[RPG] Les empreintes de nos rêves. [PV Edward]

[Musique d'ambiance ICI]

Un soupir, une bouffée de chaleur. C'était ce qu'on appelait la maladie. La maladie de tout abandonner, de tout jeter par la fenêtre: son courage, son envie, sa détermination. Tout ça, il aurait voulu les balancer si seulement ils étaient matériels. Alexiel n'avait plus envie de se battre pour sa mémoire perdue. Il voulait partir loin de Luciia, loin de toute cette éducation dont il en avait horreur. Mais autre part, il ne pouvait aller nulle part: son incapacité à courir, même marcher correctement, le rendait totalement incapable de quitter le QG des Crysalid, de même que cet homme dont il était éperdument amoureux. Alors où irait-il, si ce n'était dans les bras de son amour ? La vie semblait fort cruelle pour Alexiel. Ce dernier, assis, broyait des fleurs aphrodisiaques en lisant son cours de conjugaison quotidien. Savoir conjuguer correctement, à tous les temps, à tous les modes... Une pratique exercée en primaire, certes, mais que notre ange avait totalement oublié en perdant la parole. Petit à petit, sa gorge se débloquait au fur et à mesure qu'il réapprenait à parler. Il s'exprimait avec de simples mots, parfois il tentait de faire des phrases complètes, mais elles devenaient rares, en même temps que sa détermination. Quelques membres du Clan se moquaient de lui. Alexiel se sentait hautement insulté, rabaissé, et il ne pouvait s'empêcher de partir en crise de larmes et de colère, coupable de son propre handicap.

- Je pr-prends... Tu prends... Il prend..., répétait-il en versant la mixture verdâtre dans un flacon.

Luciia avait trouvé un parfait passe-temps pour notre blondinet: celui de s'occuper des plantes. Ainsi, devenant un véritable herboriste, Alexiel connaissait toutes les variétés de plantes, et savait à peu près concocter toutes sortes de lotions, et même de poisons... Mais cet apprentissage se mêlait à celui de la langue, et du mouvement. Alexiel restait confiné dans sa chambre, fuyant les superficiels qui jouaient de son handicap. Il savait qu'ils l'attendaient devant sa chambre, préparant des tonnes de plans pour le martyriser le plus possible. Mais ça, l'ange se doutait bien qu'il devrait parer ces provocations.

Après avoir rangé son matériel d'herboriste, et avoir sagement disposé la lotion avec ses consœurs, Alexiel prit son cahier de conjugaison et ouvrit la porte de sa chambre. Et chose pensée, chose réalisée. Les abrutis passaient par là, montrant fidèlement leur panoplie de couteaux et de rares pistolets. Le blondinet recula pour se cacher dans l'ouverture de sa porte, et les vit passer leur chemin en lançant juste un "Illettré !" à notre petit ange. Ce dernier baissa les yeux, penaud, puis s'abandonna à la solitude, refermant la porte derrière lui. Il voulait se rendre aux jardins, mais cette provocation le fit changer d'avis, ainsi que sa façon de penser. Il ouvrit son cahier de notes au dernier verbe à apprendre.

- Je... Je vous hais... Je vous...

Et sa gorge se bloqua pour léger échappement un gémissement de tristesse. Alexiel glissa ses doigts sur la liste du verbe "haïr", puis une larme toucha de plein fouet la première personne.

- C'est ça... Je vous hais..., maugréait-il en tapant son poing contre la porte.

Un souvenir de Luciia lui revint en mémoire. Lorsque la colère vous prenait, autant ne pas la laisser vous envahir, pensez plutôt à un moment doux, un moment que vous voulez revivre... Alexiel ferma les yeux et se concentra. Sa première pensée se tourna sur cette chaleur délicate, et ce vert fondant sur lui. Et puis les formes se dessinaient, un sourire se déchiffrait. L'ange rouvrit les yeux et reposa le cahier sur la table, se dirigeant d'un pas maladroit vers son lit. Et puis un bruit l'alarma d'un coup. Quelqu'un avait toqué. Étaient-ils revenus, ces idiots ?! Alexiel fronça les sourcils et murmura un "Allez-vous en" pas très confiant encore. Mais quand on se trompait, avait-on droit à une deuxième chance ?

Edward vagabondait dans les couloirs comme à son habitude. Les quelques membres du clan s'occupaient de leurs tâches alors que lui il était en pause si on puit dire. Etant chef du clan, il pouvait décider quand il était en pause ou pas mais il prenait tout de même son devoir au sérieux et participait à toutes les tâches qui demandaient sa présence. Aujourd'hui, il avait décider d'aller voir si les derniers Intrus qu'ils avaient recueillis se portaient bien et s'ils s'étaient bien intégrés. En entrant dans la grande salle de convivialité, tous le saluèrent d'un signe de tête alors qu'il arborait son éternel grand sourire. Il s'approcha du groupe où se trouvait les nouveaux venus alors qu'ils discutaient avec des anciens membres du clan. Apparemment tout aller bien. Le jeune homme les salua et s'assura de leur bien être avant de papoter un peu. Au bout de quelques minutes, il s'excusa avant de partir. Après tout, temps libre rimer avec voir Alexiel.

Il descendit donc au jardin, espérant le voir ici à cette heure mais ne l'y trouva pas. Il trouva cela étrange sur le moment et décida donc de passer à l'infirmerie. Il monta quelques étages et toqua à la porte de celle-ci. Luciia lui ouvrit et l'observa un instant avant de le laisser entrer.

«Si tu cherches Alexiel, je viens de lui donner ses révisions, il doit être dans sa chambre.
~Comme toujours, tu sais ce que les autres pensent.
-Il faut dire que ce n'est pas difficile à deviner...»

Edward lui sourit et sortit de la pièce, traversant encore une fois le long couloir. Alors qu'il montait à l'étage supérieur, le jeune homme croisa deux jeunes gens en train de pouffer de rire. Ils le saluèrent poliment avant de continuer leur chemin. Edward avait ressentit une onde qu'il n'avait pas apprécié, il ne savait pas pourquoi, mais ça ne lui plaisait pas. Tout de suite moins joyeux, il monta les quelques dernières marches et s'avança jusqu'à la porte des quartiers de son ami. Il ne savait pas que celui-ci était rabaissé par des gens du clan, enfin, il n'en avait pas totalement conscience.
Il toqua une fois à la porte, attendant une réponse. Une faible voix lui vint de l'intérieur. Et ce n'était pas une autorisation d'entrée. Toquant une deuxième fois, le jeune homme prit la parole.

«Alexiel... C'est moi, Edward. J'entre ?»

Même si sa dernière phrase était une question, il s'autorisa à ouvrir légèrement la porte et se faufila à l'intérieur de la chambre de l'Ange. L'envie de le voir était trop forte et puis il était inquiet depuis qu'il avait croisé ces jeunes gens dans les escaliers. La petite silhouette d'Alexiel était un peu plus loin, proche du lit. Ses longs cheveux d'or tombaient en cascade dans son dos, reflétant la lumière entrant dans la pièce. Légèrement retourné, Edward pu apercevoir ses yeux bleus à travers ses mèches, ils affichaient un air méfiant.
Il referma doucement la porte puis fit quelques pas dans la chambre, en direction de son ami. Ses yeux verts brillèrent sous ses mèches brunes lorsqu'un large sourire éclaira son visage. Il tendit les bras vers Alexiel et sortit doucement :

«Alors, tu veux toujours que je m'en aille ?...»

