[RPG] Un Hybride parmi des animaux ? [PV Grey] [Terminé]

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Otto ne savait vraiment pas comment il avait fait pour en arriver là. Sa situation était... catastrophique. Il y avait à peine une heure, il était encore un "chien" libre. Disons pour faire simple qu'il se baladait tranquillement sous sa forme canine, à la recherche d'un steak saignant. Et voilà qu'une camionnette s'arrête brusquement devant lui, faisant crisser ses pneus sur l'asphalte. Otto avait voulu déguerpir en courant, mais il s'était fait attraper par les étranges propriétaires de la camionnette. Ils avaient des filets, les petits >biiiip<... C'en était suivit un voyage fort peu confortable dans la camionnette malodorante avec d'autres chiens, tous faméliques et au regard vide. Otto ne pouvait pas se transformer. Il n'avait pas de vêtements, et il était hors de question qu'il se retrouve nu... Son amour propre le lui interdisant. Toujours était il que les hommes les avaient menés, lui et les autres chiens errants, dans l'arrière cour d'un magasin. Ils les avaient séparés en deux groupes : les animaux en bon état et les autres, plus maigres, plus sales... Otto faisait fort heureusement parti du premier groupe. Lui et ses congénères furent menés, bon gré mal gré, à l'intérieur du magasin où ils furent rapidement brossés. Otto avait compris que s'il résistait, il risquait fort de rejoindre les "mauvais chiens", dont le sort n'était surement pas enviable.

Et c'est ainsi qu'Otto, fier chien libre des rues, se retrouva enfermé dans une grande cage, elle-même située en plein dans un magasin pour chien. Il allait être vendu... Comme une bête alors qu'il était un hybride... Il pouvait encore moins se transformer qu'avant : si on se rendait compte de sa nature, il serait vendu comme "un objet d'art", le summum des animaux de compagnie. C'est donc avec ennui qu'il regarda les enfants s'agglutiner en masse sur sa vitrine pour les regarder, lui et les autres chiens. Otto avait décidé de s'allonger dans un coin, se demandant bien ce qu'il allait pouvoir faire. Il pouvait attendre d'être acheté puis s'enfuir : rien n'était plus facile. Mais combien de temps allait il attendre ? Après tout, lui-même se considérait comme un beau chien : en pleine forme, le poil brillant et la truffe humide. Mais est-ce que ça suffirait ? Il ne savait absolument pas si les autres humains le considéraient comme "beau". Peut être était il un chien très laid... Otto ne s'était jamais posé la question et à vrai dire, jusque là, il s'en fichait un peu. Même totalement... Lui, du moment qu'il était nourri... Le chien qu'il était se redressa : et sa guitare ? Combien de temps allait elle rester seule, abandonnée dans son coin, prenant la poussière et se vengeant en se désaccordant à toute allure ?

Bon. Après une intense réflexion, Otto en vint à la conclusion suivante : plus il faisait une bonne impression, plus il avait de chance d'être acheté. Et aussitôt acheté, à lui la liberté ! Il en aurait presque rit. Il se leva donc et se secoua doucement. Il s'approcha de la vitrine comme tous ses camarades, occupés à lécher les mains tendues. Mon Dieu... devrait il lui aussi faire ça ? Lui qui avait en horreur les contacts... Enfin, tans pis, ce n'est pas lui qui se retrouverait avec les mains pleines de baves. Il s'approcha donc, observant d'un oeil un peu inquiet cette horde d'enfants sauvages. A se demander qui était vraiment l'animal, dans cette histoire. SOudain, un gamin tandit le bras et lui chopa une oreille. Ah nan ! Pas les oreilles ! Otto recula vivement : les oreilles, c'est sacrées, on y touche pas... Puis il se rappela qu'il n'était pas là pour faire des chichis, mais pour se faire acheter. C'est donc à contre coeur qu'Otto se laissa triturer les oreilles...

