[RPG] Guilty. [PV Léandre] [Terminé]

" Kof kof ... "

J'avale le grand verre d'eau qui est posé sur ma table d'une traite. Je ramène le récipient sur le chevet, en manquant de le faire tomber. Le bruit strident du verre qui s'explose contre le carrelage marbré, les bouts coupants s'éparpillant autour du lit. Tout cela ne fait que partie de mon imagination. Je m'affale sur mon oreiller, pâlissant de fatigue. Couché sur le ventre, la joue collée contre le drap, ma main tombe sur le côté, pendouillant comme si elle était inanimée. Je fixe le miroir en face de moi. Maudite grippe. Regarde ce que tu me fais. Mon teint est tout blanc, j'ai des cernes immenses, et mon front est brûlant, dégoulinant de sueur. Je tousse une nouvelle fois, attrapant le gant de toilette humide, puis je le pose sur ma tempe, et j'essaie de me calmer. Des fois, j'ai vraiment horreur d'être malade. Je ramène la couette sur mes épaules, dégageant ma frange humide de sueur de mon visage blafard. Mes prunelles ocres se noient dans l'immensité de ma chambre. Je suis perturbé avec toutes mes peintures accrochées sur le mur. Les couleurs m'hypnotisent. Je plisse les yeux en tournant le dos. Je reste allongé sur le ventre, étalé de tout mon long dans mon lit. Je jette un œil à la fenêtre ouverte où Edward passe chaque nuit. Je doute qu'il sait que je suis malade, vu que j'ai développé les symptômes ce matin. Cela ne fait que quelques heures que je tousse comme un fou, à ne plus m'arrêter. Une gouvernante a installé tout ce qu'il y avait de nécessaire, et elle m'a laissé tout seul. Plus aucune nouvelle d'elle depuis ce matin.

" J'en ai marre ... "

Je lâche un vieux soupir, exténué de cette grippe qui me fatigue à un point inimaginable. De toute façon, je suis tout le temps malade, j'ai un système immunitaire beaucoup trop faible. Et qui sait si un jour je devrais passer le rester de ma vie à l'hôpital. Je n'ai que dis-sept ans, et je sens que je vais lâcher dans pas longtemps. La curieuse impression de mourir, peut-être.

Il y a des fois où j'aimerais ne pas être malade. Malheureusement, là, je suis cloué au lit pour un bon moment. Surtout que personne vient m'aider à me soigner. J'ai juste une boîte de comprimés que je n'arrive jamais à avaler, un verre, une grande bouteille d'eau plate, et un gant de toilette dans une bassine d'eau fraîche. Je retire l'éponge de ma temps qui a refroidi quelque peu. Je la balance dans la bassine. De l'eau déborde et s'éclate contre le sol. J'en ai marre. Je me redresse, décidé à quitter ce lit trop chaud, puis j'enfile prestement de quoi m'habiller. Je me chausse en vitesse, me recoiffant du mieux que je peux, puis je file discrètement dans la salle de bains pour paraître plus en forme. Je mets du fond de teint sur mon visage tout pâle, voilant mes cernes avec. Je m'essuie le front mouillé de sueur, puis je file illico vers la porte d'entrée.

" Et là, personne ne m'arrêtera ... "

Je passe la porte, pris au dépourvu, puis je franchis le portail du manoir. Je compte bien affronter la ville aujourd'hui, et ce n'est pas ma grippe qui m'en empêchera. Je marche rapidement dans ma rue, ne regardant aucun passant. Je me dirige vers le centre ville, mais je heurte quelqu'un par mégarde, et je bascule en avant. Je me redresse, confus, puis j'accoure vers la personne que j'ai percuté.

" Ex ... Excusez-moi, Monsieur ... Je .... J'ai pas fait exprès ... ! "

La performance d'aujourd'hui avait été excellente, les gradins étaient gonflés par le public et ils avaient applaudis avec avec chaleur. Léandre aimait ces jours-là. Il connaissait son numéro par coeur mais le public,lui, sursautait à chaque prouesses. La prestidigitation déclenchait toujours autant d'émules...Il aimait produire du rêve et du mystère. Il aimait être admiré. Il aimait être aimé, même si ce n'était que 20 minutes sur un soir. C'était un sentiment qui le gonflait de fierté, et pendant les quelques secondes ou le public l'applaudissait, lui uniquement avec cette ardeur inqualifiable, son coeur battait à mille à l'heure. Il était comblé. Ensuite il quittait la scène, comme un voleur pour enlever son maquillage de scène. Il se regardait longuement dans le miroir, ses deux yeux bleux inconnus pétillants. Ensuite venait le salut et la foule s'évacuait, laissant les gradins orphelins. Comme d'habitude tout le monde se félicitait. La performance des acrobates, des musiciens et des jongleurs avaient été incroyables également. Contrairement aux autres membres de la troupe, Léandre était toujours surexcité après une prestation, alors que les autres filaient directement se coucher. Son frère, Ricardo, l'interpella :

- Holà ! Pas question de sortir ce soir, hermano*. Il faut dormir !! Ne compte pas sur moi pour te réveiller demain matin !

- Comme si tu allais m'en empêcher !

Les deux jeunes hommes éclatèrent de rire, et Ricardo se jetta sur son petit frère pour lui ébouriffer les cheveux. Léandre tenta de faire de même avec la longue chevelure ébène de son grand frère mais la tentative se solda par un échec. Il était trop grand. Après que cete scéance de taquinage eut dégénéré en un pugilat fraternel dans le sable de l'arène, ils se rendirent tout les deux dans leur chambre. Ricardo lui transmis une dernière directive avant d'aller se coucher :

- Evite les ennuis...s'il-te-plaît.

Léandre leva les yeux au ciel, entra dans sa chambre et éteint la lumière. Il conserva son costume de scène et après s'être assuré que toutes les lumières étaient éteintes, il sortit à pas mesurés sur le terrain.

*Parfait...tout le monde dort..

Si jamais il se faisait prendre, c'était directement retour dodo. Ses escapades nocturnes devaient rester secrètes. Il passa devant la roulotte de la vieille Hilda, la voyante et pendant un instant son coeur s'arrête. Il avait cru voir la vieille femme et ses deux yeux blancs aveugles l'observer par la fenêtre. Après avoir repris son souffle, il s'enfuit en silence vers la ville. Il arriva aux milieu des buildings et de l'activité nocturne.Oui,oui même la nuit il y a des passants qui vont et viennent. Une ville de ce nom ne dort jamais. C'était ce dont il avait besoin, de faire retomber la pression. Une petite ballade pour se calmer rien de tel. Il dansait presque sur le trottoir, sans prêter attention à la direction, comme d'habitude. Ses pas le menèrent dans une rue aux maisons vieillies de type manoir. Certains d'entre eux étaient dans un état proche de la décrépitude...Néanmoins, il continuait sa promenade dans cette rue étrangement vide. Il ne faisait pas tache dans le décor avec son long manteau et sa chemise à jabot. Sa poupée restait comme toujours, bien installée sur son épaule, fixant l'horizon de ses orbites vides. Comme à chaque fois qu'il était seul, il lui adressait la parole :

- N'est ce pas fabuleux ?

Son enthousiasme était encore loin d'être retombé. Soudainement alors qu'il ne prêtait pas attention, quelque chose le heurta droit dans l'épaule. Le jeune magicien poussa un cri de surprise. Il n'avait pas eu le temps de voie son assaillant. Aussitôt un jeune homme à la chevelure d'un blond doré et eux yeux de la même couleur vint s'excuser.

" Ex ... Excusez-moi, Monsieur ... Je .... J'ai pas fait exprès ... ! "

Il toisa la jeune personne qui se confondait en excuse. Il avait l'air sincère...et puis au moins il s'était excusé. Il le détailla d'avantage. Il était plutôt mignon...Un sourire espiègle se dessina sur ses lèvres.

