où ? Je t'aurais bien invité à rentrer, mais je ne pense pas que la compagnie de deux autres vampires soit fort agréable. Et puis je ne sais pas si Catherine à mangé...

Elle se tourna vers Chunyan, ses pieds à 2 millimètres du bord. Elle avait enlevé ses lunettes, dévoilant ses yeux bleus au regard amusé et légèrement taquin. Oui, Erika aimait bien Chunyan. Ce devait être la seule humaine capable de fréquenter une vampire sans s'enfuir en hurlant pour avertir la police qu'un dangereux monstre rôdait dans la ville... Mais elle restait une humaine. Le léger sourire qui flottait sur les lèvres de la lady s'effaça. Les humains étaient considérés par ses semblables comme une race inférieur, condamnée à mourir. Mais qui était le plus à plaindre ? Les vampires, qui voyaient tous ses humains mourirent alors qu'ils continuaient à vivre, condamné à vivre jusqu'à la fin du monde ? C'était pour cela qu'Erika refusait de fréquenter les humains. A quoi cela servait il de se faire des amis mortels ? Pourquoi vivre une amitié si celle-ci devait être éphémère ? Voir ses amis vieillir puis mourir était intolérable pour Erika. Elle l'avait déjà expérimenté, et elle ne recommencerait pas. Elle lâcha un bref soupir et retomba souplement sur le sol pavé de la place. Elle fit quelques pas vers l'albinos.

- Je crois que c'est là que nos chemins se séparent, à moins que tu ne sois assez folle pour rentrer chez moi. Ce fut bien agréable de faire la conversation avec toi.

Erika eut un rapide sourire, elle ne savait pas quand elle pourrait bien revoir cette jeune humaine. Peut être qu'il serait moins "douloureux" de ne plus la revoir. S'attacher aux humains était, celons elle, une mauvaise idée. Elle regarda autour d'elle, cherchant la ruelle familière qui allait la conduire à son hôtel et son obscurité réconfortante... Le soleil commençait à présent à envahir doucement la place. Si pour un humain c'était insignifiant, cela devenait terriblement lumineux pour Erika. Elle fronça les sourcils et remit vivement des lunettes noires. Elle avait vraiment l'air bizarre avec ses énormes verres qui couvraient complètement ses grands yeux bleus clairs. Il ne fallait pas prendre le risque que le soleil passe par dessus ou sur les côtés, là où les verres ne la protégeaient pas... Juste avant de s'engouffer dans la ruelle encore sombre, Erika se retourna, un petit sourire aux lèvres. Elle leva doucement le bras et fit un rapide geste de la main vers Chunyan avant de disparaître dans l'obscurité de la ruelle. Encore quelques mètres et elle serait définitivement en sécurité, même s'il restait encore Amanda à affronter. Cette dernière serait probablement furieuse que la petite lady est autant traîné dehors alors que le soleil se levait...

Erika avait fait quelques pas vers la ruelle sombre qui abritait son hôtel particulier lorsque Chunyan se décida à la suivre. La vampire se retourna à moitié, lui offrant un sourire qui pouvait paraître inquiétant, surtout avec son visage à moitié plongé dans l’ombre et son unique œil bleu visible brillant légèrement. Elle se retourna et invita d’un geste de la main la petite albinos à la suivre. Erika se demandait comment allaient réagir Amanda et Catherine... D’un côté, elle était leur Dame, comme on disait. Leur mère... Ses deux filles lui devaient obéissance, elles n’avaient pas le choix. Non, Erika n’avait pas à se soucier de leur avis... Encore une fois, elle se retourna et marcha à reculons pour pouvoir observer la petite Chunyan. Elle avait l’air moins inquiétante que précédemment. En fait, elle avait l’air presque joyeuse. Presque... Il s’agissait tout de même d’Erika et elle n’avait que peu de considération pour le genre humain. Disons que pour elle, Chunyan était une bonne distraction, un moyen de passer plus vite le temps. Oui, finalement, les humains pouvaient être distrayants... Ils remontaient un peu dans son estime. Elle se remit dans le bon sens de la marche et s’arrêta devant la porte de son hôtel particulier, un bâtiment dont personne n’aurait soupçonné l’existence dans une ruelle aussi étroite et aussi sombre. Il était grand, et datant apparemment de l’air victorienne. Erika se tourna légèrement vers la petite albinos et ouvrit la porte de son antre...

