[RPG] Une petite journée colorée [PV Léandre][Terminé]

Certes l'image de la petite fille perdue ne collait pas vraiment à celle de Chunyan mais bon, c'était tout de même un bon alibi ! Et puis il n'allait pas la laisser toute seule, se perdre dans cette ville maudite ? Ce serait lâcher l'agneau chez les loups. Excepté que la jeune fille n'était pas entièrement sans défense. Mais dans ce cas, pourquoi désirait-il qu'il reste un peu avec elle ? La solitude devait lui peser. Chunyan n'avait désormais plus personne sur qui se reposer, elle se retrouvait livrée à elle même dans un monde hostile. Autant de raisons,qui, ajoutées à sa bouille de fillette adorable suffisait à convaincre Léandre.

- Merci.

Ses lèvres esquissèrent un sourire complice et comme s'il étaient sur la même longueur d'onde, ils entamèrent de nouveau la traversée des champs. Le jeune homme appréciait particulièrement de se sentir aussi dépaysé de la ville. Les herbes hautes lui arrivaient pratiquement aux épaules. Cela lui rappela les doux jours d'été. Léandre passait toute la journée avec son frère Ricardo, à jouer dans les champs, comme dans une mer de verdure et ils finissaient tout deux endormis, à la belle étoile. Le chant des grillons lui avait manqué.
Léandre prit une profonde inspiration, teintée de mélancolie. Chunyan le suivait dans le sillage qu'il traçait. Vu sa petite taille, il craignait qu'elle ne soit littéralement aspirée par une touffe d'herbe rebelle et particulièrement dense.

Au dessus des herbes, une brise presque estivale soufflait, agitant les cheveux blonds du jeune homme. La nuit devint de plus en plus sombre, éclairée par la lune et une multitude d'étoiles. Ici les lumières de la ville n'empêchaient personne de remarquer leur éclat stellaire. Excepté le bruit de leurs pas et le chant des insectes nocturnes, rien ne rompait ce silence religieux. Et comble de l'enchantement, les lucioles firent leur apparition, clou du spectacle.

- Oooh comme c'est beau ...

- Quoi ? Qu’est ce qui est beau ?

Chunyan trépignait comme une gamine capricieuse. Sur la pointe des pieds, elle tentait de voir ce qui était hors de sa portée. Dans l'obscurité, ses cheveux blancs ne paraissaient pas étrange, et ses yeux, rouges comme ceux d'un lapin, avaient une teinte marron. Elle se mit alors à sautiller de manière énergique. Léandre éclata d'un léger rire. Ce genre d'attitude enfantine le faisait craquer. Ses yeux bleus lui lançèrent de nouveau un sourire complice.

- Tu veux voir ? Alors monte sur mon dos !

Le jeune homme abaissa sa longue silhouette pour que la fillette puisse prendre place. Chunyan passa ses bras autour de ses épaules pour s'assurer une certaine prise, tandis que Léandre nouait ses mains dans son dos pour la soutenir. Une fois tout en place, il se releva, laissant le temps à Chunyan d'apercevoir les lumières phosporescentes des lucioles, presque irréelles. C'était comme atterrir dans le pays imaginaire, un petit moment de magie simple. Chunyan ne pesait pas très lourd et étant donné l'heure tardive, Léandre songea qu'il était temps de reprendre la route.

- Bon on a encore du chemin à faire...

Toujours en portant la fillette sur son dos, il remarqua que la progression était plus rapide vu que la jeune fille ne traînait pas constamment derrière lui. AU bout de quelques minutes, ils étaient sur le point de quitter les champs quand soudain, il sentit un poids s'abattre sur son épaule. Léandre s'arrêta et jeta un regard en biais. Il sourit. Chunyan s'était apparemment endormie, sans doute fatiguée par son voyage. Le jeune homme poursuivit la route, le sourire aux lèvres.