- Ce n'est pas si grave, j'accepte tes excuses...

Le visage de Léandre pris une expression interrogatrice et il se pencha sur le jeune homme. Il faisait sombre, mais il était capable de distinguer des cernes profondes sous ses yeux. Il lui attrapa le poignet avec douceur et lui demanda d'un douceureux :

- Mais dis moi..Où comptes-tu aller comme ça à cette heure-ci ?

[* Hermano = frère en español]

Je n'arrête pas de m'excuser, c'est un tic chez moi, et à chaque fois, j'ai peur qu'on se lasse de tous mes pardons. Je me redresse, un peu intimidé, puis je me dépoussière les vêtements avec mes mains. Je n'ai pas encore regardé la personne que j'ai percuté, et je dois dire que je m'attends à des injures, ou à une punition, mais non, rien de tout cela ne se produit. Je lève ma tête pour fixer la victime, puis celle-ci me répond:

- Ce n'est pas si grave, j'accepte tes excuses ...

L'interrogation s'empare de son visage. Moi, je penche ma tête sur le côté, une main près de mon menton, signe d'intimidation. Et lorsque l'homme se penche vers moi, je me crispe et mon regard se pose sur le sol. Mon visage tout rouge, il m'empoigne doucement la main en me demandant la raison de ma virée nocturne. Je secoue ma tête énergiquement, serrant les dents, puis, voyant que je n'arrive pas à m'extirper de son étreinte, je m'avance vers lui en plaquant mon visage contre son torse:

" J'a ... J'avais besoin de sortir ... Ex ... Excusez-moi, Monsieur ! "

Je recule prestement, tombant à genoux devant lui. C'est tellement pitoyable. Rien qu'à cause d'un percutage, je deviens rouge comme une pivoine, timide comme tout. Je ramène une main sur mon front chaud, toussant d'un coup comme un fou. Je me tapote le torse fermement, mes cheveux tombant sur ma figure après avoir baissé ma tête, puis je me redresse lentement en vacillant.

" Je ne pensais pas ... Qu'il y aurait du monde à cette heure ... Je ... Kof kof ! "

Ma grippe ne finit pas de m'achever. Je suis complètement affaibli, et dehors, c'est un essaim de microbes qui m'entoure. Je me remets sur mes deux jambes, m'excusant une énième fois devant le jeune blond. Puis je pose mes prunelles ocres dans son oeil bleu, avançant ma main jusqu'à son menton. Un doigt touche sa joue, j'entrouvre ma bouche, comme ébloui par cette chaleur corporelle. Mes doigts sont si froids, mon front dégouline de sueur. Ma frange est humide de transpiration, je plisse les yeux, mes cernes s'amplifiant.

" Ce n'est pas bien de sortir ... Quand on est malade ... "

Léandre posa sa main sur son épaule encore un peu douloureuse...Même si le jeune homme avait l'air frêle, il lui avait bien foncé dedans. Soit ce n'était rien du tout, cela arrive à tout le monde de bourrer dans quelqu'un. Le jeune homme était persuadé que dans d'autres circonstances, un citadin normal n'aurait pas pris la peine de s'excuser, au contraire il lui aurait dit un truc du genre " regarde ou tu marches !" d'un ton renfrogné.

* Quel étrange petit homme*pensa-t-il en plongeant ses yeux bleus dans la couleur ocre peu habituelle du jeune garçon.

Ce qui l'avait alerté tout d'abord c'était son air désorienté et les cernes qui creusaient ses yeux. Comme le jeune homme était de bonne humeur, il se sentait d'attaque à se mêler des affaires du premier inconnu qu'il croisait. Surtout s'il était agréable à regarder... Tandis qu'il lui attrapait le bras pour mieux regarder son visage, le jeune homme rougit comme une pivoine et regarda le sol. Il dissimula un sourire.

* Un timide ? J'adore ça...*

Le jeune homme tenta vainement de se libérer de son étreinte en secouant la tête négativement. Ensuite, contre toute attente, il se plaqua contre Léandre, comme un enfant à la recherche de protection. Le jeune magicien fronça légèrement les sourcils et passa un bras lâche autour des épaules du jeune garçon, comme pour le rassurer. Il se confondit de nouveau en excuses désordonnés, ne sachant quoi bredouiller. Avant que Léandre n'ait pu ouvrir la bouche pour le rassurer, il s'écarta vivement de lui. Son élan le fit tomber à genoux sur le sol.

*Ce gosse tient à peine sur ses jambes...*

- Calme toi , c'est....

Il fur interrompu par la soudaine crise de toux du jeune garçon. Il devait être malade. Cette toux lui rappelait des souvenirs peu agréables. Un frisson lui parcouru l'échine. La toux... c'était comme si une plante vénéneuse s'accrochait dans vos poumons et s'y développait, ses tentacules prenant le contrôle de vos poumons pour vous empêcher de respirer. Parfois c'était insupportable, il avait l'impression que ca lui remontait jusqu'à la gorge...Son torse pris de convulsions incontrôlable.C'était ce qu'il ressentait automatiquement quand il faisait beaucoup trop usage de ce qu'il appelait ses dons particulier. Cette toux là lui laissait un gout amer, le goût du sang. Il regarda le jeune homme lutter contre ce fléau de son petit corps frêle et cela le ramena à la réalité. Il avait l'air complètement abattu par sa maladie.

- Quelle idée d'être sorti dans un état pareil ! Tu es inconscient ?

Apparemment il avait encore assez de force pour marcher. L'éphèbe aux cheveux dorés s'avança en vacillant. Léandre ne le quittait pas des yeux, guettant le moment où il flancherait. Le jeune garçon lève sa main vers le jeune magicien et lui effleure la joue. Le jeune homme est quelque peu troublé par ce contact et cette proximité soudaine. Sa main est glacée...A présent ils sont assez proche l'un de l'autre pour que Léandre distingue clairement la sueur sur son front et les yeux rougis par la fièvre. Sans le quitter du regard, il passe un bras autour de sa taille pour le soutenir en l'attirant contre lui. Il passa sa main libre sur son front pour évaluer sa température. Il est brûlant.

" Ce n'est pas bien de sortir ... Quand on est malade ... "

Un léger sourire passe sur le visage de Léandre, il lui répond d'une voix douce et onctueuse tout en caressant ses cheveux dorés :

- Non il ne faut pas...

Sa main descend pour caresser la peau douce de sa joue pâle. Il plonge ses yeux bleus clairs dans les siens et lui murmure d'un ton douceureux, presque séducteur :

- Il vaudrait mieux que je te ramène chez toi, au chaud, d'accord ?

- Quelle idée d'être sorti dans un état pareil ! Tu es inconscient ?

J'acquiesce du bout des lèvres, en sortant un petit oui. Je suis un inconscient, mais mon lit est trop chaud alors j'ai décidé de sortir prendre l'air. Il ne faut pas m'en vouloir, j'ai des idées tellement saugrenues que ça n'en vaut même pas la peine. J'extirpe mon visage du torse du jeune blond, le regardant faiblement. Il m'attrape soudainement par la taille, je rougis instantanément. Il plaque sa main contre mon front brûlant et perlant de sueur. Je m'égosille du mieux que je peux, mais il est plus grand et plus fort que moi, je suis faible et incapable de me défendre. Mes longs cheveux d'or éparpillés dans mon dos, je ramène mes bras près de mon torse, sentant mon coeur battre très vite à cause de mon corps affaibli par la grippe. Mes poumons sont en feu, j'ai très mal à force de tousser. C'est bien la première fois que je suis aussi malade. Je vais m'effondrer.

- Non il ne faut pas...

J'essaie un petit sourire pour confirmer ce qu'il dit, mais je n'y arrive pas. Mes doigts si froids se crispent, le sourire du jeune homme change si vite. Il peut être doux, sadique, provocateur, onctueux. J'ai la tête qui tourne. La main du blond parcoure mes cheveux d'or, mon front, ma joue. Je suis tout chaud, mes mains glacés. Mes yeux deviennent limpides.

