[RPG] Quand le chapeau rencontre la canne... [PV Chunyan]

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Quand Keith ne passait pas son temps à faire des farces aux pauvres humains ignorants, il réfléchissait. A quelles blagues il pourrait inventer, bien sur ! Un clown, aussi lamentable et pitoyable soit il, se doit de rester à un niveau correct. La concurrence est rude de nos jours. La ville faisait trop de bruit, avec les jeunes et leurs musiques hurlantes, les vieux et leurs râleries bruyantes. Un peu de calme, voilà ce qu’il lui fallait. Alors, pourquoi pas la forêt ? Keith s’était levé tôt, vers midi, pour aller réfléchir en toute quiétude dans ce paradis de verdure. Pour ne pas perdre la main, il ordonna à son chapeau de le suivre dans les arbres. Le couvre chef suivait donc son maître en sautant de branches en branches, tel un Tarzan fait de tissus. Keith réfléchissait donc, les yeux à moitié fermés, accompagnés du clang clang de son chapeau.

Ses pas hasardeux le menèrent à une clairière. Keith quitta les chemins forestiers et leur ambiance martienne pour débarquer en pleine lumière divine. Le clown jeta un coup d’œil au ciel, se demandant si Dieu – ou un sous fifre Angélique – perdait son temps à regarder la Terre en ce moment même. Peu probable. Il haussa les épaules, et claqua des doigts pour rappeler son chapeau, qui vint aussitôt se poser sur sa tête après s’être énergiquement trémoussé pour chasser la poussière. Keith examina rapidement la clairière : de taille moyenne, avec un grand tronc d’arbre couché qui la séparait en deux. Il alla s’y installer et observa avec attention les arbres autour de lui. Puis son regard se perdit dans le vague et il se remit à réfléchir à comment agrandir son répertoire de farces foireuses...

Pourquoi pas une tasse mordeuse ? pas une fausse, une vraie tasse. Il suffirait de lui donner l’ordre de mordre... Keith sortit un petit carnet et nota dedans son idée, avec un sourire satisfait. Un téléphone portable qui sonne tout le temps, c’est agaçant, non ? Et les batteries d’un MP3 se déchargeant à toute vitesse ? Une porte de magasin refusant de s’ouvrir ? Une poubelle qui vous renvoit vos détritus ? Une plaque d’égout cédant sous votre poids ? Avec un petit rire à la limite du sadisme, Keith écrivait à toute vitesse dans son carnet déjà bien remplie. Il y nota encore une bonne dizaine d’idée, son sourire s’élargissant à chaque trouvaille. Quand il eut terminé, il referma le carnet avec un long soupir de satisfaction. Maintenant, il pouvait se « reposer » vraiment... Il s’allongea sur le tronc, évitant soigneusement les petites branches mal coupées.

- J comme Jaguar, jour, jardin, et Julie !

D’un geste, il envoya son chapeau vadrouiller sur le tronc d’arbre. Il l’observa se trémousser de branches en branches, agile, faire des sauts périlleux. Tout ça sur ses ordres. Son chapeau se mit à danser. « Cling, cling, cling », faisait il en exécutant son étrange danse... Il paraissait vivant, pour ceux qui ne savaient pas que c’était Keith qui tirait les ficelles, tel un marionnettiste. Keith envoya son bâton-tête-de-mort-aux-orbites-en-forme-de-cœurs danser avec le chapeau. Ils entamèrent un slow terriblement sensuel (si un slow exécuté par des objets peut être « sensuel »). Keith redressa la tête et scruta les arbres, pendant que son chapeau enlaçait sa canne. Il avait entendu du bruit...

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Chunyan, comme un peu trop souvent, ne savait pas vraiment ce qu’elle faisait la… Enfin si, elle le savait, mais elle n’avait pas le droit d’être la, donc en somme, qu’est ce qu’elle faisait la ? En réalité c’était très simple, pour elle, mais pour la personne qui le lui avait interdit ? Il y a à peu prêt un mois, Saki, une vampire qu’elle avait rencontré avait fortement conseillé Chunyan de ne plus retourner dans la forêt, chose très complexe pour elle. La vampire lui avait tellement fait peur, que l’adolescente ne put que lui promettre ceci alors que c’était impossible. Bon sang, la terre, la forêt, le sol brute, le cadre vert était sa raison de vivre ! C’est comme si on l’amputait d’un membre ce qui était pour ainsi dire horrible.

Du haut de ses un mètre cinquante, l’adolescente parcourait la forêt tel un fantôme féerique sorti des comptes, sauf que Chunyan n’était en aucun cas magnifique et irréelle, elle était juste albinos. L’adolescente était sortie de chez Staal, l’endroit où elle logeait pour le moment, pour se diriger directement vers la forêt. Quotidiennement, elle ne faisait que marcher dans la rue sans véritable but précis, mais la, elle voulait retourner dans son élément. Arrivée à l’orée de l’endroit à ses yeux mythique, la jeune fille retira ses chaussures et entra pied nus dans la forêt pour la parcourir d’un pas tranquille et posé. Lorsqu’elle en eu mare de marcher sur le sol, l’adolescente mit ses chaussures dans son sac et grimpa sur un arbre pour finalement s’asseoir sur une branche et se reposer un peu. C’est là qu’elle entendit un « gling-gling-gling » répétitif, comme si une petite clochette était agitée sans cesse : ne pouvait-elle pas être dans son élément tranquillement ? Visiblement, ceci lui était interdit, comme beaucoup de choses en même temps. Quand est ce qu’elle vivrait normalement ? Du haut de son perchoir, la fille de la terre vit au loin une personne assez cadavérique et habillée bizarrement marcher entre les arbres. Jusque la, rien d’anormal. Mais que voyait-elle ? Un chapeau se baladait sur les branches des arbres en sautillant comme si elle même l’aurait fait ? Elle voyait le petit chapeau danser, pirouetter, voltiger et suivre cette personne comme si de rien était. Etrange non ? Vous avez dis étrange ? Comme c’est bizarre. Chunyan se leva alors aussitôt sur sa branche, descendit de l’arbre et le suivit aussi discrètement que pouvait faire un renard qui suivait sa proie. Finalement, elle vit le chapeau retourner sur la tête de son « maître » qui lui même entrait dans une clairière verdoyante et magnifique. Au milieu, long arbre mort – probablement un chêne – était allongé sur le sol. Cela faisait bien longtemps qu’il était al et on voyait parfaitement que sa position n’était pas fait de manière naturelle car nombreuses de ses branches avaient été coupées à la scie et ses racines avaient disparues. Le monde des hommes détruisait, détruit et détruirait la nature et à force ils seraient contraint de vivre avec une terre vide de toute vie.

