[RPG] Truncation [PV Léandre et Saki]

- Flash-Back -

" N'espère pas faire bonne réputation là-bas, Alex' ! "

~ Monsieur ... Je ... ~

Alexiel Edgeworth, 8 ans. Jeune écolier postulant pour représenter son établissement scolaire sous l'ordre de son père. L'action se passe un an avant la rencontre du boulversement. Edward Roswell, vampire de 110 ans environ, n'est toujours pas apparu dans la vie monotone d'Alexiel. Le directeur de l'école primaire refuse catégoriquement de laisser le bambin représenter son bâtiment. Le petit garçon, ramenant ses longs cheveux sur une épaule, n'insiste pas et tourne le dos à l'adulte qui soupire. Alexiel est maintenant angoissé par la réaction de Père s'il lui annonçait son échec.

- Fin du Flash-Back -

~* Où ... Suis-je ? *~

~ Je n'en sais rien ... C'est tout noir ici. ~

Je parle avec ma conscience. Pas étonnant qu'on me traîte de schyzophrène. Mon corps est secoué de spasmes, je peine à ouvrir les yeux, à me sortir des ténèbres de l'inconscience. Je sens quelque chose sur ma bouche, des courants d'air enflamment mes narines, m'incitant à respirer sans enclin. Mes doigts tremblent, je suis allongé, et on me déplace. Mais où, c'est ça le problème. Mais pourquoi ? C'en est un autre. Mes jambes ne sont qu'un grand picotement. Mes mollets sont en sang, ils se vident de leur contenu. Je dois sûrement tâcher mes vêtements à l'heure qu'il est. Je me force à ouvrir les yeux. Des lumières jaillissent en pleine figure.

~ Ah ! ~

Je pousse un léger cri, et je m'aperçois du masque à oxygène disposé sur ma bouche. Je comprends rapidement la suite: Je suis à l'hôpital, sur un brancard, les ambulanciers se hâtant de m'amener auprès d'un médecin qualifié. Ce qui est bizarre, c'est que c'est tout blanc, alors que j'étais plongé dans le noir il y a quelques minutes. Les ambulanciers sont tous éparpillés à mes côtés, avançant le brancard tous ensemble. Je ne reconnais aucune tête. Je me sens seul, emmené dans le cajibi pour être charcuté. Je bascule ma tête sur le côté, soupirant, mes doigts crispés.

~ Où m'emmenez-vous ... ? ~

Invité

Saki était tranquillement assise à son bureau. Elle buvait un café comme elle le faisait d'habitude et comme elle le faisait d'habitude, relisait les fiches des malades dont elle s'occupait. Soudain, une infirmière à la mine terrifiée fit irruption dans son bureau et hurlait prise de panique et les mots qu'elle prononçait étaient incompréhensibles. ça devait être à coup sur une petite stagiaire qu'on avait envoyé pour lui dire quelques chose. Saki lui demanda de se calmer. La jeune fille respira plus calmement et parmis ses paroles entrecoupées par sa respiration saccadée, Saki comprit le principal. Ses yeux s'élargirent sous la stupéfaction. Elle dit avec le plus grand calme à l'infirmière de la suivre. Elle prit sa blouse au vol et sortit en précipitamment de son bureau, enfilant sa blouse et l'infirmière sur ses talons. Durant le trajet, l'infirmière lui raconta rapidement ce qui s'était passé. Le blessé était un jeune garçon, il avait plusieurs blessures graves et des hémorragies. De plus, ses jambes avaient été durement touchées par un camion. Saki garda son calme. Ce n'était pas la première fois qu'elle était confrontée à cette situation, cependant, il s'agissait là d'un enfant. Lorsqu'elle pénétra dans le couloir elle plissa le nez. L'odeur du sang y régnait, de plus, ce sang sentait extrêmement mauvais. Les infirmières la regardèrent et elle leur fit un signe de tête pour qu'elles la suivent. Saki les guida à travers un raison de couloir qui déboucha ensuite dans un bloc opératoire. Saki criait ses ordres aux jeunes infirmières pendant que l'une d'elles l'aidait à se préparer.

- Mettez lui le masque à oxygène ! Mettes le aussi sous morphine immédiatement ! Mademoiselle, vous ne voyez pas qu'il se vide de son sang ? Dépêchez vous !

Le blessé fut déplacé sur la table de fer du bloc. Saki le regarda plus en détails. C'était un jeune homme aux traits féminins et ayant des cheveux blonds. Il semblait souffrir. Elle endormit le garçon qui était déjà au trois quart évanouie puis commença à stopper les hémorragies que présentait le garçon. Une longue estafilade sur son bras et rouge. Elle ne semblait pas saigner abondamment, s'était surtout ses jambes qui inquiétaient la jeune femme. En effet, de larges plaies étaient présentes et une hémorragie était placée sur sa jambe droite. De plus, il présentait un saignement abondent au niveau du bras gauche qui avait été perforé par un objet pointu en métal, sûrement tombé du camion dans l'accident. Le bout de fer était apparemment encore dans le bras et l'extraction du corps étranger allait être difficile puisqu'elle le bout de fer bloquait momentanément le sang qui coulait. Elle réfléchit à toute vitesse. L'hémorragie de la jambe était à coup sur une hémorragie fémorale. Elle écrasa alors l'artère fémorale avec son poing. Seulement, il restait encore l'autre point important. Elle resta une ou deux minutes dans cette position et le sang coula moins abondamment. Elle demanda à une aide de placer son poing à l'endroit indiqué et se tourna vers l'autre blessure. Elle regarda quelques instants et en déduisit que s'était une hémorragie humérale. Elle retira d'abord avec beaucoup de soins l'objet métallique se qui se révéla extrêmement difficile. Non seulement celui-ci était bien enfoncé, mais en plus, il avait perforé un os. L'os en question n'était pas cassé mais il y aurait un trou dedans et il faudrait mettre un plâtre. Elle retira donc le bout de métal grâce et le plaça dans une assiette en aluminium stérilisée. Le sang s'écoula alors plus vite. Le médecin écrasa alors l'artère humérale de son pouce ce qui stoppa l'hémorragie. Elle appliqua ensuite sur les deux foyers de saignement un patch chirurgical qui accéléra la coagulation du sang et boucha les plaies sur les artères. Elle recousu ensuite les blessures. Ses gants étaient tachés de sang et elle se dépêcha d'aller les changer ainsi que sa blouse d'opération. En re-rentra dans le bloc et ausculta le garçon qui dormait toujours. Apparemment, il n'avait pas de coup à la tête ce qui étonna quelques peu la jeune femme. Il ne présentait pas non plus de choque sur le haut du corps à part sur les bras, qui venait d'être soignés. Sur les jambes cependant, c'était autre chose. Elle palpa chaque articulations de ses deux jambes et ses yeux s'écarquillèrent de surprise.

- Amanda, demanda t-elle calmement à une infirmière, Voulez vous bien allez chercher le matériel de radiologie ainsi que le docteur Rain s'il vous plait ?

- Bien sur docteur Fumisawa...

La jeune fille disparut et Saki resta devant le corps du blessé. Si ses suppositions étaient vraies, ce garçon avait les jambes en bouillie et peut être même la moelle épinière. Elle espéra que ce ne fut pas le cas car si cela se révélait être vrai, il devait abandonner toute idée de remarcher un jour. L'infirmière revint, l'autre docteur sur ses talons et ils procédèrent alors à une radio complète du corps du patient. Celui-ci était encore relié aux machines. Son pouls était normal, sa respiration aussi et les écoulement de sang s'étaient arrêtés. En surface, tout allait bien et aucunes hémorragies internes n'avaient eu lieu. La radio finie, les deux chirurgiens se rendirent dans une petites salle afin de développer la radio. Quand cela fut fait, ils placèrent les feuilles sur une plaque lumineuse afin de révéler les résultats. Saki fronça les sourcils. Elle ne s'était pas trompée. Ce gamin avait les os des jambes en miettes et la moelle épinière était touchée. Elle s'assit et se massa les tempes. Il ne guérirait pas et elle trouvait ça injuste pour un gamin de perdre la faculté de courir. A coup sur, il allait être en état de choc. Elle avait vu de nombreux malades perdre l'usage de leurs jambes, mais ils n'étaient pas si jeunes.

- Rain...Dit moi que je me trompes...murmura t-elle

- Je suis désolé Saki... Il est devenu paraplégique.

Saki soupira. La vie de ce garçon allait être brisée et elle ne souhaitait ça à personne. Elle se demandait comment il allait réagir. Soit il serait entouré par ses proches et arriverait à remonter la pente, soit il prendrait du recul, serait en marge de la société et s'exclurait, rendant les autres responsables de son malheurs. Elle retourna dans le bloc et avec l'aide de quelques infirmières, elle le conduisit en salle de réanimation sur un brancard. Lorsqu'il fut dans un lit, Saki s'assit sur un tabouret près de lui. Elle voulait attendre qu'il se réveille. S'était à elle de lui annoncer cette nouvelle horrible. Elle contempla ce jeune androgyne dormir dans son lit. Il était tranquille. Si il n'avait pas été dans cet hôpital, elle l'aurait bien vu se relever de son lit en riant et se promener avec ses amis. Elle sentit une présence près d'elle et une aide soignante lui annonça que le garçon n'avait aucune famille. Saki lui demanda poliment de contacter ses amis, ses proches, ainsi que ceux qui l'avait conduit à l'hôpital. Elle regarda de nouveau l'enfant dormir - car oui pour elle s'était un enfant - et pensa rapidement qu'il deviendrait comme elle, un oiseau privé de ses ailes.

[ps : Humérales : artères passant entre le creux de l’aisselle et le coude, le long de l’humérus (os du bras).

Fémorales : artères passant entre le fémur et le bord interne du genou (le côté proche de l’autre genou).]

L'ambulance avait débarquée au milieu de la rue toute sirène hurlante. Le reste c'était passé à une vitesse affolante. Tout le monde s'était écarté, même ce type étrange en blanc que personne ne semblait voir. Ils avaient sorti une civière à roulette et tout les accessoires hospitaliers qui allaient avec. Les seuls curieux qui étaient restés sur place eurent l'occasion de voir les ambulanciers embarquer le pauvre Alexiel, très mal en point et à peine conscient. Léandre avait cru que sa tâche s'arrêtait là et s'apprêtait à ramasser sa liste de courses, car après tout c'était pour ça qu'il s'était déplacé en ville. Ah ah ah...c'était sans compter l'administration d'un hôpital.

* Tu t'es mis dans une sacrée galère, mon gars*

Léandre ignorait encore comment ce type avait réussi à l'embarquer jusqu'ici. Et surtout pourquoi il avait suivi. Décidemment les évènements s'étaient beaucoup trop bousculés pour qu'il ait pu se rendre compte de quoi que ce soit. Léandre Nightroad se trouvait dans un hôpital. Quel horreur, il détestait ce genre d'endroits. Même dans le hall d'acceuil ca sentait l'éther à plein nez. Et pourtant il se retrouvait là, assis sur un banc "design" et vraiment pa confortable à remplir un formulaire sur un jeune garçon très mignon mais qu'il connaissait à peine. Il machouilla le bic offert par la secrétaire médical tout ne lui jettant un regard noir. Elle n'y était pour rien dans toute cette affaire mais il devait déverser un peu de sa mauvaise humeur sur quelqu'un ( la secrétaire ) et sur quelque chose ( le bic ). Il avait rangé sa poupée dans sa poche, presque à contre-coeur car il en voulait pas qu'elle voie ça.

Il soupira en regardant le formulaire et il commença à le compléter. Prénom : Alexiel ( ça il en était sûr). Nom : Edgeworth. Age : ( il réfléchit) 17 ans. Sexe : masculin . Jusque là ca allait. Ensuite cela commençait à se compliquer avec la date et le lieu de naissance, le numéro de sécu, les antécédants médicaux, et d'autres trucs auquel il ne comprenait rien. Avec un sourire sadique, il compléta de sa plus jolie écriture et inventa la plupart des réponses. Selon le formulaire Alexiel était né à Ste-Marie-les-bains-de-pieds, un 30 février ( évidemment), avait subi 8 appendisectomie (ainsi qu'une opération des ovaires) et possédait désormais un numéro de sécu bidon. Il alla rendre le formulaire à la secrétaire avec un sourire triomphant, proche du sadisme.

- Il se trouve désormais dans la chambre 521, il vient d'être opéré. On vous y appelle, dit-elle d'une voix sans timbre.

- Merci beaucoup, rétorqua-t-il avec une politesse exagérée.

Il tourna les talons dans l'objectif de sortir le plus vite d'ici et s'arrêta au milieu du hall. Il revit le visage souffrant d'Alexiel. Il ne pouvait quand même pas le laisser seul... Léandre détestait avoir de tels états d'âme.

*Après tout, il ne m'a attiré que des ennuis !*

Pourtant il fit demi tour et se rendit aux ascenceurs. Il savait que s'il n'allait pas le voir, il n'aurait pas la conscience tranquille. Décidemment ce jeune garçon avait de lui une sorte d'esclave mental ou un truc dans le genre. Il soupira alors que l'ascenceur s'élevait au 5ème étage.

- Je ne veux pas devenir son domestique...

Les autres personnes dans l'ascenceur se retournèrent vers Léandre. Il faisait toujours autant tache dans le décor en plus du fait qu'il parlait tout seul. Les portes de métal s'ouvrirent enfin et il traversa le couloir à toute vitesse. Cela sentait toujours l'éther. C'en était presque étouffant. Il évita à tout prix de regarder dans les chambres aux portes ouvertes, sachant très bien ce qu'il risquait d'apercevoir. Des petits vieux affalés sur leur table de repas, comme morts. Des femmes et des hommes au regard vide, cerné, comme exsangue de toute vie. Voilà pourquoi Léandre détestait les hopitaux. Il trouva la chambre 521 et y entra précipitamment. A sa grande surprise il découvrit deux visages connus. Il reconnut Alexiel, allongé paisiblement dans ce lit d'hopital et à son chevet...Une des plus belles créatures qui lui avait été donné de rencontrer : Saki.

Il referma la porte doucement, avec respect. Il dit doucement, pour ne pas réveiller l'endormi :

-Bonjour...Comment va-t-il ?

~ Il fait si noir ... ~

Perdu. Encore et toujours perdu. Je suis vite replongé dans l'obscurité morbide. Je regarde autour de moi, des lignes blanches dansent sur le sol. Elles écrivent des prénoms, s'enlacent pour faire des structures en trois dimensions. En clair, elles, elles s'amusent, aussi libres et fraîches que le vent. Moi, je m'assois et les regarde flotter dans l'air ténébreux. Une goutte d'eau tombe sur le bout de mon nez. Je passe deux doigts dessus avant de me rendre compte qu'il s'agit de sang. Je me recule légèrement, les courbes blanchâtres s'éloignent avant de disparaître, aspirées par le l'ébène obscur.

~ Il fait si froid ... ~

Suis-je en Antarctique ? Suis-je tombé dans le pays de glace en hiver ? Je n'en sais strictement rien. Il fait tellement noir ici. Je suis seul, emprisonné dans une cellule de verre. Mes yeux ocres fixent le vide. Je ramène mes genoux contre mon torse, posant ma joue sur mes jambes. Je serre les bras autour de mes membres inférieurs, et je laisse les larmes couler le long de mes joues. J'ai froid, je grelotte. de la buée s'échappe de ma bouche, à chaque expiration. Les lignes blanches ne reviendront pas. Je suis coincé ici, et je doute d'en ressortir.