- Il vaudrait mieux que je te ramène chez toi, au chaud, d'accord ?

Je tangue, complètement déstabilisé. Heureusement qu'il me tient par la taille, je serais tombé en arrière sinon. Mon visage blafard pâlit de plus belle. Mes cernes sont trop voyantes, même le fond de teint ne marche pas. Mes prunelles ocres sont vagues, ma vue se trouble. Je recommence à tousser violemment, mes joues rouges de timidité et de douleur, je tombe dans les bras du jeune homme. Je suis affalé contre lui, fatigué, proche de l'inconscience, une faiblesse que je ne peux que détester. Avant de fermer les yeux, je lui dis mon nom de famille pour qu'il puisse retrouver ma demeure rapidement.

" Ed ... Edgeworth ... "

Il avait vraiment la mine déconfite, fièvreuse d'un gamin malade. Il tenait tout juste sur ses jambes et à l'intérieur, la température montait pour défier l'envahisseur microbe et l'anéantir. Il était faible, abattu et en sueur. Léandre lui caressa les cheveux

*Pauvre gosse...T'as rien à faire ici, tu devrais être chez toi*

Le jeune malade se débat vainement, Léandre ne relâchant pas son étreinte. C'est vrai qu'on ne serre pas un inconnu dans ses bras. Mais on, de toute façon, Léandre se fiche de ce genre de code éthique. Aux grands maux, les grands remèdes. Il peste intérieurement contre les abrutis qui ont laissé leur mioche seul dans cet état. Heureusement qu'il passait par là, sinon Dieu sait ou on aurait ce jeune garçon ? Et surtout dans quel état ? La ville était tellement dangereuse, encore plus une fois que le soleil se couche...C'était pour ça qu'on lui interdisait ses ballades nocturnes. Enfin pour ça et pour qu'il puisse se lever tôt le lendemain matin.

Le jeune malade est blottit contre lui, presque tassé sur lui même. Le jeune homme lève la tête vers lui et esquisse un pâle sourire. Comment dire non à ce visage ? On ne peut lui vouloir que du bien. Le jeune malade tente de nouveau d'esquisser un mouvement mais il vacille, désorienté et trop faible pour pouvoir se tenir debout tout seul. Léandre ressere son étreinte autour de sa taille. Le jeune blondinet aux cheveux longs s'affale littéralement sur lui. Par chance il a assez de force pour le retenir. Il a vraiment l'air au bord de l'évanouissement. Un murmure faible se fait entendre :

" Ed ... Edgeworth ... "

*Donc c'est son nom ? Edgeworth...ca ne m'avance pas beaucoup*

- Ne t'en fais pas, je te ramène chez toi...*, dit -il d'une voix qui se voulait rassurante.

Léandre pousse un petit soupir. Il venait de se rappeler pourquoi ca lui arrivait d'être aussi...méchant. Ca lui évitait d'être gentil et de se retrouver dans ce genre de situation. Cependant, il ne pouvait pas le laisser tomber. A sens littéral comme figuré. Le jeune garçon avait fermé les yeux. D'un geste rapide et vigoureux, Le jeune homme le souleva pour le porter, allongé dans ses bras. Le jeune magicien fut surpris, il ne s'était pas imaginé qu'il puisse être aussi léger, o ben sous-estimait-il sa force. Quoiqu'il en soit, il en était au même point. Il fit quelques pas dans les rues, cherchant un quelconque signe. Au bout d'un moment il s'arrêta au coin d'une rue et soupira pour lui-même ou pour sa chère poupée

- Et bien là...je suis dans de beaux draps...

Il leva les yeux au ciel et comme par magie, il aperçut un grand bâtiment. Un panneau à l'entrée indiquait ceci : Manoir Edgeworth.

*Miraaaacle !!!* jubila-t-il.

Il jeta un coup d'oeil à son petit protégé, qui n'avait pas l'air d'aller mieux et avança jusqu'au portail en fer. Il pria un dieu inconnu pour qu'il soit ouvert, et d'un coup de pied il en eut le coeur net. Le portail s'ouvrit en poussant un grincement sinistre.

Je suis porté comme une mariée. Tout le temps les hommes me prennent de cette manière, les bras sous mes genoux et mes épaules. Je ne m'en plains pas, parce que ça me permet de souffler, de me reposer. J'espère juste ne pas être lourd, même si j'en doute. Je suis tout maigrichon. Et pas très grand aussi. On me prendrait pour un gamin de dix ans. Je ne fais pas du tout mon âge.

Après m'être plongé dans l'inconscience, le jeune blond déambule dans la rue des Murmures, à la recherche de mon manoir. J'espère simplement qu'il a compris que je l'ai aidé avec mon nom de famille. Ma tête penchée en arrière, mes cheveux d'or fouettant l'air, mon visage pâle fait ressortir mes cernes. Mon visage si creux, si blafard et si chaud est affreux. Je n'ose même pas me regarder dans un miroir maintenant. J'arrête de tanguer. Léandre (même si je ne connais pas son nom) s'est arrêté. Il a dû sûrement trouver mon chez moi. Il s'avance vers le portail et il pénètre dans ma demeure, se positionnant à la porte d'entrée. J'entrouvre mes prunelles ocres, puis je passe une main sur la poignée pour ouvrir au jeune blond, et je retousse encore un peu.

" Il ... faut monter les esca ... Liers. C'est la porte tout au fond ... Avec des arabesques dessus ... "

Mieux vaut servir de guide qu'autre chose. Je replace ma main sur mon torse, mes doigts resserrés contre la paume, et je ferme les yeux une nouvelle fois. Mon lit est peut-être encore chaud, la bassine encore par terre, et la bouteille d'eau restée intacte sur la table de chevet. Seul mes immenses peintures qui trônent sur mes murs semblent vivantes.

[Petit, mais quelle honte ! J'essaierais de l'arranger demain si tu n'as pas posté avant.]

Même complètement en sueur, le jeune malade ressemble à une jolie poupée. Alors que le jeune magicien le tient dans ses bras, ses longs cheveux couleur miel tombe en cascade. Malheureusement il n'a pas vraiment le temps d'observer ses traits délicats rougis par la fièvre. Il a l'air si fragile qu'on a l'impression qu'en le laissant tomber, il se briserait en mille morceaux, comme de la porcelaine. Il a l'air si jeune, c'est difficile de lui donner un âge. Léandre déteste particulièrement de voir les enfants souffrir, à la limite il se fiche de la souffrance des adultes. Mais celle des enfants n'est vraiment pas méritée. Vous comprenez qu'il n'ait pas résister à l'envie de lui venir en aide. Sa tête penchée vers le sol et son temps livide lui donne l'impression de porter un cadavre, heureusement qu'il peut encore sentir la chaleur émaner de son petit corps fiévreux pour démentir cette impression. Alors que Léandre trouve enfin le manoir Edgeworth, le jeune garçon ouvre fébrillement les yeux. Il tousse encore un peu avant de lui fournir quelque indications précieuses. Léandre penche légèrement la tête vers le jeune garçon avant de continuer la marche.

- On y est presque...

Il passe le seuil de l'étrange demeure qui, à première vue semble déserte. Tant mieux,à vrai dire il n'aurait pas aimé se retrouver face à face à une quelconque patriarche snobinard qui l'aurait accusé d'avoir kidnappé ce gosse ou encore pire. Le jeune magicien emprunte les escaliers, sans hâte, en prenant bien attention à ce qu'aucune partie de ce petit corps malade ne heurte quelque chose. Dès lors il se retrouve dans un couloir aux nombreuses portes richement décorées. Le jeune garçon a encore un sursaut de toux dans ses bras. A ce moment, le jeune homme aperçoit la porte aux arabesques. Toujours en faisant attention à son précieux colis, il pousse la porte et entre dans la chambre du jeune homme. Il ne s'attarde pas sur la décoration, et se dirige directement vers le lui, pour y déposer délicatement le malade au milieu de ses draps. Ses cheveux dorés s'étalent sur l'oreiller blanc et il ressemble drôlement à une belle au bois dormant en mauvais état.