Elle arriva à la clairière un peu après que l’inconnue n’arrive aussi le vit-elle écrire sur un petit carnet. Il arborait un sourire à la limite du sadisme et de la folie ce qui était assez inquiétant mais aussi drôle à voir. Elle le regarda lâcher son chapeau et sa canne dans les airs pour qu’ils se mettent à danser bizarrement. Se tourner autour, s’enlacer, cela en devenait vraiment comique mais bizarroïde. L’albinos franchi les arbres qui la séparait de la clairière et lorsqu’elle arriva à la lumière du jour, lorsqu’elle ne fut plus couverte par les feuilles et les branches, le soleil tapa sur sa peau cadavérique : pour le coup elle avait l’air d’un fantôme sortit d’outre tombe. L’adolescente s’approcha de Keith comme si elle flottait sur l’herbe verte et s’arrêta face à elle, un léger sourire aux bouts de ses lèvres, le regard neutre mais qui avait quelque chose de triste au fond.

- Vous ne devriez pas être la… C’est dangereux il paraît…

Oui, la forêt était dangereuse, sauf pour elle.

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Keith savait que cette étrange petite personne n’était pas un fantôme – il en avait déjà vu et ça ne ressemblait pas à ça – mais tout de même, la ressemblance était frappante. Pour un peu, il faillit avoir un peu peur... Mais ça ne dura pas, et rapidement, un sourire fleurit sur son visage. Il resta un moment muet, la tête penchée sur le côté, ses sourcils imitant les smileys interrogateurs. Dangereux ? Allons, allons, soyons sérieux une minute ! Keith éclata de rire devant l’air si sérieux de la gamine. Tss, rien ne pouvait faire de mal à un zombie... Il était déjà mort, alors que craignait-il ? Oui, oui, il pouvait avoir mal... Mais ça ne durait pas. De toute façon, il était plutôt difficile de le blesser. Il se leva et d’un claquement de doigt, rappela son chapeau et sa canne. Son couvre chef alla aussitôt reprendre sa place sur la tête de son maître et la canne continua de sautiller à côté de Keith. Il alla rejoindre la jeune fille près des arbres et s’agenouilla pour être à sa hauteur.

- Allons, allons, ma choupinette ! Pourquoi un air si sérieux sur un si adorable visage, hein ?

De nouveau, il rit et se redressa. Son chapeau sauta de sa tête à celle de la gamine... Dommage, elle était trop petite et le couvre chef lui tomba devant les yeux. Juste un petit réglage de rien du tout... D’un claquement de doigt, Keith fit revenir le chapeau sur sa paume ouverte. Il le fit tourner entre ses doigts à toute vitesse, lui ordonnant de rapetisser un petit coup, pour être pile à la taille de la jeune fille. Puis il le remit, d’une pichenette, sur la tête de la choupinette albinos. D’un pas dansant, il fit quelques pas vers l’arbre mort puis se retourna pour voir à quoi ressemblait la jeune fille avec le chapeau sur la tête. Un nouveau sourire fit son apparition, signe qu’il appréciait. Il revint vers elle, marchant toujours avec légèreté et insouciance.

- Vois-tu ma choupinette, je n’ai pas peur de la forêt. Oh, je la respecte, hein... Mais je ne vois pas bien de quoi je pourrais avoir peur.

Un de ses sourcils se souleva, lui donnant un air curieux. La canne sautillait autour de la gamine, l’invitant à suivre son maître dans la clairière. Quand l’albinos regardait la canne, la tête de mort qui ornait celle-ci faisait un clin d’œil. Keith adorait son pouvoir et il en usait constamment, ça ne le fatiguait presque pas. Son chapeau se dandinait légèrement la tête de la jeune albinos, comme s’il dansait une gigue. Les cartes qui y étaient accrochés s’agitaient doucement, provocant un léger cliquetis musical. Keith se gratta la tête tout en regardant le ciel. Quand il rebaissa la tête, un nouveau petit sourire y était fièrement attaché. D’un claquement de doigt, il ordonna à son chapeau de revenir sur sa tête – après être redevenu à sa taille.

- Alors, qu’est-ce qu’une choupinette comme toi fait dans cette si dangereuse forêt ?

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Choupinette ? C’était un surnom qu’elle n’avait pas entendu depuis longtemps. Elle baissa les yeux d’un air triste, cela lui rappelait trop de souvenirs qu’elle tenait à oublier. Mais les souvenirs ne s’oublient pas, ils se mettent de côté, ils se cachent, se dissimulent mais jamais ils ne sont oubliés ou bien effacés. Toujours, à un moment ou à un autre, ils reviendront à la surface. L’albinos fronça un moment les sourcils en essayant d’oublier ses souvenirs plutôt désagréables. Se moquait-il d’elle ? Il riait alors qu’elle était parfaitement sérieuse ? Quelle était cette personne qui riait d’elle ? Il lui parlait comme s’il la connaissait depuis longtemps, comme si elle était une enfant… Elle avait 15ans bon sang… Certes, cela ne se voyait pas, et c’était bien injuste ! Le fait qu’il s’agenouille à sa hauteur lui rappela qu’elle était petite… Qu’elle était cette personne bizarrement habillée qui lui parlait comme à une enfant et manque de bol pour cette personne, l’albinos était de mauvaise humeur après cet éclat de rire. Il se moquait d’elle !! Pourquoi un visage aussi sérieux ? Peut être parce qu’elle était sérieuse ? Pour le coup elle voulu ne pas répondre à cette question et n’eut pas le temps car le chapeau que cette étrange personne dirigeait se mit sur sa tête. L’albinos regarda l’étrange personnage rapetisser le chapeau à la vitesse grand V pour finalement le remettre sur sa tête. Elle se laissa faire, il ne lui faisait rien de mal, pour le moment. Visiblement, cela lui allait bien… bizarre, elle n’avait pas vraiment une tête à chapeau, mais elle s’en moquait à vrai dire.