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Un long rire sadique raisonna dans toute la banlieue Saint-Roch, c'était le signal. La signature d'un pauvre démon abandonné par son maître. Un vent fort vint fouetter les toits des maisons. Une silhouette se profila sur l'un d'eux. Fier, les bras croisés autour de sa taille, Grey scruta de ses yeux dorés les bambins se déhanchant au milieu de la route. Mais quels idiots pensa-t-il. Et si une voiture venait ? Ils seraient dans la merde, il faut l'avouer. Les gosses avaient de s'en foutre. Ils souriaient, tout joyeux. A un moment, le jeune démon imaginant une scène peu glorieuse. Le sang giclant sur les trottoirs, les gamins étalés de tout leur long dans le bain de sang. Rien qu'à cette vision glauque, Grey en tira fort satisfaction.

~ Qu'est-ce que ce serait drôle si un gros camion passait par là ... ~, murmura-t-il en gloussant.

Puis il disparut instantanément de la zone familiale, tout à coup lassé de ces enfants. Ils faisaient trop de bruit puis le démon. Celui-ci sauta élégamment de toit en toit, des cartes entre ses mains. Ils les rangea dans sa poche, dépoussiérant au passage sa manche immaculée. Et Grey partit vers de nouveaux horizons.

Pour son plus grand malheur, un poteau se dressa devant lui, et lorsqu'il tourna la tête sur le côté après être intrigué par une étrange lumière, vous devinez la suite. Il se prit l'obstacle en pleine figure. Comme dans les dessins animés, Grey glissa lentement sur la poutre métallique avant de toucher le sol de ses fesses.

~ Itte ... Te ... ~

Une fois de plus, les passants s'arrêtèrent et le regardèrent bizarrement. Le jeune rouquin se redressa illico, se dépoussiéra prestement, et il planta ses yeux perçants dans ceux de la foule. Tout le monde détourna leur regard vers d'autres directions, et il reprirent leur marche lassante. Grey soupira, puis il décida de continuer sa route avec les stupides humains.

Personne ne saura l'envie qui avait poussé Grey à aller à l'animalerie. Un démon parmi les animaux, ce n'était pas connu hein. Le rouquin prit la direction de l'animalerie la plus connue de City, sûrement par pur hasard. Lorsqu'il arriva devant le magasin, il ne put s'empêcher de faire la moue en apercevant les mioches agglutinés sur les pauvres chiens. Les toutous se font massacrer se disait-il. Il poussa la porte d'entrée, laissa un temps entre son arrivée et la prochaine étape, puis il se dirigea vers les canidés.

~ Mais qu'est-ce que je fais là ... Hein ... ~

Les enfants tiraient les oreilles des chiens. Grey fronça les sourcils quand soudain, il s'arrêta devant une cage. Il réfléchit longuement, puis un sourire orna ses lèvres lentement. Il avait une illumination.

~* Et si je faisais une grosse bêtise ? *~

Il secoua son index de droite à gauche, puis il décida de s'assoir et de contempler les bébêtes harcelées par les bonhommes. Certains des gosses s'aperçurent de Grey, et quelques uns se dirigèrent vers lui, et ils l'assommèrent de questions tordues.

" T'es une fille ? Hein, t'es une fille ? "

" Tes cheveux sont des vrais ? Oh, je peux les toucher ? "

" Je veux ta veste ! Je veux ta veste ! "

~* Han ... Je ne suis pas un toutou moi ... *~

~ Allez les mômes, déguerpissez, vous êtes là pour les chiens hein ? Par pour moi ofufufu ... ~

Grey se mit à glousser silencieusement, remuant sa main comme une fille cherchant la tranquillité. Les bambins se figèrent, surpris des dents pointues du démon, puis ils se reculèrent et partirent sans attendre. Grey s'aperçut qu'un chien était tout seul. Il s'approcha de lui lentement, s'accroupit par la suite, et son visage fin s'illumina.