Léandre pousse un petit soupir de soulagement avant d'ajouter :

- Voilà on y est.

Il adresse un sourire à son petit protégé et s'empare d'une éponge imbibée d'eau pour humecter le front en sueur du jeune garçon. Après s'être essuyé les mains sur un pan de son manteau, il prend celle du jeune garçon entre les siennes. Elles sont toujours aussi glacées, alors que tout le reste est en ébullition. Le jeune magicien se lève d'un pas décider et lui demande sans détour :

- Dis moi mon grand, il y a-t-il de l'aspirine ici ?

Il replace une de ses propres mèches blondes d'un geste et toise le malade d'un air indifférent, comme pour contre-balancer cet accès de gentillesse inhabituel.

Je retrouve mon lit. Enfin, je vais pouvoir me reposer. Franchement, quelle idée de sortir en pleine nuit, malade et faible ? Une grippe ne se soigne pas aussi facilement, et surtout une victime telle que moi qui a un système immunitaire faible. Mon front brûlant est refroidi par le gant de toilette que le jeune blond a passé dessus. Il s'essuie les mains dans une de mes blouses, je le regarde faiblement, mes joues rosies et perlant de larmes. Il récupère une de mes mains glaciales pour la frotter contre les siennes, comme s'il essayait de me réchauffer. Je trouve que c'est vain, mais touchant. Un inconnu qui s'occupe de moi ainsi, c'est tellement rare, surtout dans une ville comme City.Ca grouille de malpolis, qui serait assez intelligent pour aider des personnes qui passe dans la rue ?

- Dis moi mon grand, il y a-t-il de l'aspirine ici ?

Depuis quand m'appelle-t-on mon grand ? Je ne suis qu'un gosse malgré mes dix-sept ans, personne ne m'a parlé de cette manière. Mon grand, ça fait adulte, responsable, je doute de l'être. Surtout que maintenant que Père est mort, je touche tout l'héritage, et qu'il va falloir prendre les rênes de la famille Edgeworth en main. Grand-Pa devrait arriver dans quelques jours pour s'occuper de moi, il ne fait pas confiance aux servantes, moi surtout. Je ne peux plus rester près d'elles après que Mme Syphillise m'ait tatoué le dos et m'ait imposé la marque du fer blanc. Je passe une main froide sur ma hanche touchée par le métal brûlant, je fronce les sourcils, me remémorant cette soirée fatidique. De nombreuses fois je me suis regardé dans un miroir, passant mes longs cheveux d'or sur une épaule pour voir le tatouage dans mon dos. Il est magnifique je trouve, mais qu'est-ce que ça fait mal ! Pour graver ce genre d'oeuvre, il faut vraiment serrer les dents. Maintenant, je sais à quoi m'en tenir la prochaine fois.

" Je ne supporte pas l'aspirine ... Il y a des comprimés sur la table, mais je n'arrive pas à avaler de cachet, même avec de l'eau. Alors je prends des sachets en poudre et des sirops. C'est plus facile pour moi, même si certains médicaments ont un mauvais goût. Il y en a dans la salle de bains, c'est la porte à gauche de ma chambre, la première. Il y a un oiseau avec une clef de sol entre ses serres. Tu peux aller en chercher si tu veux ... "

* Sans doute une mauvaise grippe ou un truc du genre*

Léandre était loin d'être un habile médecin, il n'avait donc aucune confiance en son propre diagnostic. Il n'avait pas souvent été malade de sa vie, juste un rhume de temps en temps...Rien d'aussi fort que ce que le jeune malade était entrain de vivre. Le jeuen magicien se demandait c qu'il était entrain de faire. Récapitulons : il rencontre un jeune homme malade dans la rue, il le ramène chez lui et s'apprête à le soigner. Ca ne lui ressemblait pas exactement. Il écouta les directives du jeune garçon.

Je ne supporte pas l'aspirine ... Il y a des comprimés sur la table, mais je n'arrive pas à avaler de cachet, même avec de l'eau. Alors je prends des sachets en poudre et des sirops. C'est plus facile pour moi, même si certains médicaments ont un mauvais goût. Il y en a dans la salle de bains, c'est la porte à gauche de ma chambre, la première. Il y a un oiseau avec une clef de sol entre ses serres. Tu peux aller en chercher si tu veux ... "

Ouaw, il avait du faire un effort pour débiter tout ça. D'un geste il se lève et sort de la chambre. C'est pas la peine de dire : ne bouge pas. Il n'ira pas loin. Léandre se retrouve de nouveau dans le couloir.

*On dirait vraiment qu'il n'y a personne ici*

Une fois dans la salle de bain, il se met en quête de médicaments. Il trouve finalement l'armoire à médocs et fouille à l'intérieur. Il en sort un tas de petites boîtes de comprimés et quelques bouteilles de sirop. Il s'arrête se fixant dans le miroir. Son reflet aux bras chargés de médocs lui fait face. Comme c'est étrange...

-Si ca continue je vais me transformer en mère Thérésa...ou en infirmière personnelle.

Il s'imagine en train de porter un costume de nonne, puis d'infirmière coquine.Hmmm Vraiment pas terrible. Il secoue la tête pour remettre sa mèche blonde en place... C'est alors qu'il aperçoit l'oiseau avec la clé de sol. Etant donné que le jeune homme lui en avait parlé, il s'en empare pour lui apporter. De retour dans la chambre, pose le tas de boîtes sur le sol et commence à déchiffrer les inscriptions. Il sort un petit sachet d'aspirine efferverscent et le verse dans le petit verre d'eau sur la table de chevet. En se faisant il lui fait la conversation.

-Tu es seul ici ?

Après avoir agité le verre pour aider la poudre blanchâtre à se dissoudre, il s'approche d'avantage du joli malade, passe sa main sous sa tête pour le relever légèrement et lui administrer le médicament.

Il est parti. Je ramène mes draps sur moi pour plus de chaleur et de confort. Je tourne ma tête vers la fenêtre de ma chambre, j'imagine Edward en train de s'engouffrer dans ma chambre en souriant, me disant bonsoir comme tout le temps. Il surveille mes nuits, et des fois, quand il arrive, je ne suis pas encore couché. Alors j'en profite pour parler un peu avec le vampire. Ça me rassure au moins, parce qu'il est le seul à vouloir discuter avec moi, tout le manoir me considère comme inutile, sans grand intérêt. Je suis très triste, et c'est seulement à Edward que je peux me confier, et peut-être en a-t-il marre de mes jubilations ...

Je reste dans le vague, dans mes songes, à penser quelques petits trucs. Je resserre mes mains autour de moi, sur la couverture, et j'esquisse un petit sourire. J'aimerais bien qu'Edward vienne pour me soigner, je voudrais tellement le voir. Il sent bon, son parfum m'enivre et ce n'est pas désagréable du tout. Et le regarder est éphémère. Je rougis à chaque fois qu'il est proche de moi. Mais ce que je préfère, ce sont ses lèvres glaciales, si douces, si soyeuses. J'ai l'air de rien à côté d'une beauté pareille. Ah, le blond revient. Je reste allongé, même si j'aurais voulu me redresser pour le voir, mais il arrive rapidement à mes côtés avec plusieurs médicaments. Je retousse encore une bonne fois, puis je passe une main sur mon front pour le frotter avec le gant de toilette. Le jeune homme examine les flacons un à un, puis il décide de m'administrer une aspirine. Alors qu'il fait tourner le comprimé effervescent dans le verre d'eau fraîche, il me demande si je suis seul ici. Je lui répondrais après, parce qu'il m'a soulé la tête pour que je boive le médicament. J'ouvre ma bouche, mes lèvres se posant sur le verre. J'avale lentement, mais sûrement, évitant de m'étouffer avec l'aspirine. Je ramène une de mes mains glaciales sur celle de Léandre, puis je me recule un peu et je lui souris faiblement.