Cette personne l’intriguait. Elle l’appelait « Choupinette » déjà, genre de choses que l’on ne dis pas pour rien à une enfant et ensuite elle jouait avec elle avec ce chapeau, et cette canne qui sautillait autour d’elle. Elle n’avait pas l’habitude de ça… enfin si, mais la dernière fois c’était un professeur qui essayait de l’aider, c’était différent. Et ce n’était pas une canne qui l’avait amusé mais un chat rose… Il ne voyait pas de quoi il pourrait avoir peur ? Il ne connaissait pas la forêt comme elle la connaissait… personne ne connaissait la forêt comme elle la connaissait… la terre avait pris possession de l’albinos, et non quelqu’un d’autre… Elle avait senti la terre s’immiscer dans son corps, ses veines, son esprit et prendre possession de sa vie un certain laps de temps et jouer de ses mouvements pour améliorer l’environnement. Elle en avait vu de toutes les couleurs, et il osait dire qu’il n’y avait rien à craindre ? Quel innocent.

- Si vous ne lui faîtes pas de mal, vous n’aurez rien à craindre d’elle. Mais il paraît que des êtres étranges chassent ici… Des personnes aussi étranges que vous ou moi…

Oui, il était bizarre. Il contrôlait un chapeau et une canne qui bougeaient tels des marionnettes sans fils pour les tenir. Et elle ? Elle était une fille de la terre, c’était tout autre chose bien moins impressionnant. Ou plus ? Peut importe. Elle le vit jouer avec sa canne et son chapeau, leur ordonner de reprendre leur place. La canne l’avait incitée à s’approcher de l’étrange personnage et elle suivit ce « conseil » bien qu’elle n’était pas spécialement enjouée pour répondre à une canne qui avait une tête de mort et qui lui faisait des clins d’œil quand elle la regardait. C’était d’un morbide… Enfin, pourquoi pas, ce personnage n’était pas à une bizarrerie prêt on dirait. Elle s’approcha et eu un léger sourire ironique à sa dernière question.

- La Terre est ma raison de vivre. Et vous ?

Finit-elle par répondre. Simple, clair et net, mais pas pour autant précis. Si cet étrange personnage ne comprenait pas, c’était tout à fait normal. Une raison de vivre ? Comment la terre pouvait être une raison de vivre ?

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Dommage, la gamine albinos n’avait pas l’air de beaucoup apprécier le surnom de « choupinette ». C’était d’autant plus bête que Keith n’en avait pas d’autre à lui donner… Il irait même jusqu’à dire qu’il l’avait énervée. Comment ? En disant qu’il n’avait pas peur de la forêt ? C’était pourtant vrai… Que pouvait il bien craindre, lui qui était déjà mort ? Il secoua doucement la tête en souriant légèrement. Elle avait un air si grave sur le visage ! Il se rassit sur le tronc,et il avait l’air presque sérieux. Presque, car un demi-sourire ornait toujours son malicieux visage… La Terre était sa raison de vivre ? Il écarquilla les yeux, à la fois intrigué, curieux, et étonné. Une élémentaliste, peut être ? Aaah… C’était sûrement pour cela qu’elle n’aimait pas qu’il prenne la forêt à la légère… Il croisa élégamment ses jambes et hocha silencieusement la tête, comme en réponse à une question muette.

- Je comprends mieux ! Tu connais sûrement mieux la forêt et ses dangers que moi, pauvre saltimbanque que je suis. Excuse moi si je t’ai offensé, ma choupinette ! Hum, j’étais venu ici pour me promener, et mettre de côté la ville et tout ses bruits.

Il hocha de nouveau la tête, un nouveau sourire prenant naissance. Il se remémora sa précédente phrase… Des êtres bizarres traînaient par ici ? Cétait vraiment étonnant… le monde regorgeait de créatures fantastiques, mais les humains ne les voyaient toujours pas. Et quand par hasard ils en voyaient une, ils s’inventaient tout un tas d’excuse pour ne pas passer pour un fou. Pour passer pour quelqu’un de normal, pour être comme « tout le monde »… Car dans le cas contraire, ils étaient enfermés, aussi simplement que cela. Et pour le coup, ils devenaient vraiment fous… Intéressant, cette société ! Il se releva et marcha un peu. Keith était le genre de personne incapable de rester sans bouger plus de cinq minutes… Un peu brusquement, il se tourna vers la jeune fille :

- Qu’est-ce que tu entends par « des personnes aussi étranges que vous ou moi »… ? D’autres élémentalistes, des vampires ou autres mythiques ? Ou simplement des humains un peu dérangés comme moi ?

La seconde option semblait ravir Keith, qui n’avait croisé que très peu de « humains un peu dérangés » dans sa longue vie. Il était toujours curieux de voir d’autres personnes de son espèce, pour partager des expériences… Et en apprendre un peu plus sur son statut de zombie. Il se gratta le menton, avec un air presque pensif. Il se rendit brusquement compte qu’ils ne s’étaient pas présentés… Il en fut tellement choqué que sa canne tomba a la renverse, avant de se redresser, bondissante. Le crâne qui l’ornait secoua la tête, scandalisé. Keith était peut être quelqu’un de moderne, il retombait parfois dans le monde de son enfance. Le saltimbanque se tourna pour la énième fois vers la choupinette albinos.

- Quel grossier personnage je suis ! J’ai oublié de me présenter ! Je suis Keith Deavens, saltimbanque au repos… Et toi, choupinette ?

Son sourire n’était pas franchement moqueur, mais on sentait combien Keith s’amusait. Il était constemment en train de jouer, comme s’il ne savait pas s’arrêter… Jusqu’ici, cela lui avait plutôt bien réussit. Le fait d’être déjà mort y était peut être pour quelque chose…

[désolée pour le retard >_< !! Promi, je répondrai plus souvent maintenant !]

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Oui c’est vrai que la forêt avait tendance à calmer les esprits et à aider à réfléchir aux diverses problèmes qui pouvaient entourer l’esprit tourmenté des personnes. Il avait donc compris qu’elle était une élémentaliste, bravo peu de gens les reconnaissaient parce qu’ils ressemblaient à des personnes normales sauf qu’ils avaient des affinités particulières avec un élément et ne le montraient pas forcément. Mais sur quoi pouvait réfléchir un saltimbanque comme lui ? Surtout qu’il était très spécial. Elle ne pensait pas qu’il était tout bonnement un saltimbanque ou un simple humain un peu déranger, non, oh bien sur que non. Cette canne qui se baladait dans les air et qui prenait des expressions outrées ou choquées, ce chapeau rapetissant ou grandissant qui lui aussi dansait dans les air était plutôt inhabituel et surtout anormal. Alors juste « humain un peu dérangé » n’était pas le terme adéquate d’après l’adolescente mais elle n’allait pas vraiment chipoter la dessus, elle n’en avait pas le courage.