~ Edward ... Sors-moi de là ... ~

J'ai peur. Mais je ne peux rien faire pour partir des ténèbres. Je me relève, titubant dans la pièce sombre, m'adossant à un des murs. Je ramène mes longs cheveux d'or sur une épaule, cessant de pleurer comme un gamin. Puis je commence à tâter le sol tel un aveugle cherchant son chemin. Mes doigts glissent, mon torse collé contre la pierre glaciale. J'examine chaque partie de roche avec mes mains, avec pour seul appui le toucher, et je me stoppe. Une lumière jaillit de la gorge. Ca me brûle. Je pose rapidement ma main sur mon cou, la lueur se frayant un chemin à travers ma chair. Mon rêve devient un véritable cauchemar. Je tombe en avant, criant de douleur, la lumière essayant par tous les moyens de s'extirper de ma gorge. Je me rétracte sur moi-même, les sourcils froncés, et un torrent de clarté tombe sur moi.

Quel bip incessant. L'électrocardiogramme s'affole d'un coup. Mon corps alors inanimé devient le pantin de mon cauchemar. Ma gorge s'illumine petit à petit, prenant la forme d'une clef de sol. Mes doigts se rétractent, mon visage se crispe, j'ouvre les yeux lentement en serrant les dents.

~ Ma gorge ... Elle brûle ... ~

Invité

Saki se leva brusquement. Certes, elle avait toujours réussi à garder son calme, mais là elle était face à une situation assez importante. Ce gamin était sous sa responsabilité et s'était elle qui devait lui annoncer son destin funeste. Funeste était un bien grand mot mais pour la jeune fille s'était terrible de perdre ses jambes. Elle fit les cent pas dans la chambre et voyant que ça ne la calmait toujours pas, elle se rassit sur une chaise. Elle regarda la chambre. C'était une petite chambre banale. Blanche, une télé fixée en hauteur, une petite table pour se restaurer et un balcon. Des toilettes ainsi qu'une minuscule salle de bain. Seulement, quelques chose clochait. Cette chambre était remplie d'une chose dont elle ignorait la nature et apparemment cela émanait du corps de son patient. Elle regarda par la fenêtre un oiseau se poser. Ses deux ailes d'une blancheur immaculée se rétractèrent et il s'empressa de nourrir ses petits, petits êtres chétifs présents dans le nid du volatile. Saki soupira. Elle ne savait absolument pas pourquoi elle se trouvait ici, dans cette chambre. En temps normal elle serait allée dans son bureau, aurait bu un chocolat chaud et aurait mangé une ou deux pâtisseries en lisant le dernier magasine sur la musique, tout ça sur une arabesque de De Bussy. Mais non. Elle était là dans cette chambre, à regarder ce jeune qu'elle ne connaissait ni d'Ève ni d'Adam. Elle se pinça l'arrête du nez et releva les yeux vers la créature qui se tenait devant lui. C'était peut être un adolescent en apparence mais elle en était certaine, il n'était pas humain.

- eh bien mon petit...Toi tu n'es pas sortit d'affaire...

Elle se leva de nouveau, ne supportant pas le silence pesant qui régnait dans la pièce. Elle n'avait jamais vraiment aimé être en contact avec les gens malades. En général, ils déprimaient et elle ce n'était pas un spectacle très plaisant pour elle. En vérité, elle voyait des dizaines de gens défiler devant elle. Elle imprimait l'image dans sa mémoire et s'en souvenait toujours, seule témoin de la vie de millions de gens. Elle retenait leur nom, leur age, leur tête et bien évidemment leur maladie. Elle ne les revoyaient pas dans la plupart des cas. Alors qu'elle allait se replonger dans ses suputations sans lendemain, la porte grinça. Elle se retourna et ouvrit la bouche pour demander à la personne de partir car le patient n'était pas encore réveillé. Elle commença un vague "Je suis navrée..." mais sa phrase se perdit dans sa gorge. Une personne. LA personne qu'elle n'aurait jamais pensé revoir ici se tenait devant elle, dégageant son parfum enivrant comme à l'accoutumée.

-Bonjour...Comment va-t-il ?

Les intonations étaient les mêmes. Le timbre était parfait. Elle pensait avoir rêvé et voilà que la personne de son rêve se tenait devant elle. Ses cheveux blonds et ses yeux bleus. Ses yeux qu'elle aurait aimait avoir. Et cette petite morsure présente dans son cou d'une blancheur de marbre.

- Il va bien en surface...Malheureusement je ne peux pas en dire autant de l'intérieur...Il...

Saki stoppa ses mots. Elle se retourna brusquement vers le lit. Soi s'était une hallucination collective auquel Léandre et elle étaient sujets, soit ce qu'elle voyait était une nouvelle fois réelle. Elle se pinça. Oui, c'était bien réel. Le cou du jeune homme était en train de briller comme si il recelait un soleil. Saki écarquilla les yeux. Une étrange clé de sol se refléta bientôt sur le cou. Elle ne panique pas mais réfléchit à comment faire pour dissimuler cela. Elle était persuadée que Léandre garderait son calme mais si une infirmière rentrait pas inadvertance ce serait problématique. Elle chercha dans la pièce et son regard se posa soudain sur une petite écharpe noire, sûrement oubliée là par son propriétaire. Elle s'empressa de la nouer autour de la gorge du garçon. En s'approchant de lui, elle dut froncer de nouveau le nez sur le cou. Elle ferma les yeux, respira un grand coup et termina ce qu'elle avait commencé. Elle se recula ensuite vivement en reprenant son souffle. Elle n'avait jamais sentit rien de tel. C'était tellement désagréable. Quelques chose qui lui rappelait vaguement l'odeur de la rouille. Soudain, elle entendit le garçon aux cheveux d'or se réveiller. Il prononçait des choses étranges mais elle n'y fit pas vraiment attention elle se contenta de lui donner des petites claques pour le sortir de sa torpeur. Elle cessa de respirer durant sa manœuvre. Cela lui coupa toutes ses sensations. Elle détestait cela. Le sueur présente sur le front du garçon disparue, Saki retourna s'asseoir et le regarda attendant qu'il dise quelques chose. Elle sourit. Cette pièce était vraiment étrange. L'odeur qu'elle aimait le plus et l'odeur qu'elle aimait le moins s'y réunissaient. Cela provoquait un mélange chaotique lui donnant presque la nausée. Néanmoins, cette synchronisation donnait quelques chose d'assez irréel qu'elle n'avait jamais sentit. Elle garda ses réfléctions pour plus tard et se contenta simplement d'attendre que Alexiel daigne ouvrir un œil. Elle souffla cependant à l'adresse de l'unique visiteur d'un air amusé.

- Que me vos l'honneur de cette visite petit mortel ? Je te manquai trop ? Ou peut-être a tu trouvé quelques chose d'intéressant en cet enfant...

Léandre détestait les hôpitaux, d"ailleurs il touchait du bois pour ne jamais être hospitalisé. Il détestait cette odeur de désinfectant, les murs pâles, cette chaleur et cette atmosphère lente, semblable à celle d'un long dimanche après-midi. L'hôpital, selon Léandre, était le meilleur endroit pour mourir, mais certainement pas pour vivre. Il savait très bien qu'avec la médecine et ses progrès, on sauvait sans cesse des gens. Mais voilà, il avait vraiment quelque chose contre le bâtiment et ces gens en blouse blanche qui vous annonçait nonchalamment que vous étiez atteint du cancer. En bref, il méprisait les hôpitaux et leurs machines à vivre. Pourtant il était resté, il venait voir Alexiel. Il ne savait même pas pourquoi il faisait tant d'effort pour ce gamin. Etait-ce possible qu'il se soit pris de pitié pour ce pauvre jeune homme martyrisé et abandonné ? Peut-être....Ou alors il voulait juste s'assurer qu'il aille bien. Oui,oui c'était sans doute ça.

Il ouvrit la porte de la chambre 521 avec empressement. Il avait envie d'en finir, de voir Alexiel assis sur son lit, de lui parler 10 minutes sur la chance qu'il avait eu et repartir sans se retourner. Il aurait du savoir en abaissant la poignée que ce ne serait pas aussi simple. Les murs étaient peints d'une couleur hybride entre le blanc cassé et le saumon. Son regard se porta alors sur le seul intérêt de la chambre le lit. Il distingua le jeune garçon, allongé dans son lit et encore endormi et à son chevet Saki. Que faisait-elle là ? Il resta figé un moment avant de parler. Il était entrain de se dire qu'à City tout était possible (entre autre empêcher un ange de se faire écraser et retrouver la demoiselle vampire de l'autre soir à son chevet ). La jolie demoiselle portait une blouse blanche, même si ce genre d'accoutrement ne flattait pas sa silhouette divine, sa beauté restait malgré tout inaliénable. Bien sûr il avait espéré la revoir de nouveau, mais il ne s'attendait pas à la trouver ici.

* Après tout, je ne sais rien d'elle*

- Il va bien en surface...Malheureusement je ne peux pas en dire autant de l'intérieur...Il...

Ses mots sonnaient comme une condamnation. Les gens en blouse blanche vous apportent rarement de bonnes nouvelles. Le regard bleu du jeune homme se détacha de la beauté fatale pour se reposer sur le jeune malade. Il comprit pourquoi elle s'était interrompue si subitement. La gorge d'Alexiel brillait avec une intensité peu commune. On peut vaguement distinguer un dessin de clé de sol. La scène était déjà suffisamment étrange. Léandre se demandait s'il rêvait. Si ca tombe Alexiel était chez lui entrain de se remettre de sa grippe et Saki on ne sait où, intervenant dans son rêve parce qu'il pensait encore à elle. Bientôt un chat volant portant les traits de Shinjiro arriverait, soulèverait la fenêtre et réveillerait Alexiel d'un coup de baguette magique... Ah non c'est vrai ! On ne peut pas ouvrir les fenêtres des hôpitaux. C'est pour éviter les suicides par défenestration...Pas étonnant dans un endroit aussi déprimant, songea-t-il. Léandre regardait la scène d'un air absent. Saki se hâta de trouver quelque chose pour couvrir le cou trop voyant d'Alexiel. Il s'attarda un moment sur la vivacité des doigts délicats de Saki.

*J'aurais dû deviner, elle devait être chirurgienne ou un truc du genre...*

Alexiel marmonna quelque chose d'incohérent dans son sommeil agité. Léandre n'y prit pas trop attention, l'esprit ailleurs.

- Que me vaut l'honneur de cette visite petit mortel ? Je te manquais trop ? Ou peut-être as tu trouvé quelques chose d'intéressant en cet enfant...

Ses lèvres s'étirèrent en un sourire. En réalité il ignorait complètement qu'elle se trouvait là. Il alla s'accouder près de la fenêtre et il lui répondit d'un ton désinvolte :

- Peut-être bien que je me languissais de toi...

Il marqua une pose et en profita pour détailler de nouveau la perfection féminine qui se tenait devant lui, la fixant ouvertement de son regard bleu pâle, le sourire aux lèvres. Ensuite, il posa sa paume sur son front, dans un geste las et gracieux pour achever sa phrase.

- Ou peut-être que je m'inquiétais pour cette pauvre créature...

Il se garda bien de dire qu'elle avait été son rôle dans l'accident. Il poussa un soupir las et s'appuya contre la fenêtre, dos au monde et face à son interlocutrice. Un léger silence s'installa, il regarda intensément Alexiel, son baxter, et tout les autres accessoires médicaux produisant des bips et dessinant des courbes sur les écrans. Même en dormant , ce jeune homme conservait quelque chose d'à la fois beau et désespéré. La même expression que les martyres. L'air vague, il déclara :

-Je crois que c'est un ange.

Machinalement, il passa sa main sur son cou pour y sentir les deux pointes, souvenir laissé par Saki. Ca avait été un moment délicieux. Sans doute autant pour elle que pour lui.

~ Mais qu'est-ce que je fais là ? Bon Dieu ... C'est tout le temps la même chose avec moi. A l'aide !! Au secours ! Venez m'aider ! Tss ... Je devrais peut-être penser à me protéger moi-même, à être sur la défensive perpétuellement. Mais non, je n'en fais qu'à ma tête. Je ne peux compter que sur les autres. Même les inconnus. Comme par exemple Léandre ... Décidément, j'aime beaucoup son prénom. Je l'ai rencontré alors que j'avais la grippe, et il s'est occupé de moi. Non mais vraiment, je commence à en avoir marre de ma faiblesse alarmante. J'ai acquis un pouvoir destructeur, certes, mais il a fallu que ça tombe sur la peur et l'atrocité. Je repense à la momie du lycéen. C'est vraiment moi qui ai fait cela ? Rien qu'avec ma main fracturée ? J'ai bien envie de soupirer de mélancolie. Mais bon, c'est la vie, un point c'est tout. La vie pourrie et gâchée d'un Ange dépourvu de pouvoirs. Un Ange beaucoup trop féminin bravant l'interdit. Qui me dit que je suis dans l'inégalité totale en étant fou amoureux d'Edward ? Lui, vampire ... Moi, Ange ... Deux hommes s'aimant, si ce n'est pas surprenant déjà. Même s'il y a de plus en plus d'homosexuels ... Je ne peux pas m'empêcher d'avoir une erreur monumentale. Et en plus ! Sortir avec un vampire ! J'ai bien envie de trembler, mais c'est la vie. Et elle passe selon ce qu'elle nous dicte. J'ai bien envie de me pendre, mais c'est cette vie pourrie et monstrueuse qui m'en empêche. La vie, c'est un avant-goût avant la Mort. Oh ... Je n'ai pas tellement peur que cela, m'enfin. Pauvre petiot ... Alexiel Edgeworth, fils d'une famille riche jusqu'aux as ... Androgyne et bisexuel. Si Père me voyait, j'aurais déjà la marque de sa chevalière sur la joue. Avec des petits grains rougeâtres, pigments capillaires. Rougeurs suite à un choc violent. Un revers de la main. Une calamité. Une punition. Bourreau. Esclave. Martyr. La pendaison est tout proche. ~

[J'avais envie d'un monologue d'Alexiel dans sa tête, pendant son sommeil ^^']

Invité

Saki sourit de contentement. Décidément, ces derniers temps ses journées étaient vraiment étranges. Des rencontres, des amitiés, des liens, des malades, des non humains. Elle était servie. Elle qui aspirait à une vie pleine de rebondissement, c'était pile le genre de vie qu'elle aurait souhaité avoir lors de son vivant. Être un médecin accomplis pour soigner sa sœur. Marguerite. Elle revoyait encore ce petite bouton de rose, ayant de jolis cheveux noirs. Cette fleur tout juste éclose, sortie d'un rêve. Une petite fille aux traits européen d'une beauté sans concurrence. Tellement belle mais déjà si fragile. Une méchante syphilis attrapée probablement à cause des nombreux amants de la jeune demoiselle. Sa grande sœur qu'elle chérissait tellement se mourrait. Elle se revoyait encore, âgée de cinq ans, s'approchant de cette malade alors que ça lui avait été interdit. Placée en quarantaine, observée par les médecins du pays, elle était atteinte d'un mal incurable. Saki avait alors renouvelé ses visites le plus souvent possible. Elle était la seule compagne de cet être fébrile et épuisé par la maladie. Un souvenir le traversa l'esprit. Celui d'une fillette blonde comme les blés courant vers un grand lit noir. Elle criait quelques chose que Saki avait du mal à entendre. Elle distingua un "grande sœur" hurlé et un "je t'aime ! Reviens!". La fillette était emportée hors de cette chambre maudite qui abritait un mort. Saki n'était plus jamais retournée jouer dans la chambre de Marguerite. Elle n'avait jamais repoussé le lourd battant de la porte. Elle n'était jamais remontée sur le lit couvert d'un drap de soie et de peaux animales. Elle n'avait plus jamais parlé. Elle s'était tut et s'était isolée. Un silence sans fin dans l'ombre de la solitude. Jusqu'à ce qu'elle rencontre...Elle secoua la tête. Se n'était ni l'endroit ni le moment pour penser à cela. Elle se rappela simplement avoir travaillé d'arrache pied afin d'atteindre son poste de médecin. Elle ne voulait plus jamais voir quelqu'un mourir devant elle. Plus jamais. Elle tourna la tête vers Alexiel. Décidément, s'était une infection cette odeur ! Elle se pinça de nouveau l'arête du nez. C'était très désagréable. Elle fixa l'endroit où quelques minutes plus tôt elle avait posé l'écharpe. A l'œil nu, on ne pouvait absolument pas voir la légère lueur qui émanait de la partie du corps du jeune homme. Elle elle pouvait le voir à cause de sa vue. Elle aurait préféré se crever les yeux plutôt que d'avoir à subir un tel spectacle mais elle devait accomplir son travail et s'occuper de cet enfant. Elle regarda son visage. Il semblait donner l'envier de s'occuper de lui. Elle sourit une nouvelle fois. Cette fois elle ne le laisserai pas tomber. Elle se retourna vers Léandre qui lui parlait.