" Merci ... Il n'y a personne j'ai l'impression, toutes mes servantes sont parties apparemment, elles m'ont laissé seul avec ma grippe ... Je m'appelle Alexiel ... Edgeworth, et vous ? "

Il avale le médicament sans réchigner, de toute façon il ne lui aurait pas laisser le choix. Plus Léandre se demandait ce qu'il faisait-là, plus il se disait qu'avoir laisser ce gosse tout seul relevait de la non-assistance en personne en danger. Enfin il se disait cela pour excuser un comportement aussi soucieux. Il n'a pas vraiment l'habitude de jouer les infirmières. Après que le jeune malade ait docilement avalé son aspirine, il repose le verre sur la table de chevet.

- Ca devrait calmer ta fièvre pour un moment., déclara-t-il.

Le jeune garçon posa ses mains glacées sur les siennes et lui adressa un faible sourire. Le jeune homme resta muet, et se contenta de l'observer avec un air grave, ses mains tentant des réchauffer celle du jeune garçon. Pendant un moment, il observa la pièce richement décorée, se posant de nombreuse question. Apparemment ce môme n'était pas n'importe qui pour habiter dans une telle demeure. Il s'expliqua d'une voix encore un peu faiblarde.

" Merci ... Il n'y a personne j'ai l'impression, toutes mes servantes sont parties apparemment, elles m'ont laissé seul avec ma grippe ... Je m'appelle Alexiel ... Edgeworth, et vous ? "

Il souleva un sourcil. Laisser un mioche de cet âge tout seul ? Ce n'était pas très responsable tout ça...Enfin de toute façon ce n'était pas ses affaires. Les bourgeois ont leurs problèmes. Léandre ne put s'empêcher de pousser un soupir agacé.

* Non mais je vous jure...Laisser ce môme tout seul !*

Il maudit silencieusement ses mégères son coeur. Quand il reposa ses yeux bleus sur Alexiel, son expression s'était adoucie. Il passa de nouveau un gant de toilette sur son visage enôre pâlot avant de se présenter à son tour. Il lui dit avec un sourire rassurant :

-Léandre Nightroad, sauveur d'un soir.

Il lâcha les mains de son petit protégés et alla les placer sur la couverture douillette, pour que ces petite mimines se réchauffent. Comme il était toujours accroupi au pied du lit, il se leva et emporta au passage le verre vide. Il secoua de nouveau sa mèche rebelle et arrivé au seuil de la chambre il lui déclara d'une voix douce :

-Tu es encore faible Alexiel, tu devrais dormir un peu. Quant à moi, je te ramène un peu d'eau d'accord ?

Sur ses mots, il quitta la pièce et descendit les escaliers,dans l'obscurité, à la recherche de la cuisine, pour y trouver de l'eau minérale. Se faisant il s'adressa à la poupée juchée sur son épaule :

- Ca m'attriste de le voir si seul et si mal en point. Tu crois que je devrais rester ?

Là dessus, la poupée ne se prononça pas.

- Léandre Nightroad, sauveur d'un soir.

Léandre ? Ce n'est pas très commun comme prénom ... Remarquez, le mien l'est aussi. Je ne vois pas pourquoi je serais surpris que le jeune blond se prénomme ainsi, car à vrai dire, Léandre, ça lui va bien. Je pose mes prunelles ocres sur la poupée qu'il a sur son épaule. Je ne l'avais pas vue auparavant, sûrement dû à la fatigue de cette maudite grippe. Elle est mignonne, mais ses yeux m'apeurent un peu. Les pupilles semblent vides, sans expression. C'est une poupée passive ou quoi ? J'essaie d'éviter de croiser le regard de glace de cette poupée, puis Léandre se redresse et quitte ma chambre sur ces mots:

- Tu es encore faible Alexiel, tu devrais dormir un peu. Quant à moi, je te ramène un peu d'eau d'accord ?

Je hoche positivement de la tête en lui souriant, puis il déguerpit avec le verre vide. Je soupire, extirpant le gant de toilette de mon front, puis je le balance dans la bassine et je tousse encore un peu. Comment dormir quand on a chaud et qu'on a mal à la gorge ? Je ne peux pas dormir dans de telles conditions. La grippe, je la déteste. La grippe, je la renie. La grippe, elle me tue à petit feu. La grippe, elle m'anéantit. Je ramène ma couette sur ma bouche, soupirant de plus belle, et je fixe le plafond. Attente désespérée, Edward ne viendra pas, j'en suis certain.

" J'ai envie de sortir ... "

J'examine les murs de ma chambre, tous criblés de peintures à mon nom. Je m'amuse beaucoup à peindre City, dans des contextes différents, mais aussi des personnes imaginaires. Une fois, j'ai dessiné Edward. J'ai beaucoup aimé le choisir comme modèle pour mes œuvres, et je ne suis jamais déçu des résultats. Le vampire pourrait très bien être un mannequin, le plus beau de la planète. J'exagère.

" Je veux sortir ... "

Le jeune homme descend les escaliers à tâtons. Une fois arrivé en bas, toujours sans intervention de la part de sa très chère poupée. Parfois il aimerait vraiment qu'elle puisse lui parler, histoire d'avoir de la conversation avec quelqu'un d'intelligent. Une fois en bas, il découvre un interrupteur par hasard. C'est tout de suite plus pratique pour trouver son chemin. Le verre à la verre, il poursuit son chemin à travers de nombreuses pièces : le salons, un bureau, un couloir.

- C'est immense ! Si javais su, j'aurais semé des petits cailloux...

Il arrive enfin dans la cuisine. Comparé au reste du manoir, elle est plutôt moderne. Léandre s'avance nonchalamment vers le frigo pour en tirer une bouteille d'eau. Au passage il jette un oeil au contenu du garde-manger. Des tas de boîtes contenant des repas.

*Au moins il ne mourra pas de faim*

Il emporte la bouteille d'eau avec lui ( on ne sait jamais) et parcoure le chemin inverse. Il est toujours impressionné par la sensation de vide que provoque le manoir. Pas un chat. Par miracle, il retrouve son chemin dans ses dédale, monte les escaliers pour rejoindre le jeune malade dans sa chambre. Il pousse la porte doucement, son trésor liquide entre les mains. Il regarde Alexiel qui semble agité.

" Je veux sortir ... "

En trois enjambées, il arrive au chevet du jeune homme. Il prend une minute pour l'observer d'un oeil inquiet et dépose délicatement le verre et la bouteille sur la table de chevet. Il passe une main sur son front, toujours aussi brûlant et lui dit d'une voix douce mais ferme :

- C'est hors de question.

Il ramasse le reste des boîtes de médocs, à la recherche de quelque chose de plus fort ou de plus efficace. Un somnifère peut-être ? Un sourire sadique passe sur son visage puis s'enfuit. Non...quand même pas. Après quelques minutes de recherche vaine, il se tourne vers cette belle au bois dormant agitée.

- Il n'y a personne que je pourrais appeler pour venir veiller sur toi ?

Il se sentirait un peu coupable de le laisser seul dans cet état, il préferait en avoir le coeur net.

- C'est hors de question.

Ah, je vois que Léandre est revenu mais il refuse de me laisser sortir. Je soupire, sa main sur mon front brûlant. Il a fait plutôt vite, il doit avoir un bon sens de l'orientation. J'esquisse un autre petit sourire pour essayer de le rassurer, de lui montrer que je ne suis pas aussi abattu. Même si c'est une fatalité, je n'en doute pas. Je suis tellement faible, et cette grippe est insoutenable. L'aspirine ne fait pas vraiment effet, j'ai la tête qui tourne. Je ramène une main dans ma longue chevelure d'or étalée sur mon oreiller, glissant mes doigts dans mes mèches blondes. Mes prunelles ocres fixent Léandre qui semble chercher un médicament plus fort. Et pourquoi pas un somnifère ? Au moins, je dormirais, comme il m'a conseillé de faire. Je reste au fond de ma couette, tout tremblant. Mes lèvres frétillent, mes dents claquent, mon front perle de sueur.