- Oui des personnes étranges… Des vampires en effet… Et je pense que vous êtes plus qu’un simple humain dérangé.

Elle indiqua la canne et le chapeau du menton : si cela appartenait à la case « dérangé » alors elle devait faire partie des personnes parfaitement normales ou à éviter au plus cela dépendait des points de vues où l’ont se plaçait. C’est sur qu’elle était le genre de personne qu’on pouvait aussi bien adorer à cause de son air de gamine innocente que la détester due à son caractère de cochon et à sa manie de renvoyer les personnes comme pas permis.
Il s’appelait donc Keith Deavens… ? Drôle de nom mais probablement pas aussi comique et bizarroïde que le sien qui avait la tête d’un prénom inventé et non commun. Mais que pouvait-elle dire sur elle ? Simple étudiante ? Non même pas, elle avait quitté son école depuis bien longtemps et ne comptait pas y retourner sous peine de se faire enfermer une fois de plus et mourir de vieillesse ou de folie sous le poids de la pression qu’ils exerçaient la bah. Simple gamine ? Non ça serait se rabaisser… Elle ne savait pas vraiment ce qu’elle pouvait dire et c’était bien dommage pour lui, mais elle ne voulait pas chercher.

- Chunyan… Enchantée…

Ni plus, ni moins et c’était bien assez suffisant.
Qu’est ce qu’était un saltimbanque en soit ? Juste une personne qui se baladait ? La vie devait être assez intéressante, voir un tout plein de choses différentes, pouvoir s’investir dans plusieurs endroits à la fois… Mais avoir une vie de nomade n’était pas toujours aussi réjouissante qu’on pouvait le penser. Enfin c’était l’avis de l’albinos et elle en connaissait un petit rayon la dessus. L’adolescente finit par s’asseoir sur le sol devant Keith et ne se gêna pas pour planter ses mains dans la terre… Elles entrèrent dedans comme dans du beurre, tout à fait normalement et naturellement. Chunyan ne se souciait guère de ça… Elle regardait toujours d’un œil le chapeau et la canne… à la fois d’un air méfiant et intrigué. Elle ne savait pas trop quoi penser de ça. C’était tellement bizarre.

- Et eux… ? Quels sont leurs noms… ?

Finit-elle par demander.

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Keith observait le visage de Chunyan – maintenant qu’il connaissait son nom – alors qu’elle réfléchissait. Cette enfant semblait tellement sérieuse, et à la façon dont elle répondait, il avait l’impression qu’elle aimait se donner un air mystérieux. Ses réponses étaient souvent vagues, évasives… Cette attitude piqua sa curiosité. Non, décidemment, les enfants ne devaient pas ressembler à des adultes accablés de soucis ! Un joyeux sourire illumina son visage lorsqu’elle déclara qu’il était probablement plus qu’un simple humain dérangé. Que devait il faire ? Etre sincère, parce qu’il savait qu’elle était élémentaliste alors qu’elle ignorait son état de zombie ? Mais c’était oublier sa petite tendance au mensonge. Il resta silencieux un moment, jouant avec le grelot de son chapeau.

- Ah ! Me voilà percé à jour ! (il porta la main au cœur, comme s’il était mourrant et il grimaça comiquement). J’avoue, je suis un Antique, capable de déplacer les objets…

Il s’effondra sur son tronc d’arbre, comme si la révélation l’avait tué. Après quelques secondes, qui s’écoulèrent en silenc, il se redressa souplement et adressa un sourire à Chunyan. Il n’avait pas vraiment mentit, mais sa déclaration n’était pas totalement vraie non plus, puisqu’il n’avait toujours pas mentionné le mot « zombie ». En vérité, il n’aimait pas du tout cette appellation ! Depuis quelques temps, elle renvoyait trop facilement aux monstres trébuchants, les bras tendus, la bave aux lèvres et le corps en décomposition… « Zombie » était devenu un mot péjoratif, et l’on ne pensait plus qu’aux films d’horreurs. Il secoua doucement la tête, faisant tinter le grelot de son chapeau, qu’il avait remit entre temps. Il regarda d’un air interdit sa canne lorsqu’elle demanda son nom, et celui de son couvre chef. En voilà, une bonne question ! Keith avait beau leur donner « vie », ils ne restaient que des objets… Et l’on ne nomme pas ses objets, du moins en général. Pris au dépourvu, il répondit d’une voix hésitante :

- Euh… Canne et Chapeau ? J’avoue ne pas y avoir réfléchit…

Il s’arrêta un moment, l’air pensif. Rapidement, un air joyeux vint remplacer cette expression sérieuse qui ne lui allait pas :

- Et si tu leur en donnais ? Ils seront surement ravis…

La tête de mort sur la canne hocha frénétiquement la tête et le grelot du chapeau s’agita, répandant des « glings glings » joyeux dans la clairière ensoleillée. Il sortit une montre à gousset de sa poche, dont les aiguilles étaient ornées de coeurs, et consulta l’heure d’un air profondément philosophique. Puis il la fit disparaître de ses doigts, comme tout bon prestigitateur ferait disparaître la traditionnelle baballe rouge. Il se leva et fit quelques pas, à grandes enjambées. Il rajusta sa veste sans manches et se tourna vers Chunyan :

- Dis, Choupinette, il commence à être tard ! Je resterai bien ici à papoter, mais tu souhaiterai peut être que je te raccompagne chez toi ? Oui, je sais, tu ne crains pas la forêt…

La canne-tête-de-mort mima un combat avec le chapeau de Keith, que ce dernier avait posé par terre pour qu’il puisse mimer ce petit spectacle. Il se mit à crier les traditionnels « Taïau » et « a l’assaut ! » que l’on pouvait entendre dans ce genre de situation. Les cris barbares n’étaient pas vraiment accordés aux « glings » joyeux du haut de forme sautillant…

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Et bien bravo maintenant c’était à elle de trouver des noms pour la canne et le chapeau… quelle idée en même temps de demander ça ? Pourquoi avait-elle osé demander une chose aussi stupide qui lui retombait finalement dessus… hein ? Elle ne savait pas vraiment quoi faire et l’adolescente arborait un regard songeur et pensif le temps qu’elle trouve ces noms. Il ne fallait pas prendre des noms communs, des noms répandus, non. Il ne fallait pas qu’ils soient trop humains sans être trop ridicules non plus pour éviter de les blesser. Canne et Chapeau étaient deux mots qui commençaient par des C donc il fallait trouver des noms qui commencent par des C, c’est logique. L’adolescente ne savait pas vraiment quoi choisir mais bizarrement deux noms lui virent en tête… ils étaient vieux, bizarres, anciens, atypiques… parfait ! Maintenant il fallait savoir lequel elle allait attribuer à la canne et l’autre au chapeau… facile « canne » était féminin, « chapeau » était masculin.