« Alexiel... C'est moi, Edward. J'entre ? »

Une lueur douce parcourut le cœur d'Alexiel pendant un quart de seconde. Cette voix, il la devinait parmi des centaines, des milliers même. Ce timbre de voix le faisait toujours frémir, c'était intéressant de voir comment notre ange réagissait face au Chef des Crysalid. Toujours était-il que le blondinet se sentait honteusement incapable de résister à cet homme. Et ce dernier surgit, avec une délicatesse légendaire, avant de prendre place au centre de la pièce. Alexiel, d'abord méfiant, avait ensuite tourné son visage rougi par les larmes vers le jeune homme. La nette impression qu'il avait entendu ce parjure clignota dans la tête d'Alexiel. Illettré, c'était bien ce qu'il était, de toute manière... Il n'y avait que la vérité qui blessait. Et pourtant, Alexiel ressentait l'immense besoin de s'affirmer, de prouver qu'il n'était pas un légume. Mais son silence tuait son ambition.

« Alors, tu veux toujours que je m'en aille ?... »

C'était clairement une invitation qui s'offrait à notre blond. Voir Edward bras écartés, sourire aux lèvres, pourquoi résister ? Alexiel se leva péniblement, s'approcha de son supérieur, avant de frôler sa veste du bout des doigts. Le silence perdurait toujours, la pression montait en puissance, et pourtant le message passait quand même. Il n'aimait pas sa vie. Et il se remit en question sur sa lâcheté, sur son inefficacité, son incapacité à réagir rapidement à ce Judgment qui l'avait attaqué. Mais aucune larme ne coulait sur les joues d'Alexiel. C'était tout simplement son cœur qui pleurait, à l'intérieur, d'avoir perdu tout ce qu'il avait acquis. Et puis le silence se brisa, sa voix résonna dans la pièce, chassant le lourd engouement.

- Pars pas... J'ai... peuré un peu...?, fit-il en levant la tête vers Edward.

Son erreur le rendait innocent, son interrogation le qualifiait outrageusement de bébé. Mais c'était absolument adorable de voir comment il se démenait pour se faire comprendre. Oublier un "l", où était le mal ?

- Je veux... Partir d'ici avec toi. Il y a des méchants... qui se moquent de moi... Je veux pas voir Luciia. Elle aussi elle est méchante, s'entêta-t-il à affirmer à Edward.

Puis son corps se rapprocha du sien pour se blottir contre lui, yeux clos. Ses mains défilaient soigneusement sur la veste de son amour, comme pour découvrir du toucher les merveilles que créait l'Homme, aussi rares étaient-elles. Un petit sourire se dessinait sur ses lèvres pourprées, il aurait voulu passer le reste de sa vie comme cela, contre Edward, sans se soucier de quoi que ce fût.

- Dis moi que tu m'aimes..., murmurait-il égoïstement.

Edward observa le petit être qu'était Alexiel se lever puis faire quelques pas maladroits pour le rejoindre. Le jeune homme aurait bien voulu le rejoindre tout de suite et lui éviter tous ces efforts mais le jeune Ange avait besoin de bouger pour réapprendre tout ce qu'il avait oublié.
Il le voyait comme un être extrèmement fragile qu'il devait protéger contre toutes attaques extérieures à sa chambre. Le protéger de lui-même aussi s'il le fallait. Mais Edward n'avait pas le temps de le voir tous les jours alors qu'il aimerait être à ses côtés 24 heures sur 24.
Mais d'un autre côté, il ne voulait pas trop le sur-protégé, de peur de le confiner et qu'il ne puisse pas récupèrer toutes ses capacités. Il sentit les doigts fins d'Alexiel courirent sur sa veste et il dû se retenir de le serrer dans ses bras, posant simplement ses mains sur ses bras. Leur relation dépassait la forte amitié depuis environ 3 mois maintenant. Ils se cachaient d'ailleurs toujours de tous, sans savoir réellement pourquoi.

«Pars pas... J'ai... peuré un peu...?»

Son regard s'adoucit en entendant cette petite erreur de prononciation. Alexiel était tout simplement adorable, au fond Edward avait surtout peur de le souiller. Parfois, il préférerait être un simple grand frère pour l'Ange. Mais il savait au fond de lui qu'il ne pourrait jamais garder ce simple rôle, il voulait Alexiel, il ne voulait pas le voir partir dans les bras de quelqu'un d'autre. Sa jalousie était sans limite, l'imaginer dans les bras d'une autre personne suffisait pour que la colère vibre en lui, transformant le vert de ses iris en un jaune tenu et vif.
Se calmant rapidement, il corrigea son ami avec douceur :

«Pleuré... Il y a un L. Mais dis-moi plutôt pourquoi tu as pleuré ?
- Je veux... Partir d'ici avec toi. Il y a des méchants... qui se moquent de moi... Je veux pas voir Luciia. Elle aussi elle est méchante.
~Luciia n'est là que pour t'aider. Une enseignante se doit d'être sévère avec son élève pour que celui-ci apprenne.»

Alexiel se faisait donc persécuter par des membres du Clan. Ses deux là... Si Edward les recroisait, il saurait les rabaisser pour qu'ils n'ai plus à embêter son amour. Un Chef de Clan se doit aussi d'être sévère envers ses membres pour que ceux-ci ne profitent pas de lui. Plongé dans ses pensées, il en fût retiré lorsqu'il sentit l'Ange se serrer contre lui. Cette fois-ci il ne put s'en empêcher et le serra dans ses bras, noyant son visage dans la mer d'or de ses cheveux. Un petit murmure glissa dans leur enlacement et Edward eut un sourire malicieux.
Ecartant Alexiel, il le fit doucement basculer sur le côté, le soulevant soudainement dans ses bras, tel une princesse. Ses yeux brillèrent en voyant le regard étonné de son ami. Edward se pencha au dessus de lui et posa un instant ses lèvres sur le nez fin de son ami avant d'embrasser délicatement ses douces lèvres.

«Je t'aime. Et je te le répéterai autant de fois que tu le souhaites...»

Un air joyeux et enfantin éclaira soudainement son visage comme animé par une soudaine envie de jouer. Gardant Alexiel dans ses bras, il se dirigea vers le lit et le posa doucement sur les draps avant de s'assoir à côté de lui.

«Alors, que faisons-nous aujourd'hui ? Y a-t-il quelque chose que tu veux savoir ou que tu veux faire ?»

« Je t'aime. Et je te le répéterai autant de fois que tu le souhaites... »

L'égoïsme passager d'Alexiel lui valut une phrase des plus merveilleuses au creux de son oreille. Décidément, Edward savait comment procéder avec notre ange. Il était désormais inutile de se mettre en colère, et de ce fait le blondinet oublia l'insulte des deux membres de tout-à-l'heure, se blottissant tendrement contre le brun qui resserra sa prise, comme s'il avait peur qu'Alexiel disparaisse à jamais. Sauf qu'il ne pouvait fuir, s'échapper, il en était absolument incapable. En pleine rééducation, il n'allait pas tout plaquer. Et qui plus était, abandonner Edward. Ah ça, il ne le pourrait jamais.