- Peut-être bien que je me languissais de toi...

Elle savait pertinemment qu'il n'était pas sérieux mais elle douta un peu. Elle ne voulait pas lire en lui même si son désir lui disait de faire le contraire. Elle ne le fit pas, mais pensa tout de même dans un coin de sa tête que ce qu'il disait n'était pas vrai.

- Ou peut-être que je m'inquiétais pour cette pauvre créature...

Possible. Elle n'avait pas mis en avant cette hypothèse. Bah ! De toute façon qui ne pouvait pas s'en faire pour cette petite chose toute fragile ? Ou alors il aurait fallu avoir un cœur de pierre et Saki savait qu'au fond Léandre n'en avait pas un. Il fallait peut être gratter un peu, mais si cet enfant avait réussi à le toucher, s'était parfait. Elle ne pensa à pas à sa propre expérience. Elle ne voulait pas y penser pour le moment, préférant se délecter de sa présence sans qu'il ne le sache.

-Je crois que c'est un ange.

C'était donc pour ça qu'il puait - le terme était même plutôt sympathique de son point de vue - à ce point là. Elle avait déjà croisé des multitudes d'anges et ils dégageaient aussi une forte odeur. Elle ne se souvenait pas que ça sentait si mauvais. Elle en fit la remarque à voix basse mais posa sa main blanche sur ses lèvres afin de se taire. Elle n'allait quand même pas dire qu'un de ses patients sentait mauvais. Personne ne comprendrai n'ayant pas son don olfactif. Elle contempla Alexiel une nouvelle fois. Effectivement, elle le regardant de plus près, il avait vraiment le même visage qu'un ange. Très beau, les très gracieux à la limite de l'androgyne. C'était très intéressant. Elle n'avait jamais goûté le sang des anges mais vu l'odeur, ça ne devait pas sentir très bon.

- Cet enfant est stupéfiant...

Soudain, une lueur d'espoir fleurie dans sa tête. Peut être qu'il pourrait se guérir si s'était vraiment un ange. Non...Si il pouvait se guérir se serait déjà fait. Son plan tombait à l'eau. Dommage. Elle ressentit soudain une étrange douleur située vers le cœur. Une perle de sueur sua sur son front alors qu'elle serrait le tissu de sa chemise mais la douleur passa rapidement. Elle pensa que ça devait sans doute être une boule de stresse et n'y prêta plus vraiment attention bien qu'elle soit restée prostrée une dizaine de secondes. Elle reprit une grande goulée d'air et la douleur disparue complètement comme elle était venue. Saki prit le pouls de Alexiel. Toujours régulier, bien rythmé, tout convenait. Elle entendait le sang circuler comme une rivière sous la peau du garçon. Elle demanda à Léandre d'une voix basse voyant que Alexiel dormait encore.

- Tu pourrais m'en dire un peu plus sur son accident s'il te plait ? Je suppose que tu étais présent si tu est là...

Léandre évitait soigneusement de réfléchir au lieu dans lequel il se trouvait. Il ignorait complètement d'où lui venait cette haine des hôpitaux. En même temps, tout un pan de sa vie lui était inconnu. Parfois il se rappelait des bribes furtives, mais comme les données des ordinateurs, ces images étaient corrompues et inexploitables. Au pire, il avait vraiment la sensation qu'on lui brûlait le visage à l'aide de chocs électriques. C'était assez... désagréable. Mais comparé au caractère borné du jeune homme, ca ne suffisait pas pour donner le change. Il recommencerait de toute façon.

Apparemment Saki avait l'air sceptique de cette déclaration. Le jeune homme ne relâcha pas son sourire. Qu'elle le croie ou non tout cela n'était qu'un petit jeu d'attirance qui les divertissaient. L'un et l'autre ne se faisaient aucune illusion à ce sujet. C'était simplement une question de magnétisme...sans doute ça. Saki se pinça le nez pour s'approcher d'Alexiel. Léandre pensa que c'était à cause de l'odeur du sang. La jeune vampire n'avait pas choisi la facilité en oeuvrant dans un hopital. A part dans une banque du sang, ou dans une boucherie c'était l'endroit numéro un pour se retrouver en présence de liquides corporels en tout genre. Elle avait de l'ambition et apparemment du self-control.

Il regarda Alexiel allongé dans son lit, une expression de souffrance sur le visage. Même si son visage ne montrait que de l'indifférence, il était en partie touché par cette vision du jeune homme. Allongé de cette façon sur un lit d'hôpital, une tonne de machines à son service. Il avait l'impression de le voir sur son lit de mort. Il frissonna à cette idée. Décidémment il s'y était trop attaché, comme on s'entiche d'un animal encombrant et qui vous apporte des ennuis juste pour ces raisons là. Et le fait qu'Alexiel soit en partie malheureux...Son regar s'attarda un moment sur ses traits angéliques avant que Saki ne le ramène à la réalité.

- Cet enfant est stupéfiant...

Il opina légèrement de la tête.

*Cet enfant est un mystère...*

Il se demanda d'où provenait cette lueur, et pourquoi ce symbole de clé de sol. A bien y réfléchir il l'avait vu un peu partout dans la manoir Edgeworth. Un secret de famille ? Il se rappela que le jeune garçon avait déployé ses ailes, sublime et éclatantes de pureté. Il revit également ce tatouage mystérieux qu'il avait dans le bas du dos. Tant de questions et si peu de réponses... Soudain Saki fut prise d'une sorte de malaise, elle empoignait sa chemise comme une victime d'arrêt cardiaque et resté figé dans cette position un certain temps. Léandre écarquilla les yeux et se précipita jusqu'à elle, l'air passablement inquiet.

- Saki, quelque chose ne va pas ?

A sa connaissance le forfait vampire ne comportait pas d'abonnement maladie. Elle pris une profonde inspiration ( les vampires respirent ??) et se rétablit par la suite de cet incident passager. Elle pris le pouls d'Alexiel et en profita pour le questionner sur l'accident.

-Tu pourrais m'en dire un peu plus sur son accident s'il te plait ? Je suppose que tu étais présent si tu est là...

Léandre resta muet un moment, perdu dans la contemplation de Saki et d'Alexiel à la fois. Il hésita, devait-il lui avouer la vérité ? Il n'était pas ce qu'on peut appeler "fier" de ce genre d'exploits. Surtout qu'apparemment il n'avait pas été assez rapide pour lui épargner cet endroit de malheur. Si ca tombe il lui avait offert un sursis douloureux au lieu d'une mort rapide. Il espérait que ce ne soit pas le cas. Il tourna la tête vers Saki et essaya de plonger son regard bleu dans ses lacs d'argents.

- Avant, j'aimerai savoir de quoi il souffre. Tu as dis qu'il allait bien mais superficiellement...

- Je crois que c'est un ange.

J'entre dans une phase légère, duveteuse. Le sommeil s'évapore petit à petit, il disparaît. Le voile de l'entente surgit, et mes oreilles qui bourdonnent perçoivent les énonciations de deux personnes.

- Cet enfant est stupéfiant ...

Mes doigts se crispent légèrement, je garde mes paupières closes. La conversation entre ces deux personnes m'intéresse. Et je ne souhaite pas troubler la sérénité de leurs voix. Si jeunes, si douces à entendre. Mon instinct me dit qu'ils parlent de moi. Un enfant. Moi ? Un gamin ? J'ai dix-sept ans quand même, n'abusons pas. Je ne vais pas au bac à sable. Même si mon comportement est proche de celui d'un bambin, je n'en reste pas moins un adolescent !

- Tu pourrais m'en dire plus sur son accident s'il te plaît ? Je suppose que tu étais présent si tu es là ...

Mes paupières me brûlent. Et si je les ouvrais maintenant ? Non, pas encore, la discussion n'est pas terminée. Quand j'ai entendu cette voix inconnue, féminine et unique, je me dis qu'il s'agit d'une femme hors du commun. Je suis habitué à l'irréel tout de même. La preuve: je suis bel et bien un Ange. Mais un Ange faible. Un Ange sans pouvoirs. Je serre silencieusement mes dents, fronçant légèrement les sourcils.

- Avant, j'aimerai savoir de quoi il souffre. Tu as dit qu'il allait bien mais superficiellement ...

Ça y est, ça me pique atrocement. J'ouvre mes yeux, mes pupilles ocres scrutant la salle. C'est pâle. Ça pue. C'est un hôpital. Je tourne très rapidement mes tête dans tous les sens, surpris de me trouver dans un lit tel que celui-là. Mes bras sont percés de partout, je suis terrifié.

~ C'est quoi tout ça ?! Retirez-moi ça !! ~

Plus qu'affolé, je commence à arracher les perfusions une à une, du bout de mes doigts tremblants. Je ne peux pas faire un seul geste avec mes jambes, je ne les sens plus du tout. C'est comme du plâtre. Je fixe mes membres inférieurs, mes inspirations rapides et courtes.

~ Pou ... Pourquoi ?! ... ~

Je m'arrête soudainement, apercevant Léandre près d'une femme vêtue d'une blouse blanche. Les yeux de cette médecin (d'après ce que j'en ai conclus), sont livides, pâles. Le bleu miroite dans l'argent. Je m'apaise rien qu'une toute petite minute. Son odeur enivrante se sent trop facilement pour moi, je suis un Ange quand même. Cette odeur à plein nez, cette peau si blanche, ce visage presque indescriptible. C'est un Vampire. Aussitôt, elle me fait penser à Edward. Je baisse ma tête, ma frange tombant sur les yeux, puis je serre ma main droite. J'extirpe machinalement l'écharpe noire nouée autour de mon cou, puis je la balance avec terreur sur l'électrocardiogramme. Je m'appuie contre l'oreiller, tentant de me reculer au maximum de la jeune femme immortelle, puis je tends ma paume droite devant elle.

~ Ne ... M'approchez pas ... ~

La lumière éblouissante de ma gorge se dissipe soudainement. Mes yeux perçants les siens, mon visage pas du tout angélique, mais plutôt démoniaque, dépourvu de sourire, la menace et la foudroie. La précédente lumière apparaît au bout de mes doigts. Puis toute ma paume s'illumine. La ponction. C'est le même phénomène que pour le lycéen momifié.

~ Ne m'approchez ... Pas ! ~

Invité

Saki papillote des yeux. Elle ne comprend pas ce qui lui ai arrivé. Cette douleur soudain. D'où venait elle? Elle ne comprend pas. Elle hésite, se mord la lèvre, souffre de l'intérieur, se consume. La sueur qui d'habitude n'existe pas perle sur son front de marbre. Ses fins sourcils se froncent. Elle relâche sa pression tout en pensant dans un coin de sa tête qu'elle devra faire des examens complémentaires pour s'assurer que tout va bien. Pourquoi cette douleur au cœur ? Si douloureuse ? Si froide et en même temps si brûlante. Ce fer blanc qui calcine ses sens et ses pensées. Elle respire. Non elle ne respire pas. Elle se contente de souffler de l'air et de le recracher. Ventilation artificielle lui permettant uniquement de distinguer les odeurs. Elle se demande parfois si arrêter de respirer pourrait changer sa vie radicalement. Oui. C'était sur. Ne plus respirer changerait sa vie de façon radicale. Elle ne sentirait plus l'odeur d'une fourmi. L'odeur d'une belette sortie de son terrier. D'une fraise. L'odeur d'une pâtisserie. L'odeur si enivrante des humains qui l'entourent et un en particulier. L'odeur de la rivière. L'odeur de ses ennemis. L'odeur des autres. Elle serait sans défenses contre eux. Bien qu'elle ne peut pas mourir.

- Saki, quelque chose ne va pas ?

Elle le regarde en souriant et lui signifie que tout va bien. Car en effet, tout va bien dans le meilleur des mondes. Elle n'a que ce qu'elle mérite. On ne devrait pas vivre si longtemps et elle se demande encore parfois si son existence est justifiée. Si elle ne devrait pas simplement disparaitre. Elle le fait les jours où la solitude gagne sur toutes choses. Elle juge que sa vie est une aberration. Elle se garde de le penser car elle sait que tourner en rond ne sers strictement à rien. Elle sait qu'un jour elle s'éteindra, lorsque l'age de milles ans sera atteint. Lorsqu'elle aura confié son chat chéri à des personnes de confiance pour le laisser vivre lui même ses milles ans. Elle en oublie où elle est, sa présence dans ces locaux, les gens qui l'entourent et s'évade comme un oiseau hors de sa cage. Elle virevolte encore et toujours, regardant la déchéance humaine, la mort et la vieillesse s'écouler devant ses yeux de moineau qui ne saisit pas pourquoi cette population fragile vit encore.

- Avant, j'aimerai savoir de quoi il souffre. Tu as dit qu'il allait bien mais superficiellement ...

La question qu'elle ne voulait pas entendre. Elle feigne ne pas avoir entendu mais cela ne sers à rien sachant qu'elle est vampire. Elle ne veut pas lui dire. Pas maintenant. Elle ne le dit pas. Le garde pour elle. Se tait. Elle préfère mourir plutôt qu'avouer ce secret. Elle veut que ce jeune homme soit le premier concerné et personne avant lui ne doit connaitre le destin tragique que lui ai destiné. Elle n'arrives pas à prononcer les mots bloqués dans sa gorge. Un nœud se forme, puis une boule et enfin un abcès dont la crevaison signifie la mort. Elle se tait. Le regarde et le défit du regard d'une manière assez froide sans le vouloir. Elle ne le veut pas pourtant.

- Je suis désolée mais je ne peux pas divulguer ce genre d'information avant que le patient soit au courant...même pour toi...

Bien sur qu'elle aimerai lui en parler. Vider son sac enfin et ne plus rien avoir sur le cour. Seulement elle ne peut pas. Elle n'arrives pas. Elle entend soudain du bruit derrière elle. Elle se retourne brusquement et voit l'enfant se réveiller. Tel un animal il se déchaine dans sa cage. Il se débat, ne comprend pas tout ces fils reliés à son corps. Saki ne fait aucuns mouvements. De toute façon elle ne peut rien faire et ne veut rien faire non plus. Il doit se calmer. Et puis elle se souvient que c'est un ange. D'ailleurs, l'horrible odeur la rappelle à l'ordre.

~ C'est quoi tout ça ?! Retirez-moi ça !! ~

Bien évidemment il ne comprend pas. Et puis son regard va sur ses jambes qui ne bougent plus. Le silence reste d'or dans la bouche de la vampire. Elle ne veut pas intercéder dans la découverte du patient. Il réagissent toujours comme ça. Stupéfaction. Crainte. Découverte. Ce qui aboutit finalement à la phase finale de la peur. La peur de l'inconnu. La peur de ne pas savoir ce qui est arrivé. La peur de ne pas bien saisir la situation. La peur de penser qu'on ne peut plus bouger ses jambes. La peur de se dire que tout cela n'est pas un rêve. Comme elle comprend ces sensations chaque fois. Au plus profond d'elle même elle comprend ces gens. Elle même après sa transformation a ressentit ce genre de choses. Alexiel, comme son nom est indiqué sur son lit, a les yeux exorbités.