- La canne je vais l’appeler Cunégonde et le chapeau Charles Edouard.

Allez savoir d’où lui venait ces noms elle ne le savait pas elle même. Il était donc un Antique… ? Elle ne connaissait pas ce types de personnes, mais pourquoi pas, tout était possible de notre temps. Elle avait rencontré des personnes aux pouvoirs étonnants, des vampires, des sorciers, des élémentalistes et des personnes aux pouvoirs… inclassables. Elle ne savait pas vraiment où les mettre et c’était peut être justement leur caractéristique. Elle ne connaissait pas les personnes comme Keith mais ce n’était pas bien grave, comme ça elle connaissait plus de monde. D’un certain côté cela lui faisait du bien de rencontrer de nouvelles personnes, d’élargir ses connaissances mais d’un autre côté elle se disait que ces personnes finiraient bien par la fuir et qu’elle ne le supporterait pas forcément.
Elle, elle n’était que proche de son élément, et pas plus. Ce qui était tout à fait suffisant pour elle, vu comment son élément avait pu lui faire mal dans le passé. Si elle avait eu plus de pouvoir, elle ne l’aurait probablement pas supporté. Non en fait, elle ne l’aurait pas supporté, elle en était certaine.

- Ca a l’air d’être drôle d’avoir ce type de pouvoir.

Pour la première fois, Chunyan sourit en présence de Keith lorsqu’elle vit la canne et le chapeau mimer un combat plutôt grotesque mais justement très drôle. Elle les imaginait en personne en train de se battre… de très bon amis qui se battait seulement pour rire, pour se divertir, pour penser à autre chose, pour se vider la tête des éventuels ennuis de la vie des humains. Elle était humaine, malheureusement pour elle. Elle aurait aimé être un animal, la vie était beaucoup plus simple, seulement rythmée par des besoins primitifs : dormir, manger… La vie serait bien meilleure et plus plaisante comme ça, mais malheureusement elle n’était pas un animal. C’est pour ça qu’elle restait dans la forêt le plus longtemps possible mais il étai vrai qu’il commençait à se faire tard et que rentrer serait une judicieuse idée. Et ce serait d’autant mieux une bonne idée si Keith rentrait avec elle comme ça elle était certaine qu’il n’y était pas cette nuit et qu’il ne se ferait pas dévorer par les vampires ou autres bêtes étranges.

- Oui, rentrons… J’habite chez un ami… dans la ruelle des Miranaux…

Et comme ça, il partirait lui aussi. Comme quoi la vie pouvait être belle parfois, les choses s’arrangeaient comme il fallait.

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Trouver un nom pour la canne et le chapeau semblait donner des soucis à la petite albinos. Elle avait l’air tellement concentré qu’il en voyait presque de la fumée sortir de ses petites oreilles. Ah, ça, ça n’avait jamais été facile de trouver LE nom adéquat. Keith n’aurait probablement pas été le même si il s’était appelé Brian, et il allait de même pour Chunyan si elle avait été finalement nommée Jennifer – un nom pas franchement génial, entre nous. Mais heureusement, les choix de Chunyan ne s’arrêtèrent pas sur ce genre de noms. Un sourire amusé fleurit sur son visage lorsque la sentence tomba : « Cunégonde » et « Charles Edouard ». De vieux prénoms, pour d’antiques objets, songea Keith en regardant les concernés. Depuis quand les avaient ils ? Le début, lui sembla-t-il, de sa seconde vie. Certes, la canne n’avait pas tout de suite été à lui… Mais elle était tout de même très ancienne. Même s’il se doutait que la petite albinos n’allait pas aimer, il lui passa affectueusement la main dans ses cheveux blancs.

- Cunégonde et Charles Edouard ? parfais, je n’aurai pas pu trouver mieux !

Son chapeau se plia en deux plusieurs fois de suite, comme s’il hochait la tête ou saluait, il n’était pas facile de faire la différence. Son grelot s’agita joyeusement et Keith le remit sur la tête de la jeune adolescente. Son sourire s’accroit lorsqu’il vit qu’enfin, elle se mettait à sourire. Ah ! Ses efforts n’auraient pas été vain ! Ce devait bien être le premier sourire qu’elle faisait depuis qu’il l’avait rencontrée ! Mission accomplie, Messire L’acrobate. Vous pouvez rentrer à la base, le QG est fier de vous, un dîner d’accueil vous attends en remerciements,t des efforts fournis… Il fit tourner sa canne entre ses doigts avec agilité et s’inclina prestement devant Chunyan, tout sourire. Il rendit sa liberté à sa canne, et celle-ci sautilla vers la jeune fille, s’imposant d’elle-même dans sa main pâle. Le crâne ne cessait de claquer des dents, essayant apparemment de reproduire une mélodie enjouer. Le résultat était assez étrange… Keith secoua la tête, et le crâne arrêta aussitôt sa musique morbide.

- Peut être. Mais ils ne restent que de simples objets... Ce n’est pas comme si je leur donnais réellement la vie. C’est toujours moi qui décide.