Edward avait déposé Alexiel sur son lit après l'avoir porté en princesse, ce qu'il l'avait pas mal étonné au départ. Mais un couple normalement constitué faisait souvent ceci, n'est-ce pas ? Alors l'ange, attendri par ce pur geste d'amour, tira Edward contre lui après qu'il se soit assis. Et c'était vrai: qu'allaient-ils faire aujourd'hui ? Alexiel n'éprouvait pas l'envie d'aller aux jardins, de peur que les deux autres le voient. Rester confiné dans la chambre était une meilleure idée, et puis ils pouvaient se laisser aller dans leur amour sans que personne ne les embête. Car Alexiel le savait bien: Edward ne désirait pas que leur relation soit révélée à tous. Sauf que c'était très difficile de passer inaperçu...

- Luciia... Elle est au courant, pour nous deux..., avait-il murmuré honteusement. Elle voulait savoir... pleins de choses... sur nous. Sur moi. Pour ma santé, elle a dit... J'ai peur qu'elle m'interdise de te... t'aimer...

Et sa tête se tourna vers un point fixe, tentant de fuir son regard. Il avait peur qu'Edward le gronde sur leur secret percé à jour, cependant l'ange n'était pas coupable: Luciia avait trouvé toute seule, grande fouineuse qu'elle était. Mais le blondinet ne pouvait s'empêcher de rejeter la faute sur lui. Ca allait lui attirer de nombreux ennuis.

- J'ai peur...de dehors. Il y a qu'ici que je me sens bien, confia-t-il par la suite à Edward. Mais dehors... C'est beau.

Il fallait le reconnaître: Alexiel regardait souvent par la fenêtre pour admirer les merveilles du monde extérieur. Peut-être que là-bas se cachaient des souvenirs ancrés dans la pierre... En tout cas, Alexiel n'était pas prêt de sortir du QG, handicapé comme il était... Et puis les Judgments étaient trop dangereux pour le pauvre amnésique qu'il était. Alexiel se redressa pour aller s'assoir sur le Chef des Crysalid, l'emprisonnant ainsi. Il se sentait supérieur sur le coup, à dominer de la sorte le plus haut gradé du clan. Et un fin sourire éclaira son visage, suivi d'un baiser qu'il offrit volontiers à son amour. Ce simple geste le faisait frissonner, à nouveau.

- Edward... Apprends-moi ce que je ne sais pas... Tout ce que tu veux... Mais apprends-moi à aimer correctement.

Bon, avouons-le: Alexiel partait dans ses divagations de curieux. Il laissa Edward tranquille, se retirant de sur-lui timidement, ainsi gêné d'avoir été dominateur l'espace d'une petite minute, mais énorme pour lui. Il s'excusa platement, comme si son acte n'était pas autorisé.

- Tu as... des nouvelles... des Nymphéas ?, posa-t-il par la suite, pour changer de sujet.

Il faisait beau et l'air extérieur était pur. Le chant des petits oiseaux du monde d'Orbis se devinait derrière les fenêtres de la chambre du jeune ange.
Edward était de bonne humeur, il avait déjà rangé le problème, des deux membres de son clan qui persécutaient Alexiel, dans un recoin de son esprit. Il s'en occupera plus tard. Pour l'instant, le plus important était de s'occuper de son amour. Alexiel se serra contre lui donc le jeune homme passa un bras autour de ses fines hanches, profitant de la chaleur de l'être aimé. Celui-ci lui révéla que la doctoresse avait découvert leur relation, aussitôt son regard l'évita. Edward le chercha de ses yeux de jade mais l'ange avait apparemment peur de se faire réprimander. Comment pourrait-il lui en vouloir ? De plus Luciia était très rusée et intelligente et il savait déjà qu'elle avait découvert leur secret.

L'homme chouette sourit tendrement, il posa délicatement sa main sur la joue de son âme soeur et lui demanda de le regarder.

«S'il te plait, ne m'évite pas du regard... Je ne peux pas me passer de tes yeux, avoua t-il doucement. Je ne pourrais jamais t'en vouloir, de plus, ce n'est pas de ta faute, Luciia aime fouiner dans la vie des autres mais elle ne dira rien à personne. Ne t'en fais pas, elle ne t'empêchera rien.»
«*Elle trouve ton évolution bien trop intéressante...*»

Le petit ange avait peur de nombreuses choses mais il est normal qu'en étant amnésique le monde entier nous fasse peur. Peur que tout disparaisse un jour, tout ce qui vous est cher. Edward l'embrassa sur le front, tentant de le rassurer. Le monde extérieur, il le verra un jour, il en fit la promesse. Le jeune homme le protégera de tout son corps contre les monstres du dehors. Alexiel fit alors quelque chose d'osé dont il ne s'attendait pas du tout. Il se retrouva avec le petit être sur ses genoux, celui-ci le dépassant maintenant de presque une tête. Cela le fit sourire, jamais l'ange n'avait essayé une chose aussi osée. Edward fit glisser ses mains sur ses cuisses puis sur ses hanches avant de le serrer dans ses bras quand Alexiel l'embrassa. Un frisson de bonheur le parcourut, qui d'autre que cet être innocent pourrait le faire se sentir aussi bien dans sa peau ? Comme s'il était chez lui. Parfois il avait des doutes, des doutes sur énormément de choses. Le jeune chef de clan était loin d'être invinsible, après tout, il n'avait que 19 ans, ce n'était qu'un enfant... Mais Alexiel effaçait tous ses doutes, il lui faisait reprendre confiance en soi. Lui insufflant le volonté de protéger tout un clan, grâce à ses ordres, ses actions et de son corps s'il le fallait.

Mais l'envie osée de son amour passa et il descendit de ses genoux, Edward en fut quelque peu déçu.
Lui apprendre à aimer, hein ? L'amour est-il quelque chose que l'on apprend ? N'est pas plutôt instinctif ? C'est un sentiment que tout le monde peut ressentir, il est impossible de le supprimer d'un être. Nous aimons tous quelque chose ou quelqu'un. Le chef de clan sourit et hésita à répondre à cette demande.

«Je ne peux répondre à cette requête. Ce n'est pas que je ne veux pas, c'est que je ne peux pas car ça ne s'apprend pas. Mais je vais te dire ceci : puisque je t'aime, cela signifie que mon corps, mon coeur et mon âme t'appartiennent... Je suis à toi. Quand nous sommes ensemble, je ne suis plus un chef de clan. Fais de moi ce que tu veux.»

Sur ses paroles, il lui fit comprendre que venir sur ses genoux et avoir le sentiment de le dominer n'était pas un acte dont il devait être gêné.

Ah... Les Nymphéas.... Ces traîtres de Nymphéas, comme Edward pouvait les haïr de vouloir détruire un être dont tout le monde pourrait dépendre. Cela faisait longtemps qu'il n'en avait pas croisé un. Il se permit de penser à son ancien ami et désormais pire ennemi, Kiridan. Il aimerait le revoir et en même temps, qu'est ce qu'il aimerait le tuer...

