[RPG] Ainsi toujours la joie s'achève en tristesse (VON DER VOGEL) [PV Léandre] [Terminé]

Invité

Saki pénétra dans l'appartement. Elle retira ses bottes de cuirs qu'elle venait de s'acheter et les rangea avec une minutie un peu étrange, dans le placard qui leur était réservé. Elle retira ensuite son blouson en cuir, acheté il y a longtemps pour faire de la moto et l'accrocha au porte manteaux qui se trouvait dans l'entrée. Elle se dirigea alors vers le salon et lorsqu'elle y fut, l'image que lui renvoya le miroir en face d'elle la conforta au plus haut point. Elle était absolument méconnaissable et son débardeur dos nu laissait subtilement voir son nouveau tatouage. Et dire que tout ces achats lui avaient coûté la modique somme de cinq cent euros. Elle soupira. Aujourd'hui, tout coûtait trop cher. Elle continua de regarder son reflet dans le miroir. Oui, elle avait réellement changé. Ses cheveux blonds avait été teints en noir et coupés en dégradé pour refaire les pointes. Sa frange noire lui retombait maintenant sur l'œil. Elle regarda aussi la diversité de piercings qu'elle avait. Deux anneaux dans le nez. Un à la narine droite et un entre les deux. Elle en avait un à l'arcade et au moins cinq ou six dans l'oreille droite. Sur son oreille gauche, elle n'avait qu'un seul trou, et elle était très fière de la boucle d'oreille en forme de tête de mort qui y trônait. Elle avait changé de maquillage. Le noir était maitre. Ses paupières, le contour de ses yeux et ses lèvres étaient noirs. Détail qu'on remarquait dés le départ, le collier au pics de cinq centimètres qui était autour de son cou. Dans la rue elle s'était complètement esclaffée du regard des gens. Elle pensa alors qu'il était heureux qu'elle ai pris un arrêt maladie pendant quelques mois. Elle posa sa main glacée sur la glace.

- tu ne seras plus jamais la même...Plus jamais...

Elle se jura de ne plus jamais se laisser marcher dessus comme un insecte. Elle devait être forte et ne pas laisser les émotions la submerger. Elle devait être forte. pour elle, pour alexiel, pour Léandre aussi. Elle savait que la séparation avec les siens l'ébranlerait plus que tout. Son regard revint vers le miroir. Ses vêtements aussi avaient changés. Elle avait troqué ses vêtements de lycéenne contre un slim gris clair, un dos nu noir avec une grosse langue des Rollings Stone rouge devant. Elle se tourna alors et contempla son tatouage. Tribale, noir. Il s'étendait sur le haut de son dos et formait un espèce de losange étrange. Elle n'arrivait pas à le décrire tellement c'était complex. ce qu'elle savait, c'était qu'elle ne regrettait absolument pas d'avoir changé de cette façon. Elle se rappela qu'elle avait un dégradé de cheveux rouge derrière en voyant les mèches rouges couler sur son dos. D'après Saki, les socquettes étaient les meilleures chaussettes du monde. Elle adorait en portait et c'était d'ailleurs ce qu'elle avait au pied en ce moment. Elle se dirigea d'un pas ferme vers son plan de travail et se mit à l'ordinateur. Elle chercha longtemps et s'organisa pour retrouver ses anciennes connaissances. Bien sur, Saki avait côtoyé chaque milieu de vie différent. Punk, rasta, hippie, gothique et elle en passait. Elle avait aussi fréquenté les milieux drogués (bien qu'elle n'y ai jamais touché et que même dans le cas contraire ça ne lui aurait absolument rien fait) et les milieux avec de la boisson (où là aussi la boisson ne lui faisait rien). La seule chose qu'elle avait continué à faire maintenant, c'était fumer. ça l'aiderait à rester dans le moule. Léandre avait l'habitude lui, ça ne serait pas difficile.

- Il faudra que j'arrête la clope un jour...

Même si ça ne lui faisait rien, elle savait que la cigarette n'était pas agréable pour tout le monde. Elle trouvait que ça avait plutôt bon goût. Elle sortit un petit briquet rouge et noir de sa poche et alluma sa troisième cigarette de la journée, d'une marque assez connue appelée "Malboro". Saki n'aimait pas plus que ça les cigarette à filtre, mais rouler une cigarette retardait le plaisir. Elle souria. Elle était bien la seule femme sur terre à pouvoir fumer sans risquer de mourir à tout instant et aimer ça en plus. Elle pensa que beaucoup de gens aimerait avoir sa chance. Elle rangea le paquet dans sa poche et alluma sa cigarette. D'abord, le goût ressembla beaucoup à celui de la cendre, puis se transforma ensuite en une sensation très agréable et un goût proche de la menthe ou encore du thé. Elle aimait beaucoup cela et s'était comme boire du thé sans sucre. Elle regarda par la vitre et vit la marque de son atterrissage sur le sol. Elle devait faire plus attention. Les marques qu'elle avait fait dans le sol ne partirait pas comme ça. La prochaine fois elle irait par les airs et ce serait tout.

Léandre n'aurait jamais cru que la vie lui réservait ce piège cruel. Le jeune homme ne les avait même pas regardés partir, juste le temps d'un adieu et ...il s'était enfui. Il avait ramené Alexiel chez lui et avait repris la route... Autour de son cou, un ruban était noué pour masquer cette marque qui l’enchaînait .Son sac de voyage ne pesait pas aussi lourd que sa conscience. Il parvenait à peine à croire ce qu'il venait de faire... Il marchait, mécaniquement, comme s'il évoluait dans un cauchemar. Seulement il savait parfaitement qu'il s'agissait de la réalité. Il n'y a que la réalité pour dépasser ainsi ses pires cauchemars. Son regard absent fixait les dalles du trottoir. Ce poids écrasant lui permettait à peine de relever la tête. Les carrés gris se ressemblaient tous, mornes et tristes. Le jeune homme n'avait pas encore réalisé l'étendu des dégâts pour être aussi calme. Car calme, il l'était. Son cerveau semblait incapable de réfléchir. Il préférait de loin être insensible et glacé pour le moment. L'instinct de préservation. Semblable à l'état d'esprit dans lequel il était en commettant des meurtres. Rien ne l'animait si ce n'était le néant, et une indifférence totale en résultait. Cette absence de sentiment lui permettait encore de marcher, de respirer, sans aucune douleur, comme une ombre jusqu'à l'appartement de Saki.

Il n'eut aucun mal à retrouver l'endroit. La porte s'ouvrit et se referma avec un cliquetis familier. Léandre laissa tomber son sac sur le sol et s'adossa contre la porte. Le poids qui oppressait ses épaules et sa poitrine n’avait pas encore disparu. Il respirait, oui, mais vivait-il toujours ? Ses yeux demeuraient inexpressifs et ses lèvres closes. Rien ne se lisait sur son visage, pas même de la mélancolie. Son expression reflétait un détachement total, comme si en réalité, l’esprit de Léandre s’était envolé, ne laissant là qu’une carcasse à peine vivante.
Le jeune homme songea alors qu’il aurait été préférable que sa mémoire fut effacée, cela aurait assez facilité les choses en fin de compte. Saki était là, il avait perçu sa présence. Il ne releva même pas la tête. Ses lèvres laissèrent échapper des mots d’une voix atone.

- Saki…Puis-je rester ici ?

Puisqu’il fallait bien vivre quelque part…Son futur ne l’effrayait pas, il n’en avait pas. Il n’espérait plus rien désormais. Vivre se résumait à l’action de survivre car quel plaisir peut-on avoir à souffrir de cette façon ? Plus rien n’avait d’importance dorénavant. Qui était Léandre ? Que du vent, de la poussière et du sang qui un jour seraient réduit en cendre. Il releva légèrement la tête. A travers les paupières mi-closes, il distingua le visage de Saki. Elle était méconnaissable. Elle avait tout d’une ado gothique rebelle. Léandre se força à esquisser un léger sourire. Il ne devait pas flancher devant elle non plus. Il devait... « Rester droit » impassible et dur comme un mur.

- Pourquoi un tel changement de look ?

A vrai dire s’il avait préféré aller chez Saki malgré la proposition d’Alexiel c’était exactement pour que l’ange ne puisse pas le connaître d’avantage. Surtout que là il se retrouvait dans une position particulièrement délicate il ne préférait pas lui causer d’autres problèmes. Léandre sentit cette masse noire dans ses poumons l’étouffer progressivement. Il aurait juré sentir des griffes se serrer autour de son cœur pour l’empêcher de battre. D’ailleurs ce dernier se défendait avec toute l’énergie du désespoir, battant à un rythme inégal, pour se délivrer de l’emprise de cet étau. D’un coup son visage parut moins impassible. Qu’est ce qui lui arrivait ? Il porta sa main à son cœur. Il avait du mal à respirer et il pouvait entendre le rythme effréné des battements de son cœur affolé.

*Qu’est ce que c’est ? Qu’est ce qu’il m’arrive ?? *

En réalité Léandre paniquait complètement. Il était saturé de tous ses sentiments refoulés depuis si longtemps. Il ne pouvait pas en supporter d’avantage. C’était douloureux, comme s’il se déchirait lentement en deux. Le jeune homme commençait à se briser, à se fendiller, aussi fragile que du cristal.

Invité

Saki n'avait jamais su comment étaient les sentiments humains. Même lorsqu'elle était encore humaine, elle n'avait jamais réussi à les décrypter. Elle savait que lorsqu'on était triste on pleurait, lorsqu'on était en colère on hurlait, lorsqu'on était gêné on rougissait et lorsqu'on était heureux on souriait. Pourtant, tout ne s'expliquait pas par un changement physique. Elle avait déjà remarqué qu'elle ressentait des pincements au coeur lors d'un trop pleins de sentiments. Lorsqu'elle était très stressée notamment. Elle faisait d'effrayantes crises de panique et elle n'avait jamais réussi à se guérir. Lorsqu'elle avait peur aussi. Elle soupira. Elle n'aimait pas se rappeler tout ça. A présent elle n'avait même plus de sentiments. Elle se mit à rire ironiquement. Décidément, sa mère lui aurait pourri la vie jusqu'au bout. Garder ses sentiments au fond de soie. Ne pas aimer, ne pas être heureuse. Être un robot dépourvu de sentiment et faire ce qu'on lui demandait. Saki avait fait ça toute sa jeunesse. Maintenant, elle prenait ses propres décisions et ne se laissait pas marcher, seulement, elle gardait toujours ses sentiments pour elle. Elle se souvenait pourtant avoir été une enfant très joyeuse et expressive. Tout cela était partit en fumée avec le temps. Elle écrasa sa cigarette dans le cendrier près d'elle et en alluma une autre qu'elle s'empressa de porter à ses lèvres. Elle avala la fumée et recracha en frissonnant de plaisir. Elle entendit soudain la porte s'ouvrir puis se refermer doucement. Elle écarquilla les yeux en voyant Léandre entrer. Elle aurait juré qu'il ne serait pas revenu ici. Malgré cela, elle ressentit une joie intense lui remontant dans l'estomac.

- Saki…Puis-je rester ici ?

Si il dormait ici il dormirait dans la chambre. Elle n'avait pas besoin de dormir, le canapé lui suffirait amplement. De plus, elle devait continuer ses recherches sur l'ordinateur. Elle ne souria pas. Elle était encore très faible et sourire représentait un effort particulier. Elle avait prit du sang de Léandre pourtant alors pourquoi était elle si épuisée ? Pas le moment de faire la fine bouche, il ne fallait pas qu'elle montre sa fatigue à Léandre. Il avait mal et il allait devoir se reposer. Elle ne pouvait pas se permettre de flancher maintenant.

- Oui...sa voix fut plus douce qu'elle ne le pensait. Bien sur...

Elle remarqua qu'il la fixait un peu étonné et se souvint qu'elle avait changé de look. Elle souria intérieurement. C'était toujours amusant d'être dévisagée de la sorte. Elle saisit le sac de Léandre et alla le déposer dans la chambre de celui-ci. Elle revint ensuite et il la questionna.

- Pourquoi un tel changement de look ?

- pour le travail...

Ce n'était pas tout à fait faux, mais pas tout à fait vrai non plus puisqu'elle avait arrêté de travailler à l'hôpital à cause de son arrêt maladie. Elle travaillait cependant encore. Elle travaillait à la protection d'Alexiel et ça ne s'arrêterait pas de si tôt. Pour obtenir les informations dont elle avait besoin elle avait été obligée de changer de look. Cependant, même si c'était une obligation, elle aimait bien être habillée comme ça.

- D'ailleurs demain tu m'accompagneras...On doit aller voir sheep...

Saki se rendit alors compte que Léandre ne connaissait pas sheep. Bof, il le rencontrerait bien assez tôt. de toute façon, Sheep habitait dans la rue d'à côté. Au pire elle pourrait toujours le joindre par ordinateur. Elle haussa les épaules mais alors qu'elle se retournait vers la vitre, elle remarqua que Léandre avait un comportement non normal. Il venait de laisser percer une expression de franche douleur et il se tenait le coeur. Saki ne savait pas ce qui lui arrivait et elle hésita quelques instants à regarder dans son esprit. Pourtant, c'était la seule solution pour savoir comment le soigner. Elle plongea ses yeux dans ceux de Léandre et pénétra ses pensées.

*Qu’est ce que c’est ? Qu’est ce qu’il m’arrive ?? *

Bon...Déjà il avait l'air paniqué dans sa tête. D'autres images lui arrivèrent. Le déchirement qu'il avait dans son corps, le trop plein d'émotions qu'il avait à l'intérieur de lui et qui lui tailladait le coeur, l'adieu qu'il avait eu avec ses parents. Le fait qu'il avait utilisé son étrange pouvoir avec sa poupée. Saki pensa dans un coin de sa tête qu'elle devrait se méfier de cette poupée, au cas où Léandre aurait l'idée saugrenue de l'utiliser sur elle. Elle continua sa progression et Alexiel apparut. Ainsi il avait assisté au départ des proches de Léandre ? Elle pensa alors qu'elle avait effectivement sentit sa présence tout à l'heure. Saki rouvrit les yeux. Il faisait une crise d'hyperventilation. Le trop plein d'émotions et la fatigue le faisait respirer trop vite et il manquait d'oxygène. Elle fut près de lui en quelques secondes et plongea de nouveau ses yeux dans les siens. Elle le prit avec précautions dans ses bras au cas où il ferait un malaise et le porta jusqu'au canapé. Là, elle l'assit et lui parla calmement.

- Calme toi...met tes mains devant ta bouche et respire dedans. Respire plus lentement...

Elle disparut quelques secondes et réapparut avec une verre d'eau dans la main. Elle resta assise en face de lui, le verre dans la main et attendant qu'elle se calme. Son ventre se serra. Elle ne pensait pas qu'il serait dans cet état. Elle s'en voulut alors d'avoir fait ça et de l'avoir gardé près d'elle. Après tout, ce n'était pas que pour Alexiel qu'elle l'avait marqué. Elle le savait pertinemment. Alexiel était un prétexte. Elle ferma les yeux, le verre toujours tendu vers lui, refusant de le regarder.

- Quand ça ira mieux bois le verre...Tu auras moins mal au coeur...

Elle releva les yeux vers lui et le regarda. Cette vision de lui si pitoyable et attristante. Il avait l'air de souffrir à l'intérieur. Elle venait de lui faire la plus grande blessure qu'un être puisse faire à un autre. Elle tenta de se donner bonne conscience en se disant que c'était pour Alexiel mais rien n'y fit. Elle attendit et finalement posa le verre d'eau près de Léandre.

- Pourquoi es tu revenu ?