- Toujours sûre de vouloir rentrer dans ma caverne ?

Un large sourire passa sur le visage d’Erika, avant qu’elle ne rentre vivement dans le hall de son hôtel particulier. Le soleil commençait à envahir dangereusement la ruelle et elle ne pouvait pas se permettre de rester dehors trop longtemps. Le hall du bâtiment était assez sombre, vu que toutes les fenêtres étaient dissimulées derrière de lourdes tentures de velours bleu sombre. Du plafond pendait un gigantesque lustre d’allure ancienne, dont toutes les chandelles étaient vraies, et non de fausses bougies en plastique. Un imposant escalier en bois sombre et recouvert d’un tapis du même bleu que les tentures s’élevait vers le second étage. Erika alla se percher sur la rambarde de l’escalier, et pivota gracieusement pour voir Chunyan rentrer dans la pièce. On se serait cru dans un film sur l’époque victorienne, tant tout était fidèle à cette période. Soudain, une porte claqua au second étage, et Amanda apparut en haut de l’escalier dans une de ses robes rouges. Ses cheveux noirs éparpillés sur ses épaules blanches indiquaient qu’elle devait être en train de se coiffer lorsqu’elle s’était interrompue. Ses yeux noirs se fixèrent sur Chunyan et elle fronça les sourcils, sa bouche se tordant de colère.

- Comment ? Vous avez ramené une... Humaine ?! Ici, chez nous ? Mais vous êtes folle !

Amanda commença à descendre les marches d’une démarche raide de colère, mais le regard glacé et inquisiteur d’Erika la stoppa sur place. Frémissante, les poings serrés, l’italienne se tourna vers Chunyan, lui reprochant clairement sa présence. Elle avait toujours été impulsive et prête à bondir, comme si elle n’avait pas grandit mais était rester un nouveau-né... les jeunes vampires sont tellement incontrôlable... Erika se tourna vers Chunyan et la rassura d’un sourire : il ne lui arriverait rien tant qu’elle serait là. Hors de question que Catherine ou Amanda n’abîme son jouet du moment... En parlant de la française, cette dernière apparut en haut de l’escalier. Comme à son habitude, elle était vêtue de noir... Elle regarda avec surprise l’humaine qui se trouvait dans le hall, au côté de sa maîtresse. Cette dernière prit l’albinos par la main et monta tranquillement l’escalier, sans s’occuper d’Amanda ou de Catherine, qui ne se permit pas de faire le moindre commentaire. Erika entraîna Chunyan dans sa chambre et ferma la porte derrière elle, juste après avoir lancé :

- Que personne ne nous dérange...

A vrai dire, la chambre d’Erika ressemblait d’avantage à un salon, vu qu’il n’y avait pas de lit mais un immense canapé recouvert de coussins et, bizarrement, de peluches. Comme dans le hall, les fenêtres étaient invisibles derrière les rideaux. Seules quelques chandelles illuminaient la pièce et les peintures qui recouvraient les murs. Les tableaux étaient anciens, tout comme ce qui se trouvait dans la pièce, qui ressemblait à un musée un peu trop fidèle à la réalité. Erika s’assit dans un confortable fauteuil qui se trouvait près de son immense bibliothèque remplie de livres aux couvertures en cuir délavé. Des bouquins qu’elle conservait précieusement depuis 150 ans... Elle indiqua à Chunyan un autre fauteuil, tout aussi confortable et ancien que le sien.

- Ne fais pas attention à l’attitude d’Amanda – celle à la robe rouge. De quoi veux tu donc parler ?

- Si ça peut te rassurer, Amanda ne mord que les hommes...