«Ca fait un bon moment que je ne les ai pas vu. D'après les éclaireurs du clan, ils auraient récupéré un grand nombre de nouveaux venus. Je devrais faire plus attention à ne pas accueillir un espion... Ces traîtres ! Un éclair de haine traversa ses yeux. Ils ont tué un de mes informateurs il y a deux jours !»

Il se calma aussitôt et se remit à sourire. Il ne faut pas penser aux Nymphéas. Un jour il débarquera chez eux et fera de nombreux dégâts. Une aura menaçante ondula autour de lui, malgré son sourire, puis disparut.

«Je suis allé dans les forêts il n'y a pas longtemps. Sais-tu que le son du vent dans les arbres est ce que j'ai trouvé de plus reposant à l'extérieur ? Je te ferais écouter un jour. J'ai croisé une femelle Judgement aussi ! Elle ne m'a pas attaqué car je me suis tenu éloigné et que je ne touchais à rien. Elle sont beaucoup plus jolie que les mâles. Enfin, je veux dire moins diforme, elles ont plus de couleurs aussi. Aimerais-tu que je te ramène un petit animal un jour ? Pour qu'il te tienne compagnie quand je ne suis pas là ?»

Edward bavarda un moment, décrivant lieux, arbres, animaux et fleurs qu'il découvrait lors de ses promenades. Qu'est ce qu'il aimerait pouvoir y emmener Alexiel. Si seulement un jour ils pouvaient conclure un pacte de non-agression avec les Judgements... Mais il ne faut pas rêver, ce jour n'arrivera jamais mais il se fit la promesse d'y emmener son ange quand il ira mieux.
Il croisa ses mains derrière sa tête et s'effondra sur le lit, avec un petit sourire, il fit signe à Alex de s'allonger à côté de lui.

«D'après mes descriptions, quel endroit de notre petit monde aimerais-tu visiter en premier ?»

Alexiel pouvait comprendre la colère d'Edward. Ces multiples facettes que le jeune homme tentait de voiler à l'ange ne passaient pas inaperçues. Quand la mort d'un allié affectait Edward, Alexiel voyait le dégoût de son amour germer pour les Nymphéas. Ils avaient assassiné pour leur compte personnel. La mort n'avait aucune raison de se manifester. Du moins, c'était ce que pensait le blondinet, cloîtré dans sa chambre jour après jour, avec pour seule fenêtre vers la liberté celle près de son lit. Le jugement se faussait alors. Un point de vue personnel qu'Alexiel ne pouvait étaler à son ami. Car il savait que sa part de vérité était purement fortuite.

Edward aimait parler d'Orbis. Alexiel souriait, apprenait par le son. Il laissait libre cours à son imagination pour se forger un monde au creux de son coeur. Un monde qu'il espérait réel. Il avait tellement voulu parcourir seul cet univers. Mais depuis son accident, l'amnésie le paralysait. Et il s'en voulait particulièrement. Il avait oublié tout son passé. Une vulgaire tâche noire dans sa vie qu'il tentait difficilement de combler avec de la lumière. Qu'avait-il pu oublier ? Sa famille, ses amis, ses amours ? Qu'en était-il des ombres ? Le gris menaçant d'un orage, ou le sombre trépas qui vous lacère la gorge... Oui, Alexiel allait-il continuer à vivre plongé dans l'ignorance ? Quelle stupide idée de retrouver ce qu'il avait perdu... A s'y risquer, il pouvait perdre ses plumes.

Edward s'allongea sur le matelas de l'ange qui lui restait assis au bord, songeur. A force de parler d'Orbis avec un tel engouement, le chef des Crysalid nouait une profonde admiration pour ce monde inconnu. Et en parlant des Judgments ainsi, Alexiel eut une toute autre vision de ces monstres. Peut-être qu'au fond, ils étaient gentils. Peut-être qu'ils ne faisaient qu'obéir au Créateur. Mais alors cela voudrait dire que Le Créateur, l'être dont Crysalid voulait absolument rencontrer, ne voulait pas d'eux. Après tout, ils étaient des virus sur cette terre vierge. Ils ne défendaient que leur monde. Et eux, humains, tentaient de la leur voler. Alexiel se surprit à raisonner comme un membre de Nymphéas, et s'il en parlait à Edward, il allait bouder, ou encore mal réagir... Alexiel trembla après s'être allongé à côté de son amour. Il avait peur d'Edward, quelque part. Fatale erreur de sa part, que de se méfier d'un homme tel que lui.

Alexiel voulut passer à autre chose. Il était inutile de penser une chose pareille. Il n'avait aucun moyen de se faire écouter, car la plupart des membres du clan se moquait de lui. Il supportait mal sa condition d'amnésique. Mais heureusement que Luciia et Edward étaient là pour le protéger. Car seul, il était impuissant.

« D'après mes descriptions, quel endroit de notre petit monde aimerais-tu visiter en premier ? »
« Pourquoi... Je dois rester enfermé ? »

Alexiel se redressa, pour regarder Edward dans les yeux. Il avait besoin de savoir les véritables motivations de son ami. Car la prison, ça le gênait. Il avait tellement envie de sortir, là, maintenant ! Mais chose impossible, car même si l'ange avait une passion certaine pour Orbis, il en avait absolument peur.

« Dis-moi pourquoi c'est moi la princesse coincée dans la tour ! »

Un saut d'humeur qu'Alexiel regrettait déjà. Tremblant violemment, le visage rouge d'incompréhension et de colère, il quitta le lit pour se diriger vers la fenêtre, voulant apaiser sa douleur avec la vue lumineuse sur la forêt. Bras croisés, il essayait de comprendre pourquoi le monde tournait comme ça. Il avait peur de perdre ce qu'il aimait le plus. Edward entre autre. Et il avait particulièrement peur de le perdre par ses sauts d'humeur.

« Pardon. Je n'aurais pas dû. »

Alexiel s'allongea à côté de lui et se mit à trembler légèrement. Ne comprennant pas vraiment la signification de ses tremblements, Edward passa un bras autour de ses épaules et embrassa sa longue chevelure dorée.
Le jeune homme était loin de se douter que ses divagations sur Orbis pouvaient influencer le jugement du petit ange. Après tout, il ne faisait qu'exprimer ses impressions sur le monde dans lequel ils vivaient tous. Même s'il cachait certaines choses pour que son ami n'ait pas une peur totale de l'extérieur car il est quasi impossible de sortir des Clans sans se faire agresser au moins une fois par un N1.
Alexiel répondit à sa question par une autre question, ce qui le désarçonna. Pourquoi était-il enfermé ? Grande question n'est-ce pas ? Mais il est normal de se sentir frustré après tant de temps sans avoir pu visiter l'extérieur.

«Voyons Alex, tu sais très bien pourquoi tu ne peux pas sortir. Je ne veux pas te retrouver dans les mâchoires d'un Judgement...»