~ Pou ... Pourquoi ?! ... ~

Voilà, la vérité est devant ses yeux. Il saisit. Il comprend. Ou plutôt il ne comprend pas pourquoi c'est lui et pas un autre qui est dans ce lit. Pourquoi c'est lui qui est touché. Pourquoi ce n'est pas un autre. Elle se rend compte à quel point il est mince. La peur se lit sur son visage. Soudain, il arrache les perfusions, ces liens qui le retienne prisonnier à ce lit. Ce lit qui est désormais sa prison. Même si il voulait bouger il ne pourrait faire un pas. Dans un dessin animé comique, on rigole toujours de celui qui se fait mal. Dans la réalité, celui qui se fait mal a peur. Soudain, Saki sent son regard rempli d'angoisse se poser sur elle. Elle lit ses pensées comme un livre ouvert et des dizaines d'image s'envolent dans sa tête, notamment celle d'un dénommé edward dont elle ignore le visage. La seule chose qu'elle retient c'est qu'il a peur d'elle, il a peur parce qu'il a deviné ce qu'elle est. Elle ne peut alors empêcher un rictus de tristesse traverser son visage. Après tout, elle porte sa croix comme il doit porter la sienne. Sa faiblesse si envahissante. Il arrache l'écharpe qui enserre son cou et la projette sur la machine près de lui. La lumière brille dans la pièce puis disparait.

~ Ne ... M'approchez pas ... ~

Elle ne bouge plus. Il va attaquer et même si elle sait qu'elle ne risque rien, Léandre est dans la pièce et il est "humain". Du moins le pense t-elle en ce moment précis. Elle ne bouge pas pour voir si elle a tord. Après tout, l'esprit change si vite. On a une décision en tête puis on change. On ne sait plus. On sait. On change d'avis encore et encore s'en jamais se lasser de cette mascarade grotesque. Cet enfant est puérile car il ne comprend pas ce que c'est la vie. Il a peur donc il tue. Normal comme réaction pour un garçon de dix sept ans. Cependant, de ce qu'elle a vu il a souffert et elle considère que savoir discerner les choses devrait être plus clair pour lui. Apparemment non. Il ne se demande même pas qui lui a sauvé la vie et pourquoi. Tout ce qu'il voit devant lui, c'est un monstre assoiffé de sang qui pourrait se jeter sur lui. Le garçon tend sa main. La réaction de Saki ne se fait pas attendre. Elle se place devant Léandre immédiatement. Elle sait pertinemment que si ce petit capricieux achève ce qu'il a en tête, la mort serait le seul aboutissement pour lui. Elle par contre, elle n'est pas tuable si facilement. D'ailleurs, même si elle était blessée, elle sait que sa "nature" la guérirait immédiatement.

~ Ne m'approchez ... Pas ! ~

Elle reste devant Léandre, les mains dans les poches. Même si c'est un vampire, ça ne l'empêches pas de savoir très bien se défendre. Elle ne bouge pas d'un cil. Tel une statue faisant barrage de son corps. Il est hors de question qu'elle laisse ce petit imbécile ruiner l'œuvre de sa vie et tout ce qui lui tient à cœur. Elle ne lui tiendra pas rancune parce qu'elle sait qu'il ne se contrôle pas à cause de cette terreur qui le dévore mais elle ne compte pas se laisser faire. Elle le transperce de son regard, lui faisant froidement comprendre que si il tire, elle ne répondra plus de rien. Qu'il est faible et qu'elle est puissante. Qu'il n'est pas de taille face à elle. Elle le défit par la même occasion et un petit sourire provocateur vient s'afficher sur son visage. Elle se demande si il va y répondre. Elle aimerait le pousser dans ses retranchements.

- Malheureux petit être....Tu penses me faire peur ? A moi, la plus grande des prédatrices de ce monde insignifiant ?

Son regard change. Il devient un avertissement. Il devient cruel, persécuteur, emprunt de sadisme. Il fait peur, incite à s'enfuir, une beauté glaciale et un regard de tueur. Le plus beau des appâts pour capturer le gibier fraichement offert pas dame Nature. Saki sait exactement ce qu'elle fait. Elle sait qu'elle fait courir un risque mais au préalable, mieux vaux pallier toutes éventualités. Son regard se fait plus dur, plus tranchant, plus terrifiant encore. Elle le menace du regard, le mord, le vide de son énergie vitale, le dévore. D'un simple regard, elle lui montre sa mort à lui. Elle lui fait ressentir quantité de sentiments. Ce n'est pas amusant de manipuler le cœur des gens, mais celui-ci est instable et n'a que très peu envie de le voir s'enfoncer dans la noirceur la plus totale. Si tiède, si réconfortante, si triste, si seule, si sombre...

La transformation sur le visage de la jeune fille avait été si soudain. S'il n'avait pas su qu'elle était vampire, il aurait cru à une quelconque crise ou quelque chose dans le genre. Même si elle avait l'air encore un peu secouée, elle trouva la force et relever la tête et de lui adresser un sourire rassurant. Après tout elle ne craignait rien. Léandre garda quand même c'est image à l'esprit. Les vampires ne sont pas vraiment sensés avoir mal...C'était étrange mais passager. Pas de quoi s'inquiéter dans l'immédiat. Pour le moment c'était d'Alexiel qu'il fallait s'occuper. Il n'osait pas l'avouer mais il s'inquiétait pour lui. Il avait l'air si fragile et si faible qu'on ne pouvait que se sentir responsable. De plus, depuis qu'il l'avait rencontré dans son intimité, au manoir, il avait remarqué un mystère l'entourait. D'autant plus que selon lui il n'avait pas l'air heureux. Il avait une espèce de dette et aujourd'hui il la remplirait en s'occupant d'Alexiel...Dans la mesure de ce qu'il pouvait faire ( et oui il n'était pas encore devenu assistante sociale ! ). En l'occurence il ne pouvait se résigner à l'abandonner dans cet endroit avant qu'il ne se soit réveillé. Le jeune garçon semblait si seul...Il souffrait, il en était persuadé. Et il pouvait difficilement le tolérer.

- Je suis désolée mais je ne peux pas divulguer ce genre d'information avant que le patient soit au courant...même pour toi...

Léandre regarda Saki dans les yeux. Il était clair que c'était le médecin qui venait de parler, d'une façon un peu froide d'ailleurs. Léandre croisa les bras contre son torse, légèrement contrarié. Même si la jeune femme ne faisait que son travail. Il baissa les yeux sur Alexiel, évitant soigneusement le regard argenté de la jeune demoiselle et dit d'un ton indifférent :

- Secret médical.... Je ne vois pas pourquoi tu ferais une exception...

Qu'est ce qu'elle peut bien lui cacher ? S'il navait rien, elle le lui aurait dit non ? Léandre évite de trop y penser, peut-être qu'il tire des conclusions trop vite. Aussitôt le principal intéressé se réveille. Il s'agite dans tous les sens complètement paniqué par tous ces fils qui lui passent au travers du corps. Ses bras dessinent de larges mouvements désordonnés et il ne cesse de paniquer, comme si sa vie était en danger. C'est plutôt étrange...

~ C'est quoi tout ça ?! Retirez-moi ça !! ~
~ Pou ... Pourquoi ?! ... ~
~ Ne ... M'approchez pas ... ~

Le doux visage s'Alexiel, si paisible il y a quelques minutes est déformé par la terreur et s'aggrave au fil des secondes. Cette expression rappelle vaguement quelque chose à Léandre, il est probable qu'on l'aie déjà regardé de cette façon autrefois. Sur son visage on peut lire les étapes : surprise, peur, terreur, haine. Haine ? Qu'est ce qui se passe au juste ? On dirait qu'il veut s'enfuir, tel un animal en cage qui se rend compte de sa situation. Léandre, ignorant tout de ce qui se passe, reste silencieux et observe la scène. Evitant soigneusement de dire quelque chose qui pourrait aggraver la situation. Alexiel a les yeux révulsés, comme s'il venait d'apercevoir un monstre. A ce stade Léandre est incapable de savoir ce qu'il voit, ce qu'il ressent et ce qu'il ne ressent plus du tout. Il lève la main droite, qui se met à briller d'une étrange lueur...

Avant qu'il n'ait pu se poser la moindre question, Saki intervient, comme pour le protéger d'une éventuelle menace, fait barrage entre lui et Alexiel. Il ne lui était jamais venu à l'esprit qu'Alexiel pourrait causer du tort à quelqu'un. Il est si fragile...Automatiquement, les mots du type en blanc lui reviennent à l'esprit. " Il a déjà tué un homme"...Parlait-on du même garçon ? La voix de Saki apparait, tranchante et glacée...inhumaine.

-Malheureux petit être....Tu penses me faire peur ? A moi, la plus grande des prédatrices de ce monde insignifiant ?

Là dessus, il écarquille les yeux. Voilà donc un avant-goût de la noirceur de la jeune vampire..Saki la prédatrice, c'était le terme. En d'autres circonstances, il aurait été absolument ravi de rencontrer cette personne sadique et sombre à souhait. Elle était impressionnante quand son côté vampire surgissait. Néanmoins ce n'était pas vraiment propice à la situation. S'énerver n'aurait fait qu'aggraver les choses. Il aurait aimé voir Saki à l'oeuvre sur quelqu'un, mais pas sur Alexiel. Le jeune homme avait eu son compte pour aujourd'hui. Il songeait à les laisser discuter et voir comment les choses évoluaient, quand il perçut une sensation étrange, un frisson un soubresaut dans le plus profond de son âme. C'était comme si une main plantait ses griffes et serrait son coeur. Il devina que cette sensation venait de la puissance de Saki. Si belle, mais si terrible...Il posa sa main sur son épaule.

- Calme toi. Ce n'est pas la peine de l'effrayer d'avantage...

Il avait dit cela d'un ton très doux, doucereux. L'atmosphère était beaucoup trop tendue et risquait de virer à l'orage. Il passa sa tête sur le côté et décocha un sourire rassurant à Alexiel. Léandre avait l'air vraiment serein, comme si tout ce qui venait de se passer ne l'affectait pas vraiment.

- Toi aussi tu devrais baisser ta garde. Personne ne te veut du mal ici...

Il comptait bien évidemment sur son sourire chaleureux et son calme olympien pour calmer le jeu de Saki et d'Alex. Vu la méfiance qu'ils s'accordaient, ce n'était pas gagné.

- Malheureux petit être ... Tu penses me faire peur ? A moi, la plus grande des prédatrices de ce monde insignifiant ?

~ ... ! ~

On m'a appris une chose. Ne jamais être perturbé par les propos provocateurs des gens. Par les mots énoncés par l'ennemi. Par la culpabilité sur le visage d'un Vampire. Je serais incapable de la combattre, je suis trop faible et j'ai perdu l'usage de mes jambes. Je garde les sourcils froncés, avalant bruyamment ma salive. Je jette un œil sur Léandre qui tente de calmer le jeu en forçant la Vampire à se reculer, évitant de me menacer davantage.

~ ... ~

Je garde le silence. Cela vaut mieux que de répondre aux attentes meurtrières de la femme en blouse blanche. Mes prunelles ocres se voilent, se posant délicatement dans le bleu cresson de Léandre. L'océan se révèle devant moi, et je peux distinguer quelques poissons. J'esquisse un sourire l'espace d'une minuscule seconde, puis j'abaisse lentement ma main, la lumière se dissipant peu à peu.

- Toi aussi tu devrais baisser ta garde. Personne ne te veut du mal ici ...

~ ... Mensonge. ~

J'essaie de me reculer un maximum des deux personnes, malgré l'incapacité de bouger mes jambes. Je lève mes fesses du matelas avec mes deux mains puis les caler près de l'oreiller, m'écartant de la Vampire et de Léandre.

~ Pourquoi suis-je ici ... ? Pourquoi je n'arrive pas à bouger mes jambes ? Ne me dites pas que c'est de ma faute ... ~

Je baisse machinalement la tête, plaquant mes poings contre mes tempes. Je ferme les yeux, libérant des larmes salées qui s'écrasent contre ma blouse de malade. Une atmosphère se crée autour de moi. De la tristesse s'échappe de mes pores, parcourant toute la pièce, donnant des frissons aux personnes présentes. Je tape mes poignets contre mes tempes en douceur. Des sentiments s'évaporent dans la salle. Il semblerait que j'ai acquis un nouveau pouvoir. Un pouvoir pas destructeur, mais un pouvoir de liaison. Exalter ses sentiments. Mes doigts recroquevillés sur eux-mêmes tremblent, mes lèvres font de même. Je secoue ma tête comme si j'étais dégoûté, puis je crie dans la chambre:

~ Ne me dites pas que je suis condamné de la sorte !! ~

Les néons se brisent. L'écran de télévision se fissure. La seule fenêtre de la salle éclate en mille morceaux de verre, s'éparpillant sur tout le sol. Les machines se dérèglent, l'électrocardiogramme tombe en panne. La porte d'entrée s'est ouverte brutalement. Un violent courant d'air traverse la chambre. Mes longs cheveux d'or virevoltent agréablement dans le vent. Je me saisis faiblement d'un mouchoir posé sur la table à côté de moi. Je rampe sur mon lit pour attraper le tissu, puis dès que je le tiens en main, je m'essuie les yeux lentement, m'affalant sur mon oreiller.

~ Edward ... Entends-tu mon cœur battre si vite ? Je suis condamné ... ~

Invité

Un sourire amusé vint se dessiner sur les lèvres de Saki en voyant la réaction de Léandre qui s'était mis à éviter son regard lorsqu'elle avait dit qu'il ne pourrait être au courant. Elle manqua d'éclater de rire et se reteint tant bien que mal en voyant le visage du blond se détourner d'elle. Étrangement, l'odeur régnant dans la pièce s'atténua. Elle regarda de nouveau Alexiel. Son petit manège avait apparemment fort bien fonctionné. Elle jubilait intérieurement. Manipuler les gens était décidément une seconde nature chez elle. Elle pouvait leur faire faire ce qu'elle voulait. Elle soupira en se disant qu'elle avait la fierté en train de lui monter à la tête. Toujours devant Léandre, alors que son regard avait changé, elle l'entendit.

- Calme toi. Ce n'est pas la peine de l'effrayer d'avantage...

Elle fut un peu étonnée que lui aussi ai cru qu'elle était sérieuse. Elle soupira et ne lui répondit absolument rien. Elle n'avait pas envie de se justifier. Pour l'heure, l'important était de soigner Alexiel car si il s'énervait trop, ce serait mauvais pour son travail à elle et pour son karma. Son karma ? Elle stoppa ses pensées tout à coup se disant que ce qu'elle venait de penser était stupide. Prise d'une euphorie sans précédent, elle perdit tout à coup tout sentiment agressif à l'égard de son patient. Même si sa prétendue "colère" était en fait une mascarade, elle trouvait ça très drôle.

- Toi aussi tu devrais baisser ta garde. Personne ne te veut du mal ici...

Elle détonna de l'inquiétude dans les paroles de Léandre. Ah oui, s'était vrai. Ce petit était à l'hôpital. Elle garda toujours son petit sourire serein collé sur le visage. Elle devait avoir l'air forte. Si elle faisait signe d'une quelconque faiblesse, sur qui pourrait alors se reposer ce garçon. Quoique dans cet état, il serait difficile pour elle d'avoir une discution avec lui. Il semblai avoir peur d'elle. Elle soupira de nouveau. Prendre ça à la rigolade n'était pas une solution non plus. Elle se tritura les méninges quelques instants mais fut sortie de ses spéculations par le jeune ange. Elle faillit s'évanouir, l'odeur pestilentiel lui revenant en plein dans le nez.