Elle se posait la question. D'abord parce qu'elle trouvait cela étrange. Ensuite parce que c'était absolument définitif : si il était trop proche d'elle elle ne se sentait pas bien, enfin parce que l'odeur de son sang la ferait forcement dérailler. Elle secoua la tête. Même si elle aurait préféré qu'il ai été dormir chez Alexiel, elle se sentait contente qu'il soit là. Elle n'était plus seule.

- Oui... Bien sur..., dit-elle d'une voix agréablement douce.

A vrai dire Léandre se sentit un peu soulagé. Il n'avait nulle part ou aller. C'était la première fois qu'il ressentait ça. En les abandonnant, il s'était abandonné lui même. De plus, il ne tenait pas être un poids pour Alexiel. Il ne voulait pas que le jeune garçon se sente coupable de son état, alors en attendant, autant rester caché. Léandre appréciait énormément Alexiel, raison de plus pour lui épargner son instabilité émotionnelle. Perdu dans ses pensées et la nuque irrémédiablement courbée vers le sol, Léandre perçut à peine le mouvement de Saki quand elle déplaça son sac. De nouveau, cette sensation anesthésiante avait raison de lui. Comme s’il ne percevait plus rien. C’était à la fois gênant et en même si agréable d’être plongé dans un néant émotionnel. Plus de douleur, plus rien. Uniquement Léandre dans le néant du monde.
Le look agressif de Saki ne l’étonnait même pas.

- pour le travail... D'ailleurs demain tu m'accompagneras...On doit aller voir sheep...

D’ordinaire il l’aurait entièrement dévisagée avec étonnement, seulement il n’en avait pas le cœur. A quoi bon ? Saki disposait de sa vie comme bon lui semblait. Sa réponse n’était qu’un détail dans cette scène surréaliste. Etait-il bien là ? Cette question resta sans réponse, incapable de discerner la réalité du reste. Son regard absent dériva vers la fenêtre. Aujourd’hui le ciel était bleu, d’un bleu pur. Sa famille devait donc voyager sous de bons augures. Et dire qu’il n’avait même pas osé leur accorder un dernier regard…Il s’était enfui, comme un misérable lâche. Il ne valait pas mieux que la vermine qui se répandait dans les rues de City. Léandre ne sentait même plus l’épuisement, uniquement un fardeau qui l’écrasait de tout son poids et cette masse sombre familière qui le griffait et le grignotait de l’intérieur comme un parasite. Se nourrissant de sa substance pour le mettre en pièce, morceau par morceau...

Pour la seconde fois, Léandre se retrouvait complètement seul. La différence c’est que cette fois, c’était de son propre «gré » pour ainsi dire. Mais il n’avait aucun souvenir d’avant, ce qui en soi, était une consolation. Ce qui l’était beaucoup moins c’est que les moments qu’il avait passé avec la troupe le torturerait à jamais. Léandre avait grandi parmi eux, il avait été accepté, alors qu’il n’était qu’un étranger et un poids à son arrivée. Pourtant ces gens du voyage avaient ouvert leurs bras et leurs portes pour l’accueillir comme leur propre fils. Peu importe ses véritables origines, il resterait à jamais un Nightroad et il porterait ce nom avec fierté. Seulement…il les avait quittés. En quelque sorte il les avait trahis. Et même si eux ne l’ignoraient, lui le savait et cela constituait un plus grand crime encore. Lorsqu’il était avec eux, il se sentait heureux, vivant. Il n’avait besoin de rien d’autres que de leur présence et de leur affection. Désormais Léandre n’était plus qu’un maillon perdu, détaché d’une chaîne. Inutile, perdu et seul. Il n’était plus personne, un comme des milliers d’autres….C’est alors que son cœur s’affola, pour se battre contre cette injustice et ce fantôme sombre qui s’agitait dans ses entrailles, se jouant de lui et se délectant du spectacle. Mais rien n’était pire que de ressentir ce remue-ménage dans sa tête qui l’entraînait dans une spirale infernale. Il perdait le contrôle, il ne pouvait plus se contenir. Tout ce qu’il avait réprimé au fond de lui réclamait à présent une juste libération. Le jeune homme ne pouvait que constater et souffrir mentalement et physiquement de cette brusque altercation avec sa propre folie. Il ne pouvait plus rester stoïque c’était trop lui demander. Malgré tout, il luttait de toutes ses forces pour consolider le barrage. C’était une question de survie.

Le visage de Léandre exprimait une profonde panique. Au fond de lui, il savait qu’il n’était pas suffisamment maître de lui-même que pour tout contenir. Chacun possède ses limites, et Léandre se heurtait aux siennes. C’était l’incompréhension totale. En plus de son corps, son esprit le trahissait. Que lui restait-il ? Ses mains se mirent à trembler. Le jeune homme goûtait de nouveau à la peur et la panique qu’il avait délaissées depuis si longtemps. Elle s’était emparée de lui, insidieusement dans un moment de faiblesse. Maintenant l’étendu des dégâts l’effrayait. Léandre…était plein de trous. Comment avait-il pu ignorer ses blessures jusque là ? Ces manques qui appelaient à être comblés, ces sentiments qui criaient pour exprimer les choses les plus honteuses et les plus refoulées.

- Calme toi...met tes mains devant ta bouche et respire dedans. Respire plus lentement...

Saki l’avait emmené jusqu’au canapé et l’avait fait asseoir. Il entendait ses conseils mais était incapable de faire un geste. Cette main de fer avait pris possession de son cœur, rendait ses battements inégaux, tout comme sa respiration. Tout ceci était épouvantablement douloureux. Les conseils de Saki ne serviraient à rien, ce n’était pas normal. Ce n’était pas une simple crise de panique. Saki avait laissé un verre d’eau sur la table. Il devait se reprendre et vite. Avec un peu de chance, il parviendrait à récupérer son sang-froid, malgré cette voix qui lui répétait qu’il venait de dépasser le point de non-retour. Il tenta de maîtriser sa respiration. Il parvint à la synchroniser, même si cette dernière était toujours douloureuse.

- Quand ça ira mieux bois le verre...Tu auras moins mal au coeur...

Léandre n’avait pas mal au cœur. C’était autrement plus profond que ça. C’était sa propre déchéance et il était tellement démuni, qu’il était réduit à y assister sans pouvoir agir. Quelle honte. Quelle pitié.

- Pourquoi es tu revenu ?

Il parvint tout juste à desserrer les dents et à dire d’une voix hachée.

- J’en sais rien.

Il tendit une main vers le verre d’eau posé sur la table. Lors qu’il s’en saisit pour le ramener vers lui. Il ressentit un soubresaut. Ses mains tremblèrent de nouveau et brisèrent le verre d’une rage contenue. Le jeune homme ne maîtrisait pas encore sa nouvelle force. Les éclats de verre s’éparpillèrent sur le sol, ainsi que quelques gouttes de sang. A son image, la sphère qui contenait ces pulsions se brisa petit à petit. Et c’en était finit, il allait bel et bien devenir fou. Revenir en arrière était impossible. Ses longs doigts agités par des tremblements de rage contenue allèrent se fourrer dans ses cheveux blonds, comme pour retenir en vain ce qui s’enfuyait. Le jeune homme se mordit la lèvre et laissa échapper un cri de rage. Sa respiration devint saccadée. Le changement opérait et ses mains se posèrent sagement sur ses genoux. La haine montait en lui comme une tempête, un tourbillon impossible à arrêter. Il était trop faible pour faire quoique ce soit. Toute la haine qu’il avait réprimée remontait désormais à la surface. Ses mains se crispèrent sur ses genoux et il siffla férocement :

- Ne me regarde pas comme ca !
Léandre se releva se toute sa hauteur. Déjà il était perdu. Déjà il n’était plus lui-même. Cette haine mise au placard depuis si longtemps revenait en force et prenait le contrôle. Mais cette colère lui appartenait toujours d’une certaine façon.

- Je t’interdis de me jeter ce regard là !

Pour être sincère ce n’était qu’une manifestation de ces pulsions puissance 1000. Il détestait qu’on le regarde avec pitié. Avec une rapidité étonnant pour quelqu’un qui peinait à bouger quelque secondes plus tôt, il se jeta sur Saki avec l’intention de lui faire mal. Il l’envoya valdinguer contre le mur sans ménagement. La colère transformait Léandre en animal sauvage et cela pouvait très bien se retourner contre lui. Cette rage soudaine augmentait ses forces. Il n’éprouva aucune difficulté à lui attraper les poignets pour la maîtriser. Cette scène avait quelque chose de déjà vu. En comparaison avec la peau de Saki la sienne semblait brûler. Quoiqu’il en soit, cet élan de colère et de férocité semblait avoir entamé une partie de l’électricité malsaine qui régnait en lui. Il relâcha prise autour des poignets de la jeune femme et courba la nuque. Léandre souffrait beaucoup moins, sa respiration était redevenue presque normale…Il aurait pu espérer un quelconque rétablissement de sa stabilité émotionnelle si seulement une autre de ses pulsions n’était pas apparue à ce moment.

Sans doute que son contact brutal avec la peau de Saki l’avait rappelé à l’ordre. Désormais c’était une toute autre chose qui animait le corps du jeune homme. Il releva doucement la tête, pendant un instant ses yeux exprimèrent une sorte de détresse, d’incapacité à réagir. En réalité, il lui demandait pardon. Léandre abritait une autre sorte de flamme à présent. Il avait du souvent lutter contre le magnétisme de Saki et le désir qu’elle lui inspirait. Maintenant c’était l’heure de rendre des comptes. Son visage s’approcha lentement du sien. Leurs nez s’effleurèrent pendant un court instant, ensuite Léandre l’embrassa du bout des lèvres. Il se détacha assez vite. Dans cette attraction, quelque chose luttait encore vainement pour résister. Peine perdue. Ses doigts caressèrent la peau parfaite de la jeune femme et glissèrent le long de ses avant bras. Il l’embrassa de nouveau et s’en détacha immédiatement. Une fois, deux fois, trois fois… Ses doigts glissèrent à présent sur ses paumes et entre ses doigts pour prendre ses mains dans une étreinte. Quatre fois, Cinq fois…L'enchainement s'accéléra, mû par une frénésie irrésisitible. Son cœur battait la chamade et menaçait à tout moment de sortir de sa poitrine. Il sentait son odeur si délicieuse, sa peau si douce… Saki était la tentation personnifiée. Il devait l’avouer. Il la désirait, il éprouvait des sentiments pour elle, ignorant la profondeur de ce qu’il pouvait ressentir. Et c’en était intolérable, plus qu’il ne pouvait le supporter. Elle l’appelait, le narguait sans cesse. Ses lèvres étaient si douces, si proches…Léandre écrasa ses lèvres contre les siennes. Ce n’était plus un baiser anodin. Il l’embrassa longuement avec passion et toute la force du désespoir. Il ne s’agissait plus de simple séduction. Ses bras passèrent autour de la taille de la jeune femme et il l’attira contre lui dans une étreinte. Il l’embrassa jusqu’à en perdre haleine, laissant sa langue se faufiler entre ses lèvres.

C’était étrange mais il éprouvait un soulagement à sentir le corps glacé de la jeune femme contre le sien. Il aimait son contact, même si en réalité, il n’était que passif dans toute cette histoire. Saki…était peut-être la seule femme à lui avoir fait ressenti cela et à avoir réussi à l’enchaîner d’une certaine façon. Elle faisait régner la confusion dans son esprit.

Un phénomène étrange se produisit soudain. Alors qu’il embrassait toujours Saki comme il avait toujours rêvé de le faire, Léandre sentit deux larmes rouler sur ses propres joues. « Un homme ne pleure pas ». C’était comme si il venait de constater le gouffre sans fond d’une tristesse qu’il avait jusque là ignorée. Ca donnait le vertige. Le jeune homme rompit le baiser et étreignit la jeune femme. De cette façon, il pouvait masquer ses larmes. Bien que d’une certaine façon, elles contribuaient à le libérer. Il se sentait apaisé, comme s’il reprenait peu à peu le contrôle de lui-même. Pourtant les mots qu’il prononça ne furent pas vraiment calculés :

-Pardonne moi…J’ai besoin de toi.

Invité

La chose que Saki aimait le plus en ce moment, c'était sentir le pouls de Léandre s'accélérer. Il ressemblait à un petit cheval furieux au galop. Pourtant, c'était un peu inquiétant. Un humain n'avait pas le cœur qui allait aussi vite d'habitude. Quelques chose la frappa soudain, Léandre n'était plus un humain. Elle avait mêlé ses gênes au siens. Désormais, il était un demi vampire et serait
un peu plus dangereux. Elle le regarda se mettre à trembler. Il semblait contenir tout ce qu'il avait emmagasiné jusqu'alors à l'intérieur de lui. C'était effrayant. Saki n'avait jamais été douée avec
les sentiments des gens, surtout avec les siens. Mais là, les voir tout à coup augmenter d'une farandole trop rapide pour qu'elle puisse suivre était véritablement effrayant. Elle ne lisait plus dans les pensées de Léandre, aussi ignorait elle ce qu'il cachait au fond de son cœur. Elle ne savait pas combien il souffrait et combien il avait mal à cause de sa séparation. Elle n'imaginait même pas qu'il ressentait la même chose qu'elle ressentait lorsque petite, elle voyait ses parents partir en lui tournant le dos. Elle ne savait pas qu'il était malheureux à en mourir. Elle ignorait tout cela et se sentait affreusement impuissante. C'était extrêmement frustrant mais aussi très triste.

- J'en sais rien...

Le timbre de sa voix ne rassura absolument pas Saki. Non seulement parce qu'il avait la même voix qu'un homme avec l'air hagard mais aussi parce qu'il tremblait de tout ses membres. Elle le toucha et retira brusquement sa main. Elle venait de se brûler. Peut être contractait il un nouveau pouvoir ? Elle ne le savait pas. Elle le regarda continue à souffrir et ça ne lui faisait pas plaisir du tout. Il tenta de se saisir du verre d'eau posé sur la table et le brisa. Sa nouvelle force faisait des siennes et ajoutée à son trouble et sa perte de maitrise de lui même, il devenait très dangereux. Ça arrivait quelques fois avec les nouveaux nés vampires. Elle resta cependant assise devant lui, c'était sa responsabilité. Elle savait qu'il ne la tuerait pas. Elle ne put cependant empêcher un éclat de pitié percer son regard et ce fut ça qui déclencha tout.

- Ne me regarde pas comme ça !!!

Elle ne comprit pas. Elle se rendit alors compte qu'il la regardait avec une haine sans nom. Elle vit la colère briller dans ses yeux. Elle garda son air froid. Cette fois elle ne laissa filtrer aucune
poussière de pitié. Si il était en colère, il ne fallait pas le contrarier. Dans cet état il était nettement plus fort qu'elle puisqu'elle était affaiblie par son dernier combat avec Gabriel. Elle continua de le regarda espérant que sa souffrance prendrait vite fin. Elle s'en voulait de le voir comme ça. C'était de sa faute...

- Je t'interdit de me jeter ce regard là !

Elle le regarda encore. Elle ne pouvait ni fuir, ni se rebeller, ni le battre. Car pour la première fois de sa vie, Saki fumisawa alias Marie de La Valière était faible contre un homme. Pas la première en fait, la deuxième. La première fois était lorsque Charles l'avait empêchée de se jeter du balcon de sa demeure lorsqu'elle avait douze ans. Elle chassa cette pensée de sa mémoire. Elle n'avait pas peur. Si il devait la tuer, elle n'opposerait aucune résistance. Elle affronterait la mort comme elle l'avait toujours fait. Elle fronça les sourcils en sentant le coup venir. Il la projeta violemment contre un mur et en un instant il la plaqua. Elle hurla de douleur. Il la brûlait. Ses poignets se mirent à fumer. Il ne savait pas qu'il lui faisait si mal. Elle avait mal au coeur, au corps. Deux larmes coulèrent sur ses joues blanches. Elle souffrait. Lorsqu'il la vit il s'arrêta. Il semblait moins souffrant. Lui peut être, mais de nouvelles cicatrices ornaient la peau de la jeune femme et elle mettraient probablement longtemps à
guérir, ayant été produites par un demi-vampire.