Réfléxion plus pour lui faire peur, quoique... L'ange n'aurait pas énormément de chance dehors. Ce serait la pire des choses que son amour se retrouve dans les pattes d'un de ces monstres... En pensant à ceci, et tout en caressant les cheveux d'Alexiel, Edward se souvint de l'arrivée du jeune hermaphrodite dans leur monde. Maintenant qu'il y repensait, il avait bien faillit y passer. Le jeune homme se secoua mentalement et reprit ses esprits au moment où Alexiel piquait une petite crise de colère. Il fut étonné de le voir se lever et se diriger vers la fenêtre. Rester aussi longtemps enfermé, il y a de quoi devenir fou, effectivement. Mais malheureusement, il ne pouvait rien y faire...

Se levant à son tour, Edward se dirigea vers son amour et se posta derrière lui. Il observa un instant le paysage extérieur avant d'enlacer l'ange, son torse contre son dos. Il enfouit un instant sa tête dans son cou puis lui murmura à l'oreille.

«Ca ne te plait plus d'être la princesse qui attend son prince ?... Et puis tu ne peux pas encore courir sans tomber au moins une fois.»

Sur ces paroles, il lui embrassa le cou et fit courir ses lèvres sur sa peau tiède, savourant son parfum. Il n'avait pas besoin de parler pour lui faire comprendre qu'il accepterait tout de lui. Les sauts d'humeur de son ami ne le gênaient pas le moins du monde. Comment pouvoir se lasser d'un tel être. Et puis, ça le rendait si mignon.
Le calme ne fut pas long, quelqu'un frappa à la porte. Edward du se séparer à contre coeur du jeune ange avant que la personne ne les voit ainsi. C'était un garde, apparemment essouflé d'avoir cherché son chef partout, il l'informa qu'un Judgmenent N1 s'était introduit au premier étage. Le chef de clan en fut quelque peu irrité et cela du se voir car le garde tira une moue gêné. Celui-ci disposa en le priant de faire vite. Edward acquiesça et se tourna vers Alex une fois la porte fermée.

«Il faut déjà que je parte... Surtout ne sors pas de la chambre, en aucun cas ! Ici, tu es en sécurité, on ne sait jamais si il y en a un qui arrive à s'introduire. Je reviens dès que j'en ai finis.»

Avec un regard très sérieux il lui redemanda de ne pas sortir, il l'embrassa avec force et s'en alla avec un pincement au coeur. Ne pourra t-il jamais offrir une terre sans danger pour son clan et Alexiel ? A chaque fois qu'il partait combattre, il n'était jamais sûr de revenir.
Il ferma la porte, en lançant un dernier regard à Alexiel, et fila dans les escaliers. Les appartements de son ami était assez hauts dans l'immeuble mais il fut en bas en à peine une minute. La défense était déjà en marche. Il s'agissait désormais de deux N1 qui grognaient et criaient dans cet immense hall d'extermination. Ils étaient plusieurs gardes à se débattrent pour les tuer ou au moins les faire sortir. Edward n'hésita pas un seul instant et matérialisa son gantelet à griffe sur sa main. Le métal brilla tandis qu'il courait vers l'un des deux monstres. Celui-ci, distrait par ses autres assaillants, ne fit pas attention au jeune chef qui sauta sur son dos diforme. L'euphorie du massacre prit possession de son esprit, c'est une facette de son caractère qu'il n'aimerait pas qu'Alexiel voit car sourire en tuant n'importe quel être que ce soit est horrible. Levant sa main gantée au dessus de sa tête et se tenant fermement au dos du monstre qui ne cessait de se tortiller pour se libérer du poids, Edward déploya toute sa force et plongea ses griffes dans le corps sous lui. Le sang gicla lorsqu'il retira sa main et descendit de la bête. D'un simple levier du bras, il aida les autres hommes à le mettre sur le flanc et ils l'achevèrent sans pitié.
Le deuxième était plus petit mais, du coup, beaucoup plus rapide. Coincé dans un coin du hall par les gardes, il hurla avant de se jeter dans le tas et foncer vers le groupe qui s'entassait à l'entrée du hall.

Alexiel n'aimait pas avoir tort. Mais hélas, lorsque la vérité sortait de la bouche de son amour, il ne pouvait que se plier à cela. Aucune chance de répliquer, parce qu'il savait très bien qu'il avait faux sur toute la ligne. Être une princesse ne le dérangeait pas, mais qu'en était-il de la liberté ? Etre la princesse de son Edward, il l'acceptait. Mais une princesse enchaînée à sa faiblesse, c'était inconcevable pour l'ange. Cela prendra le temps qu'il faudra, mais Alexiel se jura que son amnésie n'allait plus qu'être un souvenir lointain. Les lèvres douces de son ami le firent frissonner. Il aimait tellement se sentir aimé d'un homme tel que lui... Au fond de lui, Alexiel pensait qu'il ne le méritait. Mais pourquoi donc Edward aimait-il Alexiel ? L'ange fronça les sourcils, feignant de bouder toujours. Il ne répondit même pas aux remarques de son amour. Avec le temps, il avait appris à jouer la comédie. C'était assez utile des fois.

Le temps ne voulut plus qu'ils profitent l'un de l'autre. Quelqu'un toqua à la porte. Alexiel, surpris, rougit violemment avant de se retourner une fois qu'Edward s'était détaché. C'était un garde. Il semblait essoufflé. L'ange haussa un sourcil, apparemment troublé par cette arrivée soudaine. Ça ne présageait rien de bon. Et il eut raison. Quelques minutes après, Edward partit en vitesse, mais avant il mit en garde l'ange.

« Il faut déjà que je parte... Surtout ne sors pas de la chambre, en aucun cas ! Ici, tu es en sécurité, on ne sait jamais si il y en a un qui arrive à s'introduire. Je reviens dès que j'en ai fini. »

Alexiel ne répondit toujours rien, se laissant embrasser comme si c'était la dernière fois qu'ils se voyaient. Le blondinet comprit vite que des Judgments semaient la pagaille au rez-de-chaussée, et dès qu'Edward referma la porte derrière lui, il fronça les sourcils à nouveau. Sa curiosité touchée au plus haut point, il mit en place une mini stratégie pour... sortir. Oui, désobéissant à son amour, Alexiel montrait clairement son mécontentement.

Le jeune ange attendait quelques minutes avant de se faufiler hors de sa chambre, sur ses gardes. Personne n'était là. Soulagé, Alexiel courut vers les escaliers avant de les gravir, se rapprochant dangereusement de la scène de pagaille. Les cris et les claquements de métal se rapprochaient. Alexiel essayait d'en faire abstraction, car il s'imaginait le pire. Peu habitué des batailles, il ne pouvait supporter une quelconque image meurtrière. Mais en se jetant droit dans la gueule du loup, il allait sortir de là complètement traumatisé.

Arrivé à l'entrée, Alexiel fut absolument révulsé par cette vision si noire. Des corps gisaient à ses pieds, des hommes voulant protéger leur cité... Un Judgment était au sol, lacéré de plusieurs parts. L'ange tremblait violemment, et quand ses yeux heurtèrent la sorte d'animal qui bougeait rapidement, un véritable choc le frappa. Le souvenir étrange d'une lutte germa en lui. C'était un jour d'hiver, où la neige tombait abondamment. Alexiel courait, il ne savait pas pourquoi. Mais il se voyait courir, larmes aux yeux, mains écorchés et visage rouge. Puis une masse apparut derrière lui, et le coup partit tout seul. Alexiel restait complètement paralysé devant le monstre qui vagabondait ça et là. Le souvenir angoissant... Une bribe de sa mémoire. Il se souvenait de son agression ! La douleur qu'il avait ressenti, le froid permanent de la neige qui toucha son visage quand il s’effondra au sol, et la sensation désagréable d'être aspiré dans un néant absolu: celui de l'inconnu.