Evidemment, Keith adorait son pouvoir. C’était tellement pratique pour faire de mauvaises blagues… mais parfois, cependant, il se demandait ce que ça aurait pu donner s’il avait vraiment pu insuffler un souffle de vie dans ces mornes objets… Mais il secoua rapidement la tête. Se plaindre n’était pas vraiment son domaine de prédilection ! Il accompagna donc Chunyan vers sa maison. Ruelle des Marinaux ? Keith ne connaissait pas encore assez la ville pour la situer. Ils sortirent de la forêt en à peu près dix minutes, qui furent rythmées par pitreries de Keith et les tintements de la clochette du chapeau qui, comme à son habitude, se dandinait légèrement. Le soir commençait à tomber et, évidemment, la forêt devint de plus en plus sombre et inquiétante. Finalement, Keith n’était pas gêné de s’en aller ! La ville était tout aussi sombre et flippante que la forêt et ses arbres tordus. Les gens se dépêchaient de rentre retrouver leurs maisons douillettes, et les jeunes un peu voyous en profitaient pour sortir. Peut être feraient ils de mauvaises rencontres… Mais ce n’était pas vraiment cela qui allait inquiéter Keith. Comme s’il risquait de mourir…

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Tout objet méritait d’avoir un nom d’après Chunyan. Toute chose qui avait un semblant de vie ou autre méritait un nom et ce qui n’en avait pas en méritait un aussi si on se mettait à les apprécier. C’était une philosophie un peu stupide, il fallait l’admettre et elle sortait tout droit de la tête un peu décalée de l’adolescente alors autant dire qu’il ne fallait pas la prendre en compte. L’albinos marchait auprès de Keith tout en écoutant ce qu’il disait, des bêtises ou non et dix minutes plus tard ils furent sortit de la forêt qui devenait vraiment angoissante en cette sombre soirée. Mais la vile n’était pas vraiment beaucoup plus accueillante il fallait l’admettre… un bon nombre de personnes commençaient à rentrer dans les maisons tandis que certaines personnes, plus inquiétantes et probablement un peu plus dangereuses et soules, tendaient à sortir de chez eux pour passer une nuit passablement agitée. Chunyan ne comprenait pas ces personnes ci… Elle ne comprenait plus le monde dans lequel elle était obligée de vivre, elle ne comprenait pas pourquoi certaines personnes s’amusaient à tuer d’autres personnes, à se droguer, à rechercher à toujours surpasser et reculer la mort… Elle ne comprenait pas cette manie de toujours faire différemment que les autres… Bon après c’est elle qui osait dire ça. Elle qui avait nourri une haine féroce envers quelqu’un pendant deux ans, elle qui avait été dans un pensionnat bizarre, elle qui était tombée amoureuse de quelqu’un qui avait fini par se suicider pour retrouver sa bien aimée, et elle qui avait échappé à la mort plus d’une fois. Alors pour quelqu’un qui ne supportait pas l’atypique, elle avait toutes les raisons pour se détester on dirait…

- Ce monde est incompréhensible…

Pour en ajouter à son désespoir silencieux, une personne un peu trop soule pour se rendre compte de ce qui se passait mais pas assez pour le clouer sur une chaise et l’endormir s’avançait vers les deux personnages quelques peux bizarres. L’un était albinos, l’autre se baladait avec un chapeau et une canne quelque peux atypique… Non sérieusement ils avaient la tête à attirer des ennuis donc forcément… Le gars un peu trop soule, grand et mal rasé, tenait une bouteille à moitié vide, ou à moitié pleine au choix, s’avançait vers eux pour finalement bousculer violemment la jeune fille. Celle ci, qui ne pesait presque rien et qui n’avait aucune force se vit tomber par terre alors que le monsieur s’arrêta net visiblement contrarié. Il se retourna lentement tandis que Chunyan se releva avec peine avec l’aide de Keith. Sa bouteille s’était lamentablement cassée sur le sol et naturellement il n’était pas très content de ce qui venait de se passer… Il regardait bêtement sa main vide, eh oui on ne peux pas toujours être doué : bousculer quelqu’un et rattraper une bouteille en même temps n’est pas donné à tout le monde. Surtout quand on est bourré.

- Eh ! T’as cassssssé ma bou-bouteille !!! Rend la moi !!!

Disait-il bêtement. Mais aussi bête soit-il, le monsieur à la bouteille était largement plus fort qu’elle et attrapa l’adolescente par les cheveux pour lui faire comprendre que faire tomber de l’alcool était pire qu’un sacrilège à ses yeux. L’adolescente essaya de se défendre mais face à une telle personne, il ne pouvait pas faire grand chose. Si Keith voulait l’aider, il ne pouvait pas faire grand chose car le monsieur sortit également un couteau. Chunyan avait attendu plus d’une fois pour mourir ou un truc du genre mais elle ne s’imaginait pas que cela arrivait ainsi… Mourir sous les coup d’un couteau n’était pas vraiment ce à quoi elle s’attendait et certainement pas Keith. Une chose était sûre... Ce monde était vraiment incompréhensible...

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Keith regarda un moment Chunyan avec un air proche du désespoir. Comment une si jeune personne pouvait tenir des propos aussi désespérants ? Aussi déprimants ? Elle donnait l’impression d’avoir vécu mille et unes catastrophes. N’était-ce pas plutôt à lui de dire ce genre de phrases profondément philosophiques et démoralisatrices ? Alors qu’elle venait de dire cette phrase qui avait tant choqué Keith (lui qui a horreur de la tristesse et de ce genre de choses), il passa sa main dans ses cheveux en signe de réconfort. Un rapide sourire passa sur son visage : quelque soit le temps qu’on passait sur terre, il était impossible de tout comprendre. Même Dieu ne devait plus rien comprendre à la nature humaine… Qui sait s’il existait toujours ? Après tout, Keith n’aurait il pas du retourner là-haut depuis bien longtemps ? Il ne savait pas vraiment quoi répondre à la jeune fille pour lui remonter le moral. Quoi qu’il dise ou fasse, cela ne semblait pas marcher sur elle… Lui qui avait toujours trouvé le moyen de faire rire n’importe qui… L’exception qui confirme la règle apparemment.

- Si on comprenait tout parfaitement, la vie serait bien moins drôle et enrichissante !

Elle serait aussi bien plus simple et décontractante. Mais dans la vie, il avait été démontré de biens nombreuses fois que l’on ne peut pas tout avoir ! Keith releva la tête lorsqu’un espèce de débris humain s’approcha d’eux. Il ne semblait pas vraiment en état de se déplacer correctement, surement à cause de la magnifique bouteille à moitié vide qu’il tenait entre ses doigts sales. Rendu maladroit par ce qu’il venait de boire, et peut être aussi de ce qu’il venait de fumer allègrement, il renversa Chunyan sur le trottoir. Comme si elle avait besoin de ça ! Keith l’aida à se relever, pendant que l’autre idiot constatait avec lenteur que sa bouteille si précieuse s’était brisée. De façon bien plus rapide qu’un ivrogne n’aurait dû le faire, il attrapa la jeune fille par les cheveux et sortit un joli petit couteau de sa poche. Tout ceci juste pour une petite bouteille de rien du tout ? Tout cela pour de l’alcool si « injustement » gâchée ? Keith secoua la tête avec un petit « tss, tss, tss ! ».