- Il n'y a personne que je pourrais appeler pour venir veiller sur toi ?

Edward ? Non, pas à cette heure-ci. Et puis, il doit être en train de chasser normalement. Ou alors il est trop occupé avec Tanya et les autres. Je ne veux pas le déranger pour des futilités, même s'il s'agit de ma santé plutôt préoccupante. Mère et Père sont morts, je ne puis compter sur eux, Mme Syphillis a quitté City après m'avoir tatoué le dos, et Grand-Pa n'arrive que dans quelques jours. Toutes les autres servantes ont dû prendre congé sans me demander. Je n'ai aucune autorité aussi. Je me laisse facilement prendre au jeu. Trop naïf, trop gentil, trop généreux, je n'ai aucune force pour me défendre. Il serait donc tellement facile de vouloir m'enlever pour tout l'argent de la famille Edgeworth. Surtout que ma famille est extrêmement riche.

" Non ... Absolument personne. Mais je ne veux pas être un fardeau pour toi, Léandre. Tu peux partir si tu veux, je saurais me débrouiller. "

Je saurais surtout mourir à petit feu oui ! Je parie que dès que je voudrais me lever pour aller chercher d'autres médicaments, je m'écroulerais par terre, et j'attendrais que la Mort vienne me faucher. Je suis trop faible pour déployer mes grandes ailes blanches aux reflets d'or et d'argent, et elles ne m'aideraient pas beaucoup, si ce n'est qu'à apeurer Léandre.

" Au fait ... J'aime bien le bleu de ton oeil ... Il me rappelle l'océan ... "

Aelxiel a le teint livide et tremble. Si Léandre n'avait pas déjà vu les effets de la grippe sur son frère, il aurait juré que sa fin était proche. La fièvre avait le don de faire dire n'importe quoi à n'importe qui. En général Léandre trouvait sa drôle, mais dans ce cas-ci c'était plutôt inquiétant. Il regarda un moment ses longs cheveux dorés, étalés sur ses draps, comme sur un lit de mort. La métaphore était un peu macabre mais ca y ressemblait.

* Il suffit d'attendre que l'aspirine fasse effet et ca ira mieux*

Une fois la fièvre tombée, il se sentirait encore faible, mais son corps aurait au moins retrouvé une température normale. Un peu pris au dépourvu, le jeune magicien conserve son calme olympien et tente de trouver une solution à se problème épineux. Il ne peut pas laisser ce môme seul ici. C'est exclu. Il balaie la pièce du regard, c'est grand , ca fait riche...Et il n'y a pas un seul serviteur.Les riches sont donc si démunis ?

" Non ... Absolument personne. Mais je ne veux pas être un fardeau pour toi, Léandre. Tu peux partir si tu veux, je saurais me débrouiller. "

*Il n'a absolument personne...*

Ces mots se répètent dans sa tête pour y former un écho. Lui aussi il n'avait eu personne...Il savait ce que c'était que de se sentir abandonné. Il posa son regard sur les yeux ocres et fatigués d'Alexiel. Il ne l'abandonnerai pas, c'était une question d'honneur. Il détourna la tête et déclara fermement :

- Non, tu seras incapable de te débrouille. Je reste.

De toute façon, le jeune malade aurait été incapable de s'opposer à cette décision. Léandre y réfléchit un moment. Cette phrase lui vint à l'esprit " Evite les ennuis". Ses lèvres dessinèrent un rictus ironique.

* Eviter les ennuis ? J'ai foncé droit dedans...et j'assume !*

Il assumait parfaitement son impulsivité. Comme pour le rassurer et lui dire qu'il n'était pas entièrement seul, il décocha un sourire confiant à Alexiel, allongé sur son lit.

" Au fait ... J'aime bien le bleu de ton oeil ... Il me rappelle l'océan ... "

Léandre regarda Alexiel avec inquiétude. Etait-ce la fièvre qui le faisait parler là ? Quoi qu'il en soit, il pencha légèrement sur le lit du jeune garçon, arborant un sourire fier et malicieux. Il caressa doucement ses cheveux d'or.

- Si tu regardes bien, tu verras des poissons dedans.

- Non, tu seras incapable de te débrouille. Je reste.

Léandre est bien gentil à vouloir s'occuper de moi, je suis tout de même un inconnu à ses yeux, une personne qui l'a malencontreusement percuté par accident. Maladroit comme je suis, il n'est pas rare que je crée des embrouilles. Il faut toujours que je sois en contact avec le pêché. Quoi qu'il m'arrive, il suffit d'une bêtise, et le mal me submerge.

Je tente de sourire à Léandre pour le remercier de son attention, mes mains sur mon torse tout chaud. Je ne les bouge pas vu que c'est le blond qui les a placées ici, sûrement pour me rafraîchir le corps si brûlant. Je tourne ma tête sur le côté, pour jeter un oeil aux médicaments éparpillés sur le table de chevet. Je remarque une boîte de somnifères. Je retire une main de mon drap, atteignant la boîte blanche de comprimés. Je l'attrape, sortant la série de cachets par la suite.

- Si tu regardes bien, tu verras des poissons dedans.

Je lève ma tête vers Léandre, tirant mes lèvres en arrière comme je ne l'avais jamais fait auparavant devant le blond. Je ferme mes yeux, mon visage alors blafard illuminé de plaisir. J'ai beaucoup aimé cette remarque, et mes prunelles ocres s'ouvrent de nouveau pour scruter le bleu océan de Léandre.

" Peut-être ... Tu en as déjà vu toi ? "

Je rigole soudainement, pris d'un grand élan de plaisir. La situation ne me déplaît pas, Léandre m'a fait sourire et même rire alors que je suis malade comme un chien. Mon corps si chaud, mes cernes creusant mes joues, mes joues toutes pâlottes, tout cela disparaît durant le court moment de rire. Et une fois que j'ai fini, je tourne le dos à Léandre, mes lèvres inexpressives. Je prends le verre d'eau puis j'approche le comprimé de somnifère près de ma bouche.

" Désolé, ça ne correspond pas tellement à une grippe ... Je vais prendre des somnifères pour mieux dormir ... Même si je ne résiste pas tellement à ces sédatifs. "

En regardant Alexiel, allongé dans son lit, tremblant et fiévreux, il ne le trouvait pas raisonnable. Il ne pensait pas qu'il était débrouillard. Et peut-être était-ce un cliché mais quand il voyait ce riche décor, il se disait que le jeune garçon n'avait jamais vraiment eu à gagner ce qu'il avait obtenu. Que tout lui avait été offert simplement. Et puis il avait l'air si jeune...si fragile. Léandre avait l'impression qu'il aurait pu le briser en deux du bout des doigts.
Le jeune malade lui sourit. C'est la gratitude ou la fièvre ? Il opterait pour le premier. Il sort une main faiblarde des draps pour attraper une boîte de somnifère et en vider le contenu.

* Un peu de sommeil ne lui ferait pas de mal...*

Suite à cette remarque, son petit visage angélique s'illumine. Donc c'est à ça qu'il ressemble quand il n''est pas malade comme un chien ? Il est plutôt joli garçon, avec des traits très féminins. Ses yeux dorés s'ouvrent d'avantage. Léandre s'attendrit.

* Il doit se sentir si seul, abandonné...*

Ensuite Alexiel éclate de rire. Apparemment Léandre aurait réussi à faire rire quelqu'un qui semblait attendre la mort sur son lit. Lui-même étouffe un léger rire. La situation paraît un peu étrange. Juste après, il se retourne pour prendre docilement son somnifère.

