[RPG] Exploration... [PV Shinjiro]

Un chien aux poils bruns avec des reflets roux trottinait dans les rues de la ville. Un bandeau noir pendouillait sur son cou, lui
servant en quelque sorte de collier. L’animal était de taille respectable. Les yeux bruns de l’animal brillaient d’un éclat vif tandis qu’il regardait tout autour de lui. Ses pattes robustes et poilues l’emmenèrent devant l’étalage d’une boucherie. Le chien se lécha les babines en voyant les morceaux de viandes s’entasser... Il préférait particulièrement la viande rouge, mais un morceau de volaille aurait tout à fait fait l’affaire. Mais le commerçant lança un regard noir à l’animal qui attendait patiemment qu’on daigne lui offrir un petit quelque chose à croquer... Il agita ses bras en direction d’Otto (vui vui c’est lui) pour le faire partir, mais le chien se contenta de lâcher un jappement. L’homme au tablier, rougi par endroit, prit une casserole vide qui traînait par là et l’envoya sur l’animal. L’objet atterrit de façon bruyante à l’endroit où se tenait Otto quelques secondes plus tôt... Le chien venait de filer, après avoir lancer un dernier jappement moqueur.

La nuit commençait à tomber lorsqu’Otto arrivant dans une ruelle inconnue. La faim rendait ses yeux encore plus brillants que d’habitude. Il aurait pu se retransformer en humain et aller balader ses mains aux doigts agiles dans les poches pleines d’argents de ses gens qui se baladaient en toute insouciance dans la ville. Mais rester sous sa forme canine était assez amusant... Les gens ne vous regardaient pas de la même manière, ne vous considéraient pas de la même façon. Et puis, Otto pouvait tester son « endurance » : avant il avait du mal à rester plusieurs heures en chien, mais maintenant c’était devenu la routine. Il était sous sa forme poilue depuis très tôt ce matin et il en était à peine fatigué. La ruelle le conduisit à la gare, endroit qu’il n’avait jamais visité. Il devait y avoir du monde là-dedans... Il se faufila à l’intérieur tandis qu’un vieux monsieur en sortait. L’animal qu’il était donc alla s’asseoir près des bancs et il observa d’un air curieux tous les badauds passer et repasser dans le hall de la gare.

Qui parmi eux était un mythique ? Ce vieux monsieur là, avec son chapeau enfoncé jusqu’aux oreilles, était il un dangereux vampire ? Est-ce que le pigeon qui trottinait de manière ridicule en quête d’un morceau de pain rassis était il lui aussi un hybride ? Peut être que cette dame aux lunettes noires, tranquillement assise en face de lui était une dangereuse tueuse... Il sentit soudain une douleur aiguë dans la queue de chien et il se leva brusquement en aboyant. « rah, sale bête, ne viens pas te mettre dans mes jambes ! ». Un grand homme maigre venait de lui marcher dessus, et c’est tout ce qu’il trouvait à dire... Décidemment, les animaux étaient bien mal traités, par ici. Les oreilles en arrières et la queue entre les jambes, Otto trottina jusqu’à un coin plus tranquille...

Otto ressentit soudain une impression étrange. Il n’avait encore jamais ressenti ça... Ce n’était pas vraiment désagréable, mais ses poils se hérissèrent comme s’il sentait un danger... Ses yeux fouillèrent le hall de la garde d’un air inquiet. D’un côté, cette étrange sensation l’attirait, c’était comme un message « viens vers moi »... Soudain, Otto comprit. Il vit un jeune homme quelque peu... étrange... Au milieu de ses cheveux noirs pointaient deux oreilles pointues, des oreilles de félin. Ce type était surement un hybride, comme lui. Otto vit même une queue de chat fouetter l’air.