- Quel vilain objet vous avez là… Vous pourriez vous faire mal avec. Ce serait dommage !

Il pencha la tête sur le côté avec un sourire parfaitement assassin, alors qu’en même temps, le couteau de l’homme bourré glissait de ses doigts. Il avait beau essayé de rattrapé son arme, celle-ci était invariablement attirée par le bas… Elle s’échappa de son emprise et fonça vers le sol avec une rapidité pas très naturelle. Le couteau se planta, fier et droit, en plein dans le pied de l’ivrogne. Son hurlement montrait toute la douleur de l’impact… heureusement, il n’y avait plus personne dans la rue pour l’entendre. Keith, innocent jusqu’au bout des ongles, fit une petite grimace, celle qui disait « Aoutch je n’aimerai vraiment pas être à votre place ! ». Comme l’homme se jetait sur son pied pour en déloger le couteau, le saltimbanque en profita pour retirer Chunyan de son emprise. L’air presque sérieux, il vérifia que l’autre abrutit ne lui avait pas fait de mal. Il eut un petit sourire satisfait lorsqu’il eut terminé son inspection, et le petit crâne de sa canne hocha la tête plusieurs fois. L’homme n’arrivait pas à enlever le couteau de son pied, il était trop profondément planté…

- Voilà, voilà ! Voilà ce qui arrive quand on joue avec des couteaux, mon cher monsieur !

Keith empoigna le couteau et le retira sans effort. L’homme s’empara aussitôt de son pied, rendu poisseux par l’épai liquide qui s’échappait de la blessure. L’arme ne portait aucune trace de sang, le saltimbanque lui ayant ordonné de rester propre et vierge de toute empreinte. Il prit ensuite Chunyan par l’épaule et la força à le suivre pour s’éloigner du sinistre individu.

- ça ira ? Il vaudrait mieux oublier ce sinistre individu.

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Chunyan entendait Keith parler, elle l’entendait dire quelque chose à l’homme qui la tenait par les cheveux juste en dessous du crâne, mais elle ne voyait pas vraiment ce qui se passait car elle avait les yeux fermement fermés à cause de la douleur. L’adolescente avait sentit une chose dure, longue et glaciale sur son cou jusqu’à ce que cela disparaisse et que la douleur à la tête se relâche brutalement. Pourquoi ? Parce que lorsqu’elle ouvrit les yeux, l’homme complètement saoule avait la lame de son couteau dans son pied…cela devait faire mal visiblement. Juste après, l’albinos sentit quelque chose la tirer en dehors de l’étreinte forcée de cet homme pour finalement se cacher derrière Keith. Elle avait peur, c’était vrai, même si elle s’efforçait de ne pas le montrer… c’était dur vu la pâleur de son visage et l’absence d’émotion dans ses yeux et surtout comment elle se cachait derrière le bras du saltimbanque. Ce dernier avait retiré la lame qu’il avait dirigé et elle ne présentait pas une seule goûte de sang, pas une seule tâche, rien ! Comment était-ce possible ? Ceci était une très bonne question à laquelle Chunyan aimerait bien répondre mais cela semblait difficile… Elle n’arrivait pas à parler et pour ainsi dire elle avait du mal à marcher. Bien que Keith la tenait par les épaules pour avancer au bout de cent mètres l’albinos s’effondra sur le sol incapable de mettre un pied devant l’autre. En temps normal, elle n’était pas impressionnée par une simple personne qui lui tirait les cheveux et lui montrait gentiment un couteau mais aujourd’hui elle était particulièrement fatiguée et ses derniers temps étaient difficile pour l’adolescente. C’était la goûte qui avait fait déborder le vase et physiquement elle n’en pouvait plus.

- Merci…

Avait-elle fini par dire. L’adolescente regarda derrière elle : le vilain monsieur avait finit par disparaître dans une ruelle adjacente pleurer sur son pied troué et elle espérait bien ne plus jamais le revoir. Chunyan était assise sur les dalles mouillé de la ville. L’air était humide et l’ambiance était plutôt inquiétante… Le tout donnait la nausée à l’adolescente, elle n’arrivait plus à respirer, elle se sentait mal et finit par éclater en sanglot.
Le spectacle était assez étonnant et déroutant il fallait l’admettre. La petite Chunyan qui était en train de pleurée affalée sur le sol, les mains sur son visage dans cette atmosphère humide et peu rassurante. En temps normal elle se ressaisirait, se relèverait et finirait par rougir de honte parce qu’il fallait bien que c’était un peu affolant d’agir de la sorte devant une personne qu’elle connaissait à peine et surtout en pleine rue. Ce n’était pas convenable et raisonnable pour elle. Sa mère ne l’avait jamais éduqué de la sorte. Elle qui voulait ne pas ressembler à une petite enfant de 11 ans mais à une adolescente convenable de 15 ans, elle se trompait il fallait bien l’admettre.

Peut être que Keith, pris d’une peur soudaine allait la laisser la… Ce serait bien normal remarque, qui voudrait s’encombrer d’une adolescente pleurnicharde ? Ou peut être serait-il prit d’une soudaine compassion ? Elle n’en savait trop rien et à vrai dire elle ne savait plus ce qui se passait autour d’elle, elle ne voyait et n’entendait plus rien à part ses sanglots incessants et ses cheveux devant son visage. Elle ne voulait plus rien sentir ni voir, elle ne voulait plus rien sauf peut être qu’on la laisse tranquille. Comment allait-elle rentrer chez elle ? Très bonne question. Il commençait à se faire tard et Staal se demandait peut être où elle était mais il savait bien que tôt ou tard elle rentrerait. Ses sanglots tendaient à diminuer d’intensité, heureusement…

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Les deux mythiques marchèrent quelques mètres, puis Keith laissa Chunyan s’asseoir. Après être resté debout quelques instants, il se décida à se poser par terre lui aussi, après avoir préalablement enlever son chapeau. Il posa doucement son couvre chef sur le sol, à côté de lui, puis se tourna vers la jeune albinos qui ne semblait pas au mieux de sa forme. Il ne fallut pas attendre bien longtemps pour qu’elle se mette à pleurer… Sans doute une accumulation de mauvaises choses. L’adolescence était souvent difficile à vivre… Keith préférait d’ailleurs ne pas repenser à la sienne qui au demeurant, avait été assez courte. Voir Chunyan pleurer ainsi rappelait au zombie les souvenirs la chute de son ancienne compagne dans la drogue : elle passait des heures à pleurer et crier, certes pour des raisons bien différentes. Keith mit quelques temps à réagir, occupé qu’il était à repenser à ces mauvais souvenirs. Lui qui pensait s’en être enfin débarrasser, après toutes ces années… Il secoua la tête et tapota amicalement l’épaule de l’adolescente. De son autre main, il fouilla son sac et en sortit une tablette de chocolat pour le moins conséquente. Il ne prit même pas la peine de l’ouvrir, ordonnant simplement au papier de s’enlever élégamment. Il prit lui-même un gros morceau et tendit le reste à Chunyan.