Pendant qu'il se souvenait de son passé évanoui, la bête continuait ses attaques féroces contre les hommes du clan. Petit, mais efficace, il réussit à mettre à terre au moins dix attaquants, braillant comme un chien sauvage. Ses petits yeux l'empêchaient de bien voir, mais il possédait un flair à toute épreuve. Et justement: le parfum singulier de l'ange l'interpela. Sa tête difforme se tourna vers Alexiel qui restait tétanisé à l'entrée du couloir, puis il se rua sur le groupe de gardes qui retenaient la bête des profondeurs du repère. Blessé au flanc, sa vitesse ralentit grandement. Mais cela ne l'empêcha pas d'expulser les combattants, toutes dents sorties. Le Judgment continua sa lancée prodigieuse sur l'ange qui reprit d'un coup ses esprits en poussant un gémissement de surprise quand il vit la bête surgir devant lui. Il n'eut pas le temps de crier que la sorte de patte du monstre tomba sur sa hanche. Alexiel en fut littéralement expédié contre le mur, heurtant ensuite son corps fragile au sol humide. Une grande douleur le prit au ventre, et redressé du mieux qu'il pouvait, l'ange cracha un filet de sang, ses longs cheveux blonds tombant en cascade autour de son visage. Mais pourquoi était-il venu ici ? Pour faire son grand, désobéir Edward juste pour l'embêter. A présent il payait son idiotie. Et il accepterait entièrement les jurons de son ami. Mais en attendant, la bête n'en avait pas fini avec lui. Elle cherchait Alexiel à l'aide de son flair, tournant autour des cadavres. Alexiel chercha Edward des yeux, tremblant de toutes parts. Et si lui aussi, il était tombé ?... Leur dernier baiser semblait loin maintenant.

Le temps de finir le premier Judgment et de bloquer l'entrée de l'immeuble, Edward et quelques uns de ses hommes laissèrent les autres s'occuper du deuxième N1. Celui-ci courait partout malgré ses blessures et il n'était pas lent. Malheureusement, le hall était grand. Il était désormais quasiment impossible de le coincer dans un recoin. Plusieurs hommes réussirent à le blesser mais il ne finissait pas de courir dans un sens puis dans l'autre.
Edward se dépêcha de crier ses ordres, des renforts arrivèrent. En tout, ils n'étaient pas nombreux, une petite vingtaine tout au plus et il devait y avoir peut être deux morts et quelques blessés. Ce fût la foire, les quelques curieux furent priés de s'éloigner. Mais l'éxécution était trop lente, il fallut donc qu'un accident se produise sans que personne ne puisse rien faire.
Le Judgment s'arrêta et changea soudainement de direction. Même ralentit par ses blessures, il était rapide. Malheureusement, encore une fois, le hall était trop grand... Un curieux se fit expulser contre un mur, inévitablement. Plusieurs s'affairaient déjà à stopper la bête qui ne cessait de se déchaîner, voulant absolument finir sa proie.

Le flair fin, Edward n'était pas différent de ce monstre. Même avec tout le sang qui avait coulé dans cette salle, une nouvelle odeur se répandit, faisant tressaillir de frayeur le chef de clan. L'énorme bête venait d'expulser ceux qui la dérangeaient, elle avait retrouvé sa proie... Une petite chose aux cheveux d'or. Dans le vacarme ambiant, le cri d'Edward ne se fit presque pas entendre lorsqu'il s'élança au travers du hall pour se jeter sur le monstre. Celui-ci avançait rapidement vers le petit être ensanglanté, dans un bond le chef se retrouva au dessus du Judgment. Les pieds en avant, il écrasa l'énorme et diforme mâchoire au sol, faisant craquer les os et entendant le glouglou du sang dans la gorge de la bête. Elle glissa sur un ou deux mètres avant de se stopper, non loin d'Alexiel, ses pattes grattèrent le sol dans l'espoir d'avancer encore un peu mais elle avait le cou brisé. Les gardes enfoncèrent épées, lances et autre armes dans ses flancs pour l'achever. Edward, dos à son amour, leva à nouveau son bras et lui trancha la tête à la base du cou, ses griffes crissant sur les os. Ainsi s'acheva le massacre de cette malheureuse journée.

Le jeune chef se retourna rapidement et il le vit, petit être à la peau pâle et aux yeux bleus, encadré de ses cheveux d'or. Sa hanche et son ventre étaient couvert de sang, il écarquillait les yeux comme si le temps s'était stoppé au moment de sa terreur. Edward tomba à genoux à côté de lui et s'assura rapidement de la gravité de la plaie, une énorme griffure lui avait lacéré la chair et la peau.

«Alex, Alex ! Tu m'entends ?»
Mais ne pouvant contenir sa rage et la peur le tiraillant, il explosa.
«Mais qu'est-ce qui t'as pris de venir ici ?! Je t'avais dit de rester en haut ! Ce n'était pourtant pas compliqué, ne peux-tu même pas m'obéïr quand je te donne des ordres ?!»

Il le souleva du sol en évitant de lui faire trop de mal et cria à nouveau des ordres en demandant d'aller chercher plusieurs infirmiers pour les blesser au combat avant de demander d'aller chercher l'infirmière.

«Luciia ! Que quelqu'un prévienne Luciia !»

Alexiel avait l'air de rester réveillé mais le jeune homme lui demanda de garder les yeux ouverts, au cas où. Il se dépêcha de s'engager dans les couloirs maintenant encombrés de beaucoup de curieux et d'inquiets. Ils lui firent place, cette fois-ci, heureusement que l'infirmerie n'était pas trop loin...

Comment pouvait-on être si buté, pour finir complètement abasourdi par la douleur ? Alexiel regrettait son idiotie. Quand il était en colère, il faisait n'importe quoi. Et là, il était blessé. Une grande entaille à sa hanche le paralysait de douleur, c'était insupportable à endurer. Mais l'ange payait. Il payait pour sa bêtise, et il le savait pertinemment. Mais lorsqu'Edward apparut dans son champ de vision, agenouillé vers lui et hurlant à la mort, l'ange arqua les sourcils et ne put contenir ses larmes. Il était en train de le réprimander, et Alexiel laissait couler, parfaitement conscient qu'il avait fait une erreur. Parce qu'Edward avait toujours raison.

L'ange fut transporté à l'infirmerie, après que son amour se soit fait distinguer avec autant de dextérité qu'un médecin avec un patient sur le dos. Alexiel n'avait pas ouvert la bouche, ses yeux parlaient pour lui. Les larmes coulant à flots, il observa Luciia préparer un lit pour lui, avec ardeur et rapidité. Le blondinet ne voulait pas se faire examiner, encore moins par Luciia. Dans ses débordements, il ne supportait plus la jeune infirmière ces derniers temps. Alors dès qu'Edward l'allongea sur le lit, l'ange poussa un grognement vers la jeune femme avant de se recroqueviller sur lui-même, interdisant Luciia de l'examiner. Mais quel gamin ! Quelle idée de se rebeller quand votre hanche vous faisait souffrir ?