~ Pauvre toutou ... J'ai bien envie de te libérer tiens ... ~

Aussitôt dit, aussitôt fait: Il s'empara d'une carte à jouer, le Joker, puis il l'enfonça dans le système de la cage. Il crocheta de nombreuses fois la serrure, mais il n'y parvint pas. Énervé, Grey se saisit du verrou et le broya sur place avec trois doigts, puis il ouvrit rapidement la porte.

~ Allez ... Zouh le toutou, et ne me dis pas merci, tu es tellement craquant avec ces yeux-là. ~

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Cela faisait bien dix minutes qu'Otto se laisser tripoter - ou plutôt massacrer - les oreilles... Lorsqu'un enfant, fort intelligent apparemment, décida de lui enfoncer un stylo tout mâchonné dans l'oreille. C'était... C'était trop pour lui... Il plaqua ses oreilles contre son crâne et recula en grognant. Le stylo tomba sur le sol tandis que l'enfant le lâchait : il sembla effrayé par Otto. Mais sa mère, une grande femmeà l'air sévère, lui expliqua qu'enfoncer des stylos dans les oreilles des chiens, ce n'était pas très subtil ni très malin... L'hybride abandonna son idée première de "séduire" les clients potentiels. Il en avait une autre pour la remplacer... Il allait attendre la nuit, se transformer en humain, et essayer de bidouiller le verrou. Si ça ne marchait pas... Eh bien, il verrait plus tard. Il alla se vautrer au fond de sa cage et regarda d'un air absent ses camarades chiens se précipiter vers les mains humaines, réclamant caresses et friandises.

C'est à ce moment là qu'un étrange personnage fit son entrée... De longs cheveux rouges sangs, assortis à ses vêtements hétéroclite qui paraissaient appartenir au siècle passé. Ses yeux, qui avaient un étrange regard perçant, étaient jaunes. Il s'avança d'une démarche aérienne vers les cages aux chiens, et Otto put soudain sentir son odeur. Aussitôt, tous ses pils se hérissèrent et il lâcha un sourd grondement : cet homme - quoi qu'efféminer - était un démon pur race. Et l'instinct d'Otto lui hurlait de ne pas s'approcher de lui... Mais le problème, c'est que c'était le démon en question qui s'approchait... Et lui n'avait aucun moyen de s'enfuir, à cause de cette stupide cage. Le "truc rouge" eut un sourire, et tout le monde put admirer ses dents pointues. Peu après, le magasin fut déserté et même les animaux ne faisaient plus aucun bruits...

Otto n'avait pas bougé d'un poil, mais il observait de ses yeux bruns l'inconnu. Il espérait passer inaperçu... Après tout, puisqu'il s'agissait d'un démon, peut être percevrait-il qu'il n'était pas qu'un simple chien mais un hybride. Et qui sait quel sort il lui réserverait ensuite... Malheureusement, le souhait d'Otto ne fut pas réalisé et l'étrange personnage diabolique s'approcha de sa cage. Otto n'aimait pas du tout l'étrange lueur qui brillait à présent dans ses yeux dorés, qui semblait dire "ha ha ha j'ai une idée mais elle ne va pas te plaire...". C'est ce moment là que choisit le rouquin pour ouvrir sa cage. Les oreilles d'Otto se plaquèrent toutes seules contre son crâne. le chien qu'il était ne pouvait s'empêcher de se méfier de redouter un coup fourré... Avec précaution, il s'approcha de la porte de la cage.

Il bondit en avant, et passa en trombe devant le démon rouge. Il chercha des yeux un endroit où se cacher, espérant que le démon s'en irait et l'oublierait . Il se cacha derrière le comptoir, qui avait été déserté par le caissier - sans doute effrayé par l'individu rouge. En fait, ils étaient à présent tout seuls dans le magasin... Là, otto s'arrêta et réfléchit. Il y avaient deux possibilités : ou bien le démon l'avait libéré par pure bonté d'âme - ce dont il doutait, soit il l'avait libéré pour une quelconque raison démoniaque et satanique, ce qui paraissait plus probable à ses yeux. Mais il était difficile de réfléchir correctement avec un misérable cerveau de chien. Otto soupira et décida de se transformer en humain...