Erika fixait calmement Chunyan de ses yeux bleus, en souriant légèrement. L’étonnement de la jeune albinos l’amusait terriblement... Elle n’avait plus tellement l’habitude des réactions exagérées des humains. Pour un vampire, ce genre de lotissement était tout à fait normal... En même temps, la longue existence des êtres de la nuit leur permettait d’amasser une certaine fortune. Et ils pouvaient se payer n’importe quoi en matière d’habitation... En matière de voitures aussi, mais la majorité des vampires qu’Erika connaissait n’aimaient pas trop ce genre de locomotion. Mais la jeune vampire n’avait plus fréquentés de vampires depuis bien longtemps et les mœurs avaient probablement changées... Un sourire amusé traversa son visage quand elle vit l’hésitation de Chunyan quand au fauteuil de cuir. Devait elle lui dire que non, il ne s’agissait pas d’un animal habilement déguisé prêt à la dévorer ? Mais l’albinos finit par s’asseoir et elle parut bien minuscule au milieu de ce grand fauteuil.

- Parler de quoi ? Je ne sais pas, de tout et de rien, comme font les humains. ^^

Erika lança un regard scrutateur à Chunyan. De toute évidence, la jeune humaine avait parlé sans réfléchir, comme le faisait trop souvent ses camarades humains... Demander à un vampire de faire « comme les humains », c’était assez déplacé. Mais Chunyan n’était qu’une humaine – donc un jouet pour Erika, elle ne pouvait pas connaître les règles élémentaires qui régissaient la vie des vampires. D’un haussement d’épaules élégant, cette dernière lui signala qu’elle ne lui en voulait pas. Elle continua de scruter les expressions de la jeune humaine. Elles étaient beaucoup plus vivantes que celles des vampires... La grande majorité avait le visage figé en une expression hautaine et noble. Certes, Amanda était encore assez... »vivante », mais cela venait du fait que justement, elle était morte depuis peu de temps. Erika, elle, n’exprimait en général rien du tout. Il fallait qu’elle se force pour sourire, ils ne venaient plus « spontanément » comme quand on est humains.

- Par exemple… Pourquoi est ce que tu portes toujours ces vêtements d’époque ? On en fait plus, comment est ce qu’ils sont encore la ? En tout cas ils sont magnifiques… Et ils te vont très bien.

Erika haussa légèrement les sourcils. Elle ne s’attendait pas à autant de questions... Elle oubliait que Chunyan était humaine et que de sucroît, elle était assez jeune. Les jeunes humains sont toujours curieux... Mais cela pouvait se concevoir, avec un vampire en face de soit. Erika se redressa dans son fauteuil et regarda un moment la fenêtre, comme si elle réfléchissait à la réponse qu’elle allait donner.

- Les vampires ne sont pas très imaginatifs, tu sais.... Je suis née à l’époque victorienne alors je garde mes vêtements d’époque. Et puis j’aime être différente des humains : on ne peut pas dire que vous soyez encore beaucoup à vous habiller de cette façon ! Je les confectionne moi-même, avec l’aide de Catherine. Je copie des vieux modèles et je « mordernise » un peu...

Apparemment, Chunyan était pleine de questions car elle en posa encore... Pourquoi tout ce bleu ? Erika regarda autour d’elle. Effectivement, il y en avait de plus en plus. Elle tira un peu les tissus de sa robe et constata qu’elle aussi était majoritairement bleu... Elle était tellement habituée à cette couleur qu’elle n’y faisait plus trop attention. Un sourire un peu nostalgique passa sur ses lèvres... 100 ans avec la même couleur, et elle n’était même pas lassée. C’était sans doute l’un des effets de l’immortalité : on ne faisait plus trop attention à ce qui nous entourait, et on était d’une patience infinie...

- Le Bleu... C’était la couleur de ma famille. J’ai pris l’habitude de cette couleur. C’est comme les roses bleues : c’était l’emblème de la famille Keensburg. Je l’ai gardé... Par nostalgie, je suppose...

Elle haussa encore une fois les épaules et se cala plus confortablement dans son fauteuil. Elle ramena ses jambes contre elle et les entoura de ses bras. Elle avisa dans un coin de sa chambre le petit service à thé dans lequel elle versait du sang chaud pour le boire... Décidemment, cette chambre ressemblait en tout point à celle d’une lady respectable du XIXème siècle. Sauf que la lady en question était une vampire et qu’on était au XXIème siècle... Il serait peut être temps de changer.