" Désolé, ça ne correspond pas tellement à une grippe ... Je vais prendre des somnifères pour mieux dormir ... Même si je ne résiste pas tellement à ces sédatifs. "

Il le regarde un moment, pensif. Puis le jeune homme ajoute d'un ton désinvolte :

-De toute façon, un peu de sommeil ne peut pas te faire de mal.

Juste après avoir pris le médicament, le jeune garçon s'allonge de nouveau. Toujours accroupi à ses côtés, le jeune homme commence à caresser sa chevelure d'or, comme pour le rassurer.
Bientôt il va fermer ses petits yeux malade et tomber dans un profond sommeil. Un moment de répis. Léandre hésite toujours, pèse le pour et le contre. Finalement, en écoutant la respiration d'Alexiel, il se décide :

- Je vais rester ici, au cas où .

J'avale le cachet sans prendre garde aux caresses voluptées de Léandre. Je me suis redressé en toussant un peu, mes longs cheveux d'or se regroupant dans mon dos, puis je mets le comprimé dans ma bouche et j'avale un peu d'eau pour le faire passer. Je tire la langue une fois que le somnifère est parti, et je me rallonge paisiblement. Je cale ma tête contre l'oreille, couché sur le côté pour regarder le jeune blond passer sa main dans ma chevelure dorée. Je souris gentiment.

-De toute façon, un peu de sommeil ne peut pas te faire de mal.

" Tu as raison ... Je vois les poissons Léandre, ils sont très beaux ... "

J'approche une main de son oeil bleuté, posant mes doigts glacés sur sa joue tiède, et je tâte comme un aveugle la peau douce du jeune homme, mes prunelles ocres fixant la pupille océanique du grand adolescent.

" J'ai dix-sept ans ... On dirait pas, hein ? "

Je rigole encore un peu, pas intimidé du tout. Je préfère attendre que le somnifère fasse effet. Alors je parle. C'est mieux que de rester muet en patientant mon sommeil. Je caresse toujours la joue douce de Léandre, puis je me redresse à nouveau pour l'embrasser sur l'autre joue. Je sais que je pourrais très bien lui donner ma grippe de cette façon, le baiser de la mort dirons-nous, mais je voulais le remercier de son geste louable. Peu d'inconnus aideraient les gens qu'ils ne connaissent pas, surtout les personnes malades. Je reste assis, un peu gêné, mes joues rosies.

" Pardon ... Je ne recommencerais pas, je risque de te refiler ma grippe ... "

Je fixe le miroir qui est derrière Léandre, puis je repense aux moments où je me regarde dans le glace, à admirer mon tatouage dorsal. D'ailleurs, celui-ci me fait mal ces derniers temps, comme s'il était 'appelé' par une puissance inconnue. Je passe une main derrière mon épaule pour gratter mon tatouage, et je souris à nouveau.

" Tu as raison ... Je vois les poissons Léandre, ils sont très beaux ... "

Léandre lui renvoie un sourire éclatant. Ce jeune homme est si candide et mignon... Si les êtres humains vivaient dans la jungle, il serait de ceux qu'on aide par pitié ou simplement par affection. Contre toute attente, Alexiel esquisse un geste vers le jeune homme. Alors que Léandre était toujours occupé à lui caresser les cheveux pour le rassurer, presque amoureusement, il ressentit la sensation fraîche de ses doigts sur sa joues. Il plongea son regard azuré dans les pupilles dorées du jeune homme.

* Des yeux ocres ? *

" J'ai dix-sept ans ... On dirait pas, hein ? "

Léandre regarde le jeune homme. Pourquoi cette subite révélation ? Bah après tout, il s'endormira dans quelques minutes, il ne sait plus trop où il en est. Avec un sourire en pointe, il lui répond d'une voix veloutée :

-En effet, tu as l'air plus jeune.

Il éclate d'un faible rire. On dirait que son moral s'améliore un petit peu. C'est déjà ça de gagné. Le jeune magicien sent toujours les doigts frais d'Alexiel se balader sur sa joue. Ce n'est pas désagréable comme sensation, au contraire. Soudain, il se redresse et lui embrasse la joue. Un peu pris au dépourvu, Léandre se fige. Est-ce une forme de reconnaissance ou Alexiel tenterait-il de jouer avec lui ? Après un jugement hâtif, il se dit que non. Presque aussitôt le rouge monte aux joues du jeune malade, comme s'il regrettait son geste. Exempt de tout bouleversement, Léandre affiche un air serein , presque moqueur.

" Pardon ... Je ne recommencerais pas, je risque de te refiler ma grippe ... "

-Aucun risque puisque..., rétorqua-t-il

En revanche il hésita sur la suite de la phrase.

* Je suis déjà malade*, songea-t-il avec mélancolie.

- ...Je ne tombe jamais malade !

Il arbora un sourire convaincant pour soutenir ce mensonge éhonté. Voyant que son protégé restait rouge comme une pivoine, il s'approcha, son regard bleu rempli de malice, releva son menton à l'aide de son index et lui dit :

-Voyons, ne soit pas si timide.

Léandre confirme que j'ai plus l'air d'un gamin que d'un adolescent autonome. Des fois, j'ai envie de me pendre parce que je dois me montrer plus en confiance. Je devrais éviter de me comporter comme un enfant seulement, étant bercé dans la richesse et la tourmente, j'ai du mal à être responsable. Père et Mère étaient beaucoup trop occupés pour m'élever, mais seule Mère m'a fait grandir, sans pour autant me montrer que d'être adulte, c'est important. Mes doigts glacés continuent de parcourir la joue tiède de Léandre, et après lui avoir donné le baiser de la mort, il me dit que ce n'est rien. Rougissant comme jamais, je garde ma tête baissée, mes pommettes toutes chaudes. Je passe ma main libre sur mon front dégoulinant de sueur, et mes paupières se voilent. Le somnifère commence à faire effet.

- Aucun risque puisque ...

J'ai l'impression de ne pas avoir entendu la fin de sa phrase. Je vacille légèrement, lâchant la joue tiède de Léandre, mes mains glaciales tombant lamentablement sur le matelas. Je lève mes yeux, mes prunelles ocres attendries par le cachet, et mes oreilles entendent la fin de la phrase:

- ... Je ne tombe jamais malade !

J'esquisse un léger sourire, mon esprit voguant vers les terres du sommeil. Ma vue se trouble, ma tête tombe, mais Léandre me rattrape en levant mon menton avec son doigt. Je reste endormi, mes membres endoloris, et je murmure:

" Je suis tellement timide ... Léandre ... "

Je tombe en avant, m'étalant sur le jeune blond, ma tête au creux de son cou. Ma respiration saccadée, mes mains froides sur son torse, je me redresse légèrement et je m'excuse. Je tourne machinalement la tête, dans les vapes, puis je me laisse aller et je m'affale à nouveau sur Léandre.

" Je ne résiste pas aux ... Somnifères ... "

Léandre secoue légèrement la tête. De nos jours tout est déréglé. L'enfance se perpétue trop loin ou bien les enfants grandissent trop vite. Résultat : dans les deux cas on se retrouve avec des êtres immatures et incapable de se débrouiller seul dans ce monde de brutes. En fin de compte il avait eu de la chance en atterissant dans cette famille ! Il regarde encore le jeune garçon souffrant et est pris de pitié pour lui. Après tout il est encore jeune...Il a encore du temps devant lui.

Apparemment le somnifère commence déjà à faire effet. Il a l'air un peu à l'ouest, déjà à moitié endormi...C'est presque mignon de le voir se débattre pour rester éveillé et pleinement conscient. Quand on est fiévreux et à moitié endormi c'est difficile d'ouvrir la bouche pour dire quelque chose de rationnel. Alexiel manque de tomber.