Invité

Magnifique. C’était le mot. C’était tout bonnement magnifique, féerique et totalement irréel. L’adolescente avait logé ses jambes autour du ventre de Léandre et ses mains se cramponnaient aux épaules du magicien : quitter la terre lui était toujours un peu difficile et elle avait le vertige. Bien que Léandre ne soit pas bien grand, enfin dans le sens où elle était à moins d’un mètre du sol, l’adolescente préféra ne pas regarder le sol. Cela lui rappela cruellement ce « kidnapping » d’un fils de l’air qui avait eu la stupide idée de la porter dans les air et de quitter son élément… L’adolescente avait fini malade et s’était évanouie dans les instants qui avaient suivi.
L’albinos regardait les lucioles voler et illuminer doucement le champ. Au soleil, les couleurs étaient très vivaces… Mais sous la lune, le champs était indéniablement bleu et noir avec quelques petites couleurs vertes – jaunes par ci- par la où voletaient les lucioles. Ceci accompagné d’un ciel étoilé et le cadre était tout bonnement féerique… Un peintre n’aurait pas su redessiner ce cadre imaginaire tant les couleurs se multipliaient et s’ajoutaient. Au fil des battements d’ailes des petites bêtes les couleurs changeaient au grés des couleurs du champs.

- C’est comme ça que je l’aime…

Oui, la terre était la, dans son état pure avec les petits animaux qui commençaient tout doucement à sortir pour vivre tranquillement. Alors que Chunyan posait sa tête sur l’épaule de Léandre – elle devenait si lourde !! -, elle écoutait les grigris et bruits des petites bêtes qui se baladaient dans les champs et aux alentours. Si elle touchait la terre, l’albinos arriverait d’ailleurs presque à percevoir leur pas sur le sol et peut être à distinguer les races des animaux.
Mais sa tête devenait si lourde et le dos de Léandre était si accueillant pour poser sa petite tête blanche… Que faire ? L’adolescente essaya de laisser sa tête droite et de regarder autour d’elle, regarder ce paysage paisible et magnifique, mais elle ses paupières étaient si lourdes… Et pourquoi est ce que tout autour d’elle devenait sombre ? Pourquoi est ce qu’elle sentait sa tête lourde ? Qu’est ce qui se passait ?
Du chemin à faire, oui, il avait probablement raison et l'adolescente se dit qu'à ce moment la, il était plus sage que le magicien la prote car elle les aurait ralentis tout deux. Elle avait beau marcher vite pour la plus part des personnes, la, elle n'aurait pas pu tenir la distance à se rythme. Encore un handicape de ses petites jambes... d'être petite. Pas de chance.
L’adolescente passa ses bras autour du cou de Léandre, elle n'avait plus vraiment peur de tomber mais on ne sait jamais, lorsque…

Lorsqu’elle s’affala, inerte, sur le dos du grand magicien blond.

« Il faisait noir, plus noir qu’il n’avait jamais fait… Chunyan se releva dans un endroit plutôt sombre mais quelque peu familier… Où était-elle encore ? Elle se mit à marcher : il y avait de grands arbres autour d’elles, des arbres noirs… Il faisait chaud… très chaud… trop chaud… L’adolescente se mit à regarder autour d’elle et vit une chose à laquelle elle ne s’attendait pas. Une lumière jaune-orange s’approchait. Qu’est ce que c’était ? Du feu. L’albinos se mit à courir mais pour une raison qu’elle ignorait, plus elle courait, plus le feu s’approchait d’elle… Que pouvait-elle faire ??
Il s’approchait et fini par l’entourer. La terre était morte, brûlée et en miettes… Elle ne la sentait plus. Il s’approchait, dangereusement de sa peau blanche. Déjà elle commençait à se recroqueviller sur elle même, elle commençait à avoir peur et à pleurer. Sa peau semblait fondre sur elle, elle croyait qu’elle allait se mettre à brûler et se transformer en torche humaine… C’était la fin. Elle le savait. Le feu plongea sur elle lorsque… »

Les lucioles, comme un nombre incalculables de petites étoiles, illuminaient le sommet des champs. Plongés dans l'obscurité, les prés montraient un tout autre visage. Plus intime, plus calme et plus étranger. On les imagine toujours ensoleillés en plein été. Mais en réalité ils recèlent d'avantage de secrets. Les hautes herbes donnaient incontestablement l'impression d'être perdu dans un monde imaginaire. Perdu dans les champs...c'était fantastique ! C'était sublime. De totue façon, Léandre avait toujours aimé la nuit. Après tout les illusions c'était son domaine, la magie nécessitait une certaine absence de raison et donc de clarté. Le jeune homme poursuivait sa route, quand il entendit la voix de Chunyan parler pour elle même.