- Et toi, à quoi occupes tu tes journées ?

Erika était amusée, encore. De voir l’étonnement sans nom de CHunyan lorsqu’elle lui avait avoué que les Vampires n’avaient plus beaucoup d’imagination... Les robes qu’elle portaient n’était que des copies vaguement améliorées. La plupart des autres Vampires suivaient la mode sans en créer de nouvelles... Enfin, c’était le cas des Vampire de la Camarilla. Comment diable des morts auraient ils pu avoir de l’imagination ? Ils essayaient, parfois, de mordre un artiste en espérant que le vampire qu’ils créeraient saurait imaginatif. Mais cela échouait à chaque fois et l’artiste en question ne devenait qu’un vampire ordinaire... C’était terriblement décevant. Erika se leva et fit quelques pas dans sa chambre, touchant du bout du doigt les roses bleues qui agrémentait la pièce aux murs blancs, ou bien les vieux livres aux couvertures craquelées par le temps. Enfin, elle se tourna vers Chunyan lorsque celle-ci parla, et l’observa un moment.

En l’occurrence, Erika n’était pas la seule à porter des vêtements de types victoriens. Elle avait, quelques jours auparavant, rencontré un autre vampire qui affectionnait ce genre d’habits anciens... Ils n’avaient pas beaucoup parlé, mais la rencontre avait été intéressante. Mais... Bien moins intéressante que celle qu’elle faisait en ce moment. Enfin... Moins « divertissante » était le mot qui convenait le plus. Erika pensait tout savoir des humains, et c’était probablement le cas. En tout cas, elle en savait plus sur eux qu’eux-mêmes... Déjà, rien qu’en la voyant, elle avait deviné que Chunyan était une élémentaliste de la Terre. Son odeur était clairement celle des arbres lorsqu’il venait juste de pleuvoir... Ce qui prouvait qu’en plus d’avoir un lien avec la Terre, l’albinos en avait également un avec l’eau. Erika allait devoir lui poser la question... Et Dieu savait qu’elle n’aimait poser des questions, qui trahissaient souvent un manque cruel de connaissances. Mais bon, même si elle était vampire, Erika restait curieuse. Elle retourna s’asseoir dans son fauteuil.

Le pensionnat que lui décrivit rapidement l’albinos ressemblait d’avantage à une prison qu’un établissement destiné à l’éducation des jeunes... Erika s’en étonna. Mais il faut dire que de nombreux élèves passent leur temps à dénigrer leurs collèges et lycées... Sauf que contrairement à eux, Chunyan ne semblait pas les regretter, maintenant qu’elle en était sortit. Ce qui signifiait que le pensionnat devait vraiment être horrible. Sur cela aussi, il allait falloir qu’elle pose des questions sur cela aussi... La vie de Chunyan lui semblait horriblement ennuyeuse... Faire du shopping ? Quelle horreur... Erika détestait se mêler à la foule, tout le monde la regardait de façon bizarre... Et puis de toute façon, la majorité des magasins étaient fermés la nuit. Sortir en forêt, ça allait quelques années. Passé les 100 ans, on avait l’impression d’avoir vu toutes les forêts du monde. Et dans le cas d’Erika, c’était presque le cas...

- Comme moi, Amanda et Catherine ne peuvent boire qu’un seul type de sang. Amanda ne mord que les hommes séduisants, et Catherine ne s’attaque qu’aux époux/ses infidèles. Autrement dit, aucune chance qu’elles ne te mordent... Quand à moi, je ne mord pas et parce que je ne peux pas, et parce que je trouve ça particulièrement salissant...