Aussitôt, il se sentit plus à l'aise, si l'on oubliait le fait qu'il n'avait aucuns vêtements. Il regarda autour de lui et trouva une espèce de salopette de jardinier qui traînait là. Il l'enfila rapidement puis se leva. Inutile de se cacher plus longtemps : le bruit qu'il avait fait avait du attirer l'attention du démon, si son ouïe était aussi fine qu'on le prétendait.

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Vu la vitesse avec laquelle le chien s'était éloigné de Grey, celui-ci avait compris qu'il savait ce qu'il était. Et pour le rouquin, c'était pareil. Il pouvait ressentir cette aura typique d'un hybride, et son odeur empeste l'humain. Le jeune homme se redressa, dépoussiérant sa queue de pie, puis il observa le comptoir où le chien s'était réfugié. Il poussa un soupir, même les cabots ont la trouille de Grey. Remarquez, ça ne lui dérangeait pas. Il préférait être craint plutôt de se faire prendre pour un douillet. Le démon posa ses yeux sur les chiens encore enfermés dans le masures, puis il sortit de l'argenterie de haute qualité, essentiellement des couteaux d'argent. Il plia ses doigts, souriant, puis il balança les projectiles sur les serrures qui tombèrent ensemble par terre. Le toutous poussèrent les portes à présentes ouvertes, puis Grey avança calmement vers la porte d'entrée pour leur rendre la liberté. Les chiens partirent avec hâte, s'éparpillant dans les rues.

~ Une bonne action de faite ? Mon oeil, ofufufu !! ~

Et il éclata d'un rire purement sadique. Il avait oublié l'autre toutou. Grey s'arrêta, toussota, puis il s'accouda au comptoir nonchalamment, poussant un soupir bruyant. Il baissa les yeux qui se figèrent en voyant l'énergumène tapissée contre la chaise, vêtue seulement d'une salopette démodée.

~* Mais quelle honte ... Ah làlà ... *~

Grey tourna les talons, puis il se retrouva rapidement, à une vitesse déconcertante, devant le jeune homme. Il remit correctement le bouton de la salopette, ramenant les bretelles sur les frêles épaules de l'adolescent. Il était très habile avec ses mains, et c'était un peu normal à cause de son job. Être majordome, il aimait cela. Et ce fut avec rapidité et élégance que Grey remit le jeune homme dans un état sublime. Il pensait que s'il avait des vêtements de meilleure qualité, cet hybride serait encore plus beau.

~ N'aie pas de moi, le toutou ... ~

Il tira un sourire tout gentil, même si ses dents pointues montrent clairement la méchanceté. Grey se recula lentement, entendant clairement les battements irréguliers et rapides du garçon. Le rouquin se releva avec fierté, contourna le comptoir, puis il jeta un œil aux aliments pour chien.

~ Comment peux-tu manger des trucs pareils ? ~

Après tout, ce n'était pas destiné aux humains ça, si ?

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Otto jeta un coup d'oeil discret derrière le comptoir. L'autre démon aux allures féminines sortit un chapelet de couteaux, qu'il envoya directement ans les serrures mainenant fermées les portes des cages. Dans un capharnaum le plus total, les chiens se ruèrent dehors, vers la liberté. Otto haussa un sourcil : depuis quand les démons étaient ils "gentils" et "serviable" ? Ce dernier devait avoir une idée derrière la tête, et le jeune homme n'était pas pressé de la connaître... D'ailleurs, le rire sadique et satanique qui résonna à ses oreilles le conforta dans sa première impression... Entendant des bruits, Otto releva brusquement la tête : le démon était calmement accoudé au comptoir et il l'observait d'en haut.

- Hey mais !