Le drôle de personnage s’assit à côté de lui... Otto leva sa tête canine pour le regarder droit dans les yeux. Apparemment, le jeune homme avait lui aussi deviner sa nature d’hybride... Et il lui demandait même de se transformer sous peine d’être « pris » ! ça voulait dire quoi, ça ? Otto lâcha un jappement indigné avant de se lever. Il n’avait pas de vêtements sur lui, mais étant un voleur dans l’âme, Otto repéra un sac « abandonné », le propriétaire étant juste à côté en train d’acheter un billet. Il lança un regard à son compatriote hybride, un rictus lui donnant l’air de rire. Le chien s’élança, attrapa le sac dans sa gueule, et sortit de la gare, suivit par l’inconnu (j’invente un peu mais bon^^).

Otto s’aventura dans une ruelle sombre, pour pouvoir se transformer à l’abris des regards. D’habitude, il préferait la protection d’un hôtel quelconque, mais l’individu aux oreilles de chats l’intriguait trop pour qu’il face l’aller retour et perde ainsi un temps précieux. Les vêtements contenus dans le sac étaient deux fois trop large pour lui, mais il ne voulait pas non plus prendre le risque d’aller chiper un deuxième sac. Il s’habilla donc prestement – dieu qu’il avait froid sans son pelage protecteur... Il se releva enfin et vascilla légèrement sur ses jambes humaines. Encore habitué à sa forme canine, il lâcha un grognement... Puis il abandonna le sac – après l’avoir vidé de tout argent – et se dirigea vers « l’homme-chat ». Il remit son bandeau, après s’être passé les mains dans les cheveux pour les décoiffés encore plus.

- Eh bah ! c’est la première fois que je rencontre un hybride... Quoi que chez toi, ça se voit plus que chez moi.

En effet, Otto n’avait ni oreilles ni queue de chien, il était un humain banal. Enfin, banal... Pour le moment, il devait avoir l’air d’un clown avec des vêtements pareils.

- d’ailleurs, on ferait mieux de bouger avant que le type que j’ai volé ne se rende compte que je porte ses vêtements, dès fois qu’on le croiserait...

Mais... Mais c’est que cet étrange individu se moquait de lui ?! Bon... C’est vrai qu’il n’avait pas choisis les habits les plus classes qui soient... Il imaginait facilement l’étrange apparence qu’il devait avoir, fagoté comme ça. D’ailleurs, il put s’admirer dans la vitrine d’un magasin... Mon dieu quelle horreur... Otto détourna le regard de l’étrange reflet qui s’offrait à lui. Puis soudain, sans aucunes raisons apparentes, son « camarade hybride » lui sauta dessus et ils s’écroulèrent.

- Argh ! On m’attaque ! Mais arrête, ils vont nous prendre pour des... des homos...

Otto se dégagea difficilement de l’étreinte de l’homme chat. Il avait faillit perdre son tee-shirt, tellement ce dernier était trop grand... Il enleva la poussière de ses vêtements, se releva, et aida l’étrange individu aux oreilles de chat à en faire de même. En même temps, il fusilla du regard les personnes de l’autre côté de la rue qui venaient de faire des commentaires aussi mal placés...Il est vrai que lorsqu’on était civilisé, on ne sautait pas comme ça sur les gens. Otto soupira, et un sourire malicieux montra à « lhomme-chat » qu’il ne lui en voulait pas.

- Appelle-moi Otto. Et j’ai 17 ans... Et toi ?

Otto se demanda si le garçon sautait souvent comme ça sur les gens, en leur hurlant qu’ils étaient « trop mignons ». Les deux garçons arrivèrent bientôt sur une grande place avec une fontaine au milieu... Cette fois la nuit était vraiment tombée. Otto réalisa avec joie qu’ils étaient non loin de la cachette où il avait mit ses vêtements. Il demanda à l’hybride de poser ses fesses sur un banc et de l’attendre quelques minutes... Le temps qu’il aille choper des vêtements correctes, bien à lui, et qu’il ne revienne enfin.