~ ... Mensonge. ~

Décidément ce petit gars était vraiment un angoissé. Bon d'accord, se retrouver dans un lit d'hôpital et apprendre qu'on ne pouvait plus marcher était une tragédie, elle voulait bien le reconnaitre. Mais tout de même, croire qu'on lui voulait du mal juste parce qu'il était affaibli et qu'il avait peur s'était un peu gros. Le grotesque de la situation la fit de nouveau sourire. C'était vrai après tout. N'importe qui d'à peu près censé aurait réfléchit et ce serait dit que si elle ne l'avait pas attaqué c'est qu'elle ne lui voulait aucun mal. Celui-là souffrait d'un manque cruel de confiance en les autres. En plus, il aurait pu largement se défendre avec ses pouvoirs. Il était certes un peu affaibli mais il n'était pas le pire. Elle rit en repensant à ses premières tentatives pour nager. Elle avait trouvé ça très très difficile la première fois. C'était normal. Soudain, elle le vit changer. Apparemment, un nouveau pouvoir venait de faire son apparition. Saki ouvrit grand les yeux. Ce pouvoir était très intéressant. Il lui procurait des frissons et en même temps elle trouvait tout cela très agréable. Elle le vit se mettre à trembler. Il prenait maintenant conscience de la situation et réfléchissait. Il avait peur une nouvelle fois mais en même temps, une tristesse nouvelle l'avait saisit.

~ Ne me dites pas que je suis condamné de la sorte !! ~

Saki le regarda de nouveau. Eh bien si, il était condamné de la sorte. Seulement, avec un peu de chance elle pourrait trouver ce qu'il avait et pourquoi. Il était paraplégique mais il pourrait sûrement guérir avec ses pouvoirs d'ange. Elle réfléchit de nouveau, sans s'apercevoir que tout ce qui était dans la pièce était en train de se craquer complètement. Elle ferma les yeux puis quand elle les rouvrit, elle découvrit que tout ce qui était autour d'elle était complètement cassé. Elle écarquilla les yeux et se mit à courir d'un objet à un autre en regardant si il fonctionnait toujours. Elle murmura d'un air quelques peu blasé.

- C'est malin...Et même la télé est en miette...

Elle ne voulait pas se moquer de lui. Loin de là, mais c'était vrai, l'ange avait tout cassé. Elle regarda vaguement la chambre et pensa quelques secondes que quand elle aurait réussi à le calmer, il faudrait appeler des infirmières pour ranger la chambre. En plus, repayer les choses que Alexiel avait cassé allait coûter cher...Bof. Ce n'était pas elle qui devrait payer de toute façon. Elle se retourna vers le lit du patient. Il ne bougeai plus vraiment et avait l'air d'être vraiment blessé intérieurement. Souffrir pour ses patients ça n'avait jamais vraiment été son fort. Elle était même plutôt cynique dans ses moments là. Elle ne le faisait pas vraiment exprès non. Mais en fait elle n'arrivait pas à agir autrement.

~ Edward ... Entends-tu mon cœur battre si vite ? Je suis condamné ... ~

Quel mélodramatique. Ce n'était tout de même pas la fin du monde encore. Elle se déplaça rapidement et apparut devant son lit. Elle s'assit sur la table présente derrière elle et regarda le garçon. Edward. Ah oui ! Ce fameux garçon inconnu qu'elle avait entre-aperçu dans les songes du garçon. Elle regarda le jeune homme pleurer. Elle était triste pour lui mais il se lamentait un peu vite. "Condamné" était pour elle quelques chose de trop fort. Il ne pouvait plus marcher. Elle adhérait. Seulement, il avait encore la partie supérieur de son corps en pleine forme. Il n'avait pas un cancer ou le sida. Il n'avait pas un caillot de sang dans le bras gauche qui lui assurait une mort rapide pleine de souffrance. Il n'avait pas mal. Il pouvait toujours se déplacer. Il pouvait encore travailler, écrire, parler, entendre. Pour elle, condamné était trop fort. Il n'allait pas mourir.

- Bah...tu as encore le reste de ton corps...La vie est belle non ?

Elle avait lâché cette phrase sans le vouloir et elle s'attendait à des hurlements de la part du jeune homme. C'était très dur. OK. N'empêches. Il aurait pu avoir beaucoup plus pire que ça. Les deux jambes paralysées avec un espoir de guérison, elle trouvait ça plutôt sympa elle comme perspective d'avenir. Elle lui sourit. Elle n'était pas un exemple d'excellent médecin pour les sentiments. De toute façon ce n'était pas son métier de réconforter les gens. Celui-là elle n'avait pas envie de le laisser livré à lui même. Elle le regarda encore. Plongeant ses yeux dans les siens.

- Franchement je trouves que tu t'en sors plutôt bien étant donné l'accident que tu t'es pris...condamné c'est un peu exagéré...tu n'es pas encore mort...

Elle attrapa un téléphone présent sur la table où elle était assise et appela un de ses collègues. Elle parla quelques minutes avec lui, le remercia et raccrocha. Elle avait vu beaucoup de personnes dans cet hôpital défiler. Elle avait toujours agis de la même façon. Certaines personnes l'avait traitée de sang cœur. Incapable d'empathie. Incapable de ressentir quoi que ce soit pour les autres. C'était peut être vrai. N'empêches que toutes ces personnes elle les avaient sauvés et soignés. Maintenant il y en avait qui venaient encore lui rendre visite quelques fois. Elle regarda par la fenêtre. Maintenant que le gamin était à peu près calmé ils pourraient parler. Tirer des conclusions hâtives juste parce qu'on a les jambes qui ne fonctionne plus. C'est un peu précipité. Il aurait au moins pu lui laisser le temps de lui expliquer. Elle soupira de nouveau. Décidément, elle sentait que ce patient n'allait pas être de tout repos pour elle.

Le côté vampirique de Saki avait quelque chose de terriblement excitant. Malheureusement l'effet qu'elle produisait, ce qu'elle dégageait terrifiait Alexiel, le mettait en colère. Aurait-il repéré sa vraie nature ? Pourquoi pas, c'était un ange après tout.Il devait ressentir ce genre de choses bien mieux que lui. Léandre tentait d'apaiser l'atmosphère, il n'aimait déjà pas être ici, en plus il ne voulait pas assister à un combat ( verbal ou physique ) Saki versus Alexiel. Quoique ca pourrait être drôle...Il chassa cette idée de son esprit. Le résultat de ce genre de bagarre aurait pu être désastreux. Dommage. Il avait vraiment l'impression d'être pris entre deux feux, l'un se montrant aussi hostile que l'autre ( bien qu'il en doutait pour la jeune demoiselle ). Alexiel répondit avec virulence à sa tentative de paix :

~ ... Mensonge. ~

Il ignorait si la crise de paranoïa faisait partie des symptomes de son problème, mais ca commençait à lui taper sur les nerfs. Il n'aimait pas le voir comme ça, on aurait dit un fou furieux. Pendant un instant il eut l'image d'Alexiel vociférant des paroles incompréhensibles et tournant sa tête à 360 degrés, comme dans un film d'horreur. Il étouffa un léger rire, la situation ne lui permettait de se laisser aller à ce genre de rêveries. La situation était grave au contraire. Pourtant il ne pouvait s'empêcher de sourire légèrement. C'était un peu cruel de sourire alors qu''Alexiel souffrait mais c'était plus fort que lui.

Pourquoi suis-je ici ... ? Pourquoi je n'arrive pas à bouger mes jambes ? Ne me dites pas que c'est de ma faute ... ~

Il n'arrivait pas à bouger ses jambes ? Le visage de Léandre ce figea. Etait-ce que Saki avait refusé de lui avouer ? Il se rappela que lors de l'accident, les jambes du jeune homme avaient été fortement touchées. Il revit le sang couler le sol et Alexiel ramper faiblement jusqu'au camion. Il ne comprenait rien à ce qui lui arrivait, en tout cas ce n'avait pas été son jour. Pas du tout...Maintenant le tout était de savoir si c'était définif. C'était donc cela que Saki avait tant de mal à avouer, la sentence qu'elle avait tant de mal à prononcer. Léandre regarda la jeune femme, en quête de réponse. Pendant ce temps, la colère montait dans le coeur d'Alexiel comme les larmes lui montaient aux yeux. Alors qu'il allait s'approcher pour tenter de calmer le jeune garçon, ce fut comme une onde de choc qui le fit chanceler. Ca avait été si puissant. Pendant quelques secondes, il avait été plongé dans le néant, le désespoir le plus complet. Le jeune magicien en eu le souffle coupé. C'était Alexiel qui venait de faire ça ? Comment ? Il lève les yeux vers le jeune homme, prostré sur son lit dans une attitude de déni.

~ Ne me dites pas que je suis condamné de la sorte !! ~

Donc il était condamné ? Il voulut se tourner de nouveau vers Saki quand soudain les néons éclatèrent en mille morceaux. La fenêtre vola en éclat dans un grand bruit de verre brisé. par réflexe, il se protégea les yeux. Alexiel était à l'orgine de ce chaos ? Il avait donc un pouvoir beaucoup plus grand que ce qu'il avait supposé...Intéressant. Décidemment il devenait de plus en plus intéressant. Léandre le regardait à l'oeuvre, ses cheveux flottant dans le vent quand l'atmosphère s'apaisa. Il était calmé ou plutôt il venait de se rendre compte que son cas était complètement désespéré.

La remarque de Saki lui arracha un léger rire. Elle avait dit cela d'un ton si blasé ! De son côté Léandre s'empressa d'aller fermer la porte pour éviter que les curieux puissent contempler le chaos qui reignait à l'intérieur. La chambre d'hôpital avait des airs de zone sinistrée après le passage d'un ouragan. Il appela un certain Edward.

-Bah...tu as encore le reste de ton corps...La vie est belle non ?
Franchement je trouves que tu t'en sors plutôt bien étant donné l'accident que tu t'es pris...condamné c'est un peu exagéré...tu n'es pas encore mort...

Saki n'avait pas tort aussi. Il aurait pu être mort à l'heure qu'il est, sans son intervention. Mais de là à dire que la vie était belle, elle y allait un peu fort. Pressentant qu'il en aurait pour plus de quelques minutes ici, Léandre alla s'installer sur une chaise dans un coin de la pièce, après avoir balayé les éclats de verre d'un geste désinvolte. Saki avait parlé d'un ton si froid, presque inhumain. Léandre esquissa un léger sourire. Comment pouvait-elle duper le personnel de l"hôpital. Elle était si jeune, si belle, si glaciale, si inhumaine. Ils auraient du tous le voir. Apparemment ils étaient tous aveugles, ou bien aveuglés.

-Tu pourrais être mort en ce moment tu le sais ? Ne sois pas si fataliste !

Il pousse un léger soupir et se met à jouer avec une mèche de ses cheveux. Il déclara avec un sens de l'à-propos impressionnant :

- Tu es un ange. Fais un miracle.

Condamné. Je suis perdu. Je n'ai plus de jambes. Je n'ai plus de moyen de locomotion. Et cette Vampire si provocante me chante que la vie est belle. Comment ça la vie est belle ? Comment ça ?!!

- Tu pourrais être mort en ce moment tu le sais ? Ne sois pas si fataliste !

Je préfèrerais plutôt mourir plutôt que de vivre le restant de mes faibles jours en fauteuil roulant !! Je suis déchaîné, mon esprit est violemment perturbé. Mon cœur bat tellement vite que j'ai l'impression qu'il va éclater. Mon tout nouveau pouvoir m'illumine. Il est tellement unique, je l'aime bien celui-la. Exalter mes sentiments, donner aux autres ce que je ressens. Une fois de plus, ne pouvant me retenir, tellement ma colère est immense, chagrinée et aberrante, les murs se fissurent, le bois de la porte craquelle sous l'effet de mes yeux perçants. Je sais où diriger ma frustration. Pourquoi ne pas faire peur à cette Vampire se croyant capable de tout ? Non, ce n'est pas dans ma nature. Et même si je suis en colère, je ne lui ferais pas de mal, car mon cœur, lui, est déchiré par le choc.

- Tu es un ange. Fais un miracle.

~ ... ! ~

Je tourne machinalement ma tête vers Léandre. C'est vrai qu'il est au courant pour ma facette angélique. J'hésite à déployer mes ailes dans un endroit pareil. Surtout que j'ai mis ma chambre en miettes maintenant. Les murs fissurés, les machines explosées, la porte craquelante, tout cela est dû à mes sentiments. Je suis capable de tout démolir sans toucher à quoi que ce soit. Ce pouvoir est fascinant. J'ai hâte de le maîtriser prochainement.

Léandre enroule la pointe d'une de mes mèches de cheveux dans son doigt. Je suis un peu apaisé, je ne suis plus en colère. Dehors, le temps commence à se dégrader. Lentement, les nuages se postent devant le soleil. La noirceur profonde des cumulus fait de l'ombre à City. Je me repose les yeux en les fermant l'espace d'une petite minute. Je me calme doucement, quelque peu troublé par la Vampire encore présente dans la chambre.

~ ... Je vais déployer mes ailes, je te conseille de te pousser, Léandre. ~

Mon doux visage angélique sourit au jeune blond. Je suis comme avant. Le faible Alexiel qui illumine le cœur des gens. Le bon vieux Alexiel Virgil Vianney Augustin Noah Alister Edgeworth. Lentement, en essayant de ne pas faire peur aux personnes présentes, mes ailes se déploient telles une musique au ralenti, comme si on passait la scène en version longue, lassante, pour bien insister sur le déploiement divin des ailes. Une plume se détache pour voguer dans l'air, se posant délicatement sur la paume de la main de Léandre.

~ Je doute ... De pouvoir me guérir ... ~

Invité

Saki avait toujours exécré tout ce qui était en rapport avec les anges. Étrangement, tout ce qui était mignon l'avait toujours attirée mais les anges...Elle n'aimait pas. Un petit angelot en porcelaine lors de ses quatre ans avait été la première victime de l'image péjorative qu'elle se faisait des anges, entre autre le fait que ça ne représentait que des petits bonhomme blancs, avec des cheveux blonds et accessoirement des petites ailes blanches trônant - soi disant - majestueusement sur le dos du l'horreur en question. Tout était parfait sur un ange. Son visage était sculpté par un artiste et son corps aussi. Saki détestait cela. Pourquoi les anges ne pouvaient ils pas être gros, moches, avec une bosse et un œil en moins ? Non. Les anges étaient beaux, gentils, tout propres, mouchaient leur nez et disaient bonjours à la dame ce qui était loin d'être le cas de l'ingénue fillette qu'elle était. La Saki enfant avait donc jeté son dévolu sur ces êtres parfaits car elle les détestaient. Ils représentaient quelques chose que trouvait absolument répugnant d'une part et pas sympathique d'une autre. Les démons aussi étaient sympathiques. Bon d'accord, eux ils passaient leur temps à torturer - voir tuer - des gens. Au moins aux ils faisaient des trucs intéressants au lieu de regarder les humains - un bien pâle et peu intéressant animal en définitive - et veiller sur eux. Les anges en porcelaine, en poupées, en tissu, en chiffons. Non seulement elle ne les aimaient pas, mais ils lui faisaient aussi peur. Pour elle, le parfait était effrayant. Pourquoi donc ? Tout simplement parce qu'elle avait été traumatisée par ses parents. Ceux ci la voulait toujours plus parfaite en tout, tout le temps. Elle ne pouvait pas faire d'erreur ou alors elle était punie et enfermée dans le noir. Elle avait développé à cette occasion une peur et une haine pour tout ce qui était parfait. Les anges représentaient le summum de cette peur. Dés qu'elle voyait des anges dans son champs de vision, elle les cassaient. Elle ne pouvait pas s'en empêcher. Elle ne pensait pourtant absolument pas en croiser un, un jour, qui plus est un qui était malheureux d'être encore vivant. Elle regarda cette chose qu'elle trouvait complètement aberrante assise dans son lit d'hôpital. Elle avait soudé ses pensées. Ce...môme, osait dire à 17 ans, que "mourir était mieux que ne pas pouvoir se servir de ses jambes". Elle lui aurait bien collé une grande gifle rien que pour avoir ce genre de pensées. Comment pouvait on être aussi égoïste alors que beaucoup de personnes était anéantis en apprenant qu'ils mourraient d'un cancer ou d'une maladie incurable. Elle était - comme on dit familièrement - sur le cul.