Otto se releva, mais le temps qu'il soit debout et le démon avait disparut. Le temps de froncer les sourcils et le rouquin était à côté de lui, en train de rajuster l'immonde salopette qu'il avait trouvé. Otto haussa un sourcil devant l'habileté du Démon... Il ne comprenait pas pourquoi ce dernier agissait ainsi. Lorsque le satanique rouquin eut terminé de l'arranger, l'hybride recula légèrement. Même s'il savait que ça ne changerait rien si l'autre décidait subitement de l'envoyer dire bonjour à ses ancêtres.... Justement, celui-ci se mit à sourire tout en lui indiquant de ne surtout pas avoir peur de lui... Otto eut un petit rire un peu moqueur : ce n'était pas en souriant avec un tel air qu'il arriverait à "rassurer" l'hybride...

- Je n'ai pas peur, bougonna ce dernier, je suis juste méfiant... ça paraît normal, devant un démon. Enfin, pour le misérable humain que je suis !

L'autre se détourna avant de s'éloigner et de contempler un sac de croquettes pour bestiole poilue. En entendant sa question, Otto ne put s'empêcher d'éclater de rire et de répondre aussitôt, histoire de dissiper tout malentendu :

- Non, je ne mange pas de ça... Par contre j'adore la viande. Saignante...

Son visage prit un air rêveur tandis qu'il pensait, avec délectation, à un steack aux proportions énormes... la salive commença à monter, et il secoua la tête. ça faisait si longtemps qu'il n'avait pas mangé de la bonne viande qu'y penser devenait de la torture... Bizaremment, Otto était déjà un peu moins méfiant envers l'étrange rouquin démoniaque qu'au début. Ce qui ne voulait pas dire, bien sur, qu'il lui faisait confiance.... Loin de là. Otto toussota légèrement, et regarda brièvement le magasin vide. Quelques animaux, comme des lapins ou des hamsters, recommençaient à faire du bruit et à vivre leur petite vie insignifiante. Otto se tourna vers le démon et demanda, l'air de rien :

- Et qu'est-ce qu'un démon vient faire dans une animalerie ?

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- Je n'ai pas peur, je suis juste méfiant ... Ca paraît normal, devant un démon. Enfin, pour le misérable humain que je suis !

Enfin quelqu'un qui avouait la nature que caquetait Grey. Le démon se retint de rire aux éclats. Décidément, rien qu'une phrase pouvait le tordre de rigolade. Il n'était pas sérieux. Il aimait plaisanter, ne lui en voulez pas. Et quand un stupide humain, comme l'avait précisé Otto, mais que celui-ci avait qualifié de misérable, jouait avec l'humour, Grey ne pouvait être que joyeux. C'était dans mes moments comme celui-ci que la garde pourtant bien ficelée du rouquin tombe en miettes. Faites-le rire, puis attaquez-le par derrière. Unique point faible de notre psychopathe dégénéré. Mais ne croyez pas pouvoir le tuer. Car Grey était ... Undead, dirons-nous.

- Non, je ne mange pas de ça ... Par contre, j'adore la viande. Saignante ...

Tiens donc ! Cet hybride faisait donc partie de la 'classe deux', comme avait décidé Grey. Oui, le démon ne pensait pas comme ces abrutis d'humains. Il avait, depuis longtemps, classé les êtres mythiques en deux grandes classes. La première était celle où les hybrides adoptaient les mêmes régimes des animaux dont ils pouvaient se transformer. Et l'autre classe, c'était des hybrides adoptant leur propre régime. Cet hybride-là, en salopette dont la bretelle avait glissé sur son bras, faisait incontestablement partie de la deuxième catégorie. La viande saignante donc. Ca coûtait cher, non ? Grey pensait qu'il était à la rue, comme la plupart des hybrides. Et que se payer une bonne tranche de chair animale tant convoitée était difficile. Généreux, le rouquin songea à lui donner assez d'argent pour s'acheter un morceau de gibier. Mais bon, si ce toutou de panure devait lui supplier à genoux, là, ça ne le ferait pas.