" Je suis tellement timide ... Léandre ... "

*Je l'ai remarqué.*

Les lèvres du jeune homme s'étirent en un sourire tendre, mi-ému et mi-amusé par les réactions désordonnées du jeune malade. Soudain il se laisse tomber en avant. Sans le corps du jeune magicien, il aurait chu de son lit et sa jolie tête blonde aurait heurté le plancher. Il sent sa respiration saccadée sur son coup, Léandre le retient par la taille et les épaules. Il sent ses doigts glacés remuer sur son torse. Il se redresse et finit par retomber au même endroit.

" Je ne résiste pas aux ... Somnifères ... "

Léandre passe sa main sur la nuque du jeune homme. Sa tête posée sur son torse, il caresse sa chevelure de miel machinalement, avec une extrême douceur. Il sourit.

-Je sais, ne t'en fais pas. Je suis là.

Sur ce, il fait basculer le corps gracile du jeune homme sur son lit, avec autant de souci que s'il eut s'agit d'une poupée de porcelaine ( ce qui semblait parfois être le cas). Il accompagne ce mouvement de tout son corps et se retrouve au dessus du jeune garçon déjà à moitié endormi. Il ôte une mèche rebelle sur la joue d'Alexiel et murmure avec un sourire espiègle :

-Dors bien, belle au bois dormant...

Sur ce, il se penche sur le joli jeune homme pour lui embrasser le front du bout des lèvres.

Mon corps succombe lentement au somnifère. Alors que je tombe de sommeil, Léandre me recouche dans le lit, pour éviter que je ne dorme sur lui. Mes paupières sont lourdes, mes prunelles ocres vagues, ma vue se brouille et le réconfort du jeune blond m'apaise.

- Je sais, ne t'en fais pas. Je suis là.

Mais pourquoi s'entête-il à vouloir rester à mes côtés ? On s'est juste percuté, par ma faute en plus. Je savais que je n'aurais pas dû sortir de mon lit, même si je serais resté au fond de ma couette, agonisant. Léandre, lui, me soigne comme Mère me faisait autrefois. Mais je ne vais pas comparer cet homme vraiment gentil et généreux à Mère qui est décédée. Je soupire intérieurement. Mon esprit tourmenté par la grippe me fatigue, mon front brûlant ne cesse de transpirer goutte par goutte. Je fronce les sourcils, mes yeux dans le vide.

- Dors bien, belle au bois dormant ...

Léandre se penche vers moi, puis il me dépose un doux baiser sur mon front chaud, du bout de ses lèvres tièdes. Instantanément, mes yeux se voilent et je m'endors aussi rapidement qu'un loir. Mon bateau est enfin arrivé à destination. Deux portes s'offrent à moi: Le rêve. Ou le cauchemar.

[C'est court ! Mais quelle honteuh !! Si tu ne sais pas quoi répondre, tu peux te balader dans le manoir. Je risque de dormir un bon moment je pense.]

Juste après ce léger baiser, le jeune homme sembla complètement amorphe, ayant sombré dans un sommeil profond.Endormi. Léandre sourit. Il recule et le regarde de loin. Il a l'air si paisible... Le jeune magicien détaille encore un peu ses traits féminins, son visage angélique de jeune homme. Il a déjà l'air d'aller un peu mieux. Quelques heures de sommeil lui feront du bien.
Léandre se relève et jette un coup d'oeil à la chambre du jeune homme.

*Il y a tout un manoir à explorer alors pourquoi ne pas faire un petit tour ?*

D'un pas léger, pour ne pas perturber le sommeil du jeune homme, Léandre se ballade dans le couloir ouvre quelques portes par-ci par là. Il découvre ainsi de nombreuses chambres et s'attarde un moment sur les portraits. Il se rend également dans une bibliothèque bien fournie en livres poussiéreux, de nombreux salons et autres pièce ne servant pas à grand-chose. Il remarque également que de nombreux symboles reviennent, en l'occurrence la clé de sol et ce genre de chose.

*Serait-il noble ?*

Etre noble, quand on est abandonné comme un chien galeux ca ne sert pas à grand chose...Tout est richement décoré, dans le meilleur style classique. Au fur et à mesure de son exploration, Léandre se rend compte à quel point ce manoir est vide. Et un peu inquiétant dans l'obscurité à la limite. On y trouve énormément de coins sombres et les pièces semblent former un dédale pour y perdre ses invités. Il trouve ça plutôt drôle. En passant par la cuisine, il prend une pomme, la coupe en quatre morceaux et la mange tranquillement. Ceci fait, il remonte vérifier si Alexiel dors toujours bien. La belle au bois dormant se repose tranquillement, sa poitrine se soulevant à un rythme régulier. Léandre pénètre dans la pièce, le tapis étouffant le bruit de ses pas et va s'asseoir dans un fauteuil, dans un coin sombre de la pièce. A travers la fenêtre il distingue le ciel, encore étoilé. Il regarde Alexiel avec attention et sourit.

* Tout ira bien maintenant*

Un sentiment de satisfaction l'envahit soudain. Il s'installe confortablement dans le fauteuil un peu vieillot et clos doucement les yeux. Sa respiration se fait plus lente. Il écoute la maison respirer, et à son tour, tombe dans un demi sommeil.

Un miroir. Une glace se présente devant moi. Je fixe mon reflet, passant ma tête sur le côté, amusé par la situation. Drôle de rêve. Mon autre moi est resté droit, alors que mon visage est penché sur la droite. Il ne sourit pas. Il me regarde, c'est tout. Ses prunelles ocres se dessinent sur le miroir de jade. Les reflets verdâtres, munis d'un pâle obscur, me menacent et me foudroient d'éclairs vermillon. Je me replace correctement, ramenant mes longs cheveux d'or sur une épaule. Mon reflet cligne des yeux. Je comprends alors sa situation. Un oiseau enfermé dans sa cage d'étain. Lentement, je déploie mes ailes. Lentement, je parcours les bordures du miroir, mes doigts frottant contre les plis durs. Mon ego me fixe davantage. Ses prunelles dorées se posent sur ma gorge. Et là, son bras s'extirpe du miroir. Il m'empoigne le cou avec férocité, serrant les dents. Surpris, je tente de me reculer, mais rien à faire, mon reflet est bien plus fort que moi. Je peux donc faire le rapprochement entre mon Yang et moi, le Yin. Petit être fragile contre la bête ténébreuse et antipathique.

Yang s'avance, se libérant de sa prison de glace. Mes ailes se courbent, voilant mon visage par les plumes aux reflets argentés et dorés. Mes joues rougissent, je perds mon souffle. Une douleur vive s'empare de ma gorge. Une brûlure me submerge, je suis à l'agonie. La paume de mon autre moi se calque, se retire, et le blond fixe sa main. Une clef de sol est gravée sur sa peau marmoréenne. Je peux comprendre sa brûlure. Je tourne ma tête vers le miroir, une lumière éblouissante jaillit de mon cou. Mon reflet se liquéfie. Pris de panique, je me recule, poussant un cri venant tout droit de mes tripes. La main encore solide et matérielle de Yang me propulse à l'intérieur du miroir. Ma tête s'ancre. Et je ferme les yeux.

Mon cauchemar se termine par un sursaut de mon lit, mon front transpirant comme pas possible. Je respire rapidement et bruyamment, mes paumes plaquées contre le matelas, puis ma frange tombe sur mes yeux. Mes prunelles ocres font le tour de ma chambre. Ma cage thoracique copie les inspirations courtes et rapides. Surpris, je tourne ma tête vers le miroir, dévoilant mon torse pas du tout musclé devant la glace. Je parcours ma peau brûlante, m'attardant sur ma gorge. Rien. Aucune brûlure, aucune douleur vive. Ce n'était qu'un rêve. Je jette ma chemise par terre, avec dégoût, puis je tourne le dos à Léandre que je n'ai pas vu dormir. Je ramène mes cheveux sur une épaule, mon immense tatouage se révélant aux yeux clos du magicien. Je passe mes doigts dans ma longue chevelure d'or, et je baisse les yeux avec mélancolie.

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