- Je...Je suis désolée...

Mais pourquoi elle s'excusait ? C'était elle qui avait mal non ? Oui. Mais lui devait certainement encore plus souffrir qu'elle.Malgré qu'elle ce soit amoindrie en lui faisant du mal à elle. Elle garda son masque de glace. La douleur de ses poignets la mordait et elle cru s'évanouir. Même Gabriel ne lui avait pas fait aussi mal. Peut-être parce qu'elle ressentait un sentiment différent pour Léandre et que ça la
blessait encore plus ? Elle ne le savait pas.

Soudain, elle le vit baisser la tête. Il semblait s'excuser. La seconde d'après, il bondissait de nouveau sur elle. Mais cette fois ce n'était pas pour la frapper. Il s'approcha calmement, comme un enfant qui s'approchait d'un jouet nouveau. Il la regarda, les sourcils légèrement froncés et des gouttes de sueurs dégoulinant sur les tempes. Elle le regarda, envoutée, et emprisonnée. Il l'embrassa rapidement puis reprit la même position. Elle ne bougea pas, interdite. Il recommença l 'expérience quatre fois. L'embrassant puis se retirant brusquement. Il était cependant très doux avec elle, plongeant ses doigts dans sa chevelure, caressant ses doigts et le prenant entre les siens. Il semblait manipuler une fragile poupée de porcelaine. Saki s'était embrasée. Sa température était désormais aussi brûlante que celle de Léandre. Elle réfléchit quelques instants et son esprit s'illumina. Ils étaient en train de se lier. Elle ne savait absolument pas comme il avait fait mais elle reconnaissait la façon de faire. Il l'embrassa alors plus brutalement. Posant sa main sur sa taille et l'attirant vers lui. Son baiser ce fit alors plus passionné et elle le laissa franchir ses lèvres. Leurs langues entamant un ballet endiablé. Elle se laissa aller dans les bras de Léandre. Son coeur lui faisait mal. Ses poignets lui faisait mal, mais à présent elle n'en avait plus rien à faire car elle était dans les bras d'un vampire extrêmement désirable et qui embrassait affreusement bien. Une myriade d'émotion passa alors en elle. Elle avait oublié les baisers passionnés. Tout les sentiments de Léandre la traversèrent. Elle tenta de les refouler mais rien n'y faisait. Ils l'écrasaient, la dominait. Elle ne faisait pas le poids. Elle se vit alors, marchant dans un jardin de ronces. Elle fit un enfant blond au centre, replié
sur lui même et triste. Elle s'approcha de lui en souriant et le prit dans ses bras. Elle ne le laisserait plus seul maintenant. Les larmes de Léandre la réveillèrent. Elle ouvrit les yeux et le vit pleurer. Il stoppa leur baiser et la prit tendrement dans ses bras. Il murmura quelques mots:

- Pardonnemoi...J'ai besoin de toi...

Elle ressentit une profonde douleur dans sa poitrine. Que lui arrivait il ? Une autre douleur vint la saisir au ventre. Pourquoi avait elle si mal ? Juste à cause d'une phrase ? Qui plus est une phrase si douce et remplie de...Remplie de quoi au juste ? Ce n'était pas de l'amour. Non...C'était impossible qu'il puisse l'aimer...Il la haïssait...Il ne pouvait pas être...Elle ferma les yeux. Elle était complètement perdue. Pourtant, elle se mit à sourire et le regarda dans les yeux. Il avait à peu prés retrouvé sa sérénité et son calme. Peut-être grâce à elle, peut être uniquement parce qu'il avait fait ressortir toutes ses émotions. Elle lui sourit de nouveau et murmura à son tour.

- Normal...Je suis née pour toi...Je t'appartiens maintenant comme tu m'appartiens...

Elle effleura doucement sa marque à lui. Elle ne regrettait plus d'avoir fait ça. Elle avait fait ressortir le vrai Léandre et à première vue, ce n'était pas facile. Elle était heureuse. On ne peut plus heureuse. Elle avait cherché longtemps un être comme ça et elle ne le trouvait que maintenant ? Deux cent ans plus tard ? Cela donnait un certain comique à la situation. Sa vie aurait été tellement ennuyeuse. Elle soupira et se pencha vers Léandre pour l'embrasser. Elle aussi avait le droit de se faire plaisir tout de même ! Elle l'embrassa longuement et avec passion puis le relâcha. Désormais, Léandre avait faim mais elle n'avait pas fait de réserves pour lui. Il n'y avait plus qu'une solution, il devait boire un peu de son sang. Elle rit intérieurement, se demanda ce que ça pouvait produire. Elle pensa qu'il fallait faire comme avec les enfants, boire au biberon. Elle se dirigea vers la cuisine, lui tenant toujours la main et un silence régnant dans la pièce.

- tu dois te nourrir maintenant...Tu dois être fatigué et l'eau sucrée ne te donnera pas assez de force...Ce que je fais est exceptionnel. Bois le quand tu le voudras mais bois le.

Elle sortit un petit couteau d'un tiroir et se trancha habilement une veine placée sur son poignet d'où avait disparut – étrangement – toute trace de brûlure. Elle laissa couler le sang dans le verre jusqu'à le remplir aux trois quart puis laissa la plaie se reboucher toute seule. Elle le traîna de nouveau vers elle et l'enlaça. Elle remarqua alors qu'il la dépassait largement. Elle n'avait pas cette impression avant. Elle leva la tête vers lui et le regarda. Elle ne souriait pas. Elle n'arrivait pas à sourire à Léandre car elle s'en voulait encore. Elle se sentait tellement mal. Elle n'arrivait pas à exprimer ses sentiments encore maintenant qu'il lui avait avoué les siens et qu'il s'était dévoilé devant elle. Elle se fit violence. Souffrant de ce manque. De cet handicap qui chaque jour la paralysait un peu plus. Elle baissa les yeux. Il avait dit qu'il avait besoin d'elle. Elle aussi avait besoin de lui. Elle avait même probablement plus besoin de lui que lui d'elle. Mais peut être que....Peut être que...Elle ne le regarda pas et posa sa question.

- Tu vas te lasser de moi...Si c'est le cas...Voudras tu que...Que je te libère ?

Un couple éternel n'existait pas. Vivre ensemble plusieurs siècle serait facile pour elle mais Léandre n'était pas comme elle. Il recherchait sans cesse la liberté. Si il la laissait de nouveau toute seule elle en souffrirait un peu. Elle le serra contre elle. Elle le protègerait jalousement et ce serait son secret à elle. Elle tenta de lui dire qu'il lui manquerait mais elle ne réussit pas, la gêne lui laissant la bouche close. Elle sourit tout à coup et l'embrassa de nouveau. Si ils devaient se séparer, elle serait tout de même heureuse. Elle n'était pas confiante dans l'avenir mais elle croyait au présent.

- En tout cas...Je ne savais pas que je te procurai autant de désir et de sensations...

Elle lâcha cela sur un ton moqueur et se mit à rire. Son doux rire cristallin qui résonnait gaiement dans l'appartement. Elle se rappela alors le fait qu'en l'embrassant il la cherchait. Les cinq premières fois il avait tâtonné et puis ses sentiments avaient explosés et il avait trouvé ce qu'il cherchait. Elle arrêta de rire et sourit. Elle pensa que si elle ne l'avait pas rencontré ce soir là à la rivière Sue, sa vie aurait été beaucoup moins palpitante.

- Heureusement que tu es là idiot...

Léandre l’enlaçait tendrement. La haine s’était dissipée progressivement, il avait l’impression d’avoir épuisé toute sa violence que ce soit dans la colère ou dans ses désirs. Désormais il se sentait faible et exténué mais en paix. Enfin ! La tempête avait pris fin, avait détruit quelques murs mais laissé l’essentiel. Le fragile et le nécessaire. Les larmes qui coulaient le long de ses joues, n’étaient pas des larmes de douleurs. D’abord de tristesse, puis de soulagement. La tempête l’avait laissé en vie, alors qu’il pensait y rester. Finalement il avait survécu…Il subsistait encore des vestiges de lui-même. Ce fut alors au tour de la tristesse de s’éteindre sans un bruit. Léandre sentait son cœur battre de nouveau à un rythme normal, apaisé dans l’étreinte qui le liait à Saki. La jeune femme lui murmura à l’oreille :

- Normal...Je suis née pour toi...Je t'appartiens maintenant comme tu m'appartiens...

Ces mots sibyllins transportaient quelque chose qui ne pouvait pas comprendre encore. Malgré tout, sa voix sonnait comme une douce musique à ses oreilles. Le fardeau qui l’oppressait avait totalement disparu. Il se sentait fatigué mais plus léger. Sans doute que l’explosion était inévitable, à un moment ou autre. Il était plutôt content qu’elle ait surgi à ce moment là. Le jeune homme respirait le parfum de la jeune femme. C’était sans aucun doute une faiblesse que de se laisser aller à de telles démonstrations d’affection mais il n’en avait cure. Saki l’embrassa à la fois tendrement et passionnément. Il sentait son parfum et avait encore son gout sur les lèvres quand elle rompit leur baiser. Presque naturellement Léandre la relâcha pour qu’elle puisse se rendre à la cuisine. Elle s’expliqua.

- Tu dois te nourrir maintenant...Tu dois être fatigué et l'eau sucrée ne te donnera pas assez de force...Ce que je fais est exceptionnel. Bois le quand tu le voudras mais bois le.

Il ne pouvait le nier, il se sentait épuisé aussi bien physiquement que mentalement. Comment avait-elle pu le percevoir ? Léandre assista à la démonstration de Saki, blanc comme un linge. Saki n’était-elle pas encore affaiblie ? Qui plus est, il ne tenait pas à boire son sang, cela ne faisait pas vraiment partie de ses habitudes alimentaires. Il fronça légèrement les sourcils. N’étais-ce pas plutôt à elle de boire son sang ?

- Saki…tu ne crois pas que tu es assez faible comme ça ? Ca ira tu sais…

Certes, il se sentait épuisé mais il tenait toujours debout. Il avait d’avantage besoin de dormir quelques heures plutôt que se repaître du sang d’un vampire. La jeune femme l’enlaça. C’était étrange ce soulagement qu’il éprouvait lorsque son corps glacé se tenait contre le sien. Durant ce phénomène il avait craint de la blesser. Après tout il ne se maîtrisait plus. La jeune femme fuyait son regard. La situation était un peu délicate, mais comparé à la tension de toute à l’heure, c’était un moindre mal que ce malaise. Léandre avait l’impression qu’il se consolaient mutuellement.

- Tu vas te lasser de moi...Si c'est le cas...Voudras tu que...Que je te libère ?

Le jeune homme poussa un soupir et demeura songeur. Se lasser d’elle, c’était probable. Qui sait combien de temps il vivrait encore. Il sentit la prise de Saki se resserrer autour de lui comme si elle craignait qu’il ne s’envole. Il ne disparaîtrait pas il avait encore des choses à faire. Après tout n’avaient-ils pas déjà conclu un accord ? Cet accord dépassait la simple idylle qui existait entre eux. C'était uniquement pour mettre Alexiel hors de danger. Peu importe s'ils se détestaient ou s'ils s'adoraient. Le pacte ne relevait pas de ça. Ses doigts s’égarèrent dans la chevelure noire corbeau de la jeune femme. C’était toujours aussi soyeux. Le jeune homme clôt les paupières, en proie à une réflexion intense. Il finit par rompre le silence.

-Tu m’as promis que lorsqu’ Alexiel serait hors de danger, tu me libérerais. Mais il est trop tôt pour dire ce que je déciderai à ce moment là.

Même si Léandre éprouvait quelque chose de nouveau pour Saki cela ne changeait rien à leur arrangement. Le jeune homme était incontestablement attaché à sa liberté, mais même en étant libéré de cette marque, il pourrait toujours être avec Saki, n’est ce pas ? Ce qui les liait à présent était quelque chose de nouveau dont il ne savait pas quoi penser. Etait-ce positif ou négatif ? Il décida que ce n’était pas vraiment le moment de s’attarder sur ce genre de détails. Le visage de la jeune femme s’éclaira d’un sourire et elle l’embrassa de nouveau. Le jeune homme l’attira à lui d’un seul bras et laissait son autre main caresser la courbe de la nuque de la jeune femme.

- En tout cas...Je ne savais pas que je te procurais autant de désir et de sensations...

Léandre esquissa un sourire fatigué. Il ne la croyait qu’à moitié. Bien sûr l’ampleur de ses désirs l’avait surpris également mais de là à ignorer innocemment qu’il pouvait la désirer, c’était pousser le paradoxe un peu loin. Poussant un soupir de soulagement, il éclata d’un léger rire.

- Maintenant que tu le sais, prends garde en m’aguichant. Tu sais à quoi t’attendre.

Il ignora la remarque selon laquelle il était un idiot et lui adressa un sourire malicieux dont lui seul avait le secret. Ensuite il alla s’allonger paresseusement sur le canapé en poussant un soupir exagéré. Il plaqua une main sur son visage et écarta légèrement les doigts pour observer la jeune femme.

- En tout cas, tu m’as épuisé ! J’ai bien mérité un peu de repos, non ?, lui dit-il avec un sourire mutin.

Invité

Saki était fatiguée. Elle sentait quelques gouttes froides et transparente couler le long de son dos. Pourtant, elle ne laissa rien paraître. Elle sentit ses membres s'engourdir mais tout allait encore bien, tout fonctionnait et elle pouvait marcher tranquillement. Elle laissa le verre rempli de sang sur la table et s'adossa au mur. Tout allait bien, elle ne devait pas l'inquiéter. Il était trop faible. Trop fatigué. Elle entendit une seule de ses pensées et ça suffit à la réveiller. Si elle flanchait les pensées de Léandre rentreraient en elle et elle en souffrirait indubitablement. Elle frissonna. Évidemment, elle avait partagé ses gênes avec Léandre alors forcement lui aussi lui avait passé des siens. Maintenant elle ressentait plus de sentiments qu'avant. Ce n'était pas forcement agréable.

- Saki…tu ne crois pas que tu es assez faible comme ça ? Ca ira tu sais…

Il pensait à coup sur que le sang ne serait pas très bon mais au contraire, il le trouverait délicieux. Non seulement parce que le sang de Saki était issu d'un "pur" comme elle les appelait mais aussi parce que son régime alimentaire était différent maintenant. Elle soupira et souria légèrement. Elle allait devoir lui expliquer que si il ne buvait pas cela il serait en danger et que si il était en danger elle aussi et que ça engendrai une longue procession d'évènements peu agréables.

- Bois le. Maintenant tu n'es plus humain. Ce n'est pas avec un peu de repos que tu iras mieux...

Elle ne pouvait lui mentir à présent. Elle se fourra dans ses bras. Elle sentit les battements de son coeur. Irréguliers forcement. Elle le garda contre lui pendant plusieurs minutes, et lorsqu'il annonça le fait qu'il ne savais pas ce qu'il ferait lorsqu'il serait libre, son coeur à elle parut se détendre. Elle mourait lors de leur séparation. Elle l'avait prévu de longue date et elle ne voulait pas qu'il la voit mourir. Elle était fatiguée de vivre seule. Si elle continuait à vivre et qu'il n'était plus marqué, elle le regarderait mourir et elle savait que si c'était le cas elle ne le supporterait pas. De le voir s'enfermer dans cette vieillesse terrifiante pendant qu'elle conservait sa jeunesse imperturbable. Elle soupira longuement.