- C’est comme ça que je l’aime…

C'était comme ça qu'elle aimait quoi ? Mystère. Léandre ne poussa pas la réflexion plus loin. Le jeune homme parcourut le reste du chemin en silence, laissant son regard s'égarer sur les beautés de la nature, le sourire aux lèvres. C'était si beau... Au bout d'un moment il sentit la tête de Chunyan peser sur ses épaules. Elle devait être épuisée, après tout il ignorait exactement d'où elle venait et le voyage avait dû être long. Il essaya de ne pas trop se hâter pour que les soubresauts de ses pas ne réveillent pas la fillette endormie. L'air magique qui régnait au milieu des champs cette nuit là rendit le jeune homme un peu rêveur. Il conserva ce sourire mystérieux tout le long du chemin. Ils quittèrent les champs et arrivèrent en ville. La terre sous ses pieds se transforma en béton et les herbes hautes furent remplacées par des immeubles ternes. Léandre poussa un léger soupir. Qui avait-il de magique dans ces rues parfois mal famées et ces cages de verres et de métal ? On s'y entassait les uns sur les autres, on s'y agitait, on s'y stressait... La milieu urbain n'était vraiment pas fait pour un extravagant comme lui.

Il poursuivit son chemin avec autant de précaution. Au bout d'un moment, il eut l'impression que Chunyan s'agitait. Le jeune homme lui lança un regard en biais pour s'assurer qu'elle dormait toujours. Son visage enfantin ne mentait pas, la jeune fille était toujours assoupie. Après quelques minutes, Léandre atteint enfin la rue des murmures, bordée de manoirs lugubres et d'autres bâtisses antique. Le quartier aurait pu être joli et acceuillant si les maisons étaient mieux entretenues...et moins austères. Voilà il y était. Il tourna la tête vers la jeune fille et lui parla doucement, pour la réveiller.

- Chunyan...c'est ici. Nous sommes arrivés à la rue des mrumures...

Invité

Décidément, elle n’arriverait jamais à terminer ses rêves. Quoi que, aujourd’hui, cela ne la dérangerait pas tellement… Alors qu’habituellement elle se débattait comme une diablesse pour se replonger dans son rêve et s’endormir, l’adolescente se réveilla en sursaut et pu constater, qu’en effet, ils étaient arrivés dans la rue des murmures. Alerte, Chunyan regarda autour d’elle : le décor avait totalement changé. Elle n’était plus dans la forêt embrasée et aucun feu, aucune flamme n’allait la brûler vivante, ce n’était qu’un rêve. Un cauchemar. Mais cela avait paru si réaliste ! Non, il n’y avait rien… A la place d’une forêt, de la terre, ou même de l’ancien décors, ce magnifique champs, ils étaient face à une rue au sol bétonné. C’était si triste… si impersonnel… Tout ceci n’était pas naturel. L’albinos sourit rapidement à Léandre et descendit de son dos. Elle n’était peut être pas lourde, mais elle se dit que cela ne devait pas vraiment lui faire du bien.

Où était-ce déjà ? Ah, oui, à l’autre bout de la rue. Dans cette pénombre quasi totale toute les maisons se ressemblaient. Les ombres avaient envahies les trois quart des murs et des espaces reculés, bref, on ne voyait presque rien. Cette rue était plutôt inquiétante lorsque l’on ne la connaissait pas et les vieux manoirs intimidaient les passants non avertis.
Chunyan pointa son doigts, droit devant elle.

- C’est la bah. Tout au fond.

Il fallait avouer que la fille de la terre n’avait pas pris le temps de prendre le numéros de la maison lorsqu’elle était venue et que Kyria l’avait gentiment accepté, et c’était déjà un miracle qu’elle connaisse le nom de la rue. Aussitôt, l’adolescente se mit à marcher en direction de ce fameux endroit. Au bout de quelques minutes de marche ils arrivèrent enfin devant le manoir de Kyria, la où Chunyan habitait maintenant.
Bien que le bâtiment paraissait totalement délaissé, abandonné et menaçait de s’écrouler, l’endroit était en réalité tout à fait sympathique et accueillant. Enfin à l’intérieur si on enlevait les centimètres de poussière. L’albinos posa enfin son sac sur le sol et se tourna vers Léandre. Autre ennuis à s’attacher rapidement à une personne, c’est qu’il est difficile de s’en détacher par la suite.