Otto fit une légère grimace en voyant que Shinjiro était prêt à lui sauter de nouveau dessus, après avoir encore crier qu'il était "trop mignon". Il se demandait tout de même qu'est-ce qui n'allait pas chez ce garçon pour qu'il s'amuse à vouloir lui sauter dessus à tout bout de champs... Mais finalement, le chat décida de ne pas lui tomber dessus, et Otto l'en remercia intérieusement. S'il aimait bien Shinjiro, il avait du mal avec tout ce qui était "câlins", et autres contacts physiques. Faire la bise à quelqu"un était pour lui une torture... Il secoua la tête, chassant ses idées funestes de sa tête.

Une gamine s'était approchée d'eux... Elle s'accrocha tout naturellement au short de Shinjiro comme s'ils se connaissaient depuis toujours - mais ce n'était apparemment pas le cas. Soudain la gamine s'exclama "Oh !! Un monsieur chein !" Otto haussa les sourcils et recula d'un pas : comment elle avait fait pour deviner sa nature d'hybride ? Lui, contrairement à Shinjiro, n'avait aucunx signes extérieurs canins. Ni oreilles, ni queue... Il s'accroupit à son tour pour être lui aussi à la hauteur de la gamine. Otto n'était pas très doué avec les enfants, mais il fit comme il put...

- Eh bien, Alice, comment tu as fait pour voir que j'étais un monsieur chien ?
- Les chiens et les chats sont toujours ensemble !

Drôle de déduction... On avait plus l'habitude de voir un chien courir après un caht - voire même l'inverse. Otto leva un regard étonné vers Shinjiro, se demandant si ce dernier aurait d'aventage d'explications à lui avancer...

Otto observa la gamine s'éloigner. Si Otto aimait bien cette enfant là - pas trop chiante - il n'aimait pas les enfants en général. Trop bruyants, actifs, et souvent débiles. Oui, le garçon était d'une tolérance totale envers les jeunes bambins... Apparemment, Shinjiro était loin d'être du même avis. A sa façon de regarder la gamine, il devait beaucoup apprécier les enfants. Otto se demandait comment il faisait pour pouvoir les supporter...

Otto regarda d'un air surpris la pièce que lui tendait Shinjiro. Il n'était pas du tout croyant, pour des raisons personnelles, mais il savait la "présence" de Dieu nécessaire. Il n'était certes qu'un mensonge - pour lui - inventé par les hommes pour garder espoir et ne pas sombrer dans la folie quand les temps étaient durs. Si Otto était athé, il gardait beaucoup de respect pour les croyances des autres. Il adressa un sourire à Shinjiro puis prit la pièce en le remerciant. Il la fit tourner entre ses doigts, puis la jeta dans la fontaine. Comme on le lui avait apprit, il formula un voeu en même temps (et je vais le garder secreet ha ha ha). Puis il se gratta la tête et regarda autours de lui. Le soir était tombé, mais les petits bistrots de la place étaient encore ouverts. Il se tourna vers Shinjiro avec un petit sourire aux lèvres - annonciateur d'une blague :

- je t'offre un verre de lait ?

Avant même que l'hmme chat ne réponde, Otto le traîna dans le bar le plus près. Lui avait soif - après avoir gambadé pendant des heures sous sa forme canine, c'était plus que légitime. Il inspecta le bar, trébucha plusieurs fois sur quelques personnes, puis ils parvinrent à une table propre. Otto sentait dans ses poches le poids des quelques porte feuilles qu'il venait de subtiliser sans même s'en rendre compte. Voilà qui règlerait les consommations des deux garçons... Un sourire un peu triomphant apparut sur son visage. Peu de temps après, le barman vint prendre leur commande. Sans hésiter, Otto demanda un bon grand coca - surtout pas light.

- Alors, qu'est-ce qu'un 'tit chat comme toi fait dans cette ville ?