- Maintenant que tu le sais, prends garde en m’aguichant. Tu sais à quoi t’attendre.
- En tout cas, tu m’as épuisé ! J’ai bien mérité un peu de repos, non ?

elle l'avait épuisé ? Elle s'étonna. C'était étrange. Elle lui souria. C'était un regard étrange qu'elle lui fit mais rempli de compassion. Elle le détailla du regard. Il semblait avoir changé. Ses yeux étaient légèrement plus sombre. Sa peau un peu plus blanche. Et il était divinement beau. Encore plus beau qu'avant. Elle pensa alors que ce qu'elle avait fait avait des similitudes avec la transformation en vampire. Elle prit la main de Léandre, le regardant dans un sourire triste. Elle ne lui dirait jamais qu'elle mourrait dés lors séparation, car elle savait pertinemment qu'il la retiendrait.

- Oui...Repose toi...

Elle le regarda fermer les yeux. Il ne dormait pas. Elle se leva et se dirigea vers la chambre. Elle ouvrit la porte et se laissa glisser contre le mur. Elle regarda ses poignets et vit avec horreur les brûlures que Léandre lui avait faite accidentellement apparaître. Cela ne lui faisait pas mal mais elle voyait les marques et c'était bien brûlé. Elle sortit un flacon de sa poche et l'avala d'un trait. ça allait déjà mieux. Un peu de sang de fondateur pouvait remonter n'importe qui. La pièce tournait moins et elle reprit peu à peu ses esprits. Elle sortit de la chambre sans faire aucun bruits et se dirigea vers son plan de travail. Elle avait envie de cuisiner un peu. Il fallait bien manger. Elle sortit ce dont elle avait besoin et se mit à confectionner des nems et du bœuf au caramel accompagné de riz cantonnais et d'une sauce aux champignons. En même tant elle observais Léandre. Elle rencontra soudain les pupilles bleutées du jeune homme. Elle pensait qu'il dormait mais ce n'était appartement pas le cas. Elle termina alors son plat et le laissa mijoter tranquillement. Elle se dirigea d'un pas souple vers Léandre et s'agenouilla près du canapé. Il avait refermé ses yeux et elle continuait à le regarder. Elle ne pouvait dormir et c'était un spectacle que la nuit lui offrait. Elle sourit. Sa poitrine se soulevait au rythme régulier de sa respiration et il allait beaucoup mieux.

- bonne nuit gentil mortel...

Elle se leva et alla éteindre ce qu'elle avait mit à cuire. Il y aurait de la nourriture demain. Elle retourna s'asseoir près de Léandre et se plaça dos à lui. Assise sur le sol, il n'était pas froid. Elle regarda le plafond. Sa maison était bien silencieuse tout à coup. Elle n'avait jamais remarqué cela avant car elle vivait seule avec son chat et faisait constamment des activités avec de la musique. Elle trouvait une certaine sérénité dans cette atmosphère. Elle soupira en pensant à son chat. Il était tout seul chez elle. Elle irait le chercher demain. Non pas demain, dés que Léandre serait réveillé plutôt. Elle devait de toute façon récupérer des documents chez elle. Saki avait envie de fumer. Elle sortit une cigarette de son paquet de Malboro et la porta à ses lèvres. Dans sa main droite, un magnifique briquet représentant une guitare. C'était marrant disait elle. Elle alluma la cigarette et inspira les fumées toxiques. Maintenant elle pouvait penser que la vie était bien faites.

Désormais, Léandre se sentait libéré du poids qui pesait sur ses épaules. Il avait l’impression de respirer plus facilement…Malgré tout il restait étonné de la violence et de la puissance des ses pulsions frustrées. Ce genre de choses ne s’était jamais produit auparavant. Bon parfois, cela lui arrivait d’être irritable mais de là à péter les plombs…Encore une de ces choses qu’il devrait tirer au clair un jour, mais pas aujourd’hui, il n’en avait pas l’énergie. Le jeune homme resta interdit lorsque Saki se trancha délibérément pour laisser couler un peu de sang dans un verre. Alors quand elle lui disait de le boire…il pâlit un peu.

- Bois le. Maintenant tu n'es plus humain. Ce n'est pas avec un peu de repos que tu iras mieux...

Le jeune homme fixa longuement le liquide rouge et épais. Ca avait l’air répugnant…Son regard glissa vers la jeune femme et s’y attarda un moment. Boire du sang…Donc il venait de perdre complètement son humanité ? Pourtant il n’avait aucune envie de se jeter à la gorge du premier venu pour lui suçoter la jugulaire. Léandre en conclût qu’il n’était pas totalement vampire non plus. Que faire ? Il leva les yeux au ciel avant de céder. Le jeune homme prit le verre entre ses mains et fixa de nouveau son contenu. L’odeur n’était aussi désagréable qu’il ne l’aurait imaginé. Il lança un dernier regard à Saki et puis se jeta à l’eau. Il porta le verre à ses lèvres et avala une première gorgée du liquide sanguin. Le gout lui frappa le palais. Ce n’était pas mauvais du tout, mais bon sang qu’est ce que c’était concentré ! C’était presque trop sucré, mais au moins c’était supportable. Léandre songea qu’il ne devait pas faire le difficile et esquisser une grimace aurait été particulièrement inconvenant. A la deuxième gorgée, il sentit mieux le liquide couler dans sa gorge, puis dans son estomac. Léandre se sentit repus, comme après avoir avalé un bon repas. Il reposa le verre avec sérénité, cela n’avait pas été si pénible finalement, c’était même plutôt agréable.

Avec un soupir de soulagement, il laissa les bras de Saki l’entourer avec tendresse. Avec un soupir de soulagement il se laissa tomber dans le canapé. Le jeune homme avait eu assez d’émotions pour aujourd’hui, il méritait bien un peu de repos non ?

- Oui...Repose toi...

Léandre adressa un dernier sourire à Saki avant de fermer ses paupières avec lenteur. Sa respiration reprit une vitesse normale et apaisée. Bien que la fatigue prenne le dessus peu à peu, Léandre était encore trop nerveux pour s’endormir. Les choses s’étaient passées à une vitesse…Le jeune homme songeait encore à ce qu’il venait de perdre avec mélancolie. Silencieusement il adressa une prière à sa famille. Faites qu’ils soient heureux tous ensemble et à tout jamais. Le jeune homme se laissa entraîner dans les méandres de son esprit avec une certaine nostalgie. Soudainement, une nouvelle vague de tristesse vint faire son apparition. Pour ne pas se laisser happer par cette mélancolie si tentante, il ouvrit les yeux. Ses prunelles océaniques se promenèrent un peu partout dans la pièce pour dériver sur Saki. A l’odeur qui régnait à présent dans l’appartement, elle devait cuisiner quelque chose de bon. Leurs regards se croisèrent et il ne l’esquiva. Il n’essaya même pas de feindre le sommeil. Dans le regard de la jeune femme, il percevait une sorte de tendresse. C’était étrange… Il aurait voulu approfondir cette réflexion mais le manque de sommeil prit le dessus sur le jeune homme. Ses paupières tombèrent sur ses iris bleus, comme un voile sur l’horizon.

Il fut alors plongé dans un sommeil tellement profond qu’il ne sentait plus son propre corps. Est-ce qu’il était mort ? Dans l’obscurité rassurante qu’il le baignait, des lumières surgies de nulle part l’aveuglèrent un moment. Il se retrouvait sur scène avec son beau costume bleu nuit, fier comme un paon. Le public était dissimulé par l’obscurité, machinalement, Léandre exécuta un de ses numéros. A la fin, il y eut les applaudissements escomptés. Seulement lorsque la lumière révéla le public, il n’y avait personne. En réalité, il se trouvait seul dans l’arène…Et ce simple fait transperça son cœur comme une flèche cruelle.
De nouveau les ténèbres recouvrirent tout, l’enveloppèrent comme d’un manteau. Alors Léandre se retrouva dans un décor inconnu. Il s’agissait d’une toute petite pièce, une chambre sans doute. Il faisait trop sombre pour distinguer quoi que ce soit. La seule source de lumière provenait d’une fenêtre, révélant une lune ronde et brillante. La lumière lunaire traversait la fenêtre pour laisser un grand carré blanc sur un tapis d’une couleur indéterminée et le bord d’un lit. Soudainement, une ombre apparut, masquant la beauté de la lune par sa longue silhouette. L’ombre s’introduisit dans la petite chambre, ne révélant rien d’autre que de sa silhouette noire. Cependant, à ce moment précis, Léandre ressentit une profonde félicité. L’ombre inconnue était là, et il pouvait enfin se réjouir…

Dans son sommeil, la main du jeune homme se referma d’elle-même, comme s’il étreignait quelqu’un, perdu de vue depuis très longtemps. Peu après, il finit par ouvrir les yeux.

Invité

Saki sentit Léandre remuer. Il devait rêver. Elle ouvrit la fenêtre et sortit sur son balcon. Le soleil se levait déjà et les rayons du soleil venaient percer les nuages en les teintant de rose. Saki se dirigea vers un poste de radio qui trainait là et une mélodie rock tranquille passait. Elle la laissa allumée et prit bien garde à ce que ça ne réveille pas Léandre. Il dormait comme un bébé, aucun risques. Elle alla ensuite dans sa salle de bain où elle prit une bonne douche tiède, l'été étant presque là, les journées à city étaient presque digne des canicules. Elle sortit en peignoir après avoir nettoyé et dans sa chambre, laissa glisser le vêtement de ses épaules. Elle était nue. Elle se regarda dans un miroir. Elle était trop mince, il lui fallait prendre du poid afin de ne pas risquer une autre crise d'anémie. Elle irait faire le plein de sang frais d'animal avec Léandre dés que la faim reviendrait. Elle se dirigea vers une grande armoire en ébène où étaient incrustés des pierres bleutées. Elle l'ouvrit et enfila rapidement des sous vêtements noirs. Ensuite, elle mit un baggy noir en jean et un débardeur noir qui moulait le haut de son corps. Elle rajouta des chaines en métal sur le baggy, enfila des bracelets en argent sur ses poignets et des perles rouges sang autour de son cou. Les pierçings qu'elle arborait n'avaient pas changés. Elle sortit de sa chambre et s'accouda de nouveau au balcon. Il manquait quelques chose dans cet appartement...Hidéki ! Elle disparut du paysage pendant quelques minutes et réapparut. Elle tenait dans ses bras un chat blanc, rayé de noir. Ses yeux étaient verrons, un vert, un bleu. Elle posa le chat sur le sol et celui-ci se mit à feuler en découvrant Léandre sur le canapé. Saki émit un petit rire amusé. Son chat était désespérement jaloux. Elle regarda le chat se pencher vers Léandre et ouvrir la gueule pour le mordre. Elle le saisit et l'emprisonna.

- Non Hidéki... Il ne faut pas le manger...

Le chat fit la moue. Il n'avait pas l'habitude que Saki lui refuse une petite friandise. Il bouda quelques minutes mais voyant que sa maitresse allait se ressoir près de cet inconnu, il accouru sur ses genoux pour surveiller. Hidéki regarda sa maitresse. Pourquoi s'intéressait elle soudain à cet humain ? Il n'était pas beaucoup plus différent que les autres et puis en plus il puait le vampire et le sang. Hidéki plissa le nez en bondissant sur le torse de Léandre. Il devait en avoir le coeur net. Il vit sa maitresse sourire puis tourner le dos en disparaissant dans une pièce. Il écarta le col de Léandre et découvrit la tache. Elle l'avait marqué ? Bizarre. Ce n'était pas son genre de marquer un humain. Peut-être qu'elle se servait de ce type comme passe temps. Il devait le prévenir ce type. Il ne voulait pas qu'il lui vole sa maitresse. Il s'allongea sur le torse du jeune homme et le regard dormir. Sa poitrine se soulevait tranquillement. Hidéki pensa que cet pourriture allait regretter de lui avoir piqué sa maitesse adorée.

Pendant ce temps, Saki était revenue et s'était assise en tailleur adossée au canapé. Elle était de dos et ne voyait donc pas les petites minauderies d'Hidéki mais elle sentait son souffle dans son cou et ça lui faisait plaisir. Il vint lui faire un calin puis alla se reposter comme une petit soldat sur le torse de Léandre. Elle, sortit un plan de la ville. Une autre rue bifurquait pour aller dans les quartiers qu'elle cherchait. Ce serait assez simple mais il faudrait attendre le réveil de Léandre, l'entrainer un peu et lui demander si il avait faim. Elle sortit ensuite son ordinateur et se mit à chercher et chercher encore dans les ordinateurs de la famille Edgeworth. Elle tomba sur quelques chose de très intéressant. Des archives ainsi qu'un grand tableau familial. Elle regarda là où étaient sencés être les parents d'Alexiel. La mère de celui-ci était très belle. La photo du père avait été noircie. Seul le nom figurait : Rosiel Hawtharn. Ce nom tilta aux oreilles de Saki et lui prodigua d'intenses frissons. Des images envahirent son esprit. Des viet' des morts, des massacres. Elle, avec son épée dans les mains. Eux, la menant elle et ses semblables comme des fières toutous.

flash back

- Hé toi là ! Oui toi ! La fille aux cheveux blonds !

Une homme aux longs cheveux blonds et aux yeux bleus la fixait. Deux ailes blanches sortaient de son dos et il se tenait devant elle et les autres avec cet air supèrieur collé à son visage. Elle, était vêtue de vêtements militaires et une épée japonaise était attachée dans son dos. Ses vêtements étaient maculés de boue et son visage était lui aussi très sale. Elle regarda le viel homme qui était agenouillé près de l'ange. Quel horrible chose. Elle regarda le paysage autour d'elle. Tout n'était plus que ravages et désolation. C'était le premier jour qu'ils combattaient et déjà elle avait la nausée de faire ça. L'ange lui fit un sourire goguenard puis lui envoya une claque magistrale sur le visage. Elle entendit les sifflements des autres. Leur colère. Elle se releva et le regarda de nouveau, son regard ne traissaillant pas. L'ange tréssaillit. Il ne se démonta pas pour autant.

- Est-ce vrai que tu as refusé de combattre aujourd'hui ? Que tu as refusé de tuer ? Que tu as protégé ?

Saki hocha la tête. Elle ne voulait pas massacrer les gens. Ce n'était pas sa guerre. Elle ne voulait pas ça. Elle ne voulait pas tuer ces gens innocents. Elle était plus forte que lui et il le savait pertinnement, seulement, il avait quelques chose à elle et elle ne pouvait se permettre de le perdre. Elle foudroya l'homme du regard. Elle refuserait quand même de se battre. On l'avait capturée, on lui avait enlevé son bien le plus cher au monde et on l'obligeait à combattre des gens qui ne pouvaient pas se défendre.

- espèce de...grogna l'homme.

- Arrête !

Une voix s'était élevée. Un vampire sortit de la foule de ses compagnons. Elle apprendrait plus tard qu'il s'appelait Aaron. Il se plaça devant elle et domina l'autre de toute sa hauteur, le dépassant d'au moins dix bons centimètres.

- Si tu la touches nous nous rebellerons contre toi et tu ne pourras plus rien faire. Laisse la partir pour cette fois. Elle fera le travail comme nous.

Il avait parlé d'une voix claire et nette. Il la défendait. Elle allait protester, quand elle entendit dans sa tête des murmures. Des voix qui lui disaient de se tenir tranquille et qu'il arrangerait le reste. Elle ne bougea pas et l'ange finit par les laisser regagner le rang. Le vampire lui sourit puis passa maladroitement sa grosse main caleuse sur la joue de la jeune fille en lui demandant si elle avait eu mal. Elle répondit que tout allait bien. C'était sa première rencontre avec Aaron, mais aussi celle avec le père d'Alexiel. Elle avait entendit la pourriture crier.

- En rang !

Ils s'étaient tous inclinés comme de bons petits soldats et le nom qu'elle avait entendu était resté encré dans sa mémoire car non seulement cet homme était un ange, mais aussi parce qu'il rayonnait beaucoup plus que les autres. Sa voix était froide et il déclara d'un ton peu amène.