- Merci de m’avoir raccompagné.

Que pouvait-elle dire d’autre ? Rien. Elle aurait aimé encore discuter avec Léandre, parler et rire, mais il fallait qu’elle aille rejoindre son lit et dormir… Bien que son corps réclamait un long sommeil, pour une raison qu’elle ignorait, son esprit n’arrivait pas à se mettre au calme et depuis sa fuite du pensionnat, l’albinos n’arrivait pas à dormir. Insomniaque ? Sans aucun doute. Encore heureux qu’elle ne se soit pas évanouie jusqu’ici, mais cela n’allait pas tarder si elle ne se mettait pas à dormir. Et vite.

- J’espère quand même que tu n’aura pas de problème lorsque tu rentrera…

Parfois on pouvait penser que ce genre de phrases étaient uniquement formulées par politesse et sans pensées, juste comme ça. Elle, non, elle le pensait réellement, ce qui pouvait parfois lui poser des défaut : elle pensait toujours ce qu’elle disait. Elle y croyait.
Finalement elle releva la tête et sourit.

Chunyan descendit de son dos avec toute l'agilité d'une petite fille. Elle se tenait au beau milieu de la rue cherchant la bonne maison du regard. Elle avait l'air si perdue et si fragile au beau milieu de cette grande rue sombre et sinistre. Des manoirs se dressaient de part et d'autres comme tant de témoins qui les observaient d'un oeil torve. Les grands manoirs prétentieux, ce n'était pas vraiment son style. Léandre fourra ses mains dans ses poches et partit à la recherche du bon manoir, juste derrière Chunyan. Après quelques minutes, la jeune fille s'arrêta devant un petit manoir qui semblait à l'abandon, situé tout au fond de la rue. Léandre jaugea la maison de haut en bas d'un oeil critique. Pourquoi bâtir de si grandes maisons si c'est pour les laisser pratiquement à l'abandon ? Il accompagna Chunyan sur le seuil. Vu de l'intérieur ca allait encore. Il parcourut des yeux les charpentes et le papier-peint couvert de poussière. Le bâtiment devrait être restauré.

- Merci de m’avoir raccompagné.

Chunyan l'avait sortit de sa rêverie. Le jeune homme se tourna vers elle et abandonna son regard suspicieux. Il esquissa un sourire ravi.

- Mais tout le plaisir était pour moi

Au fond de lui, il se disait qu'elle avait du courage d'habiter là dedans. Même à deux on aurait pu s'y perdre. Encore une autre abherrations. Pourquoi construire des maisons si grandes pour si peu de gens. Et dire qu'il y a tant de sasn-abris alors que des bourgeois se prélassent dans de grandes et riches demeures ou même en famille, il est possible de ne pas se croiser.

- J’espère quand même que tu n’aura pas de problème lorsque tu rentreras...

Il plongea un moment ses iris bleutés dans les yeux rouges de Chunyan en affichant toujours ce sourire mutin. Il éclata d'un léger rire et d'un gracieux signe de la main, fit signe de chasser une mouche invisible.

- Oh ! Ne t'en fais pas pour ça ! Tu devrais plutôt aller te coucher je crois...Moi aussi d'ailleurs.

Le jeune homme éclata d'un rire cristallin. C'était l'heure, il ne devait pas tarder, sinon même un bon alibi ne le sauverait pas des griffes de sa douce mère adoptive. Il agita la main en signe d'aurevoir.

-Bonne nuit, Chunyan, dit-il d'une voix enjouée, Fais attention à toi !

Ses lèvres esquissèrent un de ses sourires mutin dont lui seul avait le secret, et tout en se pressant vers l'extérieur , il plaqua ses doigts contre ses lèvres et envoya un baiser à la fillette. Ceci fait, il s'enfuit d'un pas léger et son ombre s'engouffra dans les ruelles sombres de City.

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