Comme s'y attendait notre ami Otto, Shinjiro commanda un verre de lait. Le barman, qui avait les traits tirés et l'air fatigué, s'éloigna en traînant les pieds. Probablement était il fatigué... Il est vrai qu(il était tard : déjà 23 heures... Que le temps passe vite quand on s'amuse ! Un musicien ambulant entra subitement dans le bar. Cet idiot jouait une chanson débile sur sa guitare abîmée... Encore un truc que tout le monde adorait, simplement parce que "ça faisait bien". Otto sentit ses cheveux se dresser sur sa tête... Il se serait bien bouché les oreilles. Lorsque le musicien passa près d'eux, quettant une petite pièce, le jeune homme lui lança un regard noir. Puis, l'air toujours un rien agacé, il retourna son attention sur son camarade chat.

- Tu es orphelin, toi aussi ? Moi je suis né ici. J'imagine que je reste parce que j'espère toujours qu'un jour un mec débarquera pour me dire "Otto, viens avec moi, je suis ton père !". Je sais, c'est débile mais bon...

Il eut un petit rire, puis se redressa légèrement en voyant leurs commandes arriver. Cette fois, c'était une jeune serveuse, plutôt mignonne, qui vint à leur table. Elle déposa leurs verres avant de verser tranquillement les boissons dedans, accompagnées de quelques glaçons. Otto attendit que la fille ne s'éloigna avant de prendre son verre et d'enfin pouvoir rafraîchir son gosier desséché. Il faillit le boire d'une traite, mais il reposa son verre en soupirant d'aise.

- Qu'est-ce que ça fait du bien, dis donc ! Ah, pendant que j'y pense...

Otto fouilla dans ses poches avant d'en ressortir le porte monnair de Shinjiro. Il eut un petit rire puis le tendit à son propriétaire :

- J'ai des tendances cleptomaniaques.. Si un truc à toi se retrouve dans mes poches, j'en suis sincèrement désolé ^^ D'ailleurs, vérifie que tu as bien tout ton argent, je me voudrais de dépouiller un chaton...

Otto eut un large sourire en espérant que Shinjiro ne lui en voudrait pas à mort, et ne se lèverait pas de table en renversant sa chaise et en hurlant qu'Otto n'était qu'un abominable vaurien voleur de cochon et qu'on devrait le pendre tout de suite pour tous les crimes atroces qu'il avait bien put commettre en ce bas monde. Peut être même viderait il son verre de lait sur la tête du cleptomane... Décidemment, ce dernier avait une imagination bien galopante.

Otto ne croyait pas vraiment aux fontaines à vœux... Mais, après les paroles de Shinjiro, il avait envie d'y croire et de se dire que oui, un jour, son souhait serait exaucé et que ses parents débarqueraient soudain. Mais il secoua la tête, son esprit terriblement rationnel reprenant le dessus : "si on t'a abandonné, c'est pas pour revenir te chercher des années plus tard, abruti !". Otto eut un petit rire devant sa propre bêtise et termina son verre d'une traite en dépit du nombre incalculable de bulles... Il reposa don verre avec un petit claquement de langue appréciateur.

- t'as raison, va, ne perdons pas espoir !

Il haussa un sourcil : pourquoi Shinjiro pensait il avoir juste perdu son portefeuille ? Otto ne venait il pas d'avouer qu'il l'avait volé, même sans s'en rendre compte ? Il pencha légèrement la tête sur le côté, hésitant entre l'étonnement et le scepticisme. Puis finalement il décida d'hausser les épaules et de ne pas relever. Si jamais ce genre d'incident se reproduisait, eh bien, le doute serait levé.

- Qu'est-ce qu'on fait maintenant ?

Il avait terriblement envie de se retransformer en chien et de gambader dans la ville endormie. Ou bien aller chercher sa guitare, pour montrer à cet abruti de musicien ambulant ce qu'était la vraie musique, celle qui avait nécessitée des années d'entraînements et de torture... Celle qui vous faisait sourire ou bien même pleurer, tellement c'était magnifique. otto secoua la tête : il ne devait pas partir dans ses délires alors que Shinjiro était là. Le mininum à faire quand on est en présence de quelqu'un, c'est de s'intéresser à lui.