Alexiel abandonna rapidement son idée. Se détendant petit à petit, il glissa ses yeux vers la fenêtre, fixant intensément le paysage. Une autre vision d'Orbis qui le fit sourire. Et alors un élan de bonheur le saisit. Tandis que Luciia s'occupait de sa hanche, l'ange attrapa Edward par le col, puis il le tira à lui avant de l'embrasser avec une fougue jamais égalée auparavant. Et ça dura longtemps, avec l'étonnement et la gêne de la jeune infirmière qui, après avoir apposé des bandages, disparut pour écrire son rapport médical. Alexiel daigna enfin relâcher son amour, le visage rouge.

« Je pense que... Toutes les excuses du monde n'iront pas... Pour me pardonner de ce que j'ai fait. », déclara Alexiel, se redressant pour regarder Edward gentiment.

Au contraire. Il était épris d'une si intense ardeur qu'il ne pouvait se détacher de sa passion pour le chef du clan. Qu'importe si les regardes dérivaient sur eux, Alexiel ne voulait plus se cacher. Alors il embrassa Edward une nouvelle fois, plus doucement cette fois-ci. Il devenait de plus en plus avide de lui, et peut-être que ça lui serait fatal. En attendant, il ne pouvait décoller ses lèvres des siennes. Elles étaient toutes douces, si agréables à embrasser... Alexiel coinça Edward entre ses bras, souriant, puis il murmura.

« Pourquoi ne suis-je qu'une princesse...? Ne pourrais-je pas être... une reine ? »

Une reine maladroite, capricieuse, masochiste, suicidaire... Mais une reine comblée d'un amour qu'elle n'imaginait pas si grand. Son cœur hurlait des "je t'aime" impressionnants à cet instant précis. Alexiel voulait se racheter, et il en faisait toujours trop. Il n'aimait pas voir Edward inquiet, ou en colère. Glissant un doigt sur sa mâchoire, Alexiel ne se sentait plus agir. C'était comme si un Alexiel rebelle était né.

« Et tu serais... Mon roi. »

Dans la tête d'Edward, c'était la panique. Il y a à peine quelques minutes, il s'imaginait la catastrophe que ce serait pour lui s'il retrouvait Alexiel entre les dents d'un Judgment et voilà que le garde débarque en lui annonçant une intrusion. Il descend.. Et il a fallut que l'ange le suive ! Il avait payé de son inconscience ça, c'est sûr. On pourrait presque se servir un verre avec tout le sang qui coulait de sa hanche !
Le petit être était crispé dans ses bras, on voyait bien qu'il souffrait. La chemise blanche du chef de clan eut vite fait de changer de couleurs, s'inversant avec celle de son visage... Il courait presque dans le couloir et les escaliers mais il ne voulait pas trop secouer Alexiel de peur de lui faire encore plus mal. Mais malgré sa blessure, son visage pâle et le flôt de larmes, ce dernier n'avait pas l'air de s'évanouir. Preuve étonnante de la force mentale que pouvait avoir l'ange.

Arrivé à l'infirmerie, Luciia fût très rapide et Edward pu allonger son ami sur un lit. Et a son plus grand étonnement, Alexiel se recroquevilla, empêchant la doctoresse de l'examiner. Ils ne pouvaient pas le brusquer alors qu'il était blessé donc les deux jeunes gens se regardèrent un instant, ne sâchant quoi faire. Mais le petit ange ne put résister longtemps à cette position, sûrement dû à la douleur qu'elle engendrait. Quoiqu'il en soit, Luciia pouvait enfin s'occuper de sa plaie et ce n'était pas beau à voir. Alors qu'Edward restait à côté du lit, assis sur l'une des chaises inconfortables de l'infirmerie, et observait les soins, la petite main de son ami agrippa son col et le tira à lui avec une force qu'il ne lui connaissait pas. Alexiel l'embrassa avec une telle fougue qu'Edward en resta un moment les yeux écarquillés sans rien répondre. Désormais, c'était sûr, Luciia était au courant pour leur relation.
Une fois tout les deux, l'ange le lâcha. Il était rouge mais il ne devait pas être le seul. Les mains appuyées de part et d'autre du visage d'Alexiel, le jeune homme se redressa légèrement encore sous le choc. Il eut presque du mal à comprendre ce qu'il lui dit après.
Sans avoir le temps de trouver une réponse, leurs lèvres se rencontrèrent à nouveau, dans un baiser plus doux mais dans lequel il put ressentir tous les sentiments de sa moitié. Jamais l'ange avait agi ainsi, ce n'était que très rarement qu'il prenait autant l'initiative de l'embrasser et jamais avec autant de force. Serait-ce le choc de l'accident qui lui faisait péter les plomb ? Dans tous les cas, cela mit le chef dans tout ses états... Si vous voyez ce que je veux dire. Surtout avec la déclaration suivante.

« Pourquoi ne suis-je qu'une princesse...? Ne pourrais-je pas être... une reine ? »
« Et tu serais... Mon roi. »

Un large sourire éclaira son visage, jamais il n'aurait pensé voir un jour Alexiel ainsi. Ce n'est pas qu'il l'aimerait plus comme ça mais cet engrenage fit craquer ce qu'il avait toujours enfouit. Le mot "abstinence" explosa, il attrapa le rideau de séparation qui se trouvait entre le lit et le reste de l'infirmerie, le refermant d'un coup sec.

«Vos désirs sont des ordres...»

Le chef caressa les fines lèvres qui s'offraient à lui et les embrassa à nouveau. Commençant par un chaud baiser, il ne put se retenir et oublia un peu trop rapidement que le petit ange était blessé. Son index parcourut sa traché où il embrassa la base de son cou avant d'y faire courir sa langue.
Ne lui en voulez pas, il est en pleine fleur de l'âge. Impossible de résister quand l'être que vous aimez vous met dans cet état...
Couvrant son cou de son souffle chaud, il remonta à nouveau à ses lèvres qu'il embrassa briévement avant de se lancer dans un baiser langoureux. Sa langue rencontra celle d'Alexiel, elle était douce et chaude. Tout en dansant avec elle, il lui caressa le cou puis la nuque et aurait été capable d'aller plus loin si il n'y avait pas eut d'intervention extérieure.

«Ahem !»

Luciia était de retour et elle trouva deux jeunes gens rouges et quelques peu essoufflés. Edward en fût tout de suite gêné ce qui le fit rougir de plus belle alors qu'il se redressait rapidement sur son siège. C'était presque un regard de reproche qu'il reçu de la jeune médecin. Pitoyable Chef.
Désir, quand tu nous tiens...

Alexiel n'avait jamais eu le souvenir d'un amour si fort auparavant. En même temps, avec son amnésie, ayant perdu son enfance, son adolescence, il ne pouvait dire avec exactitude si Edward était le premier homme dans sa vie. Mais au fond de lui, avec ce flash qui avait germé dans sa tête, l'ange se sentait déterminé à poursuivre ses efforts pour retrouver la mémoire. Mais pas trop vite. Il avait déjà fait les frais pour cette bribe-ci, avec l'entaille profonde à sa hanche qui le faisait souffrir quand il y pensait. Mais Edward lui sortit cette idée de la tête lorsqu'il tira violemment les rideaux pour les cacher des yeux malveillants.