- Je suis Rosiel Hawtharn...Votre nouveau chef de commandot.

Fin du flash-back

Saki fronça les sourcils. Alors cet homme était le père d'Alexiel ? Il devait s'être rangé pour procréer une fils. Elle l'espérait. Cet homme sous ses allures froides s'était finalement révélé être le plus sympathique et le plus "humain" des gardiens. C'était lui qui leur apportait de la nourriture lorsqu'ils avaient faim et c'était aussi lui qui les soignaient avec ses pouvoirs de guérison. Les mêmes que possédait Alexiel. Elle se tourna vers Léandre et le regarda dormir. Il avait cessé de rêver. Elle ne devait pas lui parler de ça. Pas tout de suite du moins. Sa vie était trop longue et elle n'était pas vraiment prête à parler de tout ça. Elle soupira. Il faudrait bien un jour pourtant. Elle vit Léandre se retourner et Hidéki tomber derrière. Elle éttouffa un rire pendant que le matou reprenait sa place et passa une main sur la joue du jeune homme. Il ouvrit lentement les yeux et elle murmura doucement un:

- Bonjours. Bien dormi ?

Il lui tenait la main. Il l'avait attrapée dans son sommeil et elle n'avait pas eu le coeur de lui faire lâcher prise de peur de le réveiller. Elle souria de nouveau et se rappela la présence du chat. Le chat en question descendit de sa monture et alla s'asseoit sur les genoux de Saki. Celle-ci sourit et se remit à parler.

- Je te présente Hidéki. C'est mon ami depuis deux cent ans...Ma seule compagnie...

La silhouette sombre dans cette petite chambre n’avait rien d’hostile. Au contraire, c’était comme si il l’avait attendu depuis très longtemps et avec impatience, le retour d’un vieil ami. Ce sentiment était si fort… Mais lorsque l’ombre pénétra enfin dans sa chambre et dévoila ses quelques contours, il fut de nouveau plongé dans les ténèbres anesthésiantes.

« …Mais si ma voix venait à faiblir à tes oreilles et si mon amour disparaissait de ta mémoire, alors je reviendrai, et même si la mort devait me dissimuler, et le plus grand silence m’envelopper, je chercherai à me faire comprendre. Et je ne chercherai pas en vain. Sache donc que du plus grand silence je reviendrai.
Car quelles distances l’amour peut-il parcourir qui ne soient pas dans cette immense sphère ?
Voici ce dont j’aimerai que tu te souviennes quand tu te souviendras de moi :
Ce qui paraît le plus faible en toi et le plus déroutant est le plus fort et le plus résolu.
Si seulement tu pouvais entendre le murmure de ce rêve… * »

Le jeune homme ouvrit lentement les yeux. Après quelques heures de sommeil il se sentait beaucoup mieux, plus serein… Bien que lorsqu’il découvrit le décor, il ne put s’empêcher de ressentir un pincement au cœur, signe d’une profonde déception. Il se trouvait bien dans l’appartement de Saki. Léandre poussa un soupir. Il se trouvait encore dans les limbes du rêve et ces derniers s’envolaient comme d’insaisissables papillons. Il ne pouvait que les regarder s’enfuir. Léandre se souvenait rarement de ses rêves, uniquement de ses cauchemars. Pourtant, certaine nuit il se réveillait avec un sentiment particulier. Maintenant, en l’occurrence, il éprouvait une certaine félicité bien qu’accompagnée d’une légère déception teintée de mélancolie. Il mit ça sur le compte du départ des Nightroad. Bien entendu le jeune homme ne conservait aucun souvenirs de l'ombre lunaire, et encore moins du murmure de l'inconnu. La main glacée de Saki vint effleurer sa joue.

- Bonjour. Bien dormi ?

Ses paupières s’ouvrirent un peu plus, dévoilant le bleu céruléen de ses yeux. La couleur de ses iris avait sensiblement changée. Tout comme sa peau avait pâli, ses prunelles étaient plus contrastées et nuancées. En regardant bien à l’intérieur on pouvait distinguer un tout petit cercle mauve, entourant la pupille. Il adressa un sourire à la jeune femme.

- Bien, merci.

Il s’apprêtait à lui retourner la question mais se ravisa. Après tout les vampires ne dormaient pas. Léandre se rendit compte qu’il serrait doucement la main de Saki. Il la relâcha, embarrassé par les libertés que son corps s’octroyait durant son sommeil.

- Oups, désolé.

Sa main alla se fourrer dans ses propres cheveux pour les agiter comme il le faisait chaque matin. Il aimait faire ça, sans aucune raison. Léandre se redressa dans une position un peu plus adaptée au dialogue
Le regard du jeune homme glissa vers la boule de fourrure qui reposait sur les genoux de la jeune femme.

- Je te présente Hidéki. C'est mon ami depuis deux cent ans...Ma seule compagnie...

Sa seule compagnie depuis deux cent ans ? Elle le charriait là non ? Et puis un chat ne peut pas vivre aussi longtemps…A moins évident qu’il en s’agisse d’un chat vampire ! Décidemment plus rien ne pouvait le surprendre. Léandre aimait bien les animaux et avec franchise, il avait une légère préférence pour les félins et leur grace légendaire. Auparavant, il avait eu l’occasion de côtoyer de gros félins comme des tigres et des lions. Il aimait bien les regarder et leur prodiguer quelques caresses. Et puis les chats sont des tigres miniatures, ce qui ne faisait que leur ajouter du charme. Il approcha donc sa main d’Hidéki pour le caresser, confiant et souriant.

- Bonjour minou !

Au moment où il allait toucher sa douce fourrure, l’animal s’écarta vivement en poussant un miaulement rauque suivi de sifflements hostiles. Le jeune homme ôta prestement sa main de la portée des dents acérées d’Hidéki. Bon ben…apparemment il ne l’aimait pas. Etait-ce de la possessivité animale ou bien le considérait-il simplement comme un étranger ? Toutefois, il jugea préférable de ne pas laisser traîner ses doigts n’importe où en sa présence, refroidi par cette animosité. En réalité ce chat en imposait… Non mais ! Il n’allait quand même laisser ce chat dicter sa loi ! Il chassa cette pensée de son esprit. Léandre massa un moment son épaule. Elle ne lui faisait plus mal, c’était déjà ça. Déterminé à ne pas laisser son regain d’optimisme s’épuiser, il leva hors du canapé et s’étira. Le soleil brillait encore, il avait du dormir quelques heures, pas plus. Le jeune homme se tourna vers Saki avec le sourire aux lèvres.

- En tout cas…merci de m’avoir laissé dormir. Puis-je t’abandonner à nouveau pour prendre une douche ?

[ *inspiré de Khalil Gibran, Le prophète ]

Invité

Saki avait fermé son ordinateur et était restée interdite. Elle devrait peut être se battre maintenant. Après tant d'années. Elle devrait se battre contre cette ordure mais elle n'en avait aucune envie. Elle savait qu'il jouerait sur ses sentiments mais de ce côté, elle restait parfaitement insensible. Comme si le déluge de sentiments dont l'avait aspergée Léandre l'avait laissée tranquille et sereine. Elle n'était plus préoccupée par les mêmes choses. Désormais elle ne se sentait plus mal quand elle pensait à sa stérilité vampirique ou encore au fait qu'elle était morte. En fait, le fait d'être morte ne l'avait jamais dérangée. Elle soupira. Ressasser tout ça ne lui faisait pas plaisir. Pourquoi devait elle retrouver ces vieux souvenirs. "Sword" un nom qu'elle n'avait plus prononcé depuis longtemps. Son patronyme lorsqu'elle était dans le commando de Rosiel. Elle siffla. Elle ne pardonnait pas à cet homme d'avoir tué Aaron. Jamais elle ne lui pardonnerai et si il voulait lui retirer Alexiel, elle l'en empêcherait. Elle savait ce qu'il avait en tête. A l'époque, elle ne lui avait jamais révélé - ni à quiconque d'ailleurs - son pouvoir de lire les esprits. Elle savait ce qu'il prévoyait de faire avec son fils. Si elle avait su que ce fils était Alexiel, elle aurait tué ce type quand il avait reçu la balle de Greed dans le ventre. Greed qui était mort pour lui permettre de s'enfuir. Elle n'avait plus qu'une photo de ses anciens camarades. Il y en avaient des vivants qu'elle n'avait jamais revue, d'autres qui étaient morts. Elle savait que Greed l'avait aimée, mais elle n'avait jamais répondu à ses sentiments. Il était son ami. Greed était le genre d'homme impulsif mais ayant un grand coeur. Il possédait une chevelure noire corbeau et des yeux rouges qui flambaient dans la nuit. Elle se souvenait encore de son pouvoir : le feu. Il pouvait faire brûler tout ce qu'il voulait. Il maniait le feu comme un enfant avec son jouet.
Elle sentit la main de Léandre se serrer puis il se réveilla.

- Bien, merci.

Elle venait de lui dire bonjours et elle retrouva le peu de sourire qu'elle avait. Il remarqua alors qu'il tenait sa main glacée dans ses mains chaudes. Il la lâcha brusquement et s'empourpra légèrement. Il s'excusa, gêné.

- Oups, désolé.

Saki lui assura que ce n'était rien. Elle ferma les yeux et replongea ses pensées dans l'ordinateur. Elle ne pouvait pas le croire. Elle posa l'engin à côté d'elle et regard Léandre. Il semblait avoir passé une nuit agréable et elle vit qu'il venait d'hésiter à lui demander si il en avait été de même pour elle. Elle sourit. Difficile de vivre avec quelqu'un qu'on ne connait pas mais qui lit en vous comme dans un livre ouvert. Elle soupira et se leva gracieusement puis se dirigea vers le balcon.

- Bonjour minou !

Léandre venait donc de faire connaissance avec Hidéki. Le jeune homme lui tendit une main sympathique mais le chat se mit à feuler et montrer les dents. "Jaloux" pensa t-elle. Ce n'était pas la peine de s'énerver comme ça. Elle émit un sifflement à son tour et le chat baissa ses oreilles en couinant. Il s'excusait auprès de Léandre et c'était très bien. Elle lui transmis les pensées de son compagnon d'infortune puis son regard revint vers le soleil levant.

- En tout cas…merci de m’avoir laissé dormir. Puis-je t’abandonner à nouveau pour prendre une douche ?

Elle sursauta. Il venait de la sortir de ses songes en disant "douche". Elle avait pensé à un truc bizarre. Elle resta de dos, son visage rougissant - encore plus bizarre - et ne s'arrêtant pas. Elle ne savait pas ce qui se passait mais ce n'était pas normal du tout. Comment pouvait il faire ça sur elle ? C'était odieux ce qu'elle pensait ! En même temps, elle avait bien le droit de fantasmer de temps en temps. Elle resta de dos et balbutia un rapide:

- Euh...oui. Bien sur...C'est à gauche...

Elle ne bougea pas et ne l'entendit pas bouger. Elle se reperdit dans ses pensées, le regard fixé vers l'azur. Pourquoi le passé la rattrapait elle ? Elle n'avait pas envie de rencontrer cet homme. Il avait fait souffrir des gens et elle ne voulait pas le recroiser de nouveau. Malheureusement, il voulait faire du mal à Alexiel et ça elle ne pouvait l'accepter. Comment faire ? Il fallait pourtant bien qu'elle le défende non ? En tant que "prétendue" mère. Son regard se voila. Elle ne pouvait pas reproduire le sentiment d'un mère. Pourtant, c'était Alexiel qui l'avait appelé "maman". Elle n'avait jamais essayé de remplacer sa mère et ne se considérait même pas encore comme tel. Elle n'acceptait pas cette responsabilité. Pas encore...

- Je ne peux pas...Sachant que mes jours sont comptés...

Elle avait murmuré pour elle même. Elle ne pouvait pas faire des promesses qu'elle ne pourrait peut être pas tenir. Elle avait décidé de se qu'elle ferait bien avant qu'il la désigne comme mère. Elle ne pouvait pas uniquement changer ses plans pour lui. Surtout parce que c'était lui. Il faisait partit de cette raison qui la poussait d'autant plus à vouloir mourir. Elle savait quoi faire et comment. Elle ferma les yeux. Elle se battrai contre Rosiel, le tuerai, puis tout serait fini. Son regard se durcit. Elle mourrai avec cette infâme vermine. Hidéki vint se frotter à sa jambe en ronronnant. Elle ne voulait pas le laisser mais c'était un chat. Il n'éprouvait pas les mêmes sentiments qu'un humain. Il ne s'attachait pas. Hormis peut être à elle. Elle lui caressa la tête et lui sourit.

- Si tu veux me suivre tu sais quoi faire...

Elle savait qu'Hidéki la suivrait même dans la mort. Ils feraient le chemin ensemble, l'un trottant, l'autre marchant. Elle secoua la tête. Pas la peine de penser à cela maintenant. Elle regarda l'horizon. Elle se battrait jusqu'au bout avec cette épée qu'elle avait gardée jusqu'à aujourd'hui. Elle soupira. Peut-être ne devait elle pas se mêler de ça. Ce n'était plus son combat à présent n'est-ce-pas ? Elle entendit le hurlement d'Aaron dans sa tête et sa colère ressortit. Elle n'oublierai pas ses amis. Elle les vengeraient. Elle tuerait Rosiel. Il n'était qu'un ange. Pas immortel donc. Elle souria. Ses amis seraient vengés et elle aussi d'une certaine manière. Hidéki apparut sur son épaule et se mit à ronronner. Elle lui caressa la tête.

- Oui Hidéki...Nous allons tuer ce soir...

Saki avait l’air absorbé par son écran d’ordinateur et le secours de Léandre ne viendrait surement pas d’Hidéki qui devait le prendre plutôt pour un rival. La réaction de Saki fut inattendue. Même de dos, il put la sentir embarrassée. Quoi il avait dit quelque chose de particulièrement gênant ? Saki n’était quand même pas une de ces filles pudibondes, rougissant de honte à la moindre palabre « indécente » ? Elle bredouilla :

- Euh...oui. Bien sur...C'est à gauche...

Léandre retint une envie de rire. Son attitude était particulièrement drôle et il était un peu surpris qu’il puisse avoir engendré une telle réaction. Un sourire étira ses lèvres et il lui murmura un « merci » d’une voix veloutée juste pour tenter d’accentuer son trouble. Le jeune homme se leva, récupéra quelques affaires et trouva la salle de bain sans trop de difficultés. Elle était spacieuse et bien équipée. Il commença à déboutonner sa chemise quand son regard croisa le miroir, juste devant le lavabo. Le jeune homme s’arrêta net, s’en approcha et fixa son reflet à quelques centimètres de la glace. Avec précaution, il dénoua le ruban qu’il portait autour du cou, révélant ainsi sa propre marque. Il l’effleura du bout des doigts. Il la sentait sur sa peau, qui d’ailleurs, avait une teinte plus pâle que d’ordinaire. Il fronça les sourcils en remarquant la nuance mauve autour de ses pupilles. Ce n’était pas là avant, il ne pouvait pas se tromper. Est-ce que l’imprégnation était l’origine de tout ça ? C’était encore plus étrange que de s’alimenter avec du sang… Pris d’un doute, il ouvrit la bouche. Non pas de crocs. Voilà qui était réconfortant !