A la dernière question de la petite humaine, Erika eut un large sourire presque spontané. Dieu qu’elle était drôle... Erika alla même jusqu’à pouffer, ce qui n’arrivait qu’assez rarement. Est-ce que par hasard, l’albinos avait peur pour sa survie ? probablement que non, sinon elle se serait déjà enfuie en hurlant. Ce qui n’aurait pas servi à grande chose, vu qu’Amanda rôdait probablement dans le hall de l’hôtel, attendant qu’Erika réapparaisse pour exiger des explications quand à cette intrusion humaine. Il fallait bien l’avouer, la lady anglaise adorait énerver Amanda. Ce n’était qu’un juste retour des choses vu que cette dernière ne cessait de la mettre dans l’embarra... En buvant TOUTES les bouteilles de sang de l’hôtel, par exemple... Erika soupira et avoua à Chunyan pourquoi elle l’a regardait avec autant d’intensité :

- ça fait longtemps que je n’ai pas parlé avec des humains. J’avais oublié combien vos expressions étaient amusantes ! Dis m’en plus à propos de ce pensionnat... Il a l’air étrange et différend des autres.

Erika écouta d’un air attentif l’histoire de ce pensionnat si étrange. Mine de rien, elle était extrêmement curieuse... Mais cela se voyait moins au fil des années puisqu’il y avait de moins en moins de choses à découvrir, tout du moins pour elle. Alors forcément, dès que Chunyan lui offrit sur un plateau d’argent une histoire inconnue, elle l’écouta avec un semblant d’avidité. En plus, c’était une histoire qui semblait compliquée... Cela ne la rendait que plus intéressante. Pour Erika, cela s’apparentait à manger un plat délicieux. Le plat, c’était l’histoire et l’assaisonnement, c’était la complication ! Un peu tordue, comme métaphore. Mais justement... Erika aimait ce genre de réflexions. Elle s’intéressa tout particulièrement aux Educateurs sadiques. Evidemment, les noms lui évoquaient des dizaines de personnes... Mais elle connaissait un couple portant ces deux noms et ayant été surveillants dans un pensionnat. Elle se demanda si c’étaient eux. Si elle se rappelait bien, ils venaient d’avoir un enfant, une petite fille dont elle avait malheureusement oublié le nom...

- Ils ressemblaient à quoi ? je les connais peut être... Et qu’est-ce qu’on vous y enseignait, dans ce pensionnat ?

La seconde histoire qui l’intrigua fut cette Tour Nord. Qu’est-ce qu’elle n’aurait pas donné pour aller la voir de plus près ! C’était le genre d’évènements sordides qui la passionnait. Pendant son tour du monde, elle avait essayé de visiter un maximum d’endroits louches ou réputés hantés. Catherine et Amanda n’avaient jamais beaucoup aimé, surtout la française qui préférait les attendre en lisant un bon polar. Amanda était d’avantage excitée, mais elle avait toujours peur pour Erika, même si elle ne l’avouerait jamais. Erika se pencha en avant, vers Chunyan, les yeux brillants tandis qu’elle parlait de cette étrange histoire. Ses joues se colorèrent légèrement et pendant un moment, elle ressembla tout à fait à une humaine et non à une petite vampire de 155 ans. Elle remarqua alors le regard de Chunyan, fixé sur son imposante armoire en chêne, qui renfermait plusieurs de ses robes.

Il semblait évidant que l’albinos mourrait d’envie de les essayer, mais Erika avait beau être dans un mauvais jour, il était hors de question qu’une humaine mette une de SES robes. En revanche, la lady ne jetait jamais ses vieilles robes, celles qu’elle ne mettait plus à cause d’un ourlet décousu ou d’une petite tache qui ne partait pas – oui, elle est très maniaque. Elle se leva et tournoya lentement dans sa chambre, à la recherche de la grosse malle de voyage en cuir sombre qui contenait tous ses vieux vêtements. Enfin, « vieux ».... Vous m’aurez compris. Enfin, elle se rappela que cette dernière était sous son lit. Elle soupira, vu qu’elle n’aimait pas se mettre à quatre pattes, mais elle n’eut pas le choix. Avec un peu de difficulté, elle sortit la malle et la posa sur son immense lit inutile. Elle sortit une petite clé d’une de ses poches et l’ouvrit. Elle fit signe à Chunyan de s’approcher :

- Tu peux regarder s’il y en a qui te plaisent... je ne les met plus, elles sont donc totalement inutiles et fort encombrante.