- Tiens, prends cela (Il croqua dans son carré et continua, la bouche pleine), un très bon chocolat !

Keith n’était pas un gros mangeur, mais quel zombie l’était ? Cependant, le chocolat avait toujours eut à ses yeux un éclat particulier et même s’il n’avait pas faim, il y avait toujours une place pour du cacao. Il n’avait encore rencontré personne capable de résister à l’arôme du chocolat, et surtout pas une jeune adolescente venant de subir une aventure quelque peu traumatisante. Heureusement qu’il n’y avait aucun passant dans la rue. Que penseraient ils en les voyant assis là ? Keith se moquait bien de ce que pensait les gens, sinon il aurait abandonné depuis longtemps son accoutrement de saltimbanque, mais peut être que ce n’était pas le cas de Chunyan.

- Bon, je vais te ramener chez ton ami ! Je crois que nous sommes restés suffisamment dehors.

Il aida la jeune albinos à se relever et il garda un bras autour de ses épaules pour le cas où elle retomberait par terre. La ruelle des Marinaux n’était pas très loin, ils n’avaient plus qu’à traverser une rue et une place. La rue n’était pas très éclairée, mais ils pouvaient voir au loin l’éclat des lampadaires qui illuminaient la place. Keith entendait même le glougloutement d’une fontaine. Avant que Chunyan ne finisse sa tablette de chocolat, le gourmand saltimbanque piqua un autre carré et s’empressa de l’avaler. Deux simples morceaux de chocolat suffiraient pour le nourrir pendant un bon moment : les avantages d’être décédé depuis longtemps, sans doute. Ils arrivèrent au niveau de la place, qui devait être un lieu agréable en pleine journée. Tard le soir, elle était plutôt inquiétante, les ombres semblaient se déplacer toute seule, et avec un peu d’imagination, on voyait presque des yeux vous observer dans l’obscurité. Keith et Chunyan traversèrent la place, ignorant royalement tous ces éléments qui auraient effrayés n’importe quel jeune enfant… Ils arrivèrent ainsi dans la ruelle des marinaux, légèrement éclairée. Le saltimbanque lâcha l’albinos et il fit une révérence distinguée :

- Vous voilà arrivée chez vous !

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Chunyan ne pouvait pas faire grand chose contre son corps qui refusait catégoriquement de bouger. Affalée sur le sol, elle n’arrivait presque plus à bouger le petit doigt et réagir intelligemment n’était pas non plus dans ses cordes. En revanche, elle ne pouvait pas rester inerte devant le chocolat que Keith lui présenta, et de toute manière ce dernier le lui mit entre les doigts. Elle n’avait qu’à avancer les mains vers sa bouche et hop elle avait le chocolat dans la bouche… Cette matière sucrée sans trop l’être, épaisse et dure avait toujours eu un effet spécial sur l’adolescente. Elle vénérait le chocolat, en particulier le noir qui était excellent et tout bonnement magique. Chunyan croqua une première fois, puis une seconde fois, pour finalement arriver à manger la moitié. Il était vrai qu’il était très bon, mais la quantité était extraordinairement énorme et il était assez étonnant de voir une adolescente de son gabarit manger autant. Remarque, cela avait un côté positif, elle avait arrêté de pleurer et seuls les restes de larmes coulaient encore sur ses joues mai cela n’avait lus autant d’importance qu’il y a cinq minutes.

- M…mer…Merci…

Assise sur le sol, Chunyan se disait que les personnes qui pourraient passer, la prendraient pour une petite droguée. Pâle comme elle était, affalée sur le sol, les traces de cernes sous ses yeux et surtout que Keith soit à côté. Elle paraissait bien jeune à côté de lui. Sa pâleur tranchait avec l’aspect sombre de l’endroit et surtout il faisait tard. Qu’est ce que faisait une petite ado de son âge dehors ? très simple, elle n’avait pas onze ans mais quinze et clairement son physique lui faisait défaut. Et lui avait fait trop défaut d’ailleurs. Toujours à penser qu’elle était jeune, toujours à la mettre dans la classe des enfants… non, elle n’en pouvait plus. Combien de fois avait-elle du prouver qu’elle avait quinze ans ? Elle ne les comptait plus.
Elle ne savait pas trop quoi dire, ni quoi faire à part manger le chocolat. Keith fini par l’aider à se relever et par marcher pour la ramener chez elle. Il était vrai que Staal devait peut être s’inquiéter et surtout que, si jamais il dormait, son reptile sous forme de tatouage se ferait un plaisir de lui dire qu’elle rentrait tard et qu’elle était sortie bien trop tard pour une adolescente de son âge. Par ailleurs, il était comme son tuteur passablement légal et était responsable de l’adolescente alors si jamais il lui arrivait malheur…

Chunyan marchait tête basse et ne savait pas trop où se placer aussi continuait de manger son chocolat jusqu’à ce qu’ils arrivèrent dans la rue des Marinaux. Elle rendit le peu de reste du chocolat qu’elle n’avait pas mangé et attendit quelques instants, cherchant ses mots.

- Merci… je ne sais pas trop ce qui m’a pris mais merci, même si en soit tu n’as rien fait de bien spécial…

Si, il ne l’avait pas abandonné, mais ça bien sur elle ne pouvait pas le lui dire. Elle espérait bien revoir un jour Keith, mais la ville était grande et pour ainsi dire elle ne croisait jamais les mêmes personnes d’un jour à l’autre, alors elle doutait bien qu’elle recroiserait le saltimbanque un jour. Sans trop véritablement s’en rendre compte, elle pris Keith dans ses bras frêles et le sera aussi fort qu’elle pouvait. L’adolescente se hissa jusqu’au visage du jeune homme pour lui faire un bisous sur la joue et fini par faire un clin d’œil et un rapide sourire au chapeau et à la canne.

- Encore merci.

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