[désolée pour la réponse tardive ^^ l'ordi est difficilement accès en semaine

Otto fut d'abord un peu surpris par la réaction de Shinjiro et sa rapidité à sortir du bar. Mais, lui aussi rapide, il le suivit dehors et sur les toits. Contrairement à Shinjiro, Otto avait un peu moins de détente, et il était plus difficile pour lui de sauter de toits en toits. Mais il suivait quand même l'homme chat, refusant de se laisser distancer - fichu orgueil mal placé. Otto haletait légèrement lorsqu'ils s'arrêtèrent dans une petite ruelle mal éclairée. Shinjiro s'était déjà transformé en chat... Otto haussa un sourcil : il ne s'attendait pas à l'entendre parler sous cette forme. En tout cas, lui en était incapable...

- Attends moi deux secondes;..

Otto disparut dans une ruelle avoisinante, le temps de cacher ses vêtements dans un coin et de mémoriser l'endroit pour pouvoir les reprendre plus tard, quand ils auraient finis leur balade nocturne. A peine deshabillé, Otto reprit sa forme canine et poilue, puis il retourna vers le chat noir qui attendait tranquillement. Il secoua ses oreilles et lâcha un jappement joyeux. Il se sentait toujours incroyablement "léger" lorsqu'il était sous cette forme. Il agita sa queue brune et regarda autour de lui : sa vision de chien était bien plus précise que sa vision d'humain.

Sans attendre, il s'élança sur une poubelle puis grimpa sur le toit de la maisonette avoisinante. Il leva la tête vers la lune, qui les éclairait de sa lumière blafarde. C'était la pleine lune aujourd'hui... Otto s'était toujours sentit un peu bizarre, ses fois là. Il imaginait que c'était commun à tous les hybrides, ou au moins aux chiens... Il se retourna pour voir si Shinjiro le matou avait suivi.

Otto sursauta lorsque Shin lui tapota l'épaule pour lui faire remarquer qu'il était juste derrière lui. Comme beaucoup de chien, il n'aimait pas les surprises trop brutales... Il allait répliquer, mais il se rappela que sous sa forme de chien, il était tout simplement incapable de parler... Il se contenta donc d'un grognement de frustration (pas envers Shin, mais envers son incapacité à s'exprimer). Puis Shin s'élança sans l'attendre et Otto dû foncer pour le rattraper, manquant plusieurs fois de se rompre le cou. C'est dingue ce qu'un toit peut être encombré, parfois...

Ils allaient tellement vite que le jeune chien brun rouille avait à peine le temps de regarder le paysage : la nuit étoilée doucement éclairée par une lune gigantesque aux multiples cratères. Cela paraissait incroyable que des humains aient pus y poser leurs orteils... La vue des buildings se dressant à la conquête du ciel noir, avec quelques fenêtres allumées était, elle, très impressionnante... Mais à force de regarder autour de lui, Otto avait ralentit sa vitesse et il faillit être définitivement distancer par Shin le chat. Ce dernier était plus agile que lui et arrivait mieux à s'élancer de toits en toits...

La sensation du vent dans les poils était une chose qu'Otto adorait plus que tout, et juste pour la ressentir, il était capable de galoper plusieurs heures sans s'arrêter. C'était seulement grâce à son endurance, héritée de ses ancêtres loups, qu'il parvint à garder le rythme rapide du chat noir qui le précédait, la queue dressée et les oreilles en avant. Lui aussi devait apprécier ce petit voyage nocturne sur les toits de la ville. Soudain, Otto remarqua qu'ils arrivaient aux limites de la ville, presque dans la banlieue. Un endroit où les Hybrides n'étaient pas très bien vu et, même sous sa forme animale, Otto préférait éviter ce genre d'endroit. Il s'arrêta sur un toit et lança une série d'aboiement vers Shinjiro pour qu'il s'arrête lui aussi...