- Tu pourrais être mort en ce moment tu le sais ? Ne sois pas si fataliste !
Tu es un ange. Fais un miracle.

Ce n'était plus du fatalisme de ce point de vue là. C'était de la bêtise, pure et simple ou du moins une attitude butée. Un ange ? Faire un miracle ? D'après elle, c'était la dernière chose dont était capable ce gamin égocentrique. Il souffrait d'accord. Elle voulait bien. Mais il y avait des gens qui étaient pire que ça. Elle, elle avait souffert, elle avait même cru mourir. Elle remerciait tout les jours la vie de l'avoir épargnée, mais en même temps elle la haïssait de lui avoir donné cette "vie" qui n'en était plus une. Elle soupira. Les anges n'étaient qu'une source de problème.

~ ... Je vais déployer mes ailes, je te conseille de te pousser, Léandre. ~

Avait-elle bien entendue ? Il allait déployer ses grandes ailes ? Dans un hôpital ? Avec pleins de gens autour ? ça ne l'effrayait pas, mais elle risquait d'avoir des problèmes. Qui plus est, il était malade et pas en état pour voler. Au pire des cas il irait s'écraser en bas du septième étage où il se trouvait et ce n'était pas la meilleure solution de mettre fin à ses jours. Il était son patient et elle le garderait en vie malgré lui. Cependant, elle n'avait pas envie de le faire. Pourquoi prendrait elle la peine de risquer sa vie pour lui ? C'était vrai après tout. Il représentait ce qu'elle abhorrait le plus, était capricieux, égoïste. Mais en fait, elle l'aimait bien. Il était son exacte opposée dans tous les sens du terme, mais elle l'aimait bien. Ne me demandez pas pourquoi, je n'en sais rien. Peut-être parce que justement il était tellement énervant et parfait qu'elle l'appréciait. Et puis il déploya ses ailes. Elle trouva ça un peu lent. On n'était pas dans un film romantique, c'était pas la peine de faire ça au ralentit. Elle manqua de rigoler mais se retint à temps. Ce n'était pas la peine de l'exaspérer en plus. Elle se dit quelques instants que peut être Léandre pourrait être blessé mais elle se reprit. De toute façon, il pouvait se débrouiller tout seul. Il était grand, vacciné et majeur. Elle n'aurait pas accepté que son sang soit gaspillé, certes, mais quand même.

~ Je doute ... De pouvoir me guérir ... ~

Saki soupira assez fort pour qu'on l'entende. La tirade de l'ange était bien jolie, mais ce n'était pas en étant défaitiste à ce point que ça arrangerait les choses. Saki se leva. Elle avait un peu mal aux fesses à force d'être restée assise au même endroit. D'abord, elle planqua habilement une seringue dans sa manche histoire que personne ne la voit car ils étaient trop occupés à se regarder le nombril. De plus, elle avait assez de rapidité pour que personne ne remarqua son petit manège. La seringue contenait un chloroforme assez puissant pour endormir un éléphant. Si avec ça il ne s'endormait pas, il faudrait passer à la manière forte qui était de lui péter la nuque. Elle pensa quelques secondes que ce n'était pas une solution d'être violente mais se reprit en pensant que de toute façon elle ne toucherait pas quelques chose qui puisse le paralyser et que avec son pouvoir de guérison il pourrait très bien se réparer ça tout seul. Elle s'approcha de lui tranquillement. De toute façon elle était avant tout un médecin. Elle se retrouva derrière lui, sa main droite tranquillement posée sur l'épaule du garçon et sa main gauche emprisonnant les ailes de l'enfant. Elle avait assez de force pour le retenir, puisqu'il était entièrement dans les vapes.

- Tu es vraiment désagréable...Franchement ? Tu m'exaspère au plus haut point et si je n'étais pas ton médecin je te jetterai dehors comme un malpropre...Seulement dans ce cas présent, tu es dans MON hôpital, sous MA responsabilité et JE t'interdit de mourir ou de t'enfuir. Si tu crois que je vais te prendre en pitié tu te met le doigt dans l'œil...

Elle lui fit un sourire carnassier. Cette fois c'était un vrai sourire sincère. Elle ne voulait pas se moquer de lui, elle ne le laisserait pas s'échapper. Elle pensait ce qu'elle disait. Il y avait des règles à respecter. Dans le monde des humains comme dans celui des non humains. Dans les hôpitaux c'était pareil. Il fallait respecter des règles.

- J'ai une petite fille dans mon service. Tu sais quel age elle a ? Elle a cinq ans. Elle a un cancer du sang. Une leucémie pour être exacte. Et tu sais quoi ?

Mélanie. Une petite fille adorable. Une fleur dans un champs de ronce. Saki adorait cette petite et elle la suivait depuis qu'elle était arrivé. Elle l'adorait parce qu'elle respirait la joie de vivre, elle l'aimait énormément et réciproquement la fillette l'adorait. Et puis son état s'était dégradé et elle était tombée très malade. Dire qu'au début elle était là pour une pathétique histoire de grippe et que tout cela avait dégénéré en cancer.

- Elle va mourir. Tu crois qu'elle dirait quoi à ta place si elle pouvait échanger sa mort contre des jambes pouvant être soignées ? Cesse un peu ton comportement enfantin. Tu as 17 ans, c'est lourd comme nouvelle je suis d'accord, mais ton cas est relativement moindre par rapport au sien. Je ne dis pas qu'on va te négliger, on fera tout ce qu'on peut pour te rendre tes jambes, sauf si tu continue à agir de la sorte...La balle est dans ton camps maintenant...

Saki le lâcha et s'écarta vivement. En réalité, elle voulait voir si ce gamin pouvait faire preuve de bon sens et d'intelligence. Il pouvait se calmer et alors elle n'utiliserait pas les calmants. Il pouvait se buter et alors elle serait la plus désagréable qui soit. C'était à lui de choisir. Cependant, elle se mordit la lèvre. S'occuper d'un patient aussi décevant n'était pas franchement dans ses cordes. Les gens sans volonté morale l'énervait un peu. Tout le monde peut souffrir mais tout le monde peut aussi se relever. Penser à Mélanie l'avait rendue triste. Dire qu'en apprenant la nouvelle cette petite s'était contentée de sourire et de dire d'une voix enfantine et innocente "oh non...Qui va s'occuper de maman si je suis plus là ?"

Alexiel le regarde un peu étonné. Après tout c'est un ange, il devrait être capable d'accomplir ce genre de choses . Sa mère lui avait répété que les anges étaient les envoyés de Dieu, et qu'ils pouvaient soulager l'humanité de tous les maux. Autant commencer par lui-même. Léandre ignorait l'étendue des pouvoirs d'Alexiel mais dans le tas devait bien se cacher la guérison non ?

~ ... Je vais déployer mes ailes, je te conseille de te pousser, Léandre. ~

Il se demandait à quoi cela pouvait bien servir de déployer ses ailes maintenant précisément mais bon Alexiel avait 17 ans, et donc ca logique lui échappait complètement. Il ne comptait quand même pas s'enfuir par la fenêtre en volant. C'était pas très discret, mais au point où ils en étaient.... Il regarda Alexiel lui lancer son sourire angélique, le genre de sourire contre lequel on ne peut pas lutter. Il s'écarta docilement en poussant un soupir exaspéré. Il ne tenait pas non plus à recevoir un coup d'aile. Si ca avait la même consistance que son tatouage, il préférait ne pas être confronté à ce contact désagréable. Dans un mouvement très lent et très gracieux, le jeune homme déploya ses ailes pures et blanches. Léandre les retrouva telles que la peinture d'Alexiel les représentait. Il était doué ce gamin...Une ombre l'arracha à sa contemplation. Ils'approcha de la fenêtre brisée, les bras croisés. Il regarda dehors et vit les nuages s'ammonceler. Etrange, il y a quelques minutes il faisait si beau...

~ Je doute ... De pouvoir me guérir ... ~

Léandre se retourna vivement vers le jeune homme.La tristesse passa dans les yeux ocres d'Alexiel. Léandre n'aimait pas voir ce genre de regard mélancolique. il rétorqua simplement.

- Si tu n'y crois pas, tu n'y arriveras pas.

Pour lui tout était une question de volonté. La capacité et la connaissance n'avait rien à voir la dedans. Saki poussa un soupir excédé, se leva précipitamment et alla rejoindre le jeune homme. Il ignorait pourquoi mais elle semblait en colère contre Alexiel. Il se dit que ce n'était pas ses affaires et qu'il n'avait pas à s'immiscer la dedans. Elle devait avoir ses raisons. Elle se tint derrière lui, procédant presque avec douceur puis bloqua brutalement les ailes d'Alexiel. Toujours près de la fenêtre, il fut un peu surpris par ce qu'elle venait de faire. La réponse n'allait pas tarder à suivre.

- Tu es vraiment désagréable...Franchement ? Tu m'exaspère au plus haut point et si je n'étais pas ton médecin je te jetterai dehors comme un malpropre...Seulement dans ce cas présent, tu es dans MON hôpital, sous MA responsabilité et JE t'interdit de mourir ou de t'enfuir. Si tu crois que je vais te prendre en pitié tu te met le doigt dans l'œil...

Si la situation n'était pas si grave il aurait éclaté de rire. Ce genre de conflit l'amusait au plus haut point. Il se demanda un moment si l'hôpital appartenait à Saki pour qu'elle en parle de cette façon. Il sourit légèrement. Saki était impitoyable, les stratagèmes d'Alexiel n'auraient aucun effet sur elle, elle était immunisée à la pitié. Son visage divin arborait un sourire carnassier qui lui donnait un aspect de fauve dangereux prêt à mordre, ce qui plaisait beaucoup au jeune magicien. Il n'aurait pas aimé se retrouver à la place d'Alexiel. S'il ne connaissait pas Saki, il aurait eu peur qu'elle ne le dévore. Heureusement il savait qu'elle pouvait se contrôler, quoiqu'elle semblait un peu à bout de nerfs...

-J'ai une petite fille dans mon service. Tu sais quel age elle a ? Elle a cinq ans. Elle a un cancer du sang. Une leucémie pour être exacte. Et tu sais quoi ?
Elle va mourir. Tu crois qu'elle dirait quoi à ta place si elle pouvait échanger sa mort contre des jambes pouvant être soignées ? Cesse un peu ton comportement enfantin. Tu as 17 ans, c'est lourd comme nouvelle je suis d'accord, mais ton cas est relativement moindre par rapport au sien. Je ne dis pas qu'on va te négliger, on fera tout ce qu'on peut pour te rendre tes jambes, sauf si tu continue à agir de la sorte...La balle est dans ton camp maintenant...

Léandre resta interdit tout le long de son monologue. Il venait de comprendre pourquoi Saki était si révoltée à l'encontre d'Alexiel. Il baissa légèrement les yeux, son sourire ayant quitté son visage. Saki avait dû en voir des choses...Il ignorait quel âge elle avait exactement. Toute la misère du monde...Tout cela n'était rien comparé à ce que subissait Alexiel. Certes c'était difficile pour lui, mais d'un côté...Il y a les condamnés. Alexiel pourrait vivre pratiquement normalement. Léandre savait tout cela, mais Saki venait de lui apporter un exemple concret. D'un côté elle devait aussi comprendre que c'était une nouvelle terrible pour lui. Il se plongea dans un certain mutisme, songeant à cette pauvre petite fille. Saki libéra Alexiel. Il espérait aussi que son speech aurait eu l'effet escompté. Alexiel devait comprendre ce genre de choses...Son sort n'était rien comparé à ceux d'autres. Il aurait vraiment pu être mort. Léandre fit façade pour éviter de montrer le trouble que Saki avait également provoqué en lui.

*Pauvre petite gosse...*

Il la regarda, son visage affichant une expression d'amère souffrance. Il eut subitement envie d'aller à ses côtés pour la soutenir. Affronter la misère du monde demandait beaucoup d'abnégation. Saki vivait ça tous les jours, elle portait le poids du monde sur ses épaules. Léandre s'approcha et se trouvait à mi chemin entre Saki et Alexiel. Il adressa un regard doux à la jeune femme, puis planta ses yeux bleus dans les iris dorés d'Alexiel. Sa voix était douce mais son regard était ferme.

- Sois raisonnable...Ca sera difficile mais tu y arriveras. Tu surmonteras ça comme des centaines d'autres personnes. Ta vie ne s'arrêtes pas là.

Ensuite la pièce fut plongé dans un silence presque respectueux, durant lequel on appréhenda la réaction du jeune ange.

Flash-Back

~ Pou ... Pourquoi je suis comme ça ... ? Bouh ouh ... ~

Assis contre un tronc d'arbre, un enfant dont il est impossible de savoir s'il est un garçon ou une fille, pleure, adossé contre le bois craquelant du conifère. Ses petites mains frottent ses yeux baignants de larmes. Ses prunelles ocres se voilent, il ferme les paupières, comme pour chasser de sa petite tête les regards dédaigneux des adultes. Depuis quand un grand se comporte-il ainsi face à un bambin ? D'habitude, les gens sont attendris par les bouts de chous, mais pour ce petit enfant-là, c'est plus l'horreur et le mépris qui en ressort.

~ Personne ne m'aime ... Bouh ... ~

Aucun ne viendra le réconforter. Aucun ne lèvera le petit doigt pour le gosse. Parce que sa nature terrifie tout le monde. Ce n'est pas tellement la peur qui submerge la foule, mais plutôt l'étonnement, la colère et la maturité. Ils ne veulent pas croire ce qu'ils voient. C'est-à-dire un ange. Un vrai. Un être humain comme eux, mais avec des ailes en plus. Deux bras couverts de plumes, toutes blanches, remplies de sagesse et de pureté. Et les gens n'acceptent pas Alexiel Edgeworth de cette manière. Durant toute son enfance, il a dû rester dans sa bulle, personne n'a osé l'approcher une seule fois, si ce n'est pour le réprimander, se moquer de lui, ou même le frapper. Parce qu'il est considéré comme un monstre. Mais ce qu'ils n'ont pas compris, c'est que c'est à cause de cette absence d'affection qu'Alexiel est devenu quelqu'un d'hypersensible. Une personne faible. Qui pleurniche tout le temps. Même sa mère n'a pas pu redresser la barre de la maturité. Alexiel restera un gros pleurnichard, faible, sensible, aussi fragile que de la porcelaine, pour le restant de ses jours.

Fin du Flash-Back

Etant donné la réaction de la Vampire, je m'attendais à bien moins méchant. Mon esprit est beaucoup trop choqué par les propos de la femme en blouse blanche. Elle a sortit cela d'un ton si méprisable, elle a l'air sérieuse. Pas la peine de la quémander pour quoi que ce soit, elle, malgré qu'elle soit mon médecin, ne doit que trop connaître la douleur des condamnés. Personne ne me comprend. Personne ne me prend au sérieux. Et bien évidemment, personne ne succombe à des jubilations pareilles. C'est comme si j'étais un tabou. Une personne dépourvu de réalité. Une ombre parmis tant d'autres. Une simple enveloppe charnelle. Et tout ça pour me ridiculiser. Comme si mon spectacle les ravisait. A eux deux. Cette femme qui se contente de me réprimander si violemment, et Léandre qui écoute sans un bruit, apparemment tellement amusé par la situation. J'aurais bien aimé lui crier dessus, histoire de lui faire comprendre que ce n'est vraiment pas drôle, mais cette Vampire me coupe le souffle. Je garderais le silence face à eux. Jamais je ne leur répondrais. Toutes ses supputations me donnent mal à la tête. Mes ailes disparaissent après que j'ai pensé qu'il n'était pas la peine de se fatiguer davantage, puis je ramène le drap si léger sur moi.