* C’est pas comme si tu t’apprêtais à devenir un monstre ! Tu l’es déjà d’une certaine façon*

Monstre. Il avait craint qu’on le nomme ainsi si on apprenait son lourd secret, qui n’en était plus un désormais. Qui sait si les Nightroad l’auraient accepté ? En tout cas, ses facultés ne risquaient pas de lui causer du tort ici. Résolu, il se débarrassa du reste de ses vêtements et prit une douche. Le jeune homme laissa l’eau couler encore un petit moment. Il aimait sentir le liquide chauffé à 50 degrés s’écouler le long de sa nuque, de son dos et de son torse. Propre comme un sou neuf, il sortit tranquillement de la douche, en quête d’une serviette. C’était particulièrement amusant de voir sa peau émettre des volutes de fumée à cause de la différence de température. Une fois sec, il passa ses sous-vêtements et sélectionna soigneusement le reste de sa tenue. Malheureusement (ou heureusement ?), il n’avait rien dans sa garde-robe qui aurait pu s’accorder avec le nouveau look agressif de Miss Fumisawa. Il choisit donc un simple pantalon noir et une chemise blanche trop grande, aux manches trop longues. Pratiquement toutes ses chemises « normales » étaient trop grandes. Car vu la taille de l’énergumène et sa petite carrure, les chemises plus seyantes lui arrivaient au dessus de la ceinture…Et puis, ca lui donnait un air décontracté. Après s’être brossé les dents (et avoir encore vérifié que ces dernières ne devenaient pas acérées), le jeune homme rangea quelques affaires dans son sac et ouvrit la porte de la salle de bain juste au moment où…

- Oui Hidéki...Nous allons tuer ce soir...

Ca faisait…machiavélique. Pendant un moment, Léandre s’était cru dans le dessin animé ou deux souris de laboratoires complotaient pour conquérir le monde. Excepté que là il s’agissait d’un meurtre et que connaissant Saki, ce n’était pas des paroles en l’air.

- Tu comptes déjà te débarrasser de moi ? dit-il sur le ton de la plaisanterie.

Il alla la rejoindre sur le canapé et Hidéki décampa aussitôt. Saki avait la mine sombre et songeuse. Quelque chose devait la préoccuper cela ne présageait rien de bon. Léandre enlaça la jeune femme par la taille et lui susurra à l’oreille :

- Dis-moi, qu’est ce que tu complotes ?

D’un côté, le jeune homme savait qu’il était là pour soutenir le fer de lance qui sauverait Alex, mais si jamais Saki était prise d’une folie meurtrière, il l’arrêterait sans hésiter. Il l’avait déjà vu faire et savait de quoi elle était capable.

Invité

Hidéki avait toujours été là. De très loin qu'elle se souvienne, Saki avait toujours été soutenue par le petit animal. Même après sa mort et sa transformation en vampire, il l'avait épaulée comme l'aurait fait un ami. Elle avait une totale confiance en lui et ne craignait pas les autres. Elle pouvait compter sur un allier de choix. Hidéki était un redoutable prédateur. Ses capacités avaient augmentée lorsqu'il avait été transformé en chat-vampire. Elle regarda son ami à quatre pattes, une souris dans la gueule. Il posa la petite souris sur le sol puis détala. bien sur, la pauvre bête n'avait plus de sang dans les veines, le chat ayant repu son macabre appétit. Elle soupira. Le soir était si loin et en même temps si proche. Elle sentait que quelques chose de mauvais allait arriver. Elle voulait éviter cette confrontation mais en même temps, elle savait qu'elle n'avait pas le choix. C'était son passé contre Alexiel. Sa vie de vampire était beaucoup plus calme avant. Que c'était il passé pour que tout bascule ainsi ? Alexiel était il un aimant à danger comme il le pensait lui même ? Elle tourna quelques minutes dans l'appartement. Ce n'était pas possible. On n'était pas un aimant à problèmes. C'était tout bonnement grotesque et impossible. Et pourtant...Ce garçon était poursuivie par une poisse impossible à définir. Chaque fois que quelqu'un apparaissait en ville, c'était sur lui que la créature jetait son dévolu.

- Tu comptes déjà te débarrasser de moi ?

La voix de Léandre la sortit de ses pensées. Elle sourit. Il avait le don d'être drôle au moins. Elle sentit les mains de Léandre passer autour de sa taille et il la prit contre lui. Elle aimait leur contact. Elle redoutait encore plus ce soir car si elle était blessée Léandre souffrirait en même temps qu'elle.

- Rassure toi...Je ne suis pas encore lassée...

elle avait dit cela sur le ton de la plaisanterie. Bien évidement puisqu'elle pensait une toute autre chose trop embarrassante à dire et qu'elle préférait garder à l'intérieur de sa petite personne en laissant ses fantasmes sur son compagnon au placard. Certes, le corps de celui-ci était très attirant et leur position n'en était que plus avenante, mais l'heure était grave et n'était pas au batifolage. Elle rit intérieurement. Ce n'était pas son genre d'avoir des fantasmes.

- Dis-moi, qu’est ce que tu complotes ?

Ce qui énervait beaucoup Saki, c'était d'être si transparente. Elle arrivait à tout cacher mais pas après une nuit comme elle venait de passer. L'océan de sentiments de Léandre qui l'avait submergée l'avait un peu plus affaiblie et en plus de la blessure de Gabriel, tout cela n'arrangeait pas son état. Elle pensa un moment à se reconvertir en bonne sœur mais changea aussitôt d'avis en se rappelant soudainement qu'elles ne pouvaient avoir de relations avec l'extérieur et qu'elle devaient prier dieux et les "anges" tout les jours.

- Ce soir je pense que je vais revoir une vieille connaissance mais je ne souhaite pas du tout la revoir...

Elle fit une pause. Etait ce bien prudent de tout révéler maintenant ? Oui, bien sur que oui. Si il allait avec elle il devrait être au courant de ce qui se passait. Elle se retourna face à lui et l'enlaça, laissant reposer sa tête sur le torse de Léandre. Elle ferma les yeux puis les rouvrit et les releva vers lui. Elle planta ses iris dans les yeux bleus de Léandre. Ses yeux à elle qui étaient à présent teintés d'une couleur rouge sang parsemée de rouge sombre.

- C'est le vrai père d'Alexiel...Je ne le savais pas avant mais on se connait depuis pas mal de temps...

Depuis combien de temps cette guerre était elle finie ? Saki ne le savait plus. Elle ne comptait plus les années qui la séparait de ça. Elle ferma les yeux de nouveau et inspira longuement. L'odeur de Léandre était un peu fruitée. Il y avait du savon là dessous. Le sang sentait éternellement bon comme d'habitude, mais le corps du jeune homme sentait lui aussi un doux parfum agréable au nez. Saki fit un sourire. Cette odeur lui rappelait celle qui trainait sur les vêtements de Léandre d'habitude. Peut être une odeur naturelle ? Peut-être l'effet d'u produit qu'il dissimulait dans ses vêtements ? Saki ne voulait pas le savoir. Elle resta dans les bras de Léandre quelques instants puis le lâcha et se retourna vers le ciel où le soleil avait complètement émergé de l'horizon. Elle savait ce qu'elle ressentait en ce moment et elle murmura quelques mots pour s'exprimer.

- Je...J'ai peur tu sais...

Peur d'être impuissante ? Peur de se retrouver en face de cet homme ? Peur de perdre ? Peur de mourir ? Peur de perdre les êtres qu'elle aimait ? Elle n'en savait rien. Tout ce qu'elle savait c'était qu'à l'intérieur d'elle, elle était véritablement morte de peur.

Le corps de Saki contre le sien, même glacé, lui procurait des sensations agréables. Elle était si douce…Depuis la nuit dernière les choses avaient évoluées, ou dégénérées d’une telle façon qu’il ignorait quelle attitude adopter. Léandre avait opté pour la plus simple, celle qui venait le plus naturellement…Et si le trouble du jeune homme s’était nettement apaisé, celui de la jeune femme semblait au contraire avoir crû. Est-ce qu’un système de balance existait entre eux deux ?

- Rassure toi...Je ne suis pas encore lassée...

Léandre esquissa un sourire. Malgré sa mine sombre, Saki n’avait pas perdu le sens de l’humour. Cependant quelque chose la tourmentait, la préoccupait. Que pouvait-elle bien lui cacher ? Il ne s’attendait pas à ce qu’elle lui avoue la vérité sur tout, il ne préférait pas. Néanmoins, si il s’agissait d’Alexiel, Léandre estimait avoir le droit de savoir. La jeune femme mit un petit moment avant de parler.

- Ce soir je pense que je vais revoir une vieille connaissance mais je ne souhaite pas du tout la revoir...

Cette réponse laconique ne le satisfaisait évidemment pas. Saki se retourna vers lui et s’appuya sur son torse. La peau de Léandre était encore chaude de sa douche à 50 degrés. Il eut l’occasion d’humer l’odeur de ses cheveux. Maintenant que son odorat était beaucoup plus développé, il distinguait une légère odeur. C’était quelque chose d’étrange…C’était à la fois floral et sucré mais en même temps…Il y avait quelque chose qu’il ne pouvait définir encore.
Les iris autrefois argentés de Saki avaient pris une teinte sanglante et inquiétante. Avec son look gothique et ses cheveux foncés, elle ressemblait d’avantage à une adolescente. Elle avait l’air si jeune…Pas étonnant que le type de l’autre soir l’ait pris pour son frère. Et malgré cela, comment ne pas la désirer ? Les vampires possédaient une sorte de grâce… La jeune femme poursuivit ses aveux.

- C'est le vrai père d'Alexiel...Je ne le savais pas avant mais on se connait depuis pas mal de temps...

Léandre se figea. Le mot père le crispait déjà songeant à l’homme qui l’avait élevé comme son fils. Mais lorsqu’il comprit qu’il s’agissait du père d’Alexiel, il s’était figé. Elle le connaissait ce type ? Et d’où ? Celui qui le laissait seul, qui l’avait abandonné ? Cette ordure qui ne méritait pas son fils ? Un ombre haineuse passa dans son regard bleu. Il n’y avait pas de mort assez fort pour définir ce genre d’individu. Saki apaisa sa haine en une seule inspiration. Car oui, ce fut comme si elle l’inspirait tout entier.

- Je...J'ai peur tu sais...

Cette phrase paraissait irréelle. Saki connaissait la peur ou bien c’était lui qui lui avait refilé. La peur…quelle plaie. Elle vous paralyse de terreur et vous laisse faible et pitoyable comme un rat. Hésitant face à l’obstacle. Elle avait peur du père d’Alexiel ? Etait-il si monstrueux ? Sans doute, Léandre en ferait son affaire plus tard. Pour le moment il serra Saki tout contre lui, comme pour la protéger. Il réprima le désir qui montait en lui et caressa simplement la chevelure ébène de la jeune femme avec tendresse. Elle avait l’air si fragile…Quelle illusion. Elle était bien plus forte que lui physiquement. Mais si c’était sa volonté qui lui faisait défaut, il pourrait lui fournir un soutien.

- Tu n'as pas à avoir peur

Il afficha un sourire tendre et plongea son regard céruléen dans les yeux de la jeune femme. Auparavant quand il avait peur il avait une technique particulière. Deviens ce que tu crains. Deviens le prédateur et non la proie. Jusqu’ici cela avait plutôt bien fonctionné. Il poursuivit d’une voix douce et assurée. Si Saki en avait besoin, elle pouvait se reposer sur lui.

- Je serais à tes côtés, je te le jure. Nous le vaincrons ensemble.

Si elle doutait, il compenserait. Léandre devait bien servir à quelque chose. Saki pouvait compter sur lui pour l’instant. Dans un geste de douceur infinie, Léandre lui embrassa le front. Ce genre de geste n’était pas anodin, pour Léandre il avait une signification. Cela signifiait que Saki était en état de faiblesse mais qu’elle pouvait lui faire confiance. Sur ce coup là, il devenait son allié.

Invité

Saki parla. Elle raconta le pourquoi de son attitude effacée. Elle redoutait cette confrontation qui ne l'enchantait vraiment pas. Elle avait même peur ! Elle peur ! C'était vraiment frustrant d'avoir peur. Elle n'avait jamais dût avoir peur. Elle avait toujours dût replier sa peur en elle même et faire comme si tout allait bien. Garder tout au fond dans une boite et ne jamais ouvrir pour ne pas tout laisser sortir. Lorsqu'elle était petite, Saki n'avait jamais pleuré une seule fois. Elle était restée de marbre lors de l'enterrement de sa sœur Annie et de celui de marguerite. Pourtant, ce n'était qu'une façade. Elle ne paraissait que comme un robot aux yeux des gens. Elle pleurait pourtant. Seule. toujours toute seule. Elle n'avait jamais peur ? Bien sur qu'elle avait peur. C'était une fillette. Elle aurait voulu hurler comme tout le monde lorsqu'elle était terrifiée. Appeler sa mère lorsqu'elle se réveillait d'un cauchemars et que celle-ci vienne la border pour la réconforter. Dire combien elle avait peur. Mais non. Elle n'en avait tout simplement pas le droit. C'était interdit d'avoir peur, on pouvait deviner ses sentiments. Pour elle, être un robot n'était devenu qu'une façon d'être. Elle était une coquille vide et qui se contentait de marcher. Pourtant, Saki avait plusieurs fois pensée que même si elle était un pantin de bois, ne pouvait elle pas avoir de sentiments ? Il lui arrivait pourtant de sourire et de pleurer. Pourquoi l'interdisait on d'avoir peur ? Sa mère avait clairement répondu. "c'est faible. Si tu as peur tu es faible." Saki ne voulait pas être faible alors elle n'avait plus jamais sourit ni pleuré. Elle était restée une petite fille sage mais sans sentiments. Elle ouvrit les yeux et regarda Léandre. Il lui parla.

- Tu n'as pas à avoir peur

Elle sourit. Bien sur qu'elle n'avait pas a avoir peur. Elle n'avait jamais à avoir peur n'est-ce-pas ? Pourquoi ne pouvait elle pas avoir peur ? Elle AVAIT peur. C'était une certitude. Elle avait TRÈS peur. Elle resserra sa prise sur Léandre, fourrant sa tête contre le torse de son compagnon, ne relevant pas les yeux. Elle sentait une boule se concentrer dans sa poitrine et elle avait très mal.

- Je serais à tes côtés, je te le jure. Nous le vaincrons ensemble.

Elle tiqua. Il ne lui disait pas qu'il ne "fallait pas" avoir peur. Il lui avait dit qu'elle pouvait. Qu'elle pouvait et qu'il serait même là pour l'aider. Elle ne pleura pas - trop longtemps sans pleurer laisse des traces - mais leva les yeux vers lui. Son regard lui transmis toute la gratitude muette qu'elle lui accordait mais sur laquelle elle ne pouvait mettre aucun mot. Elle lui disait combien elle le remerciait. A ce moment, elle se rendit compte que Léandre était plus grand qu'elle. D'au moins une tête. Elle prit alors conscience qu'elle aimait ça. Elle n'avait plus à tout assumer toute seule. Elle pouvait se reposer sur quelqu'un et vice versa. Elle n'était pas obligée de tout garder pour elle tout le temps. Elle frissonna. Un sentiment étrange naquit dans son ventre. Elle jubilait ? Non. Elle heureuse. Cela donnait un sourire ravissant sur le visage adolescent de Saki. Elle avait les yeux fermés et souriait, riait, était en somme soulagée d'être enfin débarrassée de cette lourde charge. Elle n'avait plus peur dans les bras de Léandre. Elle était rassurée. Mais ça, elle se garda bien de lui dire. elle se contenta de l'embrasser - ce qui n'était déjà pas si mal - et de lui murmurer:

- Merci...au creux de l'oreille.

Elle était à présent en paix. Elle sentit alors apparaitre sur son épaule et lui chatouiller la joue. Elle se mit à rire en voyant Hidéki lui faire un câlin. Il jaugea Léandre puis décida finalement que pour avoir consolé sa maitresse et avoir dissipé ses peurs il avait droit à un câlin pour une fois. Il grimpa sur l'épaule du jeune homme et lui lécha la joue. sa langue râpeuse laissa une petite marqué sur la joue de Léandre, puis Hidéki alla reprendre sa place sur le placard en ébène de la chambre de Saki. La jeune fille quand à elle riait toujours et passa un petit coup de mouchoir sur la joue de Léandre. Elle reprit une mine sérieuse. Elle n'avait plus complètement peur, c'était vrai qu'à présent elle était rassurée, pourtant il ne fallait pas oublier le plus important : Léandre ne pourrait l'aider que si il était en mesure de le faire. Elle lui sourit et disparut de ses bras. Elle réapparut à l'autre bout de la pièce.