- Et qu'est-ce qu'un démon vient faire dans une animalerie ?

Bonne question. Grey arqua les sourcils, plongeant dans ses songes. Il se creusait la tête à la recherche d'une raison valable. Et il n'en trouva aucune. Il grommelait. C'était pas juste d'être venu ici sans conviction. Autant quitter les lieux sur le champ alors. Et puis, Grey avait d'autres chats à fouetter, et il avait des crimes à commettre. Oui, du sang allait couler ce soir, des cadavres puants allaient giser à terre, dans leur propre hémoglobine. Rien qu'à cette scène future, le rouquin en tira une joie intérieure si intense que son corps fut parcouru de spasmes. Grey tourna le dos à Otto, souriant sadiquement, puis il sortit de sa poche une liasse de billets et la tendit au jeune homme.

~ Tiens, et garde tout. Tu auras de quoi te nourrir pour un bout de temps. Je dois y aller, excuse-moi. Bonne journée, le mignon toutou ! ~

Le rouquin abandonna son sourire de psychopathe, et il caressa la joue sale du jeune hybride. Oui, il ne voulait pas le tuer. Pas maintenant. Aussi vite qu'il était venu, Grey s'éclipsa dans un courant d'air. A la place trônait une autre liasse de billets. Qu'est-ce qu'il était généreux, notre démon.

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[bon, j’ai fait ce que j’ai pu ^^ De toute façon, c’est le dernier message xD]

Otto recula – ou rampa – un peu plus loin du démon hilare. Apparemment, il trouvait mortellement drôle le fait que l’hybride soit méfiant… Il marmonna dans sa barbe inexistante tout en grimaçant de manière comique : « aah, c’est facile de se moquer des ‘tits humains tout faibles et tout stupides… gna gna, si moi aussi j’étais un démon… rigolerait moins, l’autre lutin ridicule… ». Otto savait que même chuchotée, cette phrase avait dû être entendue par le démon rouge ici présent, allias le lutin ridicule. Mais qu’importe, l’hybride n’était de toute façon pas connu pour sa subtilité et son sens des négociations…

Les yeux faillirent sortir de sa tête lorsqu’il vit le paquet de billets tombés juste à côté de lui, lâché par la main soi-disant généreuse du lutin ridicule. Pendant quelques secondes il resta figé, un sourcil plus haut que l’autre dans une expression de franche surprise. Depuis quand les gens – même démoniaques – distribuaient ils autant d’argent à de parfaits inconnus et qui plus est vêtu d’une salopette ridicule ? Les billets étaient peut être piégés… Conçus pour exploser dès qu’il y toucherait… Ou peut être enduit d’un poison mortel… Tout occupé à réfléchir à cette intéressante question, Otto ne vit pas venir le démon et ce dernier se permit de lui caresser la joue. Horreur ! Otto sursauta en un magnifique bond de quelques mètres. Déjà qu’il avait horreur des câlins ou de tout autre démonstration affective, alors si en plus le responsable était un démon..

Avant même qu’il n’ai put ânonner une protestation digne de ce nom, le ridicule lutin démoniaque avait disparut, laissant derrière lui la mystérieuse mais non moins menaçante liasse de billets. Il aurait voulu prendre le temps de réfléchir calmement à la question « piégés ou pas piégés ? », mais le personnel de l’animalerie risquait de refaire apparition à tout moment et de lui poser des questions plus qu’embarrassantes. Otto jeta un coup d’œil vers la porte, restée grande ouverte. Fort heureusement, personne ne semblait sur le point de rentrer dans le magasin… Aussitôt, l’hybride bondit sur ses pieds nus et reprit sa forme canine. Il prit précautionneusement les billets dans sa bouche et fut en quelques bonds près de la porte. Personne à droite, personne à gauche, parfait… Le chien roux s’élança aussitôt dans les petites ruelles d’Hirori, galopant comme s’il avait la mort aux trousses.

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