Oui, leur relation était encore cachée de tous, sauf pour Luciia. Mais l'ange savait pertinemment que des doutes planaient au sein du clan. Peut-être que c'était à cause de ça que certains membres du groupe l'embêtaient. Ils pensaient probablement qu'Alexiel compromettait l'avenir du clan en séduisant Edward ainsi. Mais connaissaient-ils le véritable sens de l'amour ? Alexiel, lui, croyait au couple qu'il formait avec le jeune homme. Mais rongé par le remords, les regards des autres, bons ou mauvais, le remettaient souvent en question. Quoi qu'il en soit, Alexiel se contentait de ce qu'il avait, et il en était très heureux. Le strict nécessaire, mais comblé à souhait. Et Edward se montra des plus attirés lorsqu'il répondit avec ce ton mielleux à l'ange. Ce dernier répondit à son sourire, le visage rouge, avant d'être assailli de baisers qui le firent frissonner à de nombreuses reprises.

Il avait toujours aimé sa langue. Sa peau se réchauffait sous l'humidité de ses caresses, et un plaisir nouveau qu'Alexiel n'avait jamais ressenti jaillit en lui. Une sorte de passion inassouvie, qui le rendait totalement sensible à tout geste affectueux du jeune brun. Celui-ci s'affairait dans son cou, couvrant la nuque de l'ange de baisers multiples et variés. Le blondinet se cambra légèrement, se suppliant intérieurement de ne pas laisser échapper un gémissement de son gosier. Sauf qu'Edward l'embrassa d'une manière toute nouvelle pour lui. Une danse furieuse commença avec leurs langues. Au départ, Alexiel fit une moue, dégoûté, mais il finit par s'habituer à cette harmonie, et il se laissa donc envoûter par ce nouveau baiser, enlaçant de nouveau Edward autour du cou. Yeux clos, il savourait cette nouvelle étape franchie, sauf qu'un raclement de gorge bien bruyant les stoppa net dans leur avancée prodigieuse. Luciia était revenue, et, feuilles en main, stylo mâchouillé, elle regardait durement le couple à deux doigts de batifoler dans le lit de malade. Son regard dur, froid, menaçant, transcenda Edward d'un coup, ce qui le fit se rassoir timidement, gêné. Alexiel, quant à lui, attrapa doucement les draps et les remonta sur lui jusqu'à cacher ses joues brûlantes.

« A la limite, les baisers ça ne me gène pas, mais vu la position dans laquelle vous vous enlaciez, j'ai eu l'impression que vous alliez enfin passer à l'acte. Loin de moi l'idée que ça me dérange, car ceci est un fait scientifique. L'Homme a besoin de sexe pour bien entretenir son corps. Alors si vous voulez aller plus loin tous les deux, faites-le ailleurs. », fit-elle en remettant ses lunettes correctement.

Alexiel fronça les sourcils à cette remarque qu'il jugea déplacée. Décidément, il ne pouvait pas voir Luciia en peinture aujourd'hui. Alors quand elle tira les draps pour examiner de nouveau l'ange, ce dernier pesta contre elle en sifflant entre ses dents, tournant carrément le dos à l'infirmière. Celle-ci poussa un soupir de lassitude avant de déblatérer de nouveau son discours médical.

« Alexiel, si je ne m'occupe pas de ton entaille, elle s'infectera et je ne pourrai pas te soigner. Ta blessure pourrira, et je devrai t'amputer. Or tu ne veux pas cela hum ? »

L'ange glissa les yeux sur le côté avant de se retourner à nouveau. Luciia était bien trop sèche avec ses patients, surtout ceux qu'elle connaissait. Et Alexiel boudait maintenant, sauf qu'il lança un timide regard à Edward avant de lui murmurer:

« Je me souviens... du jour où j'ai perdu la mémoire... L'attaque du Judgment... J'ai eu mal, je crois. Raconte-moi encore ce qu'il s'est passé... »

[Excuse moi, j'ai été un peu nulle sur ce coup là x)]

Ah... Qu'est-ce qu'il avait honte. Notre jeune chef s'était fait entièrement engloutir par ses sentiments et maintenant, il s'en voulait. A mort. Il s'était pourtant juré de ne pas le souiller, ne serait-ce qu'un petit peu ! Le visage encore rouge, il enfouit une main dans ses cheveux bruns, le regard caché par sa mèche tandis que l'infirmière avait encore à faire avec un petit Alexiel rebelle. Décidément, c'était une étrange journée.
Luciia lui reprochait vraiment d'avoir agi ainsi et elle avait raison. Si ça continuait comme ça, il allait devoir mettre une distance entre l'ange et lui, même si cette idée ne lui plaisait pas du tout. Mais il ne pouvait pas se laisser emporter une nouvelle fois tant que son ami ne se serait pas remit entièrement de son amnésie.
Bon, l'ange avait une apparence d'adolescent, il n'avait pas spécialement l'impression d'avoir à faire à un enfant mais les mimiques d'Alexiel lui donnait parfois la sensation qu'il était plus jeune qu'il ne le paraissait, chose sûrement dû à l'amnésie qui l'a transformé en grand enfant.

Aaah !... Mais qu'est-ce qu'il s'en voulait ! Serrant les dents un instant, il essaya d'oublier sa gêne. Les paroles du petit ange le sortit de ses pensées.

« Je me souviens... du jour où j'ai perdu la mémoire... L'attaque du Judgment... J'ai eu mal, je crois. Raconte-moi encore ce qu'il s'est passé... »

Ah et puis mince, il y réfléchira une autre fois. Toujours assis sur sa chaise inconfortable, Edward posa un coude sur ses genoux pour s'appuyer la tête sur sa main. Confiance reprise, il esquissa un petit sourire pour répondre à Alexiel.

«Alors, tu sais déjà que je suis arrivé seulement après que tu te sois fait frapper à la tête. Ton premier souvenir de moi ne remonte qu'au moment où tu t'es réveillé à l'infirmerie, n'est-ce pas ?»

Et Edward se disait toujours qu'heureusement qu'il ne souvenait pas du sauvetage car il n'avait pas été très fin ce jour là. Comme aujourd'hui d'ailleurs. Bien qu'un jour Alexiel finira bien par découvrir que son homme aime massacrer les Judgments... Malheureux humain.
Mais bon, tout le monde a des côtés sombres dont il ne parle pas parce qu'on ne leur demande pas.

«J'ai seulement tué le Judgment alors qu'il avait décidé de te manger, dit-il avec amusement pour détendre un peu l'atmosphère. Tu m'intriguais beaucoup après ça, je n'arrivais pas à savoir si tu étais un homme ou une femme... Enfin bref, je t'ai donc ramené ici et depuis c'est Luciia qui s'occupe de toi.»
Il laissa un blanc, sans oser regarder l'infirmière et reprit.
«Mais comment ça tu te souviens ? Tu viens de t'en souvenir ?»

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