- On va t'entrainer un peu. Rassure toi c'est pour t'habituer à te servir de tes nouvelles capacités et t'éviter de mauvaises surprise si tu devais te battre ce soir...

Elle leva sa main droite, la tendit vers lui et lui sourit. Son premier exercice était une chose très facile. Elle lui expliqua qu'il consistait tout simplement à venir toucher sa main en courant très vite. Elle attendit qu'il réagisse. Si il réussissait cela, ce serait très facile pour la suite. De plus, il allait ressentit des sensations différentes. Il fit ce qu'elle venait de lui demander puis ils enchainèrent sur l'exercice suivant. Elle prendrait une balle dans sa main et courait - pas trop vite - dans l'appartement. Le but : l'attraper et entraîner sa vue. Il devait pouvoir la distinguer lorsqu'elle courait maintenant mais il fallait qu'il arrive à l'attraper. Saki se mit à courir et pour pimenter le jeu, elle s'amusait à l'embrasser dans le cou, lui toucher les cheveux ou lui souffler sur la joue. Elle aimait beaucoup ce genre de jeu qui semblaient inoffensifs mais qui étaient de réels entraînements au combat. Elle pensa ensuite que dés qu'il aurait réussi, il faudrait s'entraîner à la force mais qu'il faudrait s'entrainer en extérieur et qu'il fallait mieux attendre un peu. Elle s'arrêta quelques instants et parla dans un souffle pour entraîner l'ouïe de Léandre:

- bonne chance...on arrêtera dés que tu m'auras attrapée...

(tu fais comme tu veux pour le premier exercice réussite ou pas réussite)

Léandre avait déjà connu la peur... d'ailleurs après ce qu'il s'était passé, il avait eu l'occasion d'y regouter. Ce démon tentaculaire n'était pas insurmontable, parce qu'il vient du fond de vous uniquement. Il suffit d'arrêter de donner des armes à cette peur, de cesser de l'entretenir et elle disparaitra. Seulement...il est si difficile de s'affranchir de cette peur une fois qu'elle vous étouffe et qu'elle vous emprisonne de ses chaînes glacées...Le jeune homme ne pouvait pas laisser Saki sombrer sans rien faire. Donc il l'entoura de ses bras dans un geste protecteur, et presque comme un enfant apeuré, la berca de ses mots simples. La jeune femme se blottit contre lui. Saki avait l'air si jeune, si fragile...Il ignorait qu'elle âge elle pouvait avoir en réalité, sans aucun doute était-elle bien plus vieille que son père. Et pourtant regardez comme la peur la faisait régresser. Elle ressemblait bien à une fillette perdue, trahie par ses propres sentiments. Quand elle releva les yeux vers lui, la vampire lui adressait un sourire reconnaissant et soulagé. Apaisée, elle l'embrassa et lui murmura un "merci". Au moins il avait servi à quelque chose...

Léandre s'écarta de Saki et l'autre boule de poils maléfique alla se percher sur la joue de la jeune femme, comme s'il désirait à son tour lui apporter son soutien. Etonnamment, Hidéki grimpa sur son épaule. Quel tour lui réservait encore ce félin jaloux ? le jeune homme sentit la langue rapeuse de l'animal entrer en contact avec sa joue. Pas très agréable cependant il prit bonne note de cette marque d'affection en lui caressant la tête et en l'intimant de descendre de là. Non mais, il n'était pas un perchoir à chat non plus ! Saki disparut un bref instant et revint.

- On va t'entrainer un peu. Rassure toi c'est pour t'habituer à te servir de tes nouvelles capacités et t'éviter de mauvaises surprise si tu devais te battre ce soir...

De l'entraînement ? Pff...Il devait admettre qu'elle avait raison et qu'il ne pourrait pas servir à grand chose si il était incapable de maîtriser sa force. Néanmoins il n'était pas très enthousiaste à l'idée de se faire coacher par la demoiselle. Elle devait franchement être le genre d'instructeur sadique et autoritaire. L'image de ses profs de gym lui revinrent en tête. Ah...je suis maudit ! se dit-il, sans trop y croire. Pire ! Il la suspectait d'être également un peu perverse, du genre à le suivre jusque dans les douches...Sans grande volonté, il se releva du canapé en poussant un léger soupir.

- Alors, quel genre d'épreuves physiques tu me réserves ?

Donc en gros, il devait lui courir après dans tout l'appartement pour attraper une balle ? Cela n'aurait pas été très difficile si la jeune femme ne se déplaçait pas à la vitesse de la lumière ! Courir après une balle...tel était le cruel destin des athlètes. Il songea qu'en situation réelle, l'ennemi ne se contenterait pas de courir à travers un appartement et à le narguer comme elle le faisait. Il aurait très vite pris la poudre d'escampette. Il devait plisser les yeux pour la voir distinctement. Elle filait si vite ! En passant, elle lui touchait les cheveux, le narguait, probablement pour l'exhorter à agir.

- bonne chance...on arrêtera dés que tu m'auras attrapée...

Super ! Ca aurait pu durer des heures en plus. Bon autant en finir le plus vite. Léandre alla à sa poursuite pendant, mais fut durant les 15 premières minutes, à peine capable de lui toucher les cheveux et encore, sans doute par chance. Maintenant il la voyait beaucoup mieux, comme si ses pupilles s'étaient faites au rythme soutenu de la course. Lui courir après bêtement ne rimait un rien. Enfermé dans l'appartement, l'itinéraire de Saki en devait prévisible. Quand le moment propice se présenta, ne laissant qu'une ouverture à la jeune femme. Il ne voulait pas lui faire mal mais bon, en situation réelle, il n'aurait pas de pitié. Il se jetta à la rencontre et le jeune homme la percuta littéralement. Bourrin, certes, mais au moins il avait eut le temps d'attraper sa baballe... Il s'arrêta, un peu essoufflé par cette course et pris d'un léger vertige. Evidemment à force de tourner dans l'appartement.

- Désolé du manque de subtilité mais... le petit chien a obtenu sa baballe, dit-il en arborant la balle en question.

Invité

Saki regarda Léandre évoluer tel une panthère noire à travers le salon. Elle sentit le rouge lui monter au joue lorsqu'il l'envoya bouler pour récupérer la balle. Elle se réceptionna sur ses jambes souplement puis se révéla avec grâce. Elle souria. C'était bien d'avoir déjà choppé le truc. Elle continua à le regarder. Sa transformation en demi le rendait encore plus beau que d'habitude. Elle apparut devant lui et il montra la balle qui se trouvait dans sa main d'un sourire moqueur. Elle sourit à son tour puis la balle apparut dans sa propre main et elle la fit disparaitre.

- Désolé du manque de subtilité mais... le petit chien a obtenu sa baballe

Elle souria de nouveau et approcha sa main de la joue de Léandre. Lorsqu'elle entra en contact avec son épiderme, un frisson étrange la parcouru. Elle ne fut pas bouche bée mais elle resta complètement coite. Comment pouvait on dégager autant de...de phéromones !!! elle retira vivement sa main comme si on l'avait brûlée. Elle regarda les bandages qui étaient sur ses poignets, souvenir brûlant et douloureux de son dernier contact avec Léandre. Elle avait aimé ce contact mais il lui laissait des traces dans sa chaire. Elle baissa les yeux et baissa aussi ses bras, caressant prudemment la gaze se trouvant sur ses bras. Elle souria, elle ne regrettait rien.

- C'est bien.

Elle n'avait jamais été forte pour féliciter quelqu'un, mais la seule chose qu'elle pouvait dire était que c'était bien. Elle lui fit un large sourire, sourire qui était mystérieux. Elle allait passer à la prochaine épreuve. Elle le regarda puis se colla à lui tranquillement, un sourire étrange collé aux lèvres. Elle approcha sa bouche du cou de Léandre comme pour l'embrasser mais au dernier moment elle lui planta son bras dans la côte. Elle retira sa main vivement puis disparut et réapparut à un mètre ou deux de lui. Le sang s'écoulait sur sa moquette et c'était même assez beau et agréable à regarder. Le parfum du sang de Léandre vint embaumer la pièce. Rien de mieux pour parfumer son intérieur pensa t-elle en riant intérieurement. Bien sur ça ne le faisait pas rire lui car il n'était pas encore habitué. Si elle avait ça c'était pour lui montrer que désormais il ne pourrait pas mourir facilement. La plaie se transforma en un ensemble globuleux, bulleux même qui reconstitua ses chaires en quelques minutes. Elle s'avança vers lui en souriant toujours et lui caressa une nouvelle fois la joue.

- Alors ? T'es impressions ?

Normalement, il ne devait pas avoir mal. En effet, une telle blessure avait exactement le même effet qu'une piqure de moustique pour un humain. S'en était même très drôle. Elle n'avait touché aucun points vitaux. Elle s'empressa alors de lui expliquer où les vampires étaient sensibles, où ils ne l'étaient pas du tout. Elle lui apprit quelques prises de takwendo très utiles en cas de combat et une technique de paralysie. Il était assez doué. Il était déjà dix heure du matin et il faisait chaud. Elle se dirigea vers son frigo et en sortit un bouteille d'eau froide. elle sortit deux verres et les remplit. Elle dit à Léandre que si il avait soif ou même faim il n'avait qu'à se servir. Le bœuf au caramel et le riz cantonnais étaient toujours là. Saki s'envola - littéralement - vers son sofa et atterrit dedans comme une plume. Elle ferma les yeux quelques instants puis les rouvrit. Il était toujours là. Un oiseau il fallait le surveiller en permanence. Elle murmura qu'un oiseau en liberté était toujours plus beau qu'un oiseau en cage. Elle se releva et alla se laver puis se changer très rapidement. Elle s'assit alors et regarda Léandre.

- Dit...Je suis désolée de t'avoir privée de ta famille...Je vais me dépêcher de te libérer comme ça tu pourra aller les rejoindre.

Elle dit ça en souriant alors que son coeur pensait le contraire. Elle n'avait pas envie de faire preuve d'états d'âme envers sa petite personne. Elle avait fait souffrir plus d'une personne dans cette histoire et elle voulait que cela cesse lorsqu'elle serait morte. Elle commença à se balancer tranquillement d'avant en arrière et une musique calme s'éleva dans l'appartement. Saki tendit l'oreille. Un de ses morceaux préférés : concerto en C minor de rachmaninov. Véritable chef d'œuvre artistique selon elle. Elle avait rencontré le compositeur en personne et avait même réussi à obtenir une partition écrite par lui même. Elle se laissa porter par le morceau et se laissa tomber sur sa moquette. Elle regarde le ciel et s'envola avec la musique.

- Laisse moi être égoïste encore un peu...murmura t-elle. Juste un peu et après je te rendrai à elle...

Oui. Car Léandre était amoureux. Il en était même fou d'amour pour elle, sa liberté. C'était une passion unique qui émanait de lui comme mille rayons de soleil. Cette liberté glissait tranquillement en Saki et ressortait. Saki était aussi une folle de liberté, mais elle n'en étais pas amoureuse. Elle leva la main vers son plafond et ferma de nouveau les yeux. Rester comme ça pour toujours avec Hidéki, Léandre et Alexiel dans la même pièce. Ce serait un beau rêve.

Saki ne semblait pas lui en vouloir outre mesure pour cette altercation un peu brutale. Elle fit disparaître la balle en un tour de main. Ensuite elle s'approcha et lui caressa la joue d'un geste tendre. Sa main était toujours aussi glacée. Léandre se demanda si lui aussi risquait de devenir un glaçon vivant. Brusquement, la jeune femme ota sa main. Quelque chose n'allait pas ? Le jeune homme remarqua que son regard se dirigea vers ses poignets recouverts de gaze. Etrangement il ne les avait pas remarqué plus tôt. Quand s'était-elle blessée, comment ? Il se rappela alors comment il l'avait immobilisée avec violence. Il chassa ces images de son esprit. Cela avait été si étrange, incontrôlable.

- C'est bien.

Il ignora ces félicitations, soudainement préoccupé par les cicatrices de Saki. Comment avait-il pu lui faire aussi mal ? Il fronça légèrement les sourcils. Saki lui souriait. Que voulait dire ce sourire exactement ? Elle avait l'air de cacher tellement de choses...Il se demandait bien à quoi elle pouvait penser. En tout cas depuis ce soir là elle semblait plus humaine. A moins que ce ne soit lui qui soit devenu d'avantage vampire. Léandre s'approcha pour l'enlacer. Il appréciait chaque contact avec la jeune femme, toutefois un peu inquiet, il effleura ses avant-bras

- Saki, est-ce que...

Il n'eut pas le temps de terminer sa phrase qu'une douleur désagréable le frappa dans les côtes, le faisant écarquiller les yeux. Il resta interdit, l'échine courbée sous la douleur alors qu'un peu de sang commençait à se répandre sur le tapis. Pourquoi elle avait fait ça, pour se venger ? Il plaqua automatiquement sa main sur ses côtes douloureuses, toisant Saki quelques mètres devant lui. Un bruit inattendu le fit reporter son attention sur sa blessure. Sa chair commençait à se reconstituer en bouillonnant, comme si on avait appliqué une solution chimique sur la peau. Peu à peu, a douleur s'estompa, laissant place à une peau lisse à travers sa chemise désormais légèrement trouée. C'était donc ça... Elle voulait tester sa capacité de régénaration... Il se souvint d'avoir déjà observé ce phénomène sur la jeune femme. Il toucha sa propre peau comme pour vérifier qu'il s'agissait toujours de la sienne.

- Alors ? T'es impressions ?

- Pratique mais... répugnant...

Il esquissa une moue écoeurée. N'empêche elle aurait pu le prévenir avant, sur le coup il avait cru que... Soit. La jeune femme ne s'arrêta pas là. Une vrai coach. Elle lui expliqua certaines choses qu'elle considérait comme indispensable et lui enseigna quelques techniques de combat. Sans doute, ca devait être pratique mais à la fin il commençait à avoir mal. Un vrai entrainement physique intense... Léandre n'avait pas l'habitude. Heureusement, la pause arriva, ce qui engendra un élan de gratitude. Juste au moment ou Saki parlait de nourriture, il se rappela à quel point il avait faim. Et pitié, autre chose que du sang ! La jeune femme quitta la cuisine et Léandre en profita pour se sustenter à sa guise, de cette nourriture exquise. C'était vraiment excellent. Mais comme toutes les bonnes choses ont une fin...

-Dit...Je suis désolée de t'avoir privée de ta famille...Je vais me dépêcher de te libérer comme ça tu pourra aller les rejoindre.

Saki s'adressait à lui du salon. Le visage réjouit du jeune homme changea rapidement d'aspect, laissant transparaître une certaine amertume. Il savait ce qu'il avait fait. D'ailleurs à cette heure-ci...ou pouvaient-ils bien être ? Ce n'était qu'un simple aurevoir, il les reverrait tôt ou tard. Seulement il ne voulait pas en parler. Le jeune homme en était vraiment secoué. Ce n'était pas une simple séparation. Comme si elle pouvait comprendre, songea-t-il. Ce n'était pas comme changer de vêtement, c'était comme arracher sa peau de ses propres mains. Profondément douloureux. Il se servit un verre d'eau et en but une gorgée. Il fixa la mur de la cuisine d'un air sévère et articula sèchement à l'adresse de Saki, sans même la regarder :

- Dès qu'Alexiel sera en sécurité, c'est le deal.