Comme Otto l'avait espéré, Shin s'arrêta juste après qu'il ait aboyé pour l'avertir. Le chat sembla comprendre qu'ils étaient au bord de la banlieue, un lieu passablement dangereux pour des personnes comme eux, lmes Hybrides... C'est avec soulagement qu'il vit le félin noir revenir vers lui, toujours aussi rapide et agile. Otto eut un sourire de chien, la gueule ouverte et la langue pendante en un rictus étrange - seuls ses yeux pétillant indiquaient que c'était un sourire et non une grimace. Il regarda un instant le ciel, avec ses petits points scintillants, des étoiles... Puis il baissa la tête pour regarder Shin à son tour.

Soudain, en bas, des cris rauques retentirent. Otto tourna vivement la tête, les oreilles pluées contre son crâne, horrifié en entendant que des imbéciles voulaient s'amuser en les tuant... Quel amusement ! Massacrer des animaux ! Otto se demanda si ce n'était pas eux, les bêtes sauvages et stupides. Il eut un autre rictus, mais de colère cette fois-ci. Il aurait bien prit sa forme humaine pour aller leur botter les fesses, mais il se doutait bien que ce serait parfaitement inutile, voire suicidaire. Surtout s'il faisait face, nu, à leurs revolvers. Un sentiment d'impuissance envahi le jeune chien.

Alors, à moitié en colère et à moitié effrayé, Otto suivit Shin sur les toits de la ville pour retourner à la place de la Gare. Derrière eux résonnaient les coups de feu des jeunes imbéciles, qui riaient et se moquaient d'eux sans vergogne... Plusieurs fois, Otto eut envie de s'arrêter et de faire demi-tour pour aller se venger. Mais à chaque fois, il re rappelait le danger qu'ils représentaient pour lui, qui était désarmé... il détestait qu'on se moque de lui... Surtout que là, ils se moquaient aussi de Shinjiro. Ce qui lui donnait encore plus envie d'aller mordre quelques postérieurs...

Enfin, essoufflés et haletants, ils arrivèrent à la place. Avant de redescendre dans les rues, ils durent s'arrêter au bord des toits et tendirent l'oreille... Otto se sentit soulagé en n'entendant plus aucun bruit de coups de feu ni de poursuite. Passer par les toits était bien plus rapide que de passer par les rues... Mais il essaya de faire comprendre à Shin, en couinant et en remuant la queue, qu'il serait plus prudent d'attendre quelque temps là-haut, sur les toits, pour être sur qu'ils les avaient semés. Otto était peut être parano, mais il préférait ça que d'être trop naïf et de se faire tuer bêtement par une bande de jeunes imbéciles sans cervelle.

Après plusieurs minutes d'attente, Otto rejoignit le sol en quelques bonds et alla rapidement se transformer et se changer. Il avait eut assez de sensations fortes pour la soirée, et il commençait à être fatigué... Après s'être rhabillé, il retourna dans la ruelle pour voir si Shinjiro était toujours là et s'il était sous sa forme de chat ou bien sous sa forme humaine.

Le temps de retourner à la ruelle où Otto avait laissé Shin, il joua avec une mèche de ses cheveux bruns. Il repensait à ses idiots qui avaient voulu les tuer, lui et l'hybride chat. écidemment, les gens devenaient de plus en plus débiles, dans cette ville. Otto soupira légèrement, et atteignit enfin la ruelle. Là, il s'arrêta net, quelque peu perturber de "contempler" un Shin dans le plus simple appareil. Il lui fallut quelques secondes d'adaptation puis, le choc passé, il reprit son chemin et préféra ne faire aucun commentaire. Après tout, tous les hommes sont fait à peu près de la même manière, et Otto avait déjà vu des garçons nus dans les douches communes de son orphelinat. Bientôt, Shin était de nouveau habillé.