Erika recula de quelques pas, avec un petit sourire sur le visage. A son âge, les poupées étaient totalement dépassées et elle ne s’y intéressait plus... Mais une poupée vivante, c’était diablement divertissant. Enfin, il fallait déjà pour cela que Chunyan ose essayer quelques unes de ses robes. Erika se rapprocha donc de nouveau et fouilla un peu dans la malle avant d’en sortir une simple mais très élégante robe verte bouteille. Si elle commençait tout de suite avec des robes compliquées ou au style trop ancien, peut être que la petite albinos ne voudrait pas les essayer. La lady fourra la robe dans ses mains et lui indiqua le paravent aux motifs japonais bleus qui trônait dans un coin de la chambre :

- Tu peux aller derrière pour te changer... J’insiste ^^

La description que lui avait fait Chunyan de Will et Arashi correspondait assez au couple qu’elle connaissait. Elle les avait seulement rencontrés deux fois, et elle ne savait pas grand-chose d’eux. A vrai dire, ils l’avaient assez étonnée par leur imagination diabolique... Ils étaient un peu moins sadiques que Chunyen ne le lui disait. Peut être la naissance de leur petite fille y était il pour quelque chose... Ils étaient aux petits soins pour elle, ne cessant de s’autoféliciter pour avoir mis au monde une telle merveille. C’est vrai que le bébé était plutôt beau... Mais Erika était persuadée que la gamine finirait gâtée-pourrie, égocentrique et égoïste. Un peu comme elle, en somme. Un rapide sourire passa sur son visage pâle.

- Oh, je pense que c’était eux... Ils se sont installés dans le nord de la France. Lui est devenu le directeur d’un établissement pour « jeunes en difficulté », et apparemment, il a un certain succès grâce à ses méthodes... Elle a arrêté de travailler pour s’occuper de leur fille. Je crois qu’elle s’appelle... Liliane. Ou quelque chose comme ça... Ils ne parlent pas beaucoup de leur passé, alors je ne sais pas pourquoi ils ont quittés le pensionnat.

La lady haussa élégamment les épaules. A vrai dire, elle s’en fichait un peu. Et il était peu probable qu’elle ne les revoit un jour, alors, pourquoi s’inquiéter d’eux ? Pendant que Chunyan bataillait pour mettre la robe qu’elle lui avait passé, Erika passa un revue les autres vêtements entreposés dans la malle. Il y en avait une autre qu’elle verrait bien sur Chunyan : la robe était un peu plus compliquée que la verte, mais sa couleur bordeaux ferait ressortir les yeux de l’albinos. En plus, les perles nacrées iraient très bien avec son teint pâle... Mais peut être qu’elle serait un peu grande. Et Dieu seul savait combien Erika avait horreur de devoir faire des retouches... Et il était hors de question d’appeler Amanda, la reine de l’aiguille, vu qu’elle ne semblait pas aimer la jeune albinos. Erika soupira et rangea la robe juste au moment ou Chunyan se montrait enfin. La lady eut un sourire satisfait. Elle aimait voir qu’elle savait faire les bons choix pour les autres... Elle s’approcha de l’albinos et la prit légèrement par les épaules pour la retourner. Tout en l’observant, elle ferma les derniers boutons avec une aisance guère surprenante...

- Impeccable ! Elle te va presque aussi bien qu’à moi (à cette remarque, Erika eut un sourire). Tu vas pouvoir frimer pendant les grandes fêtes que vous autres humains organisez...

Evidemment les fêtes humaine et vampiresque n’avait rien avoir. Se présenter à un bal de vampire avec la robe verte, c’était passer pour une pauvre mal habillée... Erika avait des robes « spéciales bals » mais vu qu’elle n’y mettait plus trop les pieds, ses robes devaient être démodées et elle n’avait aucune envie de se ridiculiser en se ramenant avec une robe passée de mode. Elle refit faire demi-tour à Chunyan et l’observa attentivement, arrangeant de-ci de-là quelques bouts de tissus ou autres boutons bien astiqués. Le résultat était tout de même fort satisfaisant ! Pendant un instant, Erika se demanda à quoi elle ressemblerait avec des vêtements d’humaine. Elle haussa une épaule : tout lui allait, sa propre beauté lui suffisait amplement. Cela faisait tout de même près de 155 ans qu’Erika n’avait plus endossé de vêtements humains, et elle n’avait tout simplement jamais porté les vêtements modernes que l’on voyaient dans toutes les vitrines des magasins. Et elle n’était pas pressé de le faire... La mode actuelle lui donnait des boutons.

