Vivre pour survivre. [PV Léandre]

[Suite de ce sujet]

Léandre s'était penché vers Alexiel qui leva le tête vers lui, l'air penaud. Il était sincèrement désolé de causer autant de soucis, mais quand la curiosité vous piquait... Le ventre retourné, l'ange ne put qu'écouter l'inconnu, plissant les yeux par la suite. Il pouvait lire dans ses yeux dorés une pointe d'agacement, mais également d'inquiétude. Alexiel s'en voulait. Il aurait désiré ne pas tomber malade comme ça, même quitter le QG. Sa soif de découverte lui portait préjudice.

L'homme attrapa soudain l'ange qui poussa un gémissement de surprise. Son estomac se retourna à nouveau. Ainsi, dans les bras de Léandre, Alexiel se sentait comme protégé d'un potentiel danger. Puis le brun commença à marcher, ensuite à courir rapidement vers le centre des ruines, blottissant le blondinet contre lui. Alexiel put entendre les battements irréguliers de son cœur, synonyme de son effort fourni. L'ange serra son poing contre le torse de l'homme. Ses yeux se fermèrent légèrement. Il ne servait à rien. Toute cette histoire pour un amnésique perdu et malade... S'il périssait dans les bras de Léandre, ainsi soit-il. De toute façon, il ne savait pas si la pathologie était importante ou non. Tout ce qu'il espérait, c'était que s'il survivait - ce qui était fort probable en vue de sa légère amélioration -, il ne se ferait pas incendier par Luciia et Edward. Edward... Alexiel se redressa d'un coup pour regarder autour de lui. Léandre continuait de courir, apparemment pressé d'en finir. Mais au fond de l'ange, il savait qu'il voulait l'amener vers des médecins. Les rues lui rappelèrent quelques moments de béatitude pendant sa marche journalière. La nuit était maintenant bien ancrée dans le ciel.

- Dis-moi ton nom..., murmura-t-il, les larmes perlant sur son visage.

Il aimerait au moins savoir ça. S'ils devaient se retrouver un jour, il saurait son nom... Car l'ange savait bien qu'une fois arrivés devant l'entrée, l'homme repartirait. Il aurait rempli la part de son contrat, il aurait réussi à acheminer le colis à bon port... Alors en fin de compte, Alexiel serait-il un paquet ? Juste une masse, un fardeau à faire balancer d'un côté ou d'un autre ? La maladie le sermonna à nouveau: la fièvre monta en flèche, ce qui fit couler quelques gouttes de sueur sur le front de l'ange qui perdait progressivement conscience. Mais il luttait. Et son coeur s'emballait à son tour. Il avait chaud, il crevait de chaud ! C'était insupportable, trop insoutenable pour un corps aussi frêle. Sa gorge se noua, son ventre criait, de légères rides se creusèrent sous ses yeux. Et bientôt, son bras pendouillait vers le sol, sa tête basculant en arrière. Mort ? Inconscient ? Non non. Morphée l'avait kidnappé.

Une fois le petit corps d’Alexiel bien serré contre lui, Léandre avait commencé à courir aussi vite qu’il le pouvait avec une malade entre les bras. D’ici il pouvait déjà distinguer les structures complexes des bâtiments du centre, tous recouverts d’une sorte de lierre grimpant. Léandre essayait tant bien que mal de se concentrer sur ces bâtiments plutôt que sur sa situation sinon…ca serait la panique totale. Et la panique totale c’était pas bon du tout : il valait mieux se concentrer sur un objectif plutôt que sur le fait qu’Alexiel était potentiellement en danger de mort. Le jeune homme se sentait troublé par cette présence, cette fragilité. Son quotidien c’était également la mort, l’odeur du sang, la survie alors…pourquoi cet affolement là tout de suite ? Comme il ne pouvait l’expliquer, il préféra laisser ces pensées de côté et se concentrer sur le chemin qu’il devait prendre. Il pouvait occulter la faible chaleur émise par le corps d’Alexiel contre le sien pour se concentrer davantage sur sa respiration, sur ses jambes qui ne devaient pas flancher avant d’être arrivées à destination. C’est alors qu’il entendit la faible voix de la jeune fille chuchoter.

-Dis-moi ton nom...

Ses yeux perçants qui fixaient l’horizon firent un détour sur ce visage à bout de force, ce visage à la fois innocent et en proie à un supplice inconnu qui ne faisait que renforcer l’urgence de la situation. Léandre avait auparavant évité de révéler son identité. Si jamais Alexiel en parlait dans son clan, il risquait d’il y avoir de gros problèmes pour Alexiel et pour lui. Cependant…le fait qu’elle le lui demande clairement, alors qu’elle se trouvait peut-être entre la vie et la mort (ça il n’en savait rien), le touchait. Alors le jeune homme décida de jouer franc jeu.

-Je m’appelle Léandre…mais évite de… le répéter à qui que ce soit., parvint-il à articuler dans sa course.

Léandre ne savait pas s’il devait craindre ou espérer revoir Alexiel un jour, si ses actions auraient des vraiment des répercussions catastrophiques, ce n’était pas le moment de pronostiquer. Soudain, il sentit un relâchement dans ses bras, le bras d’Alexiel pendait sur le côté, sa tête était tombée en arrière et elle avait fermé les yeux. Léandre s’arrêta net, pris d’un doute affreux.

-Alexiel ? Alexiel !!

Elle ne répondait pas. Sur le moment, il eut l’impression que son cœur s’était arrêté de battre. Il craignait que le pire ne soit arrivé. Heureusement, ses talents d’observation lui permirent de remarquer qu’Alexiel respirait encore, sa cage thoracique se soulevant au ryhtme régulier d’une respiration. Un sentiment de soulagement l’envahit. Elle n’était pas morte, elle n’était pas morte dans ses bras. Il lui sembla alors que son cœur fit un énorme bond dans sa poitrine, elle devait être simplement inconsciente ! Malheureusement Léandre n’eut pas le temps de célébrer davantage son allégresse car une forme sombre et haute se dressait devant lui pour le faire déchanter.
Pendant des secondes qui lui parurent des heures, Léandre réalisa qu’il se trouvait face à un judgment d’un gros gabari. De stupeur il fixa ses petits yeux blancs habitués à l’obscurité, ses nombreuses mandibules baveuses qui claquaient en produisant un son semblable à des couteaux. La créature poussa une sorte de hurlement strident qui lui vrilla les tympans. Léandre était en bien mauvais posture : avec Alexiel dans ses bras il ne pouvait pas atteindre son arme. Il pouvait le déposer sur le sol mais quelque chose dans le regard de la créature et ses mandibules baveuses lui intimaient que si il la laissait là, elle n’en ferait qu’une bouchée. Léandre recula alors à petits pas. Bien qu’il eut l’air et déterminé, son cœur battait la chamade, il sentait l’adrénaline monter en lui. Il balaya le paysage du regard à la recherche d’un providentiel endroit où s’abriter, un trou, un tunnel, suffisamment petit pour que le monstre ne puisse s’y engouffrer sinon…ils étaient perdus.

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