- Podom... On fait quoi maintenant ?

Il était assez tard à ce qu'on pouvait y juger par la lune et les étoiles, et il était largement temps d'aller se coucher. D'ailleurs, courir comme ça sous sa forme animale était plutôt fatiguant... Otto se gratta la tête et il regretta de ne pas avoir emmener son bandeau avec lui. Ses cheveux tombaient n'importe comment sur son visage et le gênaient... Il n'arrêtait pas de devoir remettre les mèches en place et il sentait que ça allait rapidement l'agacer. Mais pour le moment ce n'était pas son problème majeur... Il se tourna vers Shinjiro et demanda, un sourcil plus haut que l'autre :

- T'as un endroit où passer la nuit ?

Otto n'avait pas de maison, ou d'appartement, mais il avait assez de ressource pour s'offrir, de temps ne temps, le luxe d'une chambre confortable dans un hôtel. Bien sur, c'était loin d'être des hôtels 4 étoiles mais c'était largement suffisant pour lui. Et après tout, si Shinjiro n'avait nulle part où aller, il serait ravi de lui faire une place. La chambre qu'il occupait en ce moment était bien assez grande pour deux... Surtout qu'ils n'étaient ni l'un ni l'autre très imposants. Et au pire, il pouvait se transformer en chien. Mais Otto secoua la tête : si ça se trouvait, Shin pouvait se débrouiller tout seul.

Otto ouvrit la porte de sa chambre avec un petit « tadaaa », bien que la pièce n’avait rien de luxueux… Cependant, il n’aurait jamais imaginé trouver un tel bazard dans son petit niz douillet. C’était un peu comme soi une tornade avait pris un malin plaisir à tout détruire dans sa chambre : plus aucun objet n’était à sa place initiale. Même le lit était retourné et saccagé… Otto voulut rentrer dans la pièce, mais il était tellement maladroit qu’il s’étala magistralement sur le sol, trébuchant sur sa lampe de chevet. Il se releva aussitôt en pestant contre l’idiot(e) qui avait mis sa chambre dans un tel état.

- J’vais aller me plaindre à la direction ! J’paye pas pour qu’on saccage ma chambre comme ça, hey !

Malheureusement, à une heure aussi tardive, tout était fermé dans l’hôtel. Shin et lui n’avaient plus qu’à tout ranger tous seuls – il fallait bien dormir. Otto, râleur comme un poux, laissa échapper une série de jurons tous plus colorés que les autres tandis qu’ils s’efforçaient de rendre à la chambre son ancienne apparence. En même temps il se demandait qui était l’abrutis qui avait bien pu arranger sa chambre. C’était stupide de chercher à cambrioler quelqu’un qui, comme Otto, n’avait pas un rond. Soudain, il se figea. Pas un rond ? Ce n’était pas tout à fait vrai… Il possédait UN objet coûteux, auquel il tenait extrêmement… Il commença à fouiller la chambre, remettant un peu plus de bazard. Finalement, il s’arrêta, blanc comme un linge :

- Ma guitare… Ma guitare à disparue ! Mais quel est l’intérêt de voler un instrument ?! Il la revendra jamais aussi chère que je l’ai achetée…

Otto se tourna vers Shin et, pour la première fois depuis longtemps, il avait les larmes aux yeux. Il tenait énormément à sa guitare, qu’il avait surnommé Marguerite. C’était, en quelque sorte, sa meilleure amie, la seule qui ne l’embêtait jamais, celle qui l’accompagnait depuis tans d’années… Otto s’assit en plein milieu de la pièce, l’air de quelqu’un qui vient d’apprendre le décès d’un ami proche. Il se sentait légèrement ridicule de réagir avec autant d’exagération, mais il tenait vraiment à l’instrument. Il ne pourrait jamais la retrouver, jamais s’en repayer une de bonne qualité : c’est que ça coûtait cher, mine de rien…