~* Vraiment pas pratique la nuit ... *~

Je continue à croire que sans mes jambes, je mourrai. Je ne cesse d'être tourmenté pour l'avenir. Que va-t-il se passer ? Hein ? Vraiment, pourrais-je vivre normalement comme avant, sans mon moyen de locomotion ? Je soupire intérieurement, encore plongé dans le futur. Mes yeux deviennent limpides, semblables à des billes transparentes, parcourues seulement d'un trait, tel ceux d'un chargement sur un ordinateur, mais en accéléré. Je serre les poings lentement, embarqué dans des visions tellement fortes que mon cerveau réagit au quart de tour. Mes doigts me picotent. C'est infernal. Une image dans ma tête montre un stylo, un carnet à dessin, et la grande porte de l'avenir s'ouvre devant moi. Mes lèvres bougent d'elles-mêmes, je plisse à peine les yeux toujours aussi vides. Je n'arrête pas de répéter les mêmes sons, et ceux à une vitesse déconcertante. Un pouvoir me submerge. Je vois des centaines d'images défiler dans ma tête. Mes bras bougent tous seuls. Je me saisis du premier stylo qui tombe sous la main, puis je palpe la table de chevet à la recherche d'un calepin. Je ne suis pas maître de mes mouvements. Ces visions, je dois les dessiner, elles se regroupent toutes en une même scène. Mes lèvres bougent encore, je ne peux pas m'arrêter de murmurer inaudiblement:

~ Foisparfoisejparfoissaejparfoisresaejparfoisquoiresaejparfoispourquoiresaejparfoisàmonpourquoiresaejparfoiscèdeàmonpourquoiresaejparfois
doncistèjecèdeàmonpourquoiresaejparfoisjonedoncistèjeàmonpourquoiresaejparfoisenviejonedoncistèjecèdeàmonpourquoiresaejparfoisfois
parenviejonedoncistèjecèdeàmonpourquoiresaejparfoissoisfoisparenviejonedonciestèjecèdeàmonpourquoiresaejparfois
puisdésoisfoisparenviejonedoncistèjeàmonpourquoiresaejparfoisarsirésistepuisdésoisfoisparenviejonedoncistèjàmonpourquoiresaejparfois ... ~

[Hem, pour ce qu'Alex' dit, bon courage !! Je vous ai épargné la suite, autant pour vous 8D]

Invité

Saki sentit quelque chose hurler au fond d'elle. Un sentiment étrange qu'elle n'avait presque pas connu jusqu'ici. Quelques chose qui l'enflammait et qui la poussait à faire des choses. Elle ferma les yeux quelques instant pour lire les pensées d'Alexiel. Ce qu'elle y vit la renvoya à son propre sacrifice. Sa propre exclusion, son propre bannissement. Elle entendait encore les rires et les cris. Elle entendait encore les hurlements de peur. Elle entendait encore le bruit du sang s'écraser mollement sur le parquet. Elle entendait encore les gens lui hurler des insanités Elle entendait encore le bruit de la pierre s'écraser sur sa peau blanche. Elle rouvrit difficilement les yeux, s'expulsant de ce cauchemar qu'elle venait de revivre. Elle sentit sa tête lui tourner et son ventre lui faire sentir que la bile remontait. Elle se retint cependant. Elle capta alors la suite des pensées du jeune homme et ce qu'elle entendit la mit hors d'elle.

Personne ne me comprend. Personne ne me prend au sérieux.

Elle se fit violence. Elle se fit violence parce que s'était de son devoir de médecin de rester calme en toute situation. Cependant, elle ne pouvait pas tolérer ça. Comment pouvait il penser des choses pareils. Il savait qu'elle était vampire de toute façon alors à quoi bon cacher plus longtemps le fait qu'elle lisait ses pensées ? A quoi bon ?

~* Vraiment pas pratique la nuit ... *~

Est-ce qu'elle l'avait trouvé désagréable elle en devant s'y accommoder de force ? Avait elle fait un caprice ? Saki fronça les sourcils, son mal de tête la reprenant. Elle ne voulait pas penser à ça. Elle avait traversé un phase terrible juste après sa transformation et ça l'énervait d'entendre Alexiel parler de sa vie comme si c'était quelques chose qui pouvait être donné ou distribué à n'importe qui. Elle se rappela sa dépression. Elle se rappela les marques sur ses poignets. Elle se rappela ses suicides à répétitions mais ne menant à rien car elle était immortelle. Elle secoua la tête. Elle ne voulait pas se souvenir. Pas se souvenir. Que...qu'elle était un monstre et pas un être humain. Qu'elle avait déprimé...Qu'elle avait été malheureuse...et seule.

- Tu es vraiment pitoyable...Je suis déçue par ton comportement de...

Saki se tut. De nouveau cette douleur près du cœur. elle était de dos et ses interlocuteurs ne pouvaient donc pas voir qu'elle serrait et déchirait presque sa blouse de douleur. Elle resta complètement impassible. Elle ne sourcilla pas. Elle remarqua qu'elle avait du sang sur les mains. Ce n'était pas le sien elle en était sure. Ce n'était pas non plus celui de Léandre ni de Alexiel. A qui pouvait il appartenir. Elle renifla : aucune odeur. Sa douleur s'estompa et elle put de nouveau "respirer" calmement. Elle tourna la tête vers Alexiel et vit qu'il était en proie à des tremblements. Elle s'approcha, lui toucha le front et sentit le pouvoir. Elle pensa qu'il se dévellopait sûrement. C'était connu dans les phases des anges. ça l'embêtait quand même que ce soit alors qu'elle s'occupait de lui.

Foisparfoisejparfoissaejparfoisresaejparfoisquoiresaejparfoispourquoiresaejparfoisàmonpourquoiresaejparfoiscèdeàmonpourquoiresaejparfois
doncistèjecèdeàmonpourquoiresaejparfoisjonedoncistèjeàmonpourquoiresaejparfoisenviejonedoncistèjecèdeàmonpourquoiresaejparfoisfois
parenviejonedoncistèjecèdeàmonpourquoiresaejparfoissoisfoisparenviejonedonciestèjecèdeàmonpourquoiresaejparfois
puisdésoisfoisparenviejonedoncistèjeàmonpourquoiresaejparfoisarsirésistepuisdésoisfoisparenviejonedoncistèjàmonpourquoiresaejparfois

Elle entendit et ne comprit pas ce qu'il prononçait. De toute façon ce n'était pas le plus urgent. Ses mains toujours couvertes de sang, elle remarqua alors qu'il n'y avait qu'elle qui le voyait. Elle haussa les épaules. Elle s'occuperait de ce problème plus tard. Elle accourue près d'Alexiel, souffla sur sa main droite et l'abattit durement sur la joue d'Alexiel. Elle vit qu'il ne se réveillait pas alors elle l'appliqua une deuxième fois ce qui le fit enfin sortir -plus ou moins- de sa léthargie. Ses yeux étaient toujours aussi vides. Elle attendit qu'Alexiel réagisse. Pour le moment elle ne pouvait rien faire. Si il faisait sortir son pouvoir elle pourrait alors agir en prenant sur elle. Elle pouvait bien gaspiller son énergie pour lui après tout. C'était un gamin pourri gâté, pleurnichard, malheureux, mais malgré cela elle l'appréciait beaucoup sans toutefois s'en rendre compte.

- Sers toi de tes pouvoirs Alexiel Virgil Vianney Augustin Noah Alister Edgeworth. Écoute ma voix et utilise tes pouvoirs ! Réveilles toi...

Elle ne laisserait pas quelqu'un d'autre partir. Elle ne laisserai pas de nouveau un enfant mourir. Elle ne ferait pas la même erreur deux fois. Elle resta près d'Alexiel. Dés qu'il entrerai dans sa phase de pouvoirs, elle ferait ce qu'elle avait à faire et même si elle en serait affaiblie, peu importait. La seule chose qui préoccupait son cerveau pour le moment était la sécurité de Alexiel et celle de Léandre qui était humain. Elle prendrait son courage à deux mains. Cependant, elle aurait besoin de sang, de beaucoup de sang et elle ne devait pas toucher à Léandre. Elle toucha sa poche qui lui révéla l'existence d'une pochette de sang qu'elle gardait toujours sur elle au préalable. Celle-ci serait utile. Elle inspira à fond et attendit la réaction d'Alexiel. Ce serait une question de chance. Une unique question de chance.

La triste petit histoire de Saki avait plongé la chambre d'hôpital dans un long silence. L'air de rien, Léandre regardait par la fenêtre dévastée, plus pour se donner une contenance que curieux du temps qu'il faisait. Les yeux plongés dans le ciel ayant viré au gris, il tentait de penser à autre chose qu'au calvaire de cette petite fille. D'un côté s'il avait pu sauver Alexiel plus vite, il n'aurait pas eu à subir ça. Au lieu de se retrouver dans une sorte de huis-clôt particulièrement gênant, il aurait été plongé dans une profonde réflexion, pour prendre ce choix crucial : Le chocolat avec ou sans noisettes. Là tout de suite, la première "bonne" idée qui lui venait à l'esprit, c'était de passer cette porte et de ne plus jamais revenir en territoire maudit, sauf à l'article de la mort et immobilisé sur une civière. Il reposa les yeux sur le jeune malade désespéré ( et un peu buté ) ainsi que sur le docteur surnaturel qui semblait encore fulminer de rage. Il doutait pouvoir apaiser qui que ce soit en ce moment, la seule chose qu'il pouvait faire c'était d'éviter que la situation ne se dégrade encore plus ( si ca pouvait être pire ).

- Tu es vraiment pitoyable...Je suis déçue par ton comportement de...

Saki avait du mal à contenir son amertume. C'était étonnant qu'après autant d'années de bons et loyaux services dans le corps médical, elle ait encore espéré une bonne attitude de quelqu'un. C'était sans doute ca qui la faisait vivre en partie : la révolte. C'était admirable de sa part, il voyait en elle l'étoffe des grands révolutionnaires. Léandre avait arrêté d'espérer de bons sentiments des gens. Il s'était fait à l'égoïsme, il n'attendait plus rien de personne et ainsi il ne pouvait pas être déçu. Ca évitait encore pas mal de complications. Avant qu'elle n'ait pu finir sa phrase, Alexiel lui coup la parole pour ainsi dire.

-foisparfoisejparfoissaejparfoisresaejparfoisquoiresaejparfoispourquoiresaejparfoisàmonpourquoiresaejparfoiscèdeàmonpourquoiresaejparfois
doncistèjecèdeàmonpourquoiresaejparfoisjonedoncistèjeàmonpourquoiresaejparfoisenviejonedoncistèjecèdeàmonpourquoiresaejparfoisfois
parenviejonedoncistèjecèdeàmonpourquoiresaejparfoissoisfoisparenviejonedonciestèjecèdeàmonpourquoiresaejparfois
puisdésoisfoisparenviejonedoncistèjeàmonpourquoiresaejparfoisarsirésistepuisdésoisfoisparenviejonedoncistèjàmonpourquoiresaejparfois

Le jeune ange débitait des paroles incompréhensibles, le regard affolé en griffonnant sur carnet de l'autre main. Dans ce flot ininterrompu de mots, Léandre n'en perçu que quelques uns " parfois et pourquoi". D'abord il croyait qu'il jouait la comédie mais finalement il avait vraiment l'air de ne pas comprendre ce qui lui arrivait. C'était le comble de l'étrange dans cette chambre dévastée. Qu'est ce qui lui prenait ? Il s'pprocha d'Alexiel, inquiet de le voir dans un tel état de crise. Heureusement que Saki était là, elle prit les choses en mains. Et pas qu'au sens figuré. Après lui avoir asséné quelques gifles, il soupçonna d'ailleurs qu'elle puisse y prendre un certain plaisir vu l'état de colère dans lequel elle était il y a quelques minutes. Malgré tout Alexiel ne reprenait pas ses esprits. Il se tenait là, impuissant, à attendre que ca passe. Comme d'habitude. Comme avant.

- Sers toi de tes pouvoirs Alexiel Virgil Vianney Augustin Noah Alister Edgeworth. Écoute ma voix et utilise tes pouvoirs ! Réveilles toi...

Léandre espérait secrètement que cela s'arrête et que la voix de la jeune femme puisse avoir un effet sur l'état du jeune homme. C'était inquiétant. Il ne pouvait pas laisser faire ça. Il ne l'avait pas tiré de la mort pour que ca finisse bêtement comme ça ! Il ignorait quoi faire, donc il fit la première chose qui lui vint à l'esprit. Il attrapa par les épaules le frêle jeune homme, qui ne pesait pas très lourd et en posant sa main sur son front, força son regard vide à rencontrer le sien. Il dit dans un souffle :

- Allez Alexiel...reviens. Tu peux le faire. Les anges ne finissent pas comme ça.

Il avait l'impression de tenir une poupée à taille humain, inanimée et sans âme. Ce sentiment ne lui plaisait pas, il voulait que l'Alexiel qu'il connaissait revienne. En silence, il pesta contre le jeune homme et ce qu'il le forçait à faire.

Toutes ces visions me hantent, toutes ces images se réunissent en une même scène. Une pièce sombre, dont les murs sont criblés de graffitis. Plus loin, dans un coin, se tient une fille je crois, une fille retenue par une camisole. Une fille qui n'en peut plus d'être cloîtrée ici. Je suppose que cela fait un bon bout de temps qu'elle doit être enfermée là-dedans. Son regard de folle, son regard si dur fend l'atmosphère pesante de la pièce. C'est infernal. C'est insoutenable. C'est un oiseau privé de ses ailes. C'est inhumain.

- Sers toi de tes pouvoirs Alexiel Virgil Vianney Augustin Noah Alister Edgeworth. Écoute ma voix et utilise tes pouvoirs ! Réveilles toi...

Non ... Non, je n'y arriverais pas ! Des images défilent dans ma tête, telles des flashs, des photos prisent avec rapidité. Elles se développent en un éclair. Petit à petit, je commence à cerner la situation, le contexte dans lequel cette fille camisolée est. Elle est debout, ses cheveux noir charbon sur son visage. Ses yeux si pâles me transpercent. Mes doigts crochettent le stylo que je tiens, et je tends mon bras pour commencer à écrire. Mes doigts glissent habilement sur ma peau parcourue d'intraveineuses. La bille du stylo glisse, des marques apparaissent après le passage éclair de la pointe froide. Progressivement, la pièce se forme. La fille dans ma tête me fixe toujours, puis elle pousse un cri strident, me faisant perdre le stylo. Je plaque brutalement mes paumes sur mes oreilles, le visage crispé, puis mes yeux si vides reprennent leur animation habituelle. Je me mets à gémir, excédé par cette complainte hurlante de la camisolée, et, revenant dans la réalité, l'océan bleuté de Léandre me tend ses bras. Le jeune blond, si proche de moi qu'auparavant, me tient fermement par les épaules.

- Allez Alexiel...reviens. Tu peux le faire. Les anges ne finissent pas comme ça.

~ Elle ... Elle crie !! J'ai mal aux oreilles ! Elle crie fort ! Enlevez-la de ma tête, s'il vous plaît ! ~

Une traînée de sang coule long de mes tempes, s'écrasant en gouttes sur ma blouse d'hôpital. Je continue de dire que cette fille me fait mal, que ces cris si percutants m'assoment, que c'est infernal, que c'est inhumain. Que c'est bestial !! Je retire mes mains ensanglantées de mes oreilles, puis je pose les paumes sur les bras tendus de Léandre.