Une musique s'éleva dans tout l'appartement. Saki ne se rendait pas compte qu'il aurait vraiment préféré ne pas être ici. Seulement cela avait été son choix, un décision lourde de sens mais heureusement temporaire. Seul à City, Léandre n'existait plus vraiment. Evidemment qu'il souffrait, mais tant qu'il était persuadé que ce qu'il faisait était juste, il le supporterait. Alors pourquoi s'amusait-elle à enfoncer de nouveau la couteau dans la plaie ? Qu'avait -elle à y gagner ? Il n'en serait pas plus résolu, au contraire.

- Laisse moi être égoïste encore un peu... Juste un peu et après je te rendrai à elle...

A qui elle ? Il vida son verre d'un trait et le posa un peu plus bruyamment que d'habitude sur la table. Laisse tomber, elle délire, pensa-t-il. Qu'elle en parle d'un ton aussi rêveur et aussi ouvertement l'exaspérait au plus haut point. Le sujet était clos, n'était-ce pas suffisamment clair ? Le jeune homme se déplaça jusque dans le salon, ignora totalement la jeune femme allongée sur la moquette, subtilisa un briquet et une cigarette qu'il alla fumer tranquillement près du rebord de la fenêtre. De quoi se calmer un peu. Une sorte de colère fourmillait de nouveau en lui. De la rancoeur sans doute. Cette dernière s'apaisa après quelques bouffées de fumée toxique. Il regarda le ciel si bleu, on aurait dit un carte postale. Toute sa rancoeur s'échappa en un soupir long de sens alors qu'il écrasait sa cigarette. Aussi rapide et silencieux qu'un félin, il alla s'asseoir à califourchon sur la jeune femme. Il se pencha vers elle, s'appuyant d'une main sur le sol et scruta ses pupilles l'air preplexe.

- Tu es trop gourmande, tu devrais te contenter de ce que tu as, maintenant.

Invité

- Dès qu'Alexiel sera en sécurité, c'est le deal.

Il lui avait parlé sèchement. Elle ignora simplement la remarque. Pourtant elle sentait une sensation désagréable naitre au fond d'elle. Elle avait brusquement envie de partir et ne plus le voir. Elle se plaqua contre le mur du salon et ne bougea pas. Elle savait qu'il lui en voulait pourtant alors elle n'avait qu'à laisser tomber comme d'habitude. Sauf que là elle voulait vraiment partir de cette maison et tout de suite. C'était vraiment désagréable de sentir que quelqu'un ne nous aimait pas. Elle le sentait peser sur sa tête et ça l'empêchait de se calmer. Elle glissa alors vers la moquette et s'allongea. Elle n'aimait pas cette sensation. Elle ne l'aimait même pas du tout et elle sentit quelque chose lui remonter dans la gorge. Elle parla une nouvelle fois mais regretta de l'avoir fait. il le prendrait probablement mal si il ne comprenait pas ses paroles. D'ailleurs, sa réaction ne se fit pas attendre. Il posa bruyamment le verre sur la table de la cuisine et arriva dans le salon, la colère brillant dans ses yeux. Il passa devant elle en l'ignorant et alla fumer une cigarette. Elle sentit de nouveau la sensation lui retourner l'estomac.

- Tu es trop gourmande, tu devrais te contenter de ce que tu as, maintenant.

Il avait mal comprit. Elle se leva silencieusement et en quelques pas gracieux, elle atteignit la porte d'entrée. Elle ne lui répondit rien du tout car il avait peut-être probablement raison. Elle posa sa main sur la poignée puis se ravisa. ça ne servait à rien de fuir après tout. Elle retira ses chaussures et se dirigea dans la cuisine. Si elle devait supporter cette ambiance si lourde, elle changerait de pièce. Lorsqu'elle fut dans la cuisine, elle se laissa glisser contre le mur.

- merde...

Sa bande s'était décrochée et révélait les brûlures sur ses bras. Saki allait les remettre quand soudain elle fut prise d'une nausée intense. Elle se précipita vers l'évier et rendit les aliments qu'elle avait ingurgités. Elle essuya ses lèvres et laissa l'eau couler dans le lavabo. Elle se sentait minable. Pourquoi ? Pourquoi elle se sentait comme ça ? C'était anormale. Elle sentit une nouvelle nausée monter en elle et elle revomit dans l'évier. Elle eut mal à la gorge et se laissa tomber en arrière. ça lui était déjà arrivé de vomir mais elle n'avait jamais été malade à partir du moment où elle était devenue vampire. Elle se relaissa tomber contre le mur. Elle éprouvait une telle répulsion qu'elle en avait vomi. Mais pour qui était cette répulsion ? Elle ne se posa pas la question suivante sentant son estomac se retourner une nouvelle fois. Elle murmura.

- Eh ben ma petite Saki...Si ça continue tu mourras avant l'heure...

Saki ne souria pas. Elle ferma les yeux et oublia où elle étais et où elle se trouvait. Elle laissa son esprit vagabonder. Elle sortit de sa poche un petit sachet et sortit un cachet du sachet qu'elle avala en vitesse. Elle referma les yeux et sentit une sensation agréable l'envahir. Elle s'allongea sur le sol et sourit. Elle pouvait faire ce qu'elle voulait, elle ne devait pas s'excuser pour telle ou telle chose et elle pouvait commander les gens qu'elle voulait. C'était bien de ne se sentir responsable de rien. Elle fit un large sourire. Elle avait l'air de s'en ficher de tout. C'était un peu vrai. Elle traversa le salon, un grand sourire aux lèvres et alla sur le balcon. Elle s'assit sur la barrière, les pieds dans le vide et regarda en bas. Ce que ça pouvait être haut. Elle souria de nouveau. Elle se balança d'avant en arrière et sortit une cigarette de sa poche. Elle l'alluma et inspira profondément. La sensation et l'odeur du vomis avait disparut. Elle frissonna. Elle avait froid maintenant. Elle laissa tomber sa clope dans le vide et regarde l'objet aller s'écraser sur le bitume. Elle souria de nouveau. Oui, elle adorait les films dramatiques. Elle les aimaient parce que le ou les personnages importants du film mourraient tous à la fin. Elle ralluma une cigarette et recommença à la fumer en regardant dehors. Elle vit son vieux voisin sortir et la regarder d'un drôle d'air. Elle s'en foutait. Ce vieux l'avait toujours prise pour une droguée. Elle vit ensuite la fenêtre d'en face s'ouvrir sur une femme qui appelait quelqu'un en la regardant l'air paniqué et en lui faisant des signes de la main. Elle cria à la femme que non elle n'allait pas essayer de se tuer mais que même si elle essayait en effet de se suicider, de là où elle était les ambulanciers ne pourraient rien pour elle. Une chute de six étages remue drôlement. Saki le savait pour en avoir déjà fait l'expérience il y a un moment. Elle regarda la femme rentrer chez elle en soupirant. Saki remarqua alors que sa cigarette était finie. Elle jeta le mégot dans le cendrier à côté d'elle et ralluma une autre clope. Elle aurait aimé cracher au visage de Léandre qu'elle était fière qu'il ai abandonné sa famille pour le voir souffrir, pourtant elle ne dit rien et garda ses sombres pensées dans un petit sourire en coin de son cru. Elle aimait voir souffrir les gens. C'est pour ça qu'elle adorait les films dramatiques.

Saki se libéra gracieusement. Evidemment que ce qu'elle venait d'entendre ne lui plaisait pas. En même temps, elle récoltait ce qu'elle avait semé, même inconsciemment. Elle avait visé droit au coeur de Léandre, il avait fait plus ou moins pareil. Le jeune homme savait pertinemment qu'il la blessait, peu importe, il avait pris pour habitude de rendre les coups qu'on lui infligeait. Alors que Saki se dirigeait vers la cuisine, il prit place sur le canapé, jettant un coup d'oeil rapide à quelques bouquins qui traînaient par là. En réalité, il n'éprouvait pas le moindre remord. Bien sûr il essaierait d'être moins dur à l'avenir, sinon la cohabitation risquait d'être difficile. Le jeune homme ne devait pas perdre de vue qu'ils avaient un but commun : sauver Alexiel. Après tout Saki devait apprendre qu'il y avait des sujets qui fachent, celui notamment. Comment avait-elle espéré qu'il réagisse. Tout sourire, l'embrassant, o merci de m'avoir débarasser de ces êtres qui comptent tant pour moi ? Que voulait-elle qu'il éprouve, privé de liberté, alors qu'elle semblait en ressentir un certain plaisir ?
Là dedans, ils étaient tous les duex coupables. Sereinement assis sur le canapé à survoler des revues et autres bouquins de médecine, il entendit un bruit familier venant de la cuisine. Il leva les yeux que la jeune femme à l'échine courbée devant le lavabo et reprit sa lecture avec nonchalance. Léandre ne ressentait aucun plaisir face à la souffrance de Saki, aucune peine non plus. Au fait, il s'en fichait totalement, pour l'instant il considérait que c'était légitime bien qu'excessif. A moins que ce ne soit lui qui la dégoute à ce point...Dans ce cas...ca lui était égal.

- merde...
- Eh ben ma petite Saki...Si ça continue tu mourras avant l'heure...

Le jeune homme reprit sa lecture silencieuse, n'ajoutant aucun commentaire lorsque la jeune femme traversa le salon en souriant. Elle se rendit sur le balcon pour assouvir son besoin de nicotine. Rien d'extraordinaire quand soudainement, le jeune homme perçut avec acuité des protestations de femme, ressemblant à s'en méprendre à des cris de goret. Ces hurlements déplaisants gênant sa lecture, il posa les livres sur la table. Ses gestes étaient calmes et précis. Saki cria quelque chose à l'adresse de la jeune femme. Léandre poussa un soupir, décidemment tous ces cris l'exaspéraient. Il alla rejoindre Saki sur le balcon. Evidemment, elle se tenait assise sur la rambarde du balcon. Léandre esquissa un sourire. Elle avait vraiment le don de provoquer les gens. Il fit mine de jauger la distance. Ils étaient au troisième étage, forcément c'était un peu haut. Et pas assez pour être sur de ne pas se rater.

- J'espère que tu ne comptes pas te jeter, dit-il sur le ton de la plaisanterie.

La bonne femme ne se calma pas. Léandre passa ses bras autour des épaules de Saki et ressera son étreinte. Il sentait son odeur...cela ressemblait un peu au parfum des gardénias sous la pluie d'été. Il lui susurra à l'oreille.

- Tu ne descendrais pas de ton perchoir pour que cette bonne femme cesse de pousser des cris de goret ?

Il lui demandait entre autre d'être raisonnable. Elle pouvait refuser bien entendu. En y réfléchissant, c'était ce qu'il aurait fait à sa place. Il aurait ignoré tous ces gens, tous ces appels. Et peut-être même qu'il aurait sauter, pour se ramasser en mousse de Léandre sur le bitume et savoir à quel point cela peut-être douloureux, une régénération complète sous les yeux des passants ébahis.

[/i]

Invité

Saki regarda en face d'elle. Elle voyait cette femme gesticuler. Pourquoi les humains ne pouvaient ils pas s'occuper de leurs affaires et laisser les autres tranquilles ? Elle soupira. Ce n'était pas vraiment agréable de savoir que les gens pensaient qu'elle était suicidaire. Elle soupira. Les humains l'ennuyait. Ils étaient si inutiles, si fragiles, si bruyants. Un corps humain est intéressant mais une âme humaine et très ennuyeuse. Ce sont des poupées qui lorsqu'on les touche ne bouge plus. Elles ne fonctionnent plus et c'est le plus énervant. Saki continua de fumer sa cigarette. Elle frissonna quelques instants et fit sortir du poison des racines de ses cheveux. La couleur noire disparut et sa magnifique chevelure dorée reprit sa place. Elle retira ses lentilles et ses yeux argentés se mirent à briller, elle retira ses percings et souria. Elle garda son tatouage. Elle l'aimait beaucoup. Elle écrasa le nouveau mégot qu'elle venait de créer dans un cendrier et remarqua alors le grand père qui la regardait. Il avait une expression étrange dans les yeux. Un mélange d'inquiétude comme un instant de déjà vu. Saki lui sourit et plongea dans l'esprit de l'homme. Sa fille s'était suicidée. Classique. Comme Saki d'ailleurs, devant ses yeux et en sautant d'un balcon. Saki relâcha le pauvre homme et celui-ci disparut dans sa cuisine, fuyant la réalité. La femme d'en face continuait d'hurler. Saki sentit alors qu'on l'enlaçait. Léandre bien sur. Tout la répugnance qu'elle ressentait avait maintenant complètement disparut et elle n'éprouvait absolument plus rien. Elle le regarda lui parler.

- J'espère que tu ne comptes pas te jeter...
- Tu ne descendrais pas de ton perchoir pour que cette bonne femme cesse de pousser des cris de goret ?

C'était vrai. Elle poussait de vrais cris de goret cette femme. Un vrai petit cochon bien saignant qu'elle aurait pu manger mais dont elle n'avait absolument pas envie n'aimant pas la viande humaine ni leur sang d'ailleurs. Elle soupira et descendit de son "perchoir" comme Léandre aimait si bien l'appeler. La femme cessa instantanément ses cris. saki se mit à rire. Cette femme était grotesque. Que pensait elle ? Que sauver une pauvre fille qui voulait se suicider - ce qui n'était de toute façon pas le cas de Saki - lui apporterait des points de karma ou lui réserverait une place bien placée et bien bonne dans son petit paradis inexistant ? Saki se défit de l'étreinte de Léandre. Elle n'était pas fâchée, seulement elle avait envie de sortir et elle ne pourrait le faire qu'une fois habillée. Elle se rendit dans sa chambre et changea de vêtements. Elle ressortit et commença à enfiler un blouson.

- Je sors...Si tu veux venir viens mais tu n'es pas obligé...

D'abord elle s'achèterait des cigarettes. Ensuite, elle irait peut-être prendre un verre dans un bar et finalement elle irait à l'hôpital faire une petite visite à ses malades et dire que son arrêt maladie était terminé. Elle reprendrait le boulot dés que toute cette histoire serait finie. Finalement elle ne voulait plus mourir. Cette histoire était encore très présente en elle et elle était bien décidée à faire le point avec elle et les autres. Pourtant, elle ne voulait pas abandonner son métier et les gens qui comptaient sur elle. Elle n'avait aucuns proches. Même Alexiel qui était son fils représentait une bien mince raison de rester en vie. La seule chose pour laquelle elle vivait réellement c'était son travail à l'hôpital et Hidéki. D'ailleurs son chat vint se frotter à sa jambe. Saki le caressa et ouvrit la porte. Elle jeta un dernier regard à Léandre et lui lança.

- Si tu as besoin de moi tu n'auras qu'à m'appeler. Sinon rendez vous ce soir. Je te contacterai mentalement...

Elle n'attendit pas la réponse et chaussa ses talons noirs. Elle sortit et laissa la porte ouverte. Hidéki était assis sur le canapé. C'était un magnifique mau égyptien. Elle aimait ce chat. Elle descendit par les escaliers tranquillement et passa la porte d'entrée avec le même calme. Elle fut légèrement éblouie par le soleil. Les voitures faisaient du bruit. Elle sortit une cigarette de son paquet, l'alluma, inspira une bouffée et mit ses lunettes de soleil sur son nez. Elle inspira la fumée puis en un instant disparut, ne laissant derrière elle que la cigarette, gisant piteusement sur l'asphalte de la rue.

» [RPG] Guilty. [PV Léandre] [Terminé]
» [RPG] Poursuite dans l'ombre et confrontation dans le sang [PV Léandre][Terminé]
» [RPG] Retour de nuit [PV Léandre] [Terminé]
» [RPG] Première ponction [PV Ulquiorra et Léandre] [Terminé]
» [RPG] Une petite journée colorée [PV Léandre][Terminé]