- Tu ne voudrais pas essayer celle-ci aussi ? Elle risque d’être un peu grande, mais ce n’est pas bien grave...

Erika lui tendit la robe rouge avec un sourire enjôleur qui signifiait clairement que l’albinos n’avait pas à refuser...

Erika se serait bien prit une petite tasse de sang chaud – du O+ - en attendant que Chunyan essaye la robe. Mais bon, peut être que la jeune fille serait parti en hurlant si jamais elle voyait Erika déguster tranquillement l’hémoglobine d’un de ses camarades humains... Hors, la vampirette en robe bleu victorienne ne voulait pas voir son « jouet » s’en aller maintenant. La séance d’essayage ne faisait que commencer ! La lady, pour patienter, fouilla encore sa malle à vêtements. Les autres robes étaient franchement trop compliquée pour que Chunyan puisse les mettre toutes seules. Et elles étaient tellement serrées que seul un vampire pouvait supporter ça – après tout, ils n’avaient pas besoin de respirer et il fallait vraiment être très fort pour leur faire mal. Cependant, elle en mis encore une de côté. Elle était d’un bleu dont la couleur changeait légèrement selon la lumière : elle pouvait devenir presque grise ou bien légèrement turquoise. Elle n’était pas trop compliquée à mettre, juste ne fermeture sur le devant qui se faisait avec des lacets. La robe était ancienne, Erika la portait à ses débuts de vampires. Elle ne voulait justement plus la voir, car c’était avec cette robe qu’elle avait quitté sa famille de vampires. Elle lui rappelait trop de mauvais souvenirs...

Elle se retourna la robe dans les mains et le visage sans expressions – l’air qu’elle employait quand quelque chose la gênait – lorsque Chunyan sortit avec la robe enfilée. Un sourire triomphant illumina aussi le visage délicat de la vampirette. Elle savait que la robe lui irait bien ! Que c’était bon d’avoir toujours raison... Elle reposa la robe avec délicatesse et s’approcha de Chunyan pour lui fermer la robe. Elle la mit face à un miroir et lui expliqua comment fermer la robe. Puis elle lui fit remarquer que le tissus était assez solide pour supporter qu’on tire sur les cordes, malgré son ancienneté. Après tout, une robe de vampire était censée durer l’éternité... Erika eut un bref sourire.

- Tout ça, ça s’apprend. Quand j’étais enfant – dieu que c’est loin, je ne comprenais pas grand-chose à tout ça. Mais il a bien fallut s’y mettre !

Elle termina de nouer la robe et elle examina le résultat. Quelques retouches seraient peut être nécessaire pour le bas qui trainait sur le sol, mais pour cela, il faudrait déjà que Chunyan accepte d’emporter la robe. Et Erika sentait que l’humaine ne voudrait. Elle entendait déjà les « oh mais non, c’est beaucoup trop...Je ne peux pas accepter ça, voyons... ». Erika avait de toute façon déjà prévu la riposte. Elle reprit la robe bleue et se tourna vers Chunyan, un léger sourire aux lèvres. Elle hésitait un peu avec cette robe là : elle ne l’avait pas sorti depuis son départ et elle avait même pensé à la détruire ou à la reconvertir en torchons. Alors la voir portée par quelqu'un, Erika n’était pas sure que ça lui fasse du bien... Mais elle était une lady anglaise, et une lady supporte tout sans rien dire – ou presque.

- Allez, une petite dernière pour la route !