~ Elle crie très fort ... J'ai mal pour elle ! ~

~* Sors de ma tête, je ne te suis d'aucun secours ! *~

Les images continuent de défiler pour finalement disparaître dans ma mémoire. Mon cerveau, après avoir subi ce tout nouveau pouvoir, se fatigue et je m'affale contre l'oreille, mes bras tombant lamentablement sur les côtés. Elle est partie. Ses cris se sont dispatchés dans ma tête. Je doute d'oublier cette expérience. Je doute de vouloir recommencer. Le ciel crache d'un coup des éclairs flamboyants. Un torrent de nuages coule dans le bleu cresson de la Terre. Mes yeux redeviennent vagues, proches de me lâcher pour me plonger dans un sommeil que je pense bien mérité. Des marques de sang coulent sur les manches avant immaculées de Léandre.

~ Excuse-moi ... Léandre ... J'ai ... J'ai tâché ta veste que j'aime beaucoup ... ~

Je voudrais lui sourire pour le rassurer, mais malheureusement, je n'y arrive pas. Je ramène doucement un bras sur mon thorax, sentant mon cœur battre à tout rompre. Mes yeux se voilent, et lentement, je reprends mon souffle.

~ Excuse-moi ... ~

Invité

Saki lâcha immédiatement Alexiel. La force qui s'était infiltrée en lui semblait être quelque chose qui le dépassait complètement et qui le maintenait sous sa volonté. Saki devait absolument savoir ce qui allait ce passer. Elle nota cependant que Alexiel ne courait aucuns dangers sérieux. Il serait sans aucuns doutes fatigués ensuite mais tout irait bien. Elle s'approcha lentement du lit. Pesant le pour et le contre mentalement. Après tout, ce n'était pas ses affaires. Elle hésita, se mordit la lèvre et finalement fit ce geste qu'elle ne devait jamais faire. Elle posa la main sur les yeux d'Alexiel. Elle se retint de vomir. Ce geste était considéré comme horrible par elle. Ce geste signifiait pour elle la fin d'une vie et le commencement d'une autre, la qualité de voir le pays des morts et d'en chercher un habitant, vivre l'enfer une éternité en échange de quelques secondes dans le monde des vivants. Elle n'avait pas d'eau, aussi n'était elle pas projetée là-bas. Cependant, elle pouvait voir les morts et lire leurs pensées. Lorsqu'elle appliqua sa main sur les yeux de l'ange, une profusion d'image vint s'engouffrer dans sa tête comme un torrent furieux. Des bouts d'images, des bribes de mémoire. Des films inachevés par les souvenirs peut fiables, des images brûlées par la peur et la colère. Un nom hurlé mais inaudible. Une fille aux cheveux noirs, une peau blanche, une camisole. Une fille enfermée. Un animal en cage. Des pensées de souffrances, une tristesse infinie. Des murs tagués par les pensées de la jeune fille et la signature de son désespoir. Saki lâcha brusquement Alexiel et elle réatérie sur terre. Elle n'avait entendu aucunes des paroles qui avaient été prononcées pendant qu'elle n'était "pas là". Léandre et Alexiel avaient disparus de son monde pour laisser la place à cette fille. Elle découvrit un Alexiel épuisé comme elle l'avait prévu et couché contre son oreiller. Un Léandre taché par le sang rubis de Alexiel et toujours le même ange impitoyablement parfait. L'image péjorative qu'il lui renvoyait c'était cependant estompée.

Saki ne tenait plus debout. Lire dans les pensées était déjà un peu épuisant à la base, mais alors partager une vision qui était très fatiguante pour lui alors pour elle s'était pire. Elle se laissa tomber dans un fauteuil. Elle entendit le petit échange des deux jeunes gens d'une oreille et entendit uniquement les mots "Exuses moi Léandre" et "veste". Sa souffrance psychologique prit le dessus sur celle physique mais elle resta cependant de marbre. elle ne voulait absolument pas montrer ces faiblesses aux gens et ce n'était pas maintenant que ça allait commencer. Elle se leva en souriant et s'approcha du lit du malade. Il était épuisé et il était à moitié endormi. Elle attrapa un boitier en plastique présent dans sa poche et pressa l'unique bouton qui était dessus. Une troupe d'infirmière débarqua alors dans la chambre, s'occupant du blessé, rangeant la pièce sans poser de questions en voyant la mine contrariée de Saki et soignant par la même occasion le bras de Léandre. Cachée par cette masse volumineuse, la jeune femme put enfin laisser libre cours à sa douleur et se jettant de nouveau dans un fauteuil, elle ferma les yeux quelques secondes, quelques gouttes froides lui arrachant la peau. Saki était devenue hyper-sensible à cause de la fatigue et elle captait toutes les pensées de l'hôpital. Elle captait la moindre des pensées qui allait de "Pardon..." à "mais quel conard ce chirurgion" en passant par "eh voilà bonhomme !". Elle passa par toutes les chambres, tous les recoins du gigantesque batiment et les pensées arrivant par paquets de mille lui faisait horriblement mal à la tête. Finalement, son esprit s'appaisa et alors que les infirmières commençaient à s'effacer de sa vue, son faux sourire revint sur son visage et les voix dans sa tête disparurent.

- Merci mesdemoiselles, murmura t-elle en souriant faussement. Vous pouvez disposer je vais m'occuper du patient.

Les dites "demoiselles" ne demandèrent pas leur reste et disparurent dans le couloir. Saki quand à elle, attrapa une boite de fer blanc dans sa poche et avala la gélule qui était dedans avec un peu d'eau. C'était un médicament assez simple qui lui détendait le cerveau quand celui-ci avait trop travaillé. Une salle de repos pour elle et sa conscience. Elle sentit son cerveau disparaître et être remplacé par l'affreux sentiment d'avoir quelques chose d'anormal. Soudain, elle comprit. Alexiel dormait, Léandre était assis près de lui et elle, elle était debout. Il lui avait pourtant semblé s'être assise dans un fauteuil. Elle n'aurait pas dût se retrouver debout. Elle se tourna vers le siège en question et remarqua qu'il était de l'autre côté de la pièce. Elle se mit à rire en pensant à la tête qu'elle devait faire en marchant comme un légume. Un médecin de son acquabis en plus. Elle vit quelques tête de son corps médical passer une tête par la porte pour voir qui riait ainsi et leurs yeux s'agrandirent quand ils virent qu'il s'agissait d'elle. Bon d'accord, elle ne riait pas souvent, mais elle souriait parfois. Lorsqu'elle se fût enfin calmée, elle s'approcha d'Alexiel et s'assura que tout allait bien. Ensuite, elle sortit un petit paquet de dragibus de sa poche et en mangea un ou deux. Ce que ça pouvait être bon. Elle ramena un tabouret sous ses fesses et s'assit en tailleur dessus. Elle fixait un point invisible sur la couverture d'Alexiel et croisa ses bras. Si elle tombait, elle sentait qu'une nouvelle crise de fou rire la prendrait et que ce ne serait pas vraiment le bon moment pour s'esclaffer. Seulement, elle avait eu trop d'émotions pour ne pas pouvoir rire un bon coup et déverser tout ce qu'elle emmagasinait à l'intérieur. Saki avait toujours interiorisé ses sentiments. Elle avait cédé avec Léandre, ça ne se reproduirait pas une deuxième fois. Aussi prit elle le soin de bien se caller afin qu'une chute inconsidérée ne se présenta.

Saki venait de poser ses mains sur les yeux d'Alexiel, dans un geste presque maternel. Il ne voyait pas ce en quoi cela pourrait aider mais apparemment il venait de manquer quelque chose. Presque aussitôt la jeune femme avait reculé, comme si quelque chose la gênait. Léandre en avait marre d'assister à tout ça sans pouvoir faire quelque chose. Il détestait ce qui se tramait. Alors plus pour faire quelque chose, même d'inutile, il avait attrapé le jeune malade par les épaules pour tenter de le ramener à lui. En fait il aurait bien aimé le secouer comme un prunier ( avouez que ca aurait été défoulant) mais il se contenta de lui parler. Comme s'il pouvait faire quelque chose...L'ocre des iris d'Alexiel sembla s'éveiller, apeuré comme après un cauchemar particulièrement traumatisant.

~ Elle ... Elle crie !! J'ai mal aux oreilles ! Elle crie fort ! Enlevez-la de ma tête, s'il vous plaît ! ~

~ Elle crie très fort ... J'ai mal pour elle ! ~

La voix du jeune garçon même si gémissante et suppliante le soulage. Au moins il est revenu de son espèce de catatonie... il avait l'air terrorisé. Léandre ne relâcha pas sa prise, comme si le fait de le tenir de cette façon le forçait à rester parmi eux. Il ne voulait prendre le risque de le laisser " s'échapper" à nouveau. Alexiel plaquait ses mains contre ses oreilles comme s'il entendait quelque chose. Malheureusement c'était dans sa tête, Léandre ne comprenait rien ce qu'il disait et ne pouvait pas l'aider. Pendant un instant il se demanda s'il ne souffrait pas d'une quelconque maladie mentale pour entendre des voix de cette façon. Quand il vit le sang couler de ses oreilles, cela ota son doute. Il ne savait pas ce que c'était, mais ca tourmentait Alexiel. De dépit, il se tourna vers Saki, recherchant une aide de sa part. Elle avait l'air absent, un peu sonné ou bien préoccupé. Qu'est ce qui lui arrivait à elle aussi ? Qu'est -ce qu'Alexiel pouvait bien avoir dans la tête ? Un contact violent sur ses bras le ramenait à l'urgence de la situation. Le jeune garçon le tenait également par les bras, comme s'il avait besoin d'un contact pour rester accrocher à la réalité. Ses yeux ocres semblaient de nouveau partir vers une autre destination. Léandre commençait légèrement à s'affoler. Il s'écria presque :

-Alexiel !

~ Excuse-moi ... Léandre ... J'ai ... J'ai tâché ta veste que j'aime beaucoup ... ~

Il ne jeta même pas un oeil à sa veste. Comment pouvait-il lâcher des conneries pareilles à ce genre de moment ? Ca le dépassait. Il ressentait une sorte de pression sur ses épaules, il craignait que quelque chose de vague et 'imprévu arrive au jeune homme et tout ce qui pouvait lui dire, c'était qu'il était désolé. Il cria presque :

- Mais ?!...Je m'en fous de ma veste !!

Il étouffa le reste de sa phrase qui contenait quelques insultes de son cru. Il n'était pas possible ce gosse...Mais ce qui l'intriguait également, c'était pourquoi il réagissait soudainement avec autant de fougue. Toujours la même chose. A ses yeux, Alexiel était toujours un enfant innocent. Alexiel tourna de l'oeil et retomba dans les draps. Venues de nulle part, un groupe d'infirmières débarqua dans la chambre d'hôpital. Sur le coup il pensait que c'en était fini, qu'elles allaient voir le chaos et qui sait ensuite ? Mais non, une poignée d'entre elles s'engouffrèrent comme des fourmis, rangèrent le nécessaire de la pièce, vérifiant les baxters et soignant Alexiel. Léandre se recula du lit et les laissa faire, c'était un peu étrange comme situation. Saki les avait-elles appelées ? C'était fort possible. Mais allaient-elles vraiment agir sans réfléchir et sans se poser de questions ? Il en doutait. Léandre en était toujours aux hypothèses quand les infirmières quittèrent docilement la pièce. Il y avait quelque chose de martial de leur façon de faire qui lui déplaisait. Encore un mauvais point pour les hôpitaux. Il reporta son attention sur la jeune femme à l'autre bout de la pièce, elle avait l'air ailleurs, sa beauté figée dans une expression absente. Elle se leva et parut reprendre ses esprits. Son rire, franc et dévastateur résonna dans le pièce.Le jeune magicien l'observa un moment, un peu intrigué par son comportement. Puis, Léandre regarda un moment Alexiel, qui se reposait en silence, la respiration plus régulière.

Il se leva de son siège et alla aux côtés de Saki. Les manches de sa veste portaient la marque des mains ensanglantées d'Alexiel. Saki, quant à elle, était assise et contemplait également le malade endormi. Il se rappela sa crise de rire qui avait quelque chose de délicieusement démentiel. Il lui jeta un regard en biais, l'ébauche d'un sourire narquois sur le visage. Il resta à côté d'elle, debout et les bras croisés. Dans un soupir il avoua :

-J'ai rien compris à ce qui vient de se passer...Tu pourrais m'expliquer ?

- Flash-Back -

Le prête n'arrêtait pas de parler. C'était lassant. Très lassant. Alexiel, trop occupé à contenir ses larmes, était accroché à son père qui arborait une face grave. Aucun pli sur son costume n'osait compromettre les longues heures de préparation pour la cérémonie. Le père voulait faire honneur au cercueil, ou plutôt à la personne entreposée à l'intérieur.

" Amen. "

Le public répéta ce mot en chœur, puis il s'éparpilla sur les côtés, quelques personnes arrivant munis de leurs mouchoirs devant le tombeau. Alexiel, lui, resta debout, son visage perlant de larmes. Il avait lâché son père qui avait préféré quitter les lieux avec aucun regret. Le jeune garçon devait garder sa dignité, et éviter de faire honte à sa mère, morte d'une manière si ... Brutale, il sécha rapidement ses larmes et tourna le dos à la sépulture récemment installée.

~ Oui ... Mère. ~, avait-il murmuré avant de s'éloigner du troupeau noir.

- Fin du Flash-Back -

Morphée m'a de nouveau aspiré dans son monde tout bleu. C'est impressionnant comment je peux être facilement endormi. Je pense que si on m'enlevait à des fins personnelles ou non, il n'y aurait pas besoin de ce mouchoir qu'utilisent les kidnappeurs pour calmer leurs victimes. Je nage dans les rêves bizarres que je fais habituellement. Cela peut passer du joyeux au morbide, en allant de temps en temps au côté horreur. Mes sourcils se froncent d'eux-mêmes, mes doigts se rétractent à quelques moments. Mon corps est tellement lourd que le bouger serait un calvaire. Dormir, ça fait du bien. Mais dois-je vraiment me laisser envoûter par le sommeil ? N'est-il pas raisonnable de lutter pour éviter ainsi un sommeil éternel ? J'ai toujours été terrifié par la mort. Je souhaite être immortel. Ne pas avoir à mourir, ne pas avoir à frôler cette faux qui vous transperce de dos. Dans mes rêves, cette fille revient. Camisolée, les cheveux en bataille, et frotte son dos contre le coin du mur, ses gros yeux se plantant dans les miens. Je peux déceler de la terreur dans ces pupilles. Je peux apercevoir la torture qu'on lui a infligée. Je peux comprendre ses paroles à travers son aura de titan. Instable, mélancolique, brutale. Mais surtout affligée. Comme si un corps pouvait tout dire. Mon corps dit-il des choses que je souhaite garder pour moi normalement ? Comme le tatouage dans mon dos, ou encore la marque du fer blanc sur ma cuisse droite ... ? Depuis longtemps je veux enterrer cette nuit horrible. J'ai tellement souffert, tout comme cette fille dans ma tête. C'est désolant. Elle est plus forte que moi. Je ne suis qu'une pièce sur l'échiquier. Le fou ? La tour ? Oh, je ne sais pas, et j'en m'en fiche. Qui sait, suis-je le prince dépourvu d'intelligence ..

» [/!\][RPG] Chaleur de vie [PV Léandre]
» [RPG] Ah ! De l'eau !! [PV : Saki]
» [RPG] Une soirée improvisée [PV Saki]
» [RPG] Petite balade [PV Saki] [Ecourté]
» [Fiche] Saki Mari Fumisawa De la Valière [Terminé]