Erika fourra la robe dans les bras blanc de l’albinos sans lui demander son avis et la poussa vers l’auvant avec un sourire aimable – mais redoutable... Et pendant que Chunyan allait se battre pour enlever la robe – car Erika avait bien serré les rubans, cette dernière rangea les robes dans la malle. Les autres étaient vraiment trop compliquées et trop serrées pour la jeune humaine. Et puis trois robes, c’étaient déjà pas mal ! Erika ferma la malle, qui émit deux « clic clac », et la rangea sous son lit. Elle tourna la tête vers la porte, sourcils froncés, juste avant que celle-ci ne rentre. C’était Amanda. Elle s’était changée, et elle était à présent habillée comme n’importe quelle femme sexy humaine. Elle avait un plateau dans les mains, avec deux tasses de sang fumant... L’odeur était forte et prenante. Elle voulait sans doute dégoûter Chunyan pour qu’elle s’en aille....

Que venait elle d’entendre ? « je ne pourrai jamais accepter » ? Erika se leva, les sourcils froncés. Elle en oublia totalement la présence d’Amanda qui s’était confortablement installée sur son lit et qui observait la scène avec un petit sourire satisfait. Elle espérait vraiment voir Erika se jeter sur l’albinos et lui planter son siphon dans le cou pour pouvoir la déguster plus tard sous forme de bouteille... La lady anglaise alla se planter devant Chunyan, le visage sans aucune expression. L’albinos semblait un peu préoccupée par Amanda, mais pas franchement apeurée. Elle répéta qu’elle ne pouvait vraiment pas accepter ses robes. Erika prit les robes, et se dirigea vers son imposant bureau. Elle farfouilla dans les tiroirs et en sortit un briquet. Amanda haussa les sourcils mais ne réagit pas. Erika se tourna à nouveau vers Chunyan, l’air toujours aussi inexpressive.

- Si tu ne les prends pas, je les brûle. Je ne les porte plus non plus de toute façon.

Amanda éclata de rire, mais elle s’arrêta aussitôt en voyant le regard que lui lança Erika. D’habitude, l’anglaise en jupon la laissait faire, fatiguée de toujours devoir reprendre l’Italienne. Mais apparemment aujourd’hui, Erika n’était pas décidée à la laisser s’exprimer ainsi. Pour se « venger », Amanda prit une des tasses de sang et commença à la boire avec délectation, tout en regardant Chunyan, les yeux brillant d’amusement. Erika la fusilla du regard, passablement agacée. Quand l’Italienne avait décidé d’emmerder quelqu’un, elle s’y prenait généralement très bien. Et c’était bien là le problème d’Erika. Cette dernière se dirigea vers sa « fille » et lui enleva la tasse des mains.

- ça suffit Amanda ! Dehors, fiche le camp !

Amanda voulu résister, mais Erika était d’une génération supérieure. Elle ne pouvait rien faire contre elle, elle était plus forte... Elle se leva donc de mauvaise grâce, évitant le regard noir que lui lançait la lady anglaise. Amanda lança un dernier sourire amusé à Chunyan, l’air un peu inquiétante. Mais à vrai dire, Erika elle-même semblait encore plus inquiétante à ce moment là. Elle était franchement énervée après sa « fille », et la voir fâchée était très étrange. Son visage n’était pas vraiment fait pour afficher une telle expression, et c’était bien cela qui était inquiétant... Mais à peine Amanda fut elle dehors qu’Erika reprit son expression habituelle de petite noble condescendante. Elle se tourna vers Chunyan, encore une fois.

- Je m’excuse pour l’attitude inacceptable d’Amanda. J’aurais préféré te présenter Catherine, elle est plus... fréquentable.

Mais Catherine était probablement occupée à écrire son roman – elle était devenue romancière à succès depuis quelques années. Erika retourna au bureau, là où était amassé toutes ses robes. Elle les prit et les remit dans les bras de Chunyan, tout en lui montrant le briquet avec insistance. Soit elle prenait les robes, soit ses dernières finissaient brûlées. Erika retourna s’asseoir sur son lit, après avoir éloignée les tasses de sang. Elle avait envie de boire un coup, mais ce serait asses déplacé devant Chunyan... Cependant, elle se saisit de la tasse d’Amanda, marquée d’une paire de lèvres rouges, et elle alla vider la tasse par la fenêtre. Sans le moindre état d’âme. Elle reposa la tasse, et se tourna vers Chunyan. Elle attendait sa réaction, avec l’air de quelqu'un qui